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Du milieu du 13e au milieu du 14e siècle

Le « quartier de Lohéac » en forêt de Brécilien

Les seigneurs de Lohéac en forêt de Brécilien

Au 13e siècle, la seigneurie de Lohéac englobe la partie orientale de la forêt de Brécilien, appelée quartier ou forêt de Lohéac. Ainsi, les seigneurs de Lohéac sont propriétaires d’une partie de la seigneurie de Montfort. L’ensemble de la forêt de Brécilien redevient possession des seigneurs de Gaël-Montfort en 1353, suite au mariage de Raoul VII de Gaël-Montfort avec Isabeau de Lohéac.

Les premières seigneuries dans le Porhoët

Au 11e siècle, Guéthenoc, comte de Rennes, possède, en Bretagne centrale et septentrionale, un immense territoire anciennement inclus dans la Domnonée.

Aux 11-12e siècles, les ducs de Bretagne concèdent :

  • au seigneur de Dinan sa partie nord,
  • à Raoul de Gaël-Montfort un vaste territoire (environ 40 paroisses) occupant sa partie nord-est autour de Gaël,
  • à Eudes 1er de Porhoët, un immense territoire (environ 140 paroisses), couvrant sa partie occidentale,
  • à Payen de Malestroit quatorze paroisses au sud-ouest,
  • à Judicaël de Lohéac 1 les paroisses occupant sa partie sud-est.

Les ducs conservent l’administration directe de la seigneurie de Ploërmel. Ce domaine ducal de dix paroisses, situé au cœur du Porhoët, a pour fonction de contrôler ses vassaux.

Le quartier de Lohéac dans les Usements de la forêt de Brécilien

La charte des Usements de la forêt de Brécilien atteste que les seigneurs de Lohéac ont été en possession d’une partie de la forêt de Brécilien. En 1467, le comte Guy XIV de Laval, alors propriétaire de l’ensemble de la forêt 2, reprend les anciennes ordonnances dans lesquelles se trouve mentionné un « quartier de Lohéac » parfois nommé « forêt de Lohéac ».

Le quartier de Lohéac s’étend dans la partie orientale de la forêt de Brécilien entre Saint-Péran et Paimpont. À ce quartier s’ajoutent ceux de Coulon, Trémelin et Haute-Forêt. Ces quatre quartiers constituent la forêt de Brécilien. Aucun document ne permet de déterminer avec précision le contour du quartier de Lohéac. Toutefois, nous retenons celui émis dans les dossiers du Ce.R.A.A.

[...] Il reste alors à placer le quartier de Lohéac [...]. C’est ici qu’intervient le second texte à notre disposition : le minu 3 de 1502. Sans y attribuer le nom « quartier de Lohéac », ce texte décrit très clairement les limites d’un espace forestier situé entre Le Gué de Plélan, Gaillarde, les châteaux de Comper et Boutavent 4. Ce secteur correspond relativement bien avec celui délimité par la localisation des usagers ayant un droit en Lohéac.

VIVET, Jean-Bernard, Métallurgie médiévale et forêt en prélude aux Grandes Forges de Paimpont (Ille-et-Vilaine), Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 2009, (« Les Dossiers du Centre Régional d’Archéologie d’Alet »). [page 192]
Limites de la forêt de Brocéliande en 1502
Les limites de la juridiction de Rennes correspondent au quartier de Lohéac.
OILLIC, Jean-Charles, Végétation, peuplement, métallurgie en Brocéliande : étude interdisciplinaire de la forêt de Paimpont (Bretagne, France) depuis la fin du Tardiglaciaire, Thèse de doctorat en Sciences de la Matière, Rennes 1, 2011, Voir en ligne. (Fig. 87)

Les Usements de la forêt de Brécilien de 1467 font bien la distinction entre les divers usagers de la forêt du point de vue de leurs droits sur leurs quartiers respectifs. Ils permettent de mieux comprendre pourquoi ces droits sont propres à chaque « quartier » de forêt. Ainsi, des privilèges antérieurs sont conservés pour certains notables, par exemple les évêques de Saint-Malo, les abbés de Paimpont et les abbés de Montfort ayant droit d’usage au quartier de la forêt appelé Coueslon et Tremelin, mais également dans le quartier de Lohéac.

