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Le bourg de Paimpont hier et aujourd’hui

Avant 1792 et la nationalisation des biens de l’abbaye Notre-Dame de Paimpont, le bourg de Paimpont n’existe pas. Ce n’est qu’à partir du milieu du 19e siècle, que de nouvelles constructions apparaissent dans l’enclos abbatial.

L’abbaye de Paimpont jusqu’à la Révolution

Jusqu’à la Révolution, la population de la paroisse de Paimpont se répartit dans six hameaux importants en bordure de forêt. Le bourg ne se développe qu’à partir du milieu du 19e siècle, dans l’enceinte de l’abbaye Notre-Dame de Paimpont.

En 1791, toutes les possessions de l’abbaye sont saisies et deviennent propriété de l’État. Les dépendances et les parcelles non bâties sont mises en vente. La commune conserve la possession de l’église, des bâtiments abbatiaux, du cimetière et des jardins situés dans l’enclos abbatial. C’est dans cet espace qu’à partir du milieu du 19e siècle, la municipalité entreprend d’édifier un bourg le long de l’ancienne allée menant de l’hôtellerie du porche à l’abbaye : « l’allée des Litières ».

Sur une vue cavalière de la fin du 17e siècle, on voit l’abbaye telle qu’elle se présente jusqu’à la Révolution. Le clocher aiguille, détruit par la foudre au début du 18e siècle, est remplacé par un toit en impériale en 1834. Le manoir abbatial et le logis monastique qui formaient une cour carrée servant de cloître au cœur de l’abbaye sont détruits en 1783 en raison de leur état de délabrement.

Vue cavalière de l’abbaye de Paimpont (17e siècle)
On y voit l’abbaye telle qu’elle fut jusqu’à la Révolution.
Dédié à Charles de Rosmadec (17e siècle)

19e siècle - La construction du bourg

Comme le montre le cadastre de 1823, le bourg de Paimpont n’existe pas au début du 19e siècle.

Fig. 1 - Le bourg de Paimpont sur le cadastre de 1823
Les seuls bâtiments existants sont les anciennes possessions de l’abbaye.
Cadastre napoléonien

Les premières constructions

Suite à l’adjudication du 30 mai 1792, cinq acquéreurs de biens nationaux se partagent les dépendances et les parcelles non bâties.

  • Le bas de la place des Litières et les bâtiments attenants sont divisés en deux parts, achetées par MM. Macé-Bilard (MB) et François Robert (R).
  • Une maison située face au porche est achetée par M. Gentilhomme (G), buraliste.
  • Les moulins sous la digue sont acquis par M. Houssais (H), rentier à la Ville Danet.
  • La veuve Templer (T), du Gué de Plélan, devient propriétaire de l’hôtellerie du Porche et des terres attenantes.

—  GUILMAULT, Colette, « Le bourg de Paimpont : évolution de l’espace au XIXe siècle », Bulletin de la Société Historique et Archéologique d’Ille-et-Vilaine, Vol. 111, 2007. —

Fig. 2 - Plan du bourg de Paimpont en 1823 et constructions 1850-1862
  • Le bâti existant en 1823
  • Les premières constructions implantées dans l’enceinte de l’abbaye

—  GUILMAULT, Colette, « Le bourg de Paimpont : évolution de l’espace au XIXe siècle », Bulletin de la Société Historique et Archéologique d’Ille-et-Vilaine, Vol. 111, 2007. —

Deux maisons, construites vers 1846 par MM. Robert et Nevot, coupent en deux la place des Litières. Un plan de 1854 indique la présence de deux autres maisons, celles d’Honoré Macé et de Thérèse Roulier, sur le côté nord du « chemin pavé » (ancienne allée des Litières) reliant le porche à l’abbaye.

