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Le Prieuré Saint-Barthélémy de Boussac en Maure

Un prieuré dépendant de l’abbaye de Paimpont

Saint-Barthélemy de Boussac, en la paroisse de Maure (aujourd’hui Val d’Anast), était un prieuré simple dépendant de l’abbaye Notre-Dame de Paimpont.

Un prieuré fondé par Jean II de Maure ?

Le prieuré de Saint-Barthélemy de Boussac, aujourd’hui disparu, se situait au sud-ouest de la paroisse de Maure-de-Bretagne (aujourd’hui Val d’Anast), en limite de Saint-Séglin (Ille-et-Vilaine). Cet établissement religieux était l’un des seize prieurés simples de l’abbaye Notre-Dame de Paimpont.

Le prieuré de Boussac sur le cadastre napoléonien de Maure
Cadastre napoléonien de 1830
A.D.I.V.

L’acte de fondation n’est pas connu. Cependant, selon Guillotin de Corson, il est permis de supposer que c’était une fondation des anciens seigneurs de Maure, bienfaiteurs de l’abbaye de Paimpont. —  GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. p. 698 —

Les commencements des sires de Maure, pleins d’obscurité, ne sont pas attestés avant la fin du 13e siècle.

Nous savons qu’en 1294 [...] la seigneurie d’Anast ou de Maure est partagée entre deux sires d’Anast qui en ont les deux-tiers et un sire de Maure qui ne possède que l’autre tiers. Remarquons encore que les sires de Maure n’apparaissent pas avant cette époque.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Les grandes seigneuries de Haute Bretagne, Vol. 2, 1896, Paris, Le livre d’Histoire, 1999, 401 p. [pages 244-245]

Les plus anciens liens attestés entre les seigneurs de Maure et l’abbaye de Paimpont remontent au deuxième seigneur de Maure, Jean II (1240-1306), sénéchal du duc de Bretagne en Angleterre. Jean II décède le jeudi 18 mars 1306 à l’âge de 66 ans à Paimpont. Il est inhumé dans l’église abbatiale avec sa mère, sa femme et son fils ainé. —  CHAUSSIS, Muriel, « Généalogie de Jean II de Maure, d’Anast », 2022, Voir en ligne. —

Ledit Jean de Maure père de ces deux enfants, & mari de Raymonde de Bonaban, fut Conseiller & Chambellan du Duc Jean troisième du nom, comme j’ai appris d’un acte qui est és Archives de Saint-Georges de Rennes, date de l’an treize cents trois, après la Nativité de notre Seigneur. Il mourut l’an treize cents six le dix huitième de Mars, & fut inhumé en l’Abbaye de Notre-Dame de Paimpont avec sa mère, sa femme Raymonde, & son fils aîné Robert mort avant lui : pour le remède de l’âme desquels & de la sienne aussi, il donna & légua à ladite Abbaye & aux Chanoines réglés de l’ordre saint Augustin, servant Dieu en cette église, douze livres de rente annuelle & perpétuelle pour la dotation & entretien d’un obit ou anniversaire, qui se dit chaque année par lesdits Chanoines pour les âmes des susnommés, ainsi que j’ai appris du Martyrologe de cette Abbaye, auquel est écrit ce qui s’ensuit à l’endroit de « Quinto decimo Calendas Aprilis (c’est le dix-huitième de Mars) obiit Ioannes de Maura paterdomini Roberti de Maura, qui dedit duodecim libras pro anniuerfario fuo faciendo, & Raymundæ eius vxoris, & matris fua, & dicti Roberti. »

DU PAZ, Augustin, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, Paris, Chez Nicolas Buon, 1619, Voir en ligne. Page 632

Le prieuré de Boussac au 15e siècle

Mesures fiscales exercées par les papes d’Avignon

Les deux premières mentions du prieuré de Boussac - écrit Boyac ou Boczac - ressortent des contrôles fiscaux imposés par les papes d’Avignon durant le Grand schisme d’occident (1378 - 1417).

Le prieur de Boyac, frère Johanne Lescuyer, est cité comme témoin en 1405 dans un acte révisant la dette du recteur de l’église de Dingé, doyenné de Bécherel (Ille-et-Vilaine).

