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1831 - 1962

La métamorphose de Beignon

Un territoire à géographie variable

La commune rurale de Beignon dans le Morbihan est amputée à la fin du 19esiècle, d’une partie de son territoire par l’installation du camp militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. De 1831 à 1962 sa démographie diminue continuellement dans un contexte d’appauvrissement de son économie locale.

Place de l’église de Beignon avant la guerre 1914-1918
Mary Rousselière Editeur Rennes

D’une baronnie à la commune

Au début du 11e siècle, les évêques d’Alet (Saint-Servan) assoient leur pouvoir en Porhoët. Sur les terres de Beignon 1, ils fondent une puissance seigneuriale avec droit de haute et basse justice et juridiction sur vingt-neuf paroisses comprenant 31 églises, dont Ploërmel (Morbihan).

Les limites du diocèse de Saint-Malo/Alet sous l’Ancien régime
—  LUNVEN, Anne, Du diocèse à la paroisse. Evêchés de Rennes, Dol et Alet/Saint-Malo (Ve-XIIIe siècle), Presses Universitaires de Rennes, 2014, Voir en ligne.
[fig. 62] —

Ces édifices se répartissaient équitablement entre le nord et le sud du diocèse, prolongeant localement l’autorité épiscopale sur tout le territoire (figure 62).

LUNVEN, Anne, Du diocèse à la paroisse. Evêchés de Rennes, Dol et Alet/Saint-Malo (Ve-XIIIe siècle), Presses Universitaires de Rennes, 2014, Voir en ligne. [pages 296-297]

Ils édifient un manoir épiscopal appelé château de Beignon, dans un lieu baptisé Saint-Malo-de-Beignon qui deviendra une baronnie liée à cet évêché. Les évêques portent le titre de Barons de Beignon 2.

En 1790, Beignon est érigée en commune du canton de Campénéac et du district de Ploërmel (Morbihan). Beignon intègre le canton de Guer en 1800 et le diocèse de Vannes en 1801. Le territoire de Saint-Malo-de-Beignon fait partie de Beignon de 1808 à 1813.

Une proto-industrie : les tanneries

En 1715 lors d’une enquête sur la réformation de la capitation, le sieur Lohier, sénéchal de Plélan, écrit qu’à Beignon [...] presque tous les habitants font la profession de tanneurs de cuirs et s’y fait un commerce considérable qui va à près de 200 000 livres par chacun an ainsi qu’ils m’ont dit eux même. —  DERRIEN, Dominique, « L’œil sur la lunette : L’industrie du cuir en Bretagne à la fin de l’Ancien Régime d’après l’enquête Necker de 1778 », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 114 / 1, 2007, p. 131-153, Voir en ligne. —

En 1778, Jacques Necker (1732-1804) Directeur général des finances du royaume ordonne une enquête que réalise, pour la Haute-Bretagne, l’inspecteur Guilloton des manufactures de Rennes. Cette inspection révèle qu’il y a 125 ateliers de tannerie dans la paroisse de Beignon.

Il y a peu de vestiges relatifs aux activités de tannage sur la commune.

Deux anciennes bâtisses témoignent de l’activité passée des tanneries beignonnaises. Elles ont été transformées, ne laissant apparaître que la structure extérieure de leur bâtiment.

Ancienne tannerie de Launay à Beignon
Collection privée

Celui de l’ancienne tannerie, situé au hameau de Launay au sud de la commune, héberge depuis 1980 un cabinet d’architecture.

Ancienne tannerie des grands prés à Beignon
Collection privée

Quant à l’ancienne tannerie des Grands Prés, à l’