Fig. 3 - Croquis de la place des Litières à Paimpont en 1854
Position des premières maisons dans l’enclos abbatial

1859 - Un plan de construction le long du « chemin pavé »

— La partie nord de la rue - à gauche en regardant vers le porche - correspond à une opération immobilière de 1859. Le cahier des charges, réalisé par la mairie, impose l’uniformité des constructions : Ils devront suivre l’alignement qui leur sera assigné en façade sur le chemin et atteindre le sommet des autres bâtiments sans les dépasser […] on se raccordera avec les constructions antérieurement établies.

— La partie sud (droite) est construite dans les années 1920 (Fig. 3 et 4), après le déplacement du cimetière (pointillés violets).

Fig. 4 - Plan du bourg de Paimpont au 19e siècle
Chronologie des constructions :
  • avant 1823 : anciens bâtiments de l’abbaye
  • après 1925 : constructions sur le côté sud de la rue principale après le déplacement du cimetière

Adapté de —  GUILMAULT, Colette, « Le bourg de Paimpont : évolution de l’espace au XIXe siècle », Bulletin de la Société Historique et Archéologique d’Ille-et-Vilaine, Vol. 111, 2007. —

L’esplanade de Brocéliande

La vue cavalière du 17e siècle montre que l’actuelle « esplanade de Brocéliande » était autrefois un grand jardin à la française. La représentation des « prairies » sur ce plan laisse penser qu’il pouvait s’agir d’un verger.

Fig. 5 - Vue cavalière de l’abbaye de Paimpont (17e siècle)
Identification des différentes parties de l’esplanade

Sur un croquis de 1854, on note que cet espace est encore divisé en deux parties : le « jardin du presbytère » et la « pâture du presbytère ».

À partir de 1859, la municipalité entreprend la vente par lots des jardins, dits de « la pâture du presbytère » (pointillés verts sur les figures).

En 1925 :

  • l’ancien « jardin du presbytère » (pointillés rouges sur les figures) comprend deux parties : à gauche des jardins, à droite une prairie (pâture ?) arborée. Un chemin traverse l’ensemble dans sa longueur.
  • L’ancienne « pâture du presbytère » est découpée en une mosaïque de jardins individuels.
Fig. 6 - Plan du centre bourg de Paimpont en 1925
Légende - Voir la figure 3
D’après la photographie IGN

Depuis les années 1960, une rue 1 sépare l’esplanade et les jardins particuliers. Elle est bordée de quelques constructions (ateliers, maisons d’habitation).

Fig. 7 - Rue bordant l’esplanade de Brocéliande
Google Earth 2016

De nos jours, l’esplanade de Brocéliande, constituée d’une vaste pelouse, est découpée par des allées piétonnières.

L’extrémité NE est aménagée en parking (Fig. 8, 9 et 10).

Fig. 8 - Plan du centre bourg de Paimpont en 2014
D’après la photographie IGN (2014)
Fig. 9 - Abbaye de Paimpont - Vue aérienne
Pointillés rouges - L’esplanade - Ancien jardin du presbytère
Pointillés verts - Maisons côté nord de la rue principale et jardins - Ancienne pâture du presbytère
Google Earth 2016
Fig. 10 - Abbaye de Paimpont - Vue aérienne
Guy Larcher
Fig. 11 - Abbaye de Paimpont - L’esplanade de Brocéliande

Visite guidée du centre bourg

La rue du général de Gaulle

C’est la rue principale du bourg. Orientée approximativement est-ouest, elle correspond à l’ancienne « allée des Litières » de l’abbaye. Elle est bordée d’une double rangée de maisons.

  • Vers la place Judicaël (ancienne place des Litières)
Fig. 12 - La rue principale vers la place Judicaël
Rue du général de Gaulle
Cartes postales anciennes :
haut : A. Lamiré - années 1920 — bas : Loïc - fin des années 1930 ?
Google Earth - Montage Alain Bellido

On remarque l’uniformité et l’alignement des maisons, imposés par le plan d’urbanisme de 1859.

  • Sur la carte postale du haut (années 1920), le côté sud de la rue n’est pas encore construit. Une seule maison est visible. Le réseau électrique n’est pas encore installé. Toutefois le monument aux morts (érigé en 1924) est visible.
  • La carte postale du bas date probablement de la fin des années 1930 - d’après le modèle de voiture. Outre le réseau électrique, l’éclairage public est installé. Un trottoir est visible sur le côté droit.