Thomas Noblet, autrefois recteur de Dingé, doit pour le temps restant au sous-collecteur Guiho, pour ceux qui sont eux-mêmes sous son autorité, 26 livres, 6 sols, 6 deniers. Restant dû : 26 livres, 6 sols, 6 deniers.

[Engagement après négociations :]

Pour certaines raisons, nous avons remis tous les arrérages de ladite église de Dingé à dix livres tournois, que ledit Thomas Noblet précité, récemment recteur de ladite église, a promis d’acquitter entre les prochaines fêtes de Saint Michel et de la Résurrection du Seigneur ; ceci a été fait en l’an 1405, le 29 avril, en présence des témoins, Maître Guillaume Duhoux, sous-collecteur de Saint-Malo, frère Jean Lescuyer, prieur de Boussac du diocèse de Saint-Malo, et moi, Jo. Carpen.

Maître Robert de la Cadoere, actuel recteur de Dingé, évinca le précité Noblet 1.

LESQUEN, Gilles de et MOLLAT, G., « Mesures fiscales exercées en Bretagne par les papes d’Avignon à l’époque du Grand Schisme d’Occident (suite). », Annales de Bretagne, Vol. 19 / 2, 1903, p. 133-184, Voir en ligne. [page 141]

Le prieuré de Boczac, doyenné de Beignon, est par ailleurs cité sans que la date ne soit précisée.

Le prieur de Boussac [Boczac], pour le 4e terme des décimes précitées : restant (dû) 48 sols 2.

Lesquen, Gilles et Mollat G. (1903) op. cit., p. 167

Deux actes du 15e siècle

Deux actes de la fin du 15e siècle mentionnent le prieuré de Boussac.

  • En 1478, le prieur de Boussac rend aveu au duc de Bretagne. — Corson, Guillotin de (1891) op. cit., p. 698 —

Copie d’un contrat de la fondation d’un obit en l’Abbaye Notre-Dame de Paimpont par Michel le Sénéchal, abbé de Paimpont, prieur des prieurés de Bruc, Bossac, Mauron, Bouix, seigneur de la Valette et de la Ville Benoist.

Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine in Comité de Sauvegarde de Saint-Étienne (1982). op. cit., p. IX

Le fief de Saint-Barthélemy de Boussac au 17e siècle

Le fief et bailliage du prieuré Saint-Barthélémy sont connus par les déclarations faites au roi en 1652 et 1679.

Le prieuré de Boussac ou Boczac consistait alors en ce qui suit : « Les chapelle, maison et métairie, avec leurs cour, rues et jardins au proche dudit prieuré ; le bois de décoration, au joignant ; la pasture des Boeufs, y joignant, le tout contenant environ 10 journaux ; — le Domaine-du-Haut, en terre arrable et bois taillis (14 journaux) ; — les prés du Prieuré (8 journaux) ; — le Champ-Roux (5 journaux) ; — les droits communs dans les landes de Boussac, du Buz et de Trémeleuc ; — quelques rentes en argent, grains, corvées, poulets, etc., sur une douzaine de tenues voisines formant le fief de Boussac ; — enfin, le trait de dîme de Boussac, s’étendant dans les paroisses de Maure, Saint-Séglin et Comblessac, valant 4 mines de seigle, mesure de Guer, et 40 sols en filasses » (Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 1 H, 3, 26).

Guillotin de Corson, Amédée (1891) p. 698

Au 17e siècle, les revenus du prieuré de Boussac s’augmentent de ceux du prieuré de Croixialan en Sixt-sur-Aff (Ille-et-Vilaine) qui lui est annexé.

Louis Guignace, premier prieur génovéfain de Boussac déclare posséder des droits de moyenne et basse justice lors de la réformation du domaine royal de Ploërmel le 19 avril 1679. —  BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, la forêt druidique, la forêt enchantée et les romans de la table ronde, Rennes, Simon, 1903. [pages 101-12] —

Dans son aveu de 1679, frère Louis Guignace prétendit avoir droit de moyenne justice à Boussac, mais il fut débouté de cette prétention par sentence rendue le 2 avril 1680 par les commissaires de la Réformation.

La chapelle et la maison priorale

La chapelle Saint-Barthlémy

On célébrait trois messes par semaine dans la chapelle priorale Saint-Barthélemy. En 1750, en raison de l’état de dégradation de la chapelle, ces messes sont déplacées dans l’église paroissiale de Maure.

