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Le Moulin de la Vallée

Le moulin du Val sans Retour

Le Moulin de la Vallée est situé à l’entrée du Val sans Retour, sur la commune de Paimpont, à proximité de Tréhorenteuc. Ses ruines demeurent encore en contrebas de la digue de l’étang du « Miroir au Fées », près de l’« Arbre d’or ». Ce moulin à eau, construit en 1629, a été abandonné dans les années 1930 après avoir moulu le seigle, l’avoine et le blé noir pendant près de trois siècles.

La construction du moulin et des étangs au 17e siècle

Le bois et la vallée de Gurvant font partie de la forêt de Brécilien appartenant aux Laval-Montfort et à leurs descendants jusqu’en 1629. Cette année-là, pressé par des besoins d’argent, le seigneur de Brécilien, Henri de la Trémoille, commence à aliéner son fief. Il vend à François d’Andigné, seigneur de La Chasse, 54 journaux de terre et les fiefs du Perray et vend à Benjamin de l’Aage 140 journaux et les fiefs de Folle-Pensée. —  TULOT, Jean-Luc, « Correspondance de Monsieur d’Iray intendant des la Trémoille : année 1629-1635 », 2007, Voir en ligne. —

C’est son épouse, Marie de la Tour, duchesse de la Trémoille et de Thouars qui s’occupe de la transaction avec Benjamin de l’Aage. L’acte de vente daté de 1629 indique l’autorisation de créer un moulin et des retenues d’eau.

[...] avec droit et pouvoir au dit seigneur acquéreur de faire construire une chaussée, étang et moulin au bas de la dite vallée de Gourvan.

« Acte de vente par Marie de la Tour, duchesse de la Trémouille et de Thouars, épouse et procuratrice générale de Monseigneur Henry de terres en forêt de Paimpont à Benjamin Delage sieur de Ruë neuve ». Archives Municipales de Paimpont, DD6. Copie du 4 novembre

Le moulin et les étangs restent propriété des de l’Aage de 1629 à 1770, année durant laquelle Jean-Baptiste-Jérôme-Gilles Thomas de la Reigneraye vend Rue-Neuve et les bois de Gurvant et de Rauco aux Busnel, seigneurs du Bouëxic, en Néant. —  BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, Rééd. 1994, Rennes, La Découvrance, 1913. [page 203] —

Le moulin au 19e siècle

On retrouve trace du moulin de la Vallée au début du 19e siècle, au moment où il est affermé par la famille de Busnel, suite à un décès.

Succession de Henry Jacques François de Busnel de Montoray, décédé à son château commune de Saint Maugan le 16 juillet 1818, mari d’Augustine de Farci de Busnel, douairière, trois enfants : « le moulin à eau de la Vallée et le moulin à vent du Marais, terroir de la Vallée... affermé à Mathurin Julien Guillaumet aux fins d’acte au rapport d’Orieulx notaire à Mauron en date du 26 avril 1813 ... » moyennant la somme de 400 francs par an ; « 36 hectares de terre tout en mauvais taillis que litière et rochers dont jouissait par mains le propriétaire près des moulins de Paimpont » estimé de revenu trente francs. Capital 8600 francs.

acte 3Q27309 du 14 janvier 1919 in TIGIER, Hervé, Les Terroirs de la haute forêt de Paimpont : Le Cannée, Beauvais, Folle Pensée, Le Pertuis-Nanti, Auto-édition, Paimpont, 2012.

Le cadastre de 1823 montre quatre retenues d’eau en état de fonctionnement. Le moulin et son étang changent de propriétaire en 1835 au profit d’une personne habitant Tréhorenteuc, avant de redevenir propriété des Busnel en 1842.

Le Moulin de la Vallée (cadastre 1823)

Le moulin et son étang sont vendus en 1879 à un paimpontais qui s’installe à Tréhorenteuc. Il y mène une activité de meunier conjointement à celle de paysan. Le moulin sert alors principalement à la mouture du sarrasin. Il est utilisé en complément avec le « moulin des quatre vents » situé au Bréholo. Son activité est épisodique, ne bénéficiant que de l’apport énergétique d’un seul étang. —  CALVEZ, Marcel, Usages productifs, usages touristiques et aménagement d’un territoire, le Val sans retour (1820-1984), Thèse pour le Doctorat de Troisième Cycle en Sociologie, Université de Paris X-Nanterre, 1984. [pages 57-59] — Félix Bellamy en donne une description en 1896.

En aval, presque au débouché de la vallée, se voit un petit étang qui fait mouvoir un moulin antique parfois abandonné laissé en chômage et en délabrement, mais actuellement (fin 1892) restauré, tournant et faisant farine ; il porte le nom de Moulin de la Vallée. Trois petits autres étangs, en tout quatre par conséquent, s’étageaient autrefois sur le parcours du ruisseau, à quelques centaines de pas les uns des autres ; mais aux trois supérieurs, les chaussées ont été coupées, l’eau n’est plus retenue, et il ne reste plus que l’étang d’en bas.