  • De la place Judicaël vers le porche
Fig. 13 - La rue principale vers le porche
Depuis la Place Judicaël
Cartes postales anciennes (1909) :
à gauche : Mary-Rousselière edit. - à droite : J. Sorel éditeur

La carte postale de gauche (ci-dessus) porte l’inscription manuscrite « 1909 ». La maison à droite est alors la seule construction, côté sud de la rue. On la voit d’ailleurs sur la carte postale précédente (Fig. 12) et sur la carte postale « Mary-Rousselière » (Fig. 23 et 24).


  • Du début de la rue principale vers le porche
Fig. 14 - La rue principale vers le porche
Au début de la rue du général de Gaulle
Cartes postales anciennes :
à gauche : A. Donias
à droite : J. Sorel éditeur, plus ancienne (pas d’électricité)
Google Earth - Montage Alain Bellido

La carte postale de droite est la plus ancienne (pas de réseau électrique).

La carte postale de gauche est plus récente, bien après 1925.

  • Le réseau électrique est installé.
  • Le côté sud de la rue est construit.

  • Du milieu de la rue principale vers le porche
Fig. 15 - La rue principale vers le porche
Au milieu de la rue du général de Gaulle
Carte postale ancienne : Gaby
Google Earth - Montage Alain Bellido

La rue des Forges

Au niveau de l’hôtel

On voit sur la droite l’hôtel « Nicolas », devenu hôtel « Allaire », aujourd’hui « Relais de Brocéliande ».

Fig. 16 - La rue des forges vers la route de Gaël
Entre le relais de Brocéliande et la Poste
Carte postale ancienne : A. Lamiré
Alain Bellido

Vers la route de Gaël

Fig. 17 - La rue des forges vers la route de Gaël
Avant le carrefour avec la rue de l’esplanade actuelle
Carte postale ancienne : M. Le Roy
Alain Bellido
  • Le bureau de poste est à gauche.
  • Le réseau électrique est installé, mais pas l’éclairage public (voir Fig. 18).
  • On remarque que la route vers Plélan-le-Grand (au niveau de l’arbre) n’existe pas encore. Elle sera ouverte entre 1952 et 1960. La photo aérienne de 1925 montre toutefois un chemin à cet endroit.
  • Sur la photo actuelle, la rue à gauche mène à l’esplanade de Brocéliande.

A gauche de la route de Gaël

Fig. 19 - Vers la route de Gaël
Carrefour rue de l’esplanade x rue des Forges
Carte postale ancienne : A. Lamiré
En haut à gauche : octobre 2016 (Google Earth)
En bas : septembre 2018 (A. Bellido)
  • L’esplanade de Brocéliande se trouve sur la gauche.
  • Un commerce s’est installé entre 2016 et 2018.
  • Au fond, la chaussée de l’étang de Paimpont.

La Poste

Fig. 18 - La poste
Carte postale ancienne
Alain Bellido

Cette carte postale est plus récente que la précédente (Fig. 17) : l’éclairage public est installé.
Sur la photo actuelle, les lignes électriques sont enterrées.


Avenue du chevalier Ponthus

L’avenue du chevalier Ponthus,orientée nord - sud, longe la rive de l’étang de Paimpont pour rejoindre la route de Campénéac et la clairière de Beauvais.

Fig. 20 -Avenue du chevalier Ponthus
« Route de Beauvais » en direction de l’abbaye
Cartes postales anciennes :
à droite : E. Mary-Rousselière – à gauche : Ed. Renault (1924) Varignon photog.
Google Earth (2016) - Alain Bellido (2018)
  • Sur les deux cartes postales anciennes on distingue l’église abbatiale et la place des Litières. La carte postale de gauche date de 1924. On y voit le monument aux morts récemment érigé. Celle de droite est plus ancienne (sans doute début 20e) puisque le monument aux morts n’est pas visible.
  • Sur les photos récentes (2016 et 2018) on constate que le monument aux morts a été déplacé vers la gauche.
Fig. 21 - Avenue du chevalier Ponthus
« Route de Beauvais » vers la clairière de Beauvais
Carte postale ancienne : J. Sorel
Google Earth (2016) - Alain Bellido (2018)

Le porche de l’abbaye

L’hôtellerie du porche est bâtie, fin 17e siècle, par les chanoines réguliers de Paimpont.