[...] en 1750, l’évêque de Saint-Malo ayant appris qu’on ne disait plus ces messes « depuis très-longtemps à cause du mauvais estat de ladite chapelle », ordonna qu’elles fussent dites en l’église paroissiale de Maure jusqu’à ce que la chapelle eût été restaurée (Archives départementales d’Ille-et-Vilaine). Mais ce sanctuaire ne se releva pas évidemment de sa ruine.

Guillotin de Corson, Amédée (1891) (p. 699)

À la fin du 19e siècle, la chapelle est totalement ruinée.

De la chapelle qui l’avoisinait, et qui était dédiée à saint Barthélemy, il ne reste plus que les fondations ; toutefois, celles-ci permettent de constater qu’elle formait un rectangle terminé par une absidiole, ce qui indique une grande antiquité ; mais les ronces et les épines couvrent complètement ces ruines.

Guillotin de Corson, Amédée (1891) (p. 699)

Aujourd’hui, ne subsiste que l’emplacement bombé dans une emblavure bordé de cinq grands ifs, reliquat d’un enclos.—  GILBERT, Xavier et QUILLIVIC, Claude, « Prieuré de Boussac dit "La Priouté", le Prieuré (Maure-de-Bretagne fusionnée en Val d’Anast en 2017) », 2023, Voir en ligne. —

La maison priorale

La maison priorale est appelée la Priouté. Guillotin de Corson en donne une description à la fin du 19e siècle.

[...] près du village de Boussac, en Maure, on voit encore une maison isolée appelée la Priouté ou le Prieuré ; sa porte ogivale, les moulures en accolade de ses fenêtres garnies intérieurement de bancs de pierre, la haute cheminée de l’ancienne salle indiquent suffisamment un logis du XVIème siècle.

Guillotin de Corson, Amédée (1891) (p. 699)
Prieuré de Boussac dit "La Priouté" - Vue de situation sud
Inventaire général, ADAGP

L’édifice encore visible aujourd’hui est le plus ancien de la commune.

[...] Le logis prioral, appelé aussi la Priouté, est bâti selon un plan massé typique des maisons presbytérales : une salle au rez-de-chaussée, ouverte sur la cour par une porte cintrée et éclairée par une haute fenêtre ébrasée, qui a dû perdre sa traverse, est pourvue d’une cheminée monumentale ; la chambre de l’étage, éclairée par une seule fenêtre au sud, est également munie d’une remarquable cheminée.

GILBERT, Xavier et QUILLIVIC, Claude, « Prieuré de Boussac dit "La Priouté", le Prieuré (Maure-de-Bretagne fusionnée en Val d’Anast en 2017) », 2023, Voir en ligne.

Les prieurs de Saint-Barthélémy de Boussac

  • Frère Jean Lescuyer (1405). —  LESQUEN, Gilles de et MOLLAT, G., « Mesures fiscales exercées en Bretagne par les papes d’Avignon à l’époque du Grand Schisme d’Occident (suite). », Annales de Bretagne, Vol. 19 / 2, 1903, p. 133-184, Voir en ligne. [page 141] —
  • Michel Le Sénéchal, abbé de Paimpont (1494). — Guillotin de Corson, Amédée (1891) op.cit. p. 699 —
  • Jean Hamon, prieur-recteur de Tréhorenteuc, rend aveu le 12 mai 1577. — Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 699 —
  • Jean Le Prévot — Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 699 —
  • Jean Le Brun (1593). — Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 699 —
  • Raoul Martin prend possession le 5 juillet 1594.— Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 699 —
  • Frère François Jocet rend aveu au roi le 11 septembre 1631 et vit encore en 1652. — Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 699 —
  • Louis Trochon prend possession le 7 juillet 1664 et résigne le 30 octobre 1667. — Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 699 —

À partir de 1679, les prieurs de Saint Barthélémy de Boussac sont des génovéfains

  • Frère Louis Guignace 3 rend aveu au roi le 19 avril 1679.— Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 700 —
  • Frère François Le Leigne 4 prend possession le 14 juin 1696 ; décédé vers 1700.— Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 700 —
  • Frère Pierre Charretier 5 prend possession le 7 mars 1700. — Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 700 —
  • Frère François Courte 6 prend possession le 28 décembre 1718. — Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 700 —
  • Frère Louis Ouvrard de la Ménardière 7 prend possession, le 10 septembre 1773, de la maison priorale et de la chapelle de Boussac. — Guillotin de Corson, Amédée (1891) op. cit. p. 700 —

Bibliographie

ANONYME, « Recueil d’extraits de divers chartriers de Bretagne : Manuscrit Bibl. nat., fr. 22325 », Rennes, 1601, Voir en ligne.

BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, la forêt druidique, la forêt enchantée et les romans de la table ronde, Rennes, Simon, 1903.

DU PAZ, Augustin, Histoire généalogique de plusieurs maisons illustres de Bretagne, Paris, Chez Nicolas Buon, 1619, Voir en ligne.

GILBERT, Xavier et QUILLIVIC, Claude, « Prieuré de Boussac dit "La Priouté", le Prieuré (Maure-de-Bretagne fusionnée en Val d’Anast en 2017) », 2023, Voir en ligne.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Les grandes seigneuries de Haute Bretagne, Vol. 2, 1896, Paris, Le livre d’Histoire, 1999, 401 p.

PETIT, Nicolas, Prosopographie génovéfaine, École Nationale des Chartes, 2008, Voir en ligne.


↑ 1 • Texte original en latin :

Thomas Noblet, quondam rector de Dinge, debet pro restis a tempore succollectoris Guiho, per compotum inter ipsos, XXVI libr. VI sol. VI den. Restât debens XXVI libr. VI sol. VI den.

Certis ex causis omnia predicte ecclesie de Dinge arreragia remisimus ad decem libr. tur., quas solvere promisit dictus Thomas Noblet predictus, nuper dicte ecclesia rector, in proximis festis s. Michaelis et Resurreccionis Dnice per medium ; ad hoc se, etc... actum etc. anno etc. [domini millesimo] IIIIc quinto, die XXIX aprilis, presentibus mag. Guillelmo Duhoux, succollectore Maclovien., fratre Johanne Lescuyer, priore de Boyac dioc. Maclovien., et me, Jo. Carpen.

Mag. Robertus de la Cadoere, rector modernus de Dinge, evinxit predictum Noblet.

LESQUEN, Gilles de et MOLLAT, G., « Mesures fiscales exercées en Bretagne par les papes d’Avignon à l’époque du Grand Schisme d’Occident (suite). », Annales de Bretagne, Vol. 19 / 2, 1903, p. 133-184, Voir en ligne. [page 141]

↑ 2 • Texte original en latin :

Prior de Boczac pro IIII terminis decimarum predictis ; restant XLVIII sol.

LESQUEN, Gilles de et MOLLAT, G., « Mesures fiscales exercées en Bretagne par les papes d’Avignon à l’époque du Grand Schisme d’Occident (suite). », Annales de Bretagne, Vol. 19 / 2, 1903, p. 133-184, Voir en ligne. [page 167]

↑ 3 • Louis Guignace n’apparait pas comme prieur de Saint Barthélémy de Boussac dans l’inventaire des génovéfains réalisé par Nicolas Petit. — Petit, Nicolas (2008) op. cit. p. 186 —

↑ 4 • François Le Leigne n’apparait pas dans l’inventaire des génovéfains réalisé par Nicolas Petit. — Petit, Nicolas (2008) —

↑ 5 • Nicolas Petit ne recense aucun génovéfain sous le nom de Pierre Charretier. En revanche un génovéfain nommé Pierre Chartier, né en 1675, profès en 1694, est étudiant en philosophie à Notre-Dame de Paimpont en 1697. — Petit, Nicolas (2008) op. cit. p. 95 —

↑ 6 • Nicolas Petit ne mentionne pas François Courte comme titulaire de Saint-Barthélémy de Boussac. En 1718 ce génovéfain est membre de l’abbaye Notre-Dame de Beaulieu de Dinan. Selon Guillotin de Corson, il décède en 1773 alors que Nicolas Petit indique sa mort le 15 avril 1766.— Petit, Nicolas (2008) op. cit. p. 112 —

↑ 7 • Louis Ouvrard de la Ménardière (1745 - après 1801) demeure à Notre-Dame de Paimpont en 1773. Il devient prieur de Saint-Crépin de Cernay (Eure-et-Loir), dépendant de Saint-Jean de Chartes en 1778. — Petit, Nicolas (2008) op. cit. p. 292 —