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De Penpont à Paimpont

Toponymie-étymologie

Depuis le 12e siècle, trois toponymes - Penpont, Painpont, Paimpont - sont utilisés pour désigner Paimpont. Leur évolution révèle l’histoire de Paimpont.

La plus ancienne mention de Penpont historiquement attestée

La plus ancienne mention d’un toponyme désignant Paimpont date du début du 12e siècle. Un lieu-dit « Penpont » est mentionné dans les Rouleaux des Morts 1 de Mathilde, quatrième fille de Guillaume le Conquérant et deuxième abbesse de la Trinité de Caen. Ce document, qui recense les décès survenus dans les abbayes bénédictines, a été écrit entre 1066, date de création de cette abbaye normande et 1113, date de la mort de Mathilde.

Titre de Sainte-Marie-du-Désert-de-Penpont. Que son âme et l’âme de tous les fidèles défunts, reposent en paix. Priez pour nos défunts comme nous prions pour les vôtres, soit, pour le seigneur Adgan, Maurice, l’évêque Hingand, Benoît, et pour les autres dont Dieu connaît le nom 2.

DELISLE, Léopold, Rouleaux des morts du IXe au XVe siècle, recueillis et publiés pour la Société de l’histoire de France, Paris, Chez Mme Vve Jules Renouard, 1866, Voir en ligne. p. 222

Dans cette prière pour les défunts des abbayes bénédictines, une communauté monastique est nommée « sancta Maria Heremipenpont » ce qui peut se traduire par « sainte Marie du désert de Penpont ». Ce document apporte la preuve qu’une communauté bénédictine était établie au début du 12e siècle dans un lieu inhabité appelé « Penpont », et que ce lieu était consacré à la Sainte Vierge.

Dans le Rouleau des morts, la communauté bénédictine de « Penpont » est juxtaposée à celle de Saint-Méen. De plus, un document daté de 1192 atteste que la communauté bénédictine de « Penpont » dépendait de l’abbaye de Saint-Méen et était bien localisée à l’actuel « Paimpont ».

Le toponyme « Penpont » dans le Cartulaire de Redon

« Penpont » est un mot d’origine bretonne attesté en Bretagne dès le 9e siècle. Il est constitué des termes bretons « pen » signifiant le bout, la tête ou le chef, et « pont » qui a le même sens qu’en français. Le mot « pont » a été emprunté au latin par le breton.

Ce toponyme, relativement fréquent en Grande Bretagne 3 et en Bretagne 4 signifie donc « bout du pont ».

Les plus anciennes mentions de ce toponyme se trouvent dans le Cartulaire de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, recueil d’actes du 9e au 12e siècle. L’abbaye Saint-Sauveur fondée en 832 est située en limite des zones bretonne et romane. Le toponyme apparaît trois fois sous la forme bretonne de « Penpont » et une fois sous la forme latine de « Caput Pontis ». Paimpont en Brocéliande n’est pas cité dans le Cartulaire.—  CHÉDEVILLE, André, GUILLOTEL, Hubert et TANGUY, Bernard, Cartulaire de l’abbaye Saint-Sauveur de Redon, Rennes, Association des Amis des Archives Historiques du diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo, 1998, 472 p. —