Fig. 22 - Ancienne hostellerie du porche de Paimpont
Carte postale ancienne. Début 20e siècle
E. Mary Rousselière

Elle accueille les pèlerins et les visiteurs de passage à l’abbaye. Le bénitier placé à l’entrée du porche marquait l’entrée de l’enclos abbatial.

Fig. 23 - Le porche de l’abbaye
Cartes postales anciennes :
gauche : Coll. Machelard – droite : E. Mary-Rousselière
Montage Alain Bellido

Le porche ouvrait sur l’allée des Litières, chemin pavé bordé d’arbres qui menait à l’abbaye - visible sur le plan de Rosmadec.

Fig. 24 - Le porche de l’abbaye
Carte postale ancienne : Gaby n° 29
Google Earth - Montage Alain Bellido

Détails du porche

Sur les photos anciennes du porche, on distingue la rue principale en arrière-plan.

Fig. 25 - Le porche de l’abbaye - Détails
Cartes postales anciennes
  • à gauche : Mary-Rousselière éd.
  • à droite : Gaby n° 29
    Vue comparée sur la rue principale à travers le porche
  • La carte postale « Mary-Rousselière » (Fig. 25) est la plus ancienne car on distingue le pignon d’une maison assez éloignée, ce qui indique que le côté sud de la rue n’était pas encore entièrement construit. On la retrouve sur la carte notée « 1909 » (Fig. 13).
  • La carte postale « Gaby - n°29 » (Fig. 25) permet de distinguer une maison très proche du porche. Cette maison figure sur la photo aérienne de 1925. Elle figure aussi sur une autre carte postale « Gaby - n° 31 » (Fig. 15) - sans doute prise à la même époque. Sur le mur à droite du porche est fixé une potence pour le réseau électrique.

L’ancienne place des Litières

Autrefois, la place des Litières s’ouvrait sur le parvis de l’église. Il s’agissait d’une place publique, située au cœur de l’enclos abbatial, par laquelle les paroissiens passaient pour se rendre à la messe. Elle abritait des échoppes détruites au début du 20e siècle.

La place des Litières en 1904
Sur cette carte postale ancienne, on remarque que les échoppes devant l’église sont encore présentes.
C. Mignot

Cette place s’appelle aujourd’hui « place du Roi-saint-Judicaël ».

Place Judicaël
Anciennement Place des Litières
Cartes postales anciennes
Haut - gauche : 1904 (C. Mignot) – droite : années 1920 (Lamiré)
Bas - gauche : début 20e siècle
Alain Bellido
  • Le Monument aux morts, édifié en 1924, ne figure que sur la carte postale « Lamiré » (en haut à droite).
  • Sur les trois photos anciennes, on distingue à droite de l’ancien office du tourisme un mur percé d’une porte, sur lequel vient s’appuyer le pilier de gauche du portail, fermé par une grille.
  • Sur la photo actuelle, le mur et la porte ont disparu et le pilier du portail s’appuie directement sur l’ancien office du tourisme. La grille a également disparu. Le monument aux morts a été déplacé.
Place Judicaël
Ancienne place des litières
Alain Bellido

Les bâtiments au fond de la place - qui accueillent aujourd’hui l’Office du Tourisme et « la Porte des secrets » - ont été construits vers 1850. Ces maisons figurent parmi les premières constructions du milieu du 19e siècle.


↑ 1 • Cette rue sans nom était appelée par dérision « rue des mauvais payeurs », car elle était empruntée par ceux qui avaient une « ardoise » dans les commerces pour éviter la rue principale.