La Butte aux Tombes
Un tumulus de l’ensemble des Buttes aux Tombes
La « Butte aux Tombes » est un tertre tumulaire datant du Néolithique situé sur la commune de Tréhorenteuc. Il fait partie de l’ensemble mégalithique des « Buttes aux Tombes ».
Le chanoine Mahé
L’inventaire de l’abbé Mahé, publié en 1825 — MAHÉ, chanoine Joseph, Essai sur les antiquités du département du Morbihan, Vannes, Galles aîné, 1825, Voir en ligne. — est le premier ouvrage à s’intéresser aux sites mégalithes de la Bretagne intérieure. Le chanoine Mahé livre la première description de l’ensemble des « Buttes aux Tombes » en Tréhorenteuc. Il y mentionne dix monuments mégalithiques.
François-Marie Cayot-Delandre est un des successeurs de l’abbé Mahé à la Société archéologique du département du Morbihan. En 1847 il donne une description de plusieurs monuments des « Buttes aux Tombes » dans son inventaires des mégalithes du Morbihan, description qui semble une reprise de celle de l’abbé Mahé. — CAYOT-DELANDRE, François-Marie, Le Morbihan, son histoire et ses monuments, Vannes, A. Caudéran, libraire éditeur, 1847, Voir en ligne. —
On peine à reconnaître dans leurs descriptions le tumulus de la « Butte aux Tombes ». L’abbé et Cayot-Delandre sont-ils venus à Tréhorenteuc ? Baron du Taya et Félix Bellamy en doutent.
La mention de Félix Bellamy en 1896
En 1896, Félix Bellamy, qui inventorie les sites mégalithiques de la forêt de Paimpont, décrit longuement la « Butte aux Tombes », constatant qu’elle a été entamée par une route.
Parlons d’abord de la Butte aux Tombes. C’est en effet une butte. La route l’a coupée et elle en a fait disparaitre environ la moitié de droite. La partie qui reste à gauche forme une élévation si peu considérable que le passant inattentif et ne connaissant pas son emplacement pourrait très bien ne pas l’apercevoir ou la prendre pour une inégalité naturelle du sol.[...] La route de Tréhorenteuc, ais-je-dit, a tranché la Butte aux Tombes environ par le milieu ; la portion de droite a disparu, ayant été nivelée pour faire la route. La portion de gauche qui reste à la forme d’un tronc de cône très aplati, duquel on aurait séparé environ la moitié par une tranche verticale parallèle à la route. La coupe mesure quatre-vingt-douze pas le long de la route, ce qui fait une longueur d’environ 72 mètres ; le pourtour de la base est de cent vingt-deux pas. La largeur du monticule est de vingt-trois pas et sa hauteur ne dépasse pas 1m30. En admettant que la route ait retranché la moitié de la butte, la largeur de celle-ci était donc de deux fois vingt-trois pas, soit quarante six pas, tandis que la longueur est encore de quatre-vingt-douze pas. Ce devait donc être primitivement une butte plus longue que large, ayant une base arrondie en forme d’ellipse. Ce monticule est ouvrage de main d’homme, c’est de la terre rapportée, - du moins dans la tranche faite sur la route on ne voit aucune pierre. Mais il me semble que le sous-sol est du roc et que la terre, là, n’a pas grande profondeur. N’ayant fait aucun sondage, je ne puis cependant rien assurer à ce sujet. Le sol retentit fortement sous les pas.
L’abbé Gillard
Vers 1955, l’abbé Gillard de Tréhorenteuc mentionne la « Butte aux Tombes ».
En continuant la route de Tréhorenteuc [depuis la Saudraie], on arrive au carrefour de Néant à Paimpont, à l’entrée d’un cimetière druidique. Ce cimetière comprend un grand nombre de monuments. Le premier se situe à gauche, juste avant l’arrivée au carrefour. Il se compose d’une masse de terre meuble, aujourd’hui recouverte de sapins et percée, par endroits, de nids de mitrailleuses. Toute cette terre a été ramassée au moyen de paniers et de civières pour recouvrir les cendres des Morts que les Druides brûlaient en cet endroit. Autrefois, ce monument déjà, s’étendait encore plus à droite, exactement jusqu’à la vieille route, et il était entouré d’un grand nombre de petites pierres qui en révélaient aux passants le caractère sacré.
Là encore, l’abbé Gillard, étranger aux avancées archéologiques de son époque, voit dans ce site néolithique un cimetière druidique.
La Butte aux Tombes et l’archéologie contemporaine.
Oublié de tous, le tertre de la « Butte aux Tombes » avait disparu sous la végétation. Ils est redécouvert en 1981 par l’Association des Amis du Moulin du Châtenay. Cependant, aucune fouille archéologique n’a eu lieu sur ce monument appartenant à l’ensemble mégalithique des « Buttes aux Tombes ». L’archéologue Jacques Briard, qui a dirigé les fouilles du « Jardin aux Moines » situé à une centaine de mètres de la « Butte Aux Tombes », en a donné une brève description.
La Butte aux Tombes est un long monument d’une cinquantaine de mètres, rogné par la construction de la route de Mauron. Large de 5 à 6 m., il est élevé de 60 à 80 cm et possédait au siècle dernier, encore une douzaine de pierres d’entourage actuellement disparues. Il peut contenir des coffres ou de petites tombelles individuelles éventrées au siècle dernier, lui donnant son nom de Butte aux Tombes.
Le long tumulus dit la « Butte aux Tombes » comprend encore quelques pierres d’entourage. Les douze pierres d’entourage disparues, évoquées par Jacques Briard, semblent empruntées aux descriptions données par l’abbé Mahé et Cayot-Delandre du « Jardin des Tombes », monument voisin aujourd’hui inconnu. Jacques Briard précise d’ailleurs lui-même dans un autre passage de son ouvrage que la « Butte aux Tombes » et le « Jardin des Tombes » sont deux monuments différents.
Comme le souligne Jacques Briard, la « Butte aux tombes » participe de la diversité architecturale de l’ensemble des « Buttes aux Tombes ».
Le groupe des tertres néolithiques de Néant-sur-Yvel/Tréhorenteuc apparait comme un ensemble original aux confins du massif forestier de Brocéliande. Il révèle une concentration de monuments du même type dans une aire restreinte et l’attachement probable d’une ethnie très localisée à ce mode de sépulture. Ces tertres montrent une conservation très inégale et des structures diversifiées : cloisons internes en pierres au Jardin aux Moines, petits alignements de blocs sur le tertre allongé de la route de Tréhorenteuc, grand cairn de pierres à la Butte Ronde, qui est peut-être d’un type différent des véritables tertres allongés.
La publication archéologique la plus récente ayant mentionné la « Butte aux Tombes » est celle de Philippe Gouezin dans son inventaire des mégalithes du Morbihan Intérieur.
Ce tertre tumulaire fait partie du groupe du jardin aux Moines et est situé juste dans le carrefour au bord de la route.