  • « Caput pontis » : f°69v – LXXXVIII, année 845.
    Nominoé, venu à la rencontre des moines de Redon, près de Trebmor et de Bronhitin, arbitre un conflit à « caput pontis ». Les données sont trop incertaines pour situer ce Paimpont en forêt de Brocéliande. Les moines de Redon, encore récemment installés, réglaient leurs différents locaux dans leur périmètre d’influence. —  CARTULAIRE DE REDON, « Acte n° 214210 - Illoc, Risuuoret, Risuueten, Buduuoret, Cantuueten, Haeluuocon, Hocar pour Redon (abbaye Saint-Sauveur) », 845, Voir en ligne. —
  • « Ran-Penpont » : f°53r – XXVIII, année 858.
    Le domaine agricole de Ran-Penpont (« praedium ran penpont »), présumé autour de Ruffiac, a été offert par une religieuse nommée Cleroc en aumône aux moines de Redon pour le repos de son âme et de ses parents. —  CARTULAIRE DE REDON, « Acte n° 214150 - La religieuse Cleroc » Redon (abbaye Saint-Sauveur) », 858, Voir en ligne. —
  • « Salina Penpont » : f°115v - CCXXXIV, année 870.
    La charte fait état d’une vente à réméré. Un dénommé Uuetenan remet en gage aux moines de Redon deux salines dans les marais salants de Guérande ; l’une appelée « Saline Penpont », l’autre « Samoelil », représentant 40 œillets (« XL capitellos », unités de mesures des salines) pour une durée de 6 années renouvelables jusqu’à 18 ans. —  CARTULAIRE DE REDON, « Acte n° 214356 - Uuetenan » Redon (abbaye Saint-Sauveur) », 870, Voir en ligne. —
  • « Galterius de Penpont » : f°183r – CCCLXXXI, année 1105-1141.
    Gautier de Penpont est nommé parmi les témoins d’une charte rédigée dans la paroisse d’Armaillé (« parrochia Armaille », Maine-et-Loire).—  CARTULAIRE DE REDON, « Acte n° 214503 - Menardus » Redon (abbaye Saint-Sauveur) », 1141, Voir en ligne. —.
Folio 115 du Cartulaire de Redon

Aux origines de Penpont

Pourquoi le toponyme « Penpont » a-t-il été choisi pour désigner le lieu où une communauté bénédictine s’est établie au 12e siècle ? Un pont existant à cette époque serait-il à l’origine de cette appellation ?

Deux passages permettant de franchir la vallée ont très certainement existé sur le site de l’abbaye de Paimpont. Le premier est lié à une voie antique, le second à une digue créée par les moines.

La voie antique Corseul-Rieux

L’archéologue Guy Guennou confirme l’existence d’une voie antique, passant par Paimpont, qui reliait la Manche à l’Atlantique depuis Alet (actuellement Saint-Servan près de Saint-Malo) à Grannona (Clis-sous-Guérande), en passant par Fanum Martis (Corseul) et Duretie (Rieux). Elle traversait l’actuel bourg de Saint-Méen et passait à deux kilomètres environ à l’est de Gaël pour atteindre le Pertuis du Faux en Concoret. De là, elle aurait rejoint Paimpont par le même trajet que la route actuelle (D773). —  AUTRET, Yvon, « Voies romaines de Bretagne - Corseul-Rieux », 2014, Voir en ligne. — L’aspect des lieux laisse penser qu’elle traversait le Cannée entre les hauteurs de Saint-Barthélemy et la vallée de la Moutte, avant de gagner Beignon 5. —  GUENNOU, Guy, La cité des Coriosolites, Centre Régional Archéologique d’Alet et Laboratoire d’Archéologie, Institut Armoricain. Université de Haute Bretagne, 1981. —

La présence d’une zone marécageuse entre les collines de la Haute-forêt et la profonde vallée de la Moutte aurait nécessité la construction d’un pont pour éviter le contournement du massif forestier.

Entre Haute-forêt et la vallée de la Moutte
IGN

Une chaussée créée par les moines

Le toponyme « Penpont » pourrait aussi faire référence à la chaussée (ou digue), construite par une communauté religieuse venue s’installer sur les lieux. « Penpont » signifierait alors « bout de la chaussée ».

Cette chaussée a été submergée par le rehaussement 6 de la digue principale (la voie antique passait-elle sur cette chaussée ?). Cette chaussée, située à environ 300 m de la digue actuelle, est visible sur un relevé sonar de l’étang de Paimpont.

Mosaïque des relevés sonar de l’étang de Paimpont
—  OILLIC, Jean-Charles, Végétation, peuplement, métallurgie en Brocéliande : étude interdisciplinaire de la forêt de Paimpont (Bretagne, France) depuis la fin du Tardiglaciaire, Thèse de doctorat en Sciences de la Matière, Rennes 1, 2011, Voir en ligne. —
A. Baltzer

La coexistence de deux toponymes

La graphie « Penpont » reste en usage jusqu’en 1231. Elle coexiste cependant avec une forme nouvelle : « Painpont ».