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne. p. 191

L’abandon du moulin vers 1930

Une analyse des nombreuses cartes postales du site, prises entre 1909 et 1924, permet à Marcel Calvez de saisir l’évolution de l’étang et du moulin au début du 20e siècle :

Une carte postale (1909) montre le moulin et la digue. Sur une carte des années 1920 le toit de l’appentis a disparu ; au même moment, la digue change d’aspect (1924) : les arbres de la digue ont poussé et sont émondés [...] Les berges de l’étang apparaissent bien dégagées ; le niveau de l’eau est bas à la belle saison. Les surfaces libres sont utilisées pour le pacage du bétail du meunier.

Calvez, Marcel (1984) op. cit., p. 57-59
Le moulin et l’étang en 1909
Le moulin et l’étang dans les années vingt

Sur une carte postale des années vingt, le moulin est appelé « Moulin de Viviane », appellation « arthurienne » qui n’a pas perduré.

Le moulin dans les années vingt (appelé ici Moulin de Viviane)

Le moulin a été rayé de la matrice des propriétés bâties en 1938. Sa meule est alors acquise par la famille Rialet, propriétaire du moulin du Châtenay en Beauvais, où elle est transférée. Entre 1947 et 1951, le fond et le versant sud du Val ont été déboisés pour permettre à leur propriétaire de s’acquitter de l’impôt de solidarité nationale. Les digues des trois étangs en amont du « Miroir aux Fées » sont alors éventrées pour faciliter le passage d’engins de débardage. — Calvez, Marcel (1984) op. cit., p. 57-59 —

Vestiges de la digue d’un des quatre étangs
Alain Bellido

La rénovation des digues dans les années 1980

À partir de 1981, l’Association de Sauvegarde du Val sans Retour entreprend de reboiser le Val et ses environs après les incendies de 1976 et de redonner vie à ses étangs. Le réaménagement est guidé par une approche scientifique des lieux réalisée en partenariat avec la Station Biologique de Paimpont (Université de Rennes 1). —  MONFORT, Christiane, « Pré-étude écologique du Val sans Retour. », Association de Sauvegarde du Val sans Retour et de son Environnement, 1980. —

Le développement touristique du Val inquiète des membres de l’Association des Amis du Moulin du Châtenay. Des rumeurs commencent à naitre, selon lesquelles un village-vacances serait construit sur la crête de Gautro. La reconstruction du moulin de la Vallée serait également envisagée afin d’y installer un bar-crêperie. Marcel Calvez cite la réaction d’un opposant à ces projets.

Le projet de crêperie dans le moulin de la Vallée semble le plus dangereux, car plus avancé par l’association. Dangereux car en opposition totale avec l’esprit et l’ambiance qui règne dans ce site.[...] L’idée de restauration du moulin de la Vallée n’est pas mauvaise et on le concevrait plus facilement transformé à l’identique, à l’usage d’abri pour les promeneurs ou randonneurs avec un point d’eau , quelques tables et bancs, une carte détaillée du site.

Calvez, Marcel (1984) op. cit., p. 153

Finalement les travaux qui s’étalent de 1981 à 1983 se limitent à la réfection de la digue du Miroir aux Fées et au curage de l’étang. La digue du quatrième étang est restaurée pour une remise en eau en 1988. —  HUMMEL, Stéphane, Inventaire du patrimoine naturel, archéologique et architectural du val sans retour, commune de Paimpont (35), Mémoire de Maîtrise MST AMVDR, Université de Rennes 1, 1990. [page 80]  —

Val sans retour : l’étang supérieur

Le moulin, son étang et 7800 m2 de terrains attenants ont été mis en vente et achetés par l’Association de Sauvegarde du Val sans Retour en 1999.


Bibliographie

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne.

BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, Rééd. 1994, Rennes, La Découvrance, 1913.

CALVEZ, Marcel, Usages productifs, usages touristiques et aménagement d’un territoire, le Val sans retour (1820-1984), Thèse pour le Doctorat de Troisième Cycle en Sociologie, Université de Paris X-Nanterre, 1984.

HUMMEL, Stéphane, Inventaire du patrimoine naturel, archéologique et architectural du val sans retour, commune de Paimpont (35), Mémoire de Maîtrise MST AMVDR, Université de Rennes 1, 1990.

MONFORT, Christiane, « Pré-étude écologique du Val sans Retour. », Association de Sauvegarde du Val sans Retour et de son Environnement, 1980.

TIGIER, Hervé, Les Terroirs de la haute forêt de Paimpont : Le Cannée, Beauvais, Folle Pensée, Le Pertuis-Nanti, Auto-édition, Paimpont, 2012.

TULOT, Jean-Luc, « Correspondance de Monsieur d’Iray intendant des la Trémoille : année 1629-1635 », 2007, Voir en ligne.