L’abbé de Montfort, comme prieur du prieuré de Saint-Péran, situé dans la forêt, a, dans le quartier de la forêt appelé Lohéac, un droit d’usage consistant en panage, paisson et pâturage pour tout le bétail lui appartenant qu’il entretiendra dans cette métairie ; il pourra l’y faire conduire sans l’inscrire ni rien payer par son valet, mais pas par un métayer partiaire du bétail. 5.

JUDICAEL, « Acte n° 214408 », in Chartae Galliae - Edition électronique : Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, 2014, Voir en ligne.
Les mottes de Lohéac sur l’ancien cadastre
L’emplacement des mottes est encore visible sur l’ancien cadastre. C’est autour de cet ensemble qu’est née la seigneurie de Lohéac. Document extrait de : BANÉAT, Paul, Le Département d’Ille-et-Vilaine. Histoire, archéologie, monuments, Vol. 2, Rééd. 1973, Paris, Librairie Guénégaud, 1928. (p. 295)

La présence de vestiges de quatre mottes féodales témoigne de l’existence d’un château à Lohéac.

Les buttes de Lohéac
Les mottes féodales de Lohéac dans les années 1930.

À notre connaissance, les seuls indices témoignant des premiers seigneurs de Lohéac apparaissent à travers les évènements liés aux donations associées à la naissance d’un prieuré du Saint-Sauveur.

Son histoire se déroule lors de la première croisade. Riou 6, un des fils de Judicaël de Lohéac, répond à l’appel du pape Urbain II.

[...] un grand nombre de Princes et de Seigneurs prirent la Croix & s’embarquèrent l’an 1096 pour passer en Orient. Alain Fergent fit ce voyage dans là compagnie de Robert Duc de Normandie [...] Plusieurs Seigneurs Bretons les suivirent, entre autres Raoul de Montfort, Alain son fils, Conan fils de Geoffroi Boterel Comte de Lamballe, Riou de Loheac [...].

MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 1, Paris, Delaguette, 1750, Voir en ligne. pp. 82-83

Durant la croisade, Riou de Lohéac meurt de maladie. Il s’est pourvu d’un morceau de la Vraie Croix du Saint-Sépulcre. A son retour de croisade, son écuyer Symon de Ludron le remet à son frère Gautier. Le 28 juin 1101, Gautier dépose la relique dans la chapelle du château de Lohéac qui devient le prieuré du Saint-Sauveur.

Nos connaissances concernant l’origine de la seigneurie de Lohéac se limitent à cet évènement. Riou et son frère Gautier sont les fils ainés de Judicaël. Un autre fils, Rouaud, reçoit de Judicaël la partie méridionale de la seigneurie de Lohéac (actuellement Guignen). —  Chédeville, André ; Tonnerre, Noël-Yves (1987) op. cit., p. 159 —

La forêt de Brécilien des seigneurs de Gaël-Montfort

Vers 1091, Raoul de Gaël construit un château sur les hauteurs qui surplombent les rivières du Meu et du Garun 7. Il prend le nom de Montfort (Radulfus Montefortis). La seigneurie de Gaël-Montfort comprend alors l’ensemble de la forêt de Brécilien.

Geoffroy, seigneur de Gaël-Montfort, meurt en 1181 ; la seigneurie est partagée entre ses deux fils. Raoul IV reçoit Gaël avec la partie occidentale de Brécilien (appelée Haute-Forêt) ; Guillaume II hérite de Montfort comprenant la partie orientale de Brécilien (Basse-Forêt).

Un acte, signé en 1213 par Guillaume II de sa résidence de Boutavent 8, montre qu’il est en possession de l’ensemble de la seigneurie de Montfort.

[…] Acta suit haec confirmatio à me in aula de Boutavant anno gratiae MCCXIII.

MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 1, Paris, Charles Osmont, 1742, Voir en ligne. col. 821-822)

Les seigneurs de Lohéac dans la seigneurie de Montfort

Au milieu du 13e siècle, la partie orientale relevant de la seigneurie de Montfort se trouve à son tour plusieurs fois morcelée. La raison de ce morcellement est liée à une succession de mariages, d’héritages et d’échanges.

De son mariage avec Nine de Rostrenen, Guillaume II a une fille unique, Mahaut 9. Leurs noms sont attestés dans un acte de 1209.

[…] Ego Willelmus Montifortis pro omnibus in iuriis illustis Abbati Sti Mevenni super molendinum […] apud Montfort super fluvium Agarin […] de assensu et voluntat Nina uxoris mei et Mahault filia mea […] Actum apud Montem fortem anno gratia 1209.

