1881-1882
Saintin, Henri
Un peintre à Montfort
Henri Saintin (1846-1899) est un peintre paysagiste dont l’œuvre est marquée par ses séjours en Bretagne. En 1881 et 1882, il réalise trois gravures et deux huiles sur toiles de la région de Montfort-sur-Meu.
Éléments biographiques
Henri Saintin (1846-1899), est un peintre originaire d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Il suit les cours de l’École des beaux-arts de Paris, successivement auprès d’Isidore Pils (1815-1875), du paysagiste Alexandre Ségé (1818-1885) et de Charles-Edmé Saint-Marcel (1819-1890).
Il fait ses premiers pas en tant que peintre au Salon 1 de 1867 et trouve son inspiration dans les environs de Paris et en forêt de Fontainebleau. Il découvre la Bretagne vers 1875, grâce à ses amis peintres Francis Blin et Alexandre Ségé. Il s’établit sur la côte de Penthièvre (Côtes-d’Armor) à proximité d’Erquy et fait quelques excursions dans la région de Montfort-sur-Meu vers 1880.
De longs séjours en Bretagne et dans la Côte-d’Or, des études de Paris et de sa banlieue, puis un voyage en Italie, lui avaient fait apprécier les belles lignes et la lumière limpide et colorée ; il est bien de l’école des Corot, Troyon, Rousseau, Daubigny ; déjà il possédait l’exactitude du dessin à laquelle il joignait la justesse du ton et l’exécution sincère et large de l’École moderne du paysage. Doué de grandes qualités d’observation et de proportion, son dessin, sa facture et sa touche toujours sobres et à l’échelle (comme disent les architectes), suivant la grandeur du tableau ou de la simple étude sur nature.
En 1890, il rejoint les artistes dissidents à l’origine de la scission de l’institution du Salon en deux expositions et jusqu’à sa mort, en 1899, il expose au Salon de la Société nationale des beaux-arts. Malgré quelques récompenses, sa notoriété est restée modeste.
[...] peu enclin à la réclame, il ne vendait pas aux marchands, il était heureux de céder des tableaux, même des études, aux amateurs, surtout lorsqu’il les connaissait. Le chagrin de voir partir ses toiles était adouci par la certitude de les voir bien placées et l’espérance de les revoir. Sa modestie, ce besoin de conserver ses œuvres, ont limité sa réputation et accumulé les productions dans son atelier.
Il meurt en juillet 1899. Trois cent huit de ses œuvres sont vendues aux enchères à l’Hôtel Drouot en 1900. — BRAME, Hector et BRICOUT, M., Catalogue des tableaux, aquarelles et dessins par Henri Saintin et dont la vente aura lieu à Paris Hotel Drouot salle n°1, Paris, Hotel Drouot, 1900, Voir en ligne. —
Une quinzaine d’œuvres de Louis-Henri Saintin sont exposées dans des musées français parmi lesquels, le Musée d’Orsay, le Musée du Louvre, département des Arts graphiques, le Musée Carnavalet à Paris, le Musée Fabre à Montpellier ou le Musée des Beaux-Arts de Rennes.— RIAND, Jacques, « Les œuvres de Louis-Henri Saintin dans les musées et lieux publics », 2019, Voir en ligne. —
1881-1882 — Henri Saintin, Adolphe Orain à Montfort-sur-Meu
Entre 1875 et 1899, Henri Saintin vient à de nombreuses reprises en Bretagne. Il y peint cent vingt-six œuvres et réalise de nombreux dessins et aquarelles. Sa sensibilité aux paysages bretons, remarquée par ses contemporains, est notamment saluée par Adolphe Orain.
Un de nos grands paysagistes, Henri Saintin, a compris cette belle nature et l’a reproduite dans divers tableaux que les amateurs se disputeront un jour, car ils sont empreints de la mélancolie des lieux et de la poésie qu’inspire notre Bretagne.