Dans deux lettres datées de 1231, le nom de l’abbaye persiste sous la forme Béate Marie de Penpont lors de la fondation d’une chapellenie à la Cathédrale de Rennes par les moines de Penpont. —  LA BORDERIE, Arthur le Moyne de, « Notes sur les livres et les bibliothèques au Moyen Âge en Bretagne », Bibliothèque de l’école des chartes, Vol. 23, 1862, p. 39-53, Voir en ligne. —

Ces deux graphies peuvent s’expliquer car « pain » se prononçait [pènn] et non [pin] à cette époque en Haute-Bretagne 7.

Georges Dottin et Jean Langouët dans leur glossaire du parler de Pléchatel, ont aussi remarqué suite à la dénasalisation de la voyelle et la dépalatisation de la consonne, que le mot « pain » se prononçait [pèn]. —  DOTTIN, Georges et LANGOUËT, Jean, Glossaire du parler de Pléchatel, Rennes, Plihon et Hommay, 1901, Voir en ligne. [page 36] —

Penpont devient Painpont

Au début du 13e siècle, le prieuré bénédictin de Penpont devient une abbaye de chanoines réguliers de saint Augustin. Le toponyme d’origine bretonne prend alors une forme romane et se christianise. « Penpont » se transforme en « Painpont » ou son équivalent latin « Panispontis », dans le sens du « pain du pont » 8.

  • Le document le plus ancien attestant ce changement date de 1211 et parle des moines de Painpont : monachi de Painpont —  LOBINEAU, Dom Guy-Alexis, Histoire de Bretagne : composée sur les titres & les auteurs originaux, Vol. 2, Paris, Chez la veuve François Muguet, 1707, Voir en ligne.col. 368 —
  • Une lettre de 1257 contient la première mention de la forme latine « Panispontis » pour désigner l’abbaye de Painpont : Robertus humilis abbas Panispontis.
  • Le sceau de l’abbaye figure sur l’acte d’adhésion de l’abbé de Painpont à la mise en procès du Pape Boniface VIII en 1303 : S. CAPITULI Be. Mar. PANISPONTIS (Sigillum capitulli Beate Marie Panispontis) — Guillotin de Corson, Abbé (1891) op. cit., p. 691 —

Le toponyme « Painpont » est utilisé au milieu du 15e siècle comme le prouve son usage dans les Usements de Brécilien rédigés en 1467.

L’abbé de Painpont, à cause de son abbaye, a tout planier usaige en la dicte forest es lieux et endroiz qu’on appelle haulte forest et Lobeac, tant pour édifices et reparacions à l’abbaye et aux molins que pour son chaufaige, closlures et vignes, [...]

COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXII à CCCXCI, Voir en ligne. p. 386

Aux 17e et 18e siècles la graphie « Paimpont » s’est imposée. Néanmoins la forme « Painpont » est utilisée occasionnellement. La mention la plus tardive utilisant la graphie « Painpont » date de 1727. Elle figure sur le plan général de la forêt de « Bressilien ».

Cartouche de la carte de la forêt de Bressilien de 1727
On note la graphie « Painpont ».

Le pain de Pontus

Dans un texte de la deuxième moitié du 17e siècle, Vincent Barleuf, historien et rénovateur de l’abbaye Notre-Dame de Paimpont, donne une autre étymologie de l’origine de Paimpont. Selon ce religieux, l’abbaye aurait le chevalier Ponthus pour origine.

L’abbaye de Notre-Dame de Paimpont, Diocèze de Sainct-Malo en Bretaigne, a este fondée par Judicaël, que le vulgaire appelle Giquel, Roy de Bretagne, en l’an 645. C’était autrefois un hermitage, ou se retira quelque temps un vertueux personnage, qui vivoit d’aumosnes et entre aultres, des libéralités d’un ancien chevalier nommé Pontus dont la dicte abbaye, selon la commune tradition, a tiré son non : Panis ponti, comme qui dirait l’aumosne, ou le pain de Pontus. [...]