Guillaume II meurt après 1230. Mahaut devient dame héritière 10 de la seigneurie de Montfort 11. Elle se marie trois fois :

  • avec Josselin de Rohan († 1252) ;
  • avec Josselin de la Roche-Bernard († v. 1261).
  • avec Alain de Montauban vers 1264.

On ne lui connait pas d’enfant issu de ces mariages. Mahaut est très âgée à sa mort en 1279.

Le second mari de Mahaut, Josselin de la Roche-Bernard, devenu seigneur de Montfort « du chef de son épouse », bénéficie de la tierce partie de cette seigneurie. Au décès de Josselin, le couple n’ayant pas eu d’enfant, le fils de Josselin, Alain II de la Roche-Bernard, né d’un premier mariage, hérite de cette tierce partie 12.

Ce territoire contient le secteur sud-est de la seigneurie de Montfort, dont la partie orientale de la forêt de Brécilien incluant le domaine du château de Boutavent.

Un acte de 1285 13 donne une explication — après coup — des transactions qui se sont opérées suite aux mariages de Mahaut.

Selon cet acte, les biens d’Alain II, hérités des Montfort, font l’objet d’un échange entre Alain II de la Roche et Guillaume de Lohéac. Ces deux chevaliers se connaissent. Hermine, fille de Guillaume de Lohéac, seule héritière de la seigneurie de Lohéac, est promise en mariage à Eudon (Eudes), le fils ainé d’Alain II de la Roche.

Puis Guillaume de Lohéac fait donation à Alain de Montauban, troisième mari de Mahaut, du domaine de Boutavent et de son château, lieu habituel de résidence des Montfort.

Le père Augustin du Paz 14 dans sa généalogie des seigneurs de Lohéac, nous apprend qu’au milieu du 13e siècle, Guillaume de Lohéac est propriétaire d’une partie de la forêt de Brécilien.

Guillaume de Loheac second de ce nom, sire dudit lieu, fils ou frère dudit Pierre troisième, vivait l’an mil deux cent cinquante mil deux cent cinquante-sept, auquel an il donna aux Abbés & Chanoines de l’Abbaye de saint Jaques près Montfort leur usage en sa forêt de Brécilian tant à chauffage qu’a merrain. Il mourut la dix-septième calendes de Mai, c’est le quinzième d’Avril comme il est marqué au martyrologe de l’Abbaye de Montfort, & en celui de l’Abbaye de notre Dame de Paimpont.

DU PAZ, Augustin, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, Paris, Chez Nicolas Buon, 1619, Voir en ligne. p. 626

Guillotin de Corson, se référant aux Usements de la forêt de Brécilien, confirme que Guillaume de Lohéac était seigneur de Montfort en 1260 15.

Alain de Montauban seigneur de Montfort

À la mort de Josselin de la Roche-Bernard, vers 1261, Mahaut de Montfort demeure propriétaire de deux quartiers de la forêt de Brécilien entourant Montfort : Coulon et Trémelin.

Une lettre de 1264 relative aux droits des chanoines de l’abbaye Saint-Jacques de Montfort en forêt, montre que le couple Mahaut de Montfort — Alain de Montauban 16 détient toujours ces quartiers de forêt. Elle prouve qu’à cette date, le couple n’est plus en possession du quartier de Lohéac, partie de forêt allant de Saint-Péran à Paimpont.

Universis Christi fidelibus præsentes litteras inspecturis, Alanus de Monte-albano miles Donus Montisfortis, & Matildis ejus uxor Domina Montisfortis, salutem. Notum facimus quod Abbas & conventus beati Jacobi de Monteforti suum habent usagium plenarie ad omne opus suum & suæ Abbatiae in nostris forestis de Tremelin & de Coulon, &c. Datum anno Domini 1264. Titre de Saint Jacques de Monfort.

1285 — Raoul V de Gaël-Montfort en procès contre Alain de Montauban

À la mort de Mahaut en 1279, Alain de Montauban hérite d’une part de la seigneurie de Montfort comprenant Boutavent qu’il a obtenu de Guillaume de Lohéac. En 1285, Raoul V, héritier des seigneuries de Gaël reçoit notamment les quartiers de Coulon et Trémelin. Il fait par ailleurs procès à Alain pour récupérer le domaine et le château de Boutavent. Il obtient du procès de Ploërmel un échange avec Alain de Montauban, et retrouve la possession de Boutavent. Raoul V va aussi tenter de reprendre en vain le quartier de Lohéac dont Guillaume de Lohéac a la possession.