Lorsque Adolphe Orain entreprend la publication d’un premier inventaire du patrimoine matériel et immatériel de l’Ille-et-Vilaine, il fait appel à six artistes pour illustrer son nouvel ouvrage : Tancrède Abraham (1836-1895), Albert Philippon, Édouard Vaumort (1823-1886), Henri Arondel (1827-1900), Théophile Busnel (1843-1918) et Henri Saintin à qui il confie notamment les illustrations de la région de Montfort-sur-Meu. — ORAIN, Adolphe, Géographie pittoresque du département d’Ille-et-Vilaine - Histoire et Curiosités des 357 communes - Personnages célèbres, Littérateurs, Poètes, Artistes, etc. - Agriculture, Commerce, Industrie.., Rennes, Imprimerie Alph. le Roy fils, 1882. —
Henri Saintin se rend à Montfort-sur-Meu en 1881 pour y dessiner des sites mentionnés dans le futur ouvrage d’Adolphe Orain. Il y revient en 1882 et produit deux peintures à l’huile.
1881 — Trois gravures de la région de Montfort-sur-Meu
En 1881, Henri Saintin réalise trois gravures de la région de Montfort-sur-Meu ; deux d’entre-elles figurent dans l’ouvrage d’Adolphe Orain publié en 1882. Ces œuvres font partie de la collection Iconographie bretonne du Musée de Bretagne de Rennes 2.— ORAIN, Adolphe, Géographie pittoresque du département d’Ille-et-Vilaine - Histoire et Curiosités des 357 communes - Personnages célèbres, Littérateurs, Poètes, Artistes, etc. - Agriculture, Commerce, Industrie.., Rennes, Imprimerie Alph. le Roy fils, 1882. —
Prison de Montfort
Une eau-forte intitulée Prison de Montfort donne à voir un des vestiges des fortifications de Montfort-sur-Meu transformé en prison au 19e siècle. Cette vue de la tour du Papegault est à rapprocher d’une gravure de Hyacinthe Lorette publiée en 1843 dont elle semble fortement inspirée.
Une autre eau-forte d’Henri Saintin, conservée au musée de Bretagne, nous révèle le contre-champ du tableau Vue de Montfort : pris de l’extrémité de la rue de Hennau, il nous montre la tour du Papegault et la porte Saint-Nicolas, en contrebas, sous une perspective opposée, toujours dans les années 1880.
1881 — Vallée de la Poulanière
La seconde gravure d’Henri Saintin publiée en 1882, intitulée Vallée de la Poulanière, est une représentation du Menhir de la Poulanière en Iffendic, site mégalithique redécouvert en 2015.
Ville de Montfort vue du chemin bordant le Meu
La troisième et dernière gravure d’Henri Saintin réalisée dans la région de Montfort, est intitulée Ville de Montfort vue du chemin bordant le Meu 3. Cette œuvre non datée, est très probablement réalisée à l’occasion de la parution de l’ouvrage d’Adolphe Orain.
Cette vue de la tour du Papegault et de la Porte Saint-Nicolas aujourd’hui détruite - inversée par rapport à la gravure de la prison de Montfort - est très proche dans sa composition d’une peinture à l’huile réalisée par Henri Saintin en 1882.
1882 — Deux peintures à l’huile de Montfort-sur-Meu
Montfort-sur-Meu — Août 1882
Montfort-sur-Meu — Août 1882 est une des deux huiles sur toile peinte par Henri Saintin, à Montfort. Le tableau est acheté par la ville de Montfort en 2008.— BARON, Yann et DELOUCHE, Denise, « Montfort-sur-Meu, août 1882, un tableau d’Henri SAINTIN - Les représentations de la porte Saint-Nicolas de Montfort dans les musées et les collections publiques », Musée de Montfort, 2013, Voir en ligne. —
La peinture à l’huile de 1882 reprend la composition de la gravure de 1881 conservée au Musée de Bretagne.
La gravure propose une autre situation de personnages, supprimant ceux du premier plan. Les arbres y ont une ampleur réduite et différente, occultant notamment le bâtiment de l’église.
Vieille maison à Montfort
La seconde huile sur toile, intitulée Vieille maison à Montfort, est répertoriée sur le catalogue de l’Hôtel Drouot à l’occasion de la vente consacrée à Henri Saintin en 1899. — Baron, Yann (2013) op. cit., p.63 —
Ce tableau est une recomposition imaginaire de la Porte Saint-Nicolas de Montfort-sur-Meu.— RIAND, Jacques, « Louis-Henri Saintin (1846, 1899) », 2019, Voir en ligne. —