BARLEUF, abbé Vincent, « Relation de l’Abbaye de Nostre-Dame de Painpont en Bretagne, Ordre des Chanoines réguliers de la Congrégation de France », Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine 5 J 164, 1670, Voir en ligne.

Cette version de l’étymologie de Paimpont ne peut être retenue. Il a en effet été prouvé que Ponthus est un personnage littéraire implanté en forêt de Paimpont par la famille des Laval-Montfort en 1467. Cette version apparait donc comme une falsification historique créée par Vincent Barleuf afin de lier l’origine de l’abbaye aux légendes de Ponthus.

Painpont devient Paimpont

Le toponyme « Paimpont » est utilisé à partir du 16e siècle et remplace progressivement celui de « Painpont ». Un acte de 1541 est le texte le plus ancien que nous ayons trouvé utilisant la nouvelle graphie.

12 juin 1541

Les maisons abasialles, église, chappelles et mestairies de la dite abbaye de Notre Dame de Paimpont siises en la forest de Bréxelian [...]

Archives de l’abbaye de Saint Geneviève de Paris, transcrites par Jean-Charles Oillic

Le remplacement progressif du « n » par un « m » est lié aux réformes de la langue française entamées depuis le règne de François 1er. La création de l’Académie française par le cardinal de Richelieu en 1635 a pour effet de normaliser la langue française et d’instituer l’usage du « m » précédant le « p ».

Au cours des 17e et 18e siècles, l’usage du toponyme « Paimpont » devient la norme.

Sur la carte de Cassini réalisée vers 1783, le toponyme utilisé est « Paimpont ».

Paimpont
Carte de Cassini de 1782

L’abandon définitif de la forme « Painpont » est concomitant de la Révolution française. Le toponyme était encore utilisé sous cette forme par quelques ecclésiastiques du 18e siècle souhaitant insister sur le caractère catholique du lieudit, en rappelant son lien avec le pain constituant l’hostie. L’acte de fondation de la commune de Paimpont est lié à la confiscation des terres et des biens de l’abbaye en 1791. Dès lors le nom de la commune est définitivement déchristianisé et « Paimpont » systématiquement écrit avec un « m ».


Bibliographie

AUTRET, Yvon, « Voies romaines de Bretagne - Corseul-Rieux », 2014, Voir en ligne.

BARLEUF, abbé Vincent, « Relation de l’Abbaye de Nostre-Dame de Painpont en Bretagne, Ordre des Chanoines réguliers de la Congrégation de France », Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine 5 J 164, 1670, Voir en ligne.

CARTULAIRE DE REDON, « Acte n° 214210 - Illoc, Risuuoret, Risuueten, Buduuoret, Cantuueten, Haeluuocon, Hocar pour Redon (abbaye Saint-Sauveur) », 845, Voir en ligne.

CARTULAIRE DE REDON, « Acte n° 214150 - La religieuse Cleroc » Redon (abbaye Saint-Sauveur) », 858, Voir en ligne.

CARTULAIRE DE REDON, « Acte n° 214356 - Uuetenan » Redon (abbaye Saint-Sauveur) », 870, Voir en ligne.

COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXII à CCCXCI, Voir en ligne.

CARTULAIRE DE REDON, « Acte n° 214503 - Menardus » Redon (abbaye Saint-Sauveur) », 1141, Voir en ligne.

DELISLE, Léopold, Rouleaux des morts du IXe au XVe siècle, recueillis et publiés pour la Société de l’histoire de France, Paris, Chez Mme Vve Jules Renouard, 1866, Voir en ligne.

GUENNOU, Guy, La cité des Coriosolites, Centre Régional Archéologique d’Alet et Laboratoire d’Archéologie, Institut Armoricain. Université de Haute Bretagne, 1981.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, « Statistique historique et monumentale du canton de Pipriac (Arrondissement de Redon, Ille-et-Vilaine), », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, Vol. 7, 1870, p. 159, Voir en ligne.

LA BORDERIE, Arthur le Moyne de, « Notes sur les livres et les bibliothèques au Moyen Âge en Bretagne », Bibliothèque de l’école des chartes, Vol. 23, 1862, p. 39-53, Voir en ligne.

LAIGUE, René de, « Étude sur les noms de lieux de la paroisse de Bains cités dans le Cartulaire de Redon », Annales de Bretagne, Vol. 23 / 2, 1907, p. 204-216, Voir en ligne.

MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 1, Paris, Charles Osmont, 1742, Voir en ligne.

ROSENZWEIG, Louis Théophile, Dictionnaire topographique de la France. Dictionnaire topographique du département du Morbihan, comprenant les noms de lieu anciens et modernes, Rééd. sous les auspices de la Société Polymathique du Morbihan, Paris, Imprimerie Royale, 1870, Voir en ligne.


↑ 1 • Léopold Delisle nous éclaire sur la signification de « Rouleaux des Morts » :

Pendant tout le Moyen Âge, les communautés religieuses avaient l’usage de notifier la mort de leurs membres et de leurs bienfaiteurs à un grand nombre d’églises et spécialement aux maisons avec lesquelles elles avaient conclu des associations spirituelles. La circulaire ou encyclique que dans ces circonstances on écrivait en tête d’un rouleau de parchemin renfermait des détails biographiques sur le défunt, et se terminait toujours par une demande de prières. Les communautés auxquelles l’encyclique était présentée se faisaient un devoir d’y répondre et consignaient sur le rouleau un titre (titulus), plus ou moins long, pour accuser réception de l’encyclique, pour promettre des prières et pour en demander à l’intention des membres et des bienfaiteurs qu’elles avaient elles-mêmes perdus.

DELISLE, Léopold, Rouleaux des morts du IXe au XVe siècle, recueillis et publiés pour la Société de l’histoire de France, Paris, Chez Mme Vve Jules Renouard, 1866, Voir en ligne.

↑ 2 • Texte original en latin :

Titulus sanctae Mariœ Heremipenpont. Anima ejus et animae omnium fidelium defunctorum recquiescant in pace. Orate pro nostris, ut. Oravimus pro vestris, scilicet domno Adgano, Mauricio, Hingando episcopo, Benedicto, et pro aliis quorum nomina Deus novit.

MS Latin 12652 F. 67-132

↑ 3 • On recense plusieurs « Penpont » en Grande Bretagne :

  • Penpont dans le Brecknockshire (Comté de Brecknock ou de Brecon)
  • Penpont-pren dans la ville de Caermarthen
  • Penpont dans le Dumfries and Galloway en Écosse.

↑ 4 • On recense de nombreux « Penpont » en Bretagne :

  • les villages de « Penpont » sur les communes de Berric, Molac et Goven. Le manoir de « Penpont » en Bruc-sur-Aff. —  GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, « Statistique historique et monumentale du canton de Pipriac (Arrondissement de Redon, Ille-et-Vilaine), », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, Vol. 7, 1870, p. 159, Voir en ligne. p. 219 —
  • « Pen-pont » en Guidel, en Plouhinec, en Trévrat et en Locoal-Mendon
  • Le village de l’île Saint-Cado en Belz aussi appelé « Penpont-Cado ». —  ROSENZWEIG, Louis Théophile, Dictionnaire topographique de la France. Dictionnaire topographique du département du Morbihan, comprenant les noms de lieu anciens et modernes, Rééd. sous les auspices de la Société Polymathique du Morbihan, Paris, Imprimerie Royale, 1870, Voir en ligne. p. 245 —

↑ 5 • La voie antique devait franchir l’Aff dans les parages du Moulin de Bave, dont les aménagements occultent les restes d’un probable gué. Au-delà, le tracé est matérialisé par un chemin figuré au cadastre napoléonien en direction du sud, qui passait à 300 m à l’est de l’église. Ce chemin, nommé "Ancien chemin de Beignon à Guer" au cadastre napoléonien, passe à l’est de la Vigne et à Daoutte. Au sud de ce lieudit, il s’infléchit au sud-est, pour passer à l’est de la vallée encaissée du ruisseau de la Barre ; le tracé est aujourd’hui occulté par le Camp de Coëtquidan.