Enfin, en 1287, il eut gain de cause dans une affaire complexe : en son Parlement, le duc Jean II fit savoir qu’il avait accordé à Guillaume la sixième part de la terre de Mahaut, jadis dame de Montfort, qu’il avait échangée avec le fils de Mahaut 17. Cet échange était alors contesté par le seigneur de Gaël, Raoul de Montfort, chef du lignage de Montfort. L’acte ducal de restitution des impôts perçus par Guillaume de Lohéac au nom du duc sur les vassaux de l’abbaye de Redon mentionne que Guillaume mourut avant 1289.

MORVAN, Frédéric, La chevalerie bretonne et la formation de l’armée ducale (1260-1341), Rennes, PUR Presses Universitaires de Rennes, 2009, (« Histoire »). [p. 77]

Guillaume de Lohéac est connu pour exercer d’importantes responsabilités auprès des ducs de Bretagne Jean I et II. Il est également fondateur du prieuré de la sacristie de l’abbaye de Paimpont.

Le prieuré de la sacristie, fondée par Guillaume, seigneur de Lohéac, confirmé en 1290 par Robert du Pont, évêque de Saint-Malo, et augmenté de quelques rentes vers 1296 par Hermine de Lohéac, fille du fondateur et dame de la Roche-Bernard.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. p. 691

En 1353, les seigneuries de Montfort et de Lohéac sont réunies lors du mariage de Raoul VII de Montfort avec Isabeau, fille d’Eon de Lohéac et de Béatrice de Craon. Isabeau (ou Isabelle) de Lohéac est dame héritière des baronnies de Lohéac et de la Roche-Bernard.


Bibliographie

ALAIN 3 REBRIT DUC DE BRETAGNE, « Acte n° 214495 », in Chartae Galliae - Edition électronique : Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, 2014, Voir en ligne.

ANONYME, « Recueil d’extraits de divers chartriers de Bretagne : Manuscrit Bibl. nat., fr. 22325 », Rennes, 1601, Voir en ligne.

CHÉDEVILLE, André et TONNERRE, Noël-Yves, La Bretagne féodale, XIe-XIIIe siècle, Rennes, Editions Ouest-France, 1987.

COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXII à CCCXCI, Voir en ligne.

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GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 1, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne.

MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 1, Paris, Charles Osmont, 1742, Voir en ligne.

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PUTON, Alfred, « Usages, anciennes coutumes et administrations de la forêt de Brécilien. De ceux qui ont droit d’usage et droit de prendre du bois dans cette forêt pour leurs besoins nécessaires. », in Coutume de Brécilien. Titres, jugements et arrêts concernant les usages de Paimpont et Saint-Péran, Nancy, Imprimerie E. Réau, 1879, p. 1-30, Voir en ligne.


↑ 1 • Ne pas confondre avec le roi de Domnonée qui vécut au 7e siècle.

↑ 2 • La seigneurie de Lohéac et celle de Montfort se sont réunies suite au mariage de Raoul de Montfort en 1353 avec Isabeau, dame héritière de Lohéac.

↑ 3 • Un minu est une déclaration écrite décrivant en détail les biens composant un fief.

↑ 4 • Il s’agit de la partie orientale de l’actuelle forêt de Paimpont encore appelée Basse forêt qui s’étend à l’est de la D773 allant de Beignon à Gaël.

↑ 5 • Texte original —  COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXII à CCCXCI, Voir en ligne. — p. CCCLXXIV

Texte traduit dans le langage actuel par PUTON, Alfred, « Usages, anciennes coutumes et administrations de la forêt de Brécilien. De ceux qui ont droit d’usage et droit de prendre du bois dans cette forêt pour leurs besoins nécessaires. », in Coutume de Brécilien. Titres, jugements et arrêts concernant les usages de Paimpont et Saint-Péran, Nancy, Imprimerie E. Réau, 1879, p. 1-30, Voir en ligne. [p. 4]

Une autre ordonnance concerne les communiers de Telent (Thélin), Castonnet (Catonet) et de La Rivière en la paroisse de Plélan. Les habitants de ces fiefs anciennement situés dans la seigneurie de Lohéac ont conservé des droits d’usage dans le quartier de Lohéac accordés par leurs seigneurs. En contrepartie, ils sont soumis à certains devoirs envers leur seigneur, par exemple d’aller porter le courrier à Lohéac.

Les communiers du fief (fieu) de Telent, ceux du fief de Castonnet, les communiers de la Rivière étant en la paroisse de Plélan, [...] sont assujettis, chaque fois qu’ils en sont requis par les officiers de Monseigneur, de porter les lettres et les messages à Lohéac en leur payant la somme de quatre deniers[[Texte original —  COURSON, Aurélien de, « En suivent les usemens et coustumes de la forest de Brécelien, et comme anciennement elle a esté troictée et gouvernée », in Cartulaire de l’Abbaye de Redon en Bretagne [832-1124], Paris, Imprimerie impériale, 1863, p. CCCLXXII à CCCXCI, Voir en ligne. — pp. CCCLXXVII-CCCLXXVIII

Texte traduit de l’original : Puton Alfred (1891) op. cit., p. 9.

Les seigneurs fondateurs de Lohéac

L’origine de la seigneurie de Lohéac reste inconnue. Le nom de Hervé, notifié dans un des actes du cartulaire de Redon à la date de 16 avril 1027, est reconnu par les historiens actuels comme étant un faux.

Dès le début du XIe siècle, un acte de Geoffroy nous mentionne un Hervé de Lohéac, malheureusement il s’agit d’un faux : la donation de Belle-Ile à l’abbaye de Redon.

CHÉDEVILLE, André et TONNERRE, Noël-Yves, La Bretagne féodale, XIe-XIIIe siècle, Rennes, Editions Ouest-France, 1987. [page 158]
ALAIN 3 REBRIT DUC DE BRETAGNE, « Acte n° 214495 », in Chartae Galliae - Edition électronique : Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, 2014, Voir en ligne.

Judicaël est bien le plus ancien nom rapporté en 1062 comme seigneur de Lohéac.

Une charte du cartulaire de l’abbaye de Redon datée de 1081 rapporte une donation de Judicaël aux moines de Redon et prouve qu’il est seigneur de Lohéac.

Pour le salut de son âme, celle de son épouse Uacelina, de ses parents et de tous ses enfants, Judicael donne à Saint-Sauveur et à ses moines la terre de Goven (en Guipry [35]), avec la chapelle qui s’y trouve et tous les droits et revenus qui y sont attachés. En outre, il concède un lieu près de l’oppidum de Cliuuum, pour que les moines y édifient un monastère, des bâtiments et un bourg, ainsi que le ruisseau en contrebas pour en faire un bassin.[[Voir le texte original du Cartulaire de Redon

↑ 6 • Riou est également nommé Rioc.

↑ 7 • Raoul de Gaël est considéré par les historiens actuels comme étant le premier seigneur de Gaël.

↑ 8 • Depuis 1198, date de destruction du château de Montfort, celui de Boutavent est le lieu de résidence des seigneurs de Gaël-Montfort.

↑ 9 • Mahaut est aussi transcrit Mahaud ou Mathilde

↑ 10 • Mahaut bénéficie de l’héritage mais le pouvoir seigneurial ne peut être exercé que par son mari.

↑ 11 • Cet héritage s’en remet à une ordonnance de 1185, nommée l’Assise au comte Geoffroy, mise en place par le duc de Bretagne Geoffroy Plantagenêt.

[Les dispositions de l’Assise] modifient profondément la coutume de transmission des seigneuries. Désormais la seigneurie appartiendrait à l’ainé, qu’il s’agisse d’une baronnie disposant d’un pouvoir banal étendu ou d’un simple fief comprenant exclusivement des revenus fonciers (…) Au cas où le seigneur défunt ne laissait pas de fils, la seigneurie passait à la fille ainée qui était chargée de donner à ses sœurs une rente suffisante (…) Une des dispositions secondaire […] prévoyait la situation où, le fils ainé étant mort, la terre passait par succession directe à un enfant mineur. L’Assise prévoyait dans ce cas que le bail ou la tutelle appartiendrait au frère le plus âgé après l’aîné, c’est-à-dire à l’un des oncles du mineur. En l’absence de frère survivant, le titulaire du fief avait le droit avant sa mort de conférer le bail à un parent de son choix avec l’accord de son seigneur.

TONNERRE, Noël-Yves, Naissance de la Bretagne. Géographie historique et structures sociales de la Bretagne méridionale (Nantais et Vannetais) de la fin du VIIIe à la fin de XIIe siècle, Presses de l’Université d’Angers, 1994. [pages 404-406]

↑ 12 • 

Universis Christi fidelibus presentes litteras inspecturis Joscelinus Dominus de Rocha-Bernardi, salutem [...] Hoc donum feci in manu Johannis Abbatiae supradicte tunc Abbatis, tam pro salute anime mee, quam Stephane uxoris mee [...] Datum anno Dom. MCCXXXIX. Pris sur l’original à Blanche-Couronne.

Morice, Pierre-Hyacinthe (1742) op. cit., col. 912

↑ 13 • 

Comme noble Dame Mahaut jadis Dame de Montfort eut donné à noble homme Monsieur Josselin de la Roche son mari et à ses hoirs (héritiers) la tierce partie de la terre de Montfort, et de toute la terre, et de tout l’héritage, qui lui pouvait advenir par droit de succession et de promesse. Et après la mort du dit Josselin noble homme Guillaume Seigneur de Lohéac eut fait échange avec Monsieur Alain de la Roche fils et hoir (héritier) du dit Josselin avec l’assentiment et avec la volonté de la dite Dame desdites choses données au dit Monsieur Josselin et à ses hoirs. Et après le dit Guillaume sieur de Lohéac eut donné à Monsieur Alain de Montauban la moitié des dites choses échangées avec le dit Monsieur Alain de la Roche, comme dit est, exceptées dix livres de rente, lesquelles le dit Seigneur de Lohéac devait prendre et avoir en la dite moitié donnée au dit Alain de Montauban. Et content fut emeu en notre Cour de Ploërmel entre Raoul Seigneur de Montfort d’une partie, et le dit Alain de Montauban d’autre fur lesdites choses données au dit Alain de Montauban du dit Seigneur de Lohéac. Et après plusieurs contens eues entre les dites parties, se compromirent les dites parties en nobles hommes Alain Vicomte de Rohan, Guillaume Seigneur de Lohéac, et Hervé le Bouteiller Chevalier notre Sénéchal de Ploërmel en celui temps, et gréèrent les dites parties par notre Cour, et jurèrent à tenir et à garder ce que les dits arbitres ordonneraient sur lesdites choses. Lesquels arbitres, parties oyës ordonnèrent sur lesdites choses en telle manière, que ledit Raoul quitte et délaisse à toujours audit Alain de Montauban et à ses hoirs tout ce que celui Alain tenait en la paroisse de la Chapelle S. Ouen par la raison de la dite donation, qui lui fut faite du dit Seigneur de Lohéac. Et le dit Alain laisse au dit Raoul le Chatel de Boutavant qu’il tenait à raison de la dite donation, et ainsi il ne pourrait plus rien demander en la terre de Montfort. Ce fut fait et passé par notre dite Cour de Ploërmel, lundi après l’Ascension de notre Seigneur l’an de grâce 1285.

(Pris sur une copie de du Paz). Morice, Pierre-Hyacinthe (1742) op. cit., col. 1074-1075

↑ 14 • Augustin du Paz († 1631) est historiographe de Bretagne. Dominicain du couvent Notre-Dame de Bonne Nouvelle de Rennes, il est le premier à rédiger en 1619, une généalogie sur les maisons illustres de Bretagne.

↑ 15 • 

N’oublions pas le droit d’usage concédé aux évêques par les seigneurs de Montfort à une époque reculée, dans leur forêt de Brécilien (aujourd’hui forêt de Paimpont), confirmé en 1260 par Guillaume de Lohéac, seigneur de Montfort, et consistant, en 1759, en cinquante cordes de bois de chauffage et huit charretées de bois d’œuvre.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 1, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. p. 618

↑ 16 • Alain de Montauban est le fils d’Olivier II de Montauban et de Jeanne de Porhoët, fille d’Eudes III de Porhoët. Leur fils héritier de Montauban, Olivier III, épouse Louise de Lohéac, fille de Pierre II de Lohéac et sœur de Guillaume de Lohéac.

↑ 17 • L’historien Frédéric Morvan, laisse entendre qu’Alain II est le fils de Josselin de la Roche et de Mahaut. Il semble qu’il s’agit d’une erreur, rien ne le prouve. Si c’était le cas, Raoul de Montfort n’aurait eu aucun mal à récupérer sa forêt