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Le Diberder, Yves

lundi 6 novembre 2023

Le Diberder, Yves (1887-1959) : Collecteur de contes traditionnels, journaliste et membre du Mouvement breton ; auteur de trois articles relatifs à Brocéliande.

Éléments biographiques

Yves-Alexandre Le Diberder (1887-1959), plus connu sous le nom d’Yves Le Diberder, est un membre du Mouvement breton et un collecteur de traditions populaires bretonnes.

Né à Lorient en 1887, il est un ancien élève d’Anatole Le Braz et suit les cours de Joseph Loth à Rennes en 1910. En 1911, il participe à la fondation de la Fédération régionaliste de Bretagne 1. Il collabore à la revue des Annales de Bretagne en 1912 et fonde la revue Brittia, qui cesse de paraître en 1914.

Simultanément, il se livre à une imposante collecte de chansons et de contes en Vannetais, poursuivie jusqu’en 1916. Il fait partie - avec François Cadic et Loeiz Herrieu - des grands collecteurs du pays vannetais. À défaut de publier ses propres collectes, Le Diberder s’est attaché, avec le concours de Jean-Marie Le Moing, à rééditer les œuvres de François Cadic, notamment ses contes.—  LE DIBERDER, Yves, Contes de Sirènes, Terre de Brume, 2000, 208 p., (« Bibliothèque celte »). —

Journaliste enclin à la polémique, il se fâche avec la plupart des intellectuels bretons. Il meurt à Vannes en 1959, laissant un grand nombre de manuscrits de contes et chansons inédits issus de ses collectages en pays vannetais.

Yves Le Diberder et Brocéliande

Yves Le Diberder est l’auteur de trois articles polémiques faisant référence à Brocéliande. Les deux premiers sont parus dans Breiz Atao en 1933, le dernier dans Fontaine de Brocéliande en 1948.

1933 — Deux articles dans Breiz Atao

Yves Le Diberder a publié deux articles consacrés à une critique de Brocéliande de Charles Le Goffic et Auguste Dupouy, dans le journal du Parti National Breton, Breiz Atao, en 1933. Il y reproche à Charles Le Goffic son manque de connaissance du corpus arthurien et son adhésion à la mode anti-bretonne soutenue par l’universitaire Edmond Faral (1882-1958) 2.

  • —  LE DIBERDER, Yves, « La langue bretonne et sa destinée - La gloire d’Arthur est-elle à nous ? », Breiz-Atao, 17 septembre, Rennes, 1933, p. 2, Voir en ligne. —
  • —  LE DIBERDER, Yves, « La langue bretonne et sa destinée - Brocéliande selon certains », Breiz-Atao, 3 décembre, Rennes, 1933, p. 4, Voir en ligne. —

1948 — Un article dans Fontaines de Brocéliande

En 1948, Yves Le Diberder publie un article polémique sur la valeur littéraire de l’œuvre d’Anatole Le Braz dans la revue Fontaines de Brocéliande, fondée par Ronan Pichery (1891-1963) dans l’immédiate après-guerre. Il reproche notamment à son ancien professeur et ami, son rapprochement avec le poète séparatiste Camille Le Mercier d’Erm 3 à la sortie de la Première Guerre mondiale.—  LE BRAZ, Anatole, « Préface », in Camille Le Mercier d’Erm. Les Bardes et poètes nationaux de la Bretagne armoricaine, Rennes, Plihon & Hommay, 1919. —

J’ai connu moi aussi, l’indéniable séduction de l’homme, l’attrait de son chatoiement, son indulgence particulière, je crois bien jusque dans nos conflits. J’ai regretté de devoir rompre avec lui. Ce ne fut pas sur des questions littéraires, mais sur des questions d’attitude bretonne. Par trois fois, dont la dernière en 1919, par une préface, ce qui était totalement inadmissible (qui osera le nier, à la lumière de ce qui s’est passé pendant l’occupation ?), il affecta de prendre la défense d’un poètreau séparatiste qu’il fallait pendre, au moins littérairement à un arbre de Brocéliande,

"Au bois de Bersillant, en la forêt feuillue,
dessous un châtaignier, delez une fontaine..."

Il s’en mordit bien les doigts tout seul, Le Braz, quand il vit comment l’incurable crétineau l’avait joué. Il en fut atterré, m’écrivit quelqu’un qui en avait été témoin.

LE DIBERDER, Yves, « Anatole Le Braz non immortel », Fontaines de Brocéliande, 1948.

↑ 1 • Issue d’une scission de l’Union régionaliste bretonne (URB) créée en 1898, la Fédération régionaliste de Bretagne (FRB) est fondée le 29 octobre 1911 à Rennes. Créée pour obtenir le changement de statut politique de la Bretagne, elle s’inscrit dans le courant de l’autonomisme breton.

↑ 2 • Edmond Faral (1882-1958), est un universitaire et médiéviste français. Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de grammaire (1906), docteur ès lettres, il devient en 1920 directeur d’études en littérature médiévale à l’École pratique des hautes études. En 1924, il est nommé professeur de littérature latine médiévale au Collège de France, dont il est administrateur de 1937 à 1955.

↑ 3 • Camille Le Mercier d’Erm (1888-1978), fondateur du Parti nationaliste breton en 1911, joue un rôle prépondérant auprès des jeunes militants bretons de l’entre-deux guerres. Il est un des plus talentueux poètes bretons de langue française. Son œuvre de poète et d’historien est marquée par la revendication nationaliste et l’appel à la révolte.