↑ 6 • Un rehaussement de la digue a eu lieu en 1836 pour augmenter les capacités hydrauliques des forges de Paimpont.

↑ 7 • 

L’étude des datations nous apprend que l’articulation [è˜] dans la toponymie bretonne est en usage depuis la fin du Moyen-Âge. Il suffit de constater que Pestivien rime avec ’bien’ dans un poème de 1381 (Preuves par l’histoire de Dom Morice) pour comprendre que dès le 14e siècle ce nom se prononçait [pestivjè˜(n)] en français. En réalité, cela aurait dû être une évidence pour un observateur sans a priori, d’après des formes telles que Peimpol (1202). La graphie -eim- était nécessairement employée ici pour représenter un phonème qu’un francisant n’aurait pas reconnu sous la graphie -en- ou -em- devant consonne qui, pour lui, valait [a˜(n)]. Peimpol atteste donc une prononciation [pe˜mpol] par des francisants dès le début du 13e siècle. En position finale, on rencontre des formes similaires à une date à peu près aussi haute : Castro Audrain (1222), Rostrenein (1294).

Le nom le plus intéressant à cet égard est Paimpont, latinisé vaille que vaille en Panis Pontis (1207), ce qui a provoqué l’hilarité de générations de chercheurs et qui est pourtant d’un grand enseignement : car de cette forme on peut déduire non seulement que ce nom se prononçait [pe˜(n)po˜nt] au début du 12e siècle, mais encore que le mot ’pain’ se disait [pe˜n] et non [pe˜in] à cette époque en Haute-Bretagne, alors qu’il garda l’articulation [pe˜in] jusqu’au 17e siècle en français central.

VALLERIE, Erwan, Traité de toponymie historique de la Bretagne, An Here, 1995.

↑ 8 • Jean-Yves Le Moing propose une autre interprétation de l’évolution du toponyme Penpont.

L’abbaye de paimpont fut fondée avant 800 [Le toponyme Penpont n’est en réalité attesté à Paimpont que depuis le début du 12e siècle.] avec un nom breton, mais vers 1300, le sceau de l’abbaye parle de panem pontis, traduit naturellement par la suite en "le pain que les moines donnaient au pont", là où le sens d’origine était Pen Pont "le bout du pont", sens qui n’était donc plus connu localement à cette époque.

LE MOING, Jean-Yves, Noms de lieux de Bretagne : plus de 1.500 noms expliqués, Editions Christine Bonneton, 2017, 191 p. [page 77]

Il est certain que la fausse étymologie Panem Pontis pour Paimpont, inscrite sur le sceau de l’abbaye (Panispotis pour Panispontis, cité dans l’ouvrage Paimpont, par le Marquis de Bellevue, Paris 1912), et employée par la suite, atteste déjà une incompréhension du mot breton Pen. Ceci permet de constater la disparition du breton à Paimpont au plus tard au XIIIe siècle ; si la notation en Paim- est significative d’une francisation, alors la disparition du breton y remonterait à un siècle plus tôt.

LE MOING, Jean-Yves, Les noms de lieux bretons de Haute Bretagne, Spezet, Coop Breizh, 1990, 480 p. [page 180]

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L’utilisation de la forme latine Panispontis par la communauté de chanoines réguliers installée à Paimpont à partir du début du 13e siècle ne prouve, ni la disparition du breton dans la population du massif forestier, ni l’absence de compréhension du mot breton Pen par cette communauté. Elle montre plutôt la volonté de s’approprier le lieu en modifiant sciemment le sens du toponyme, lui donnant une signification chrétienne s’accordant avec la création de l’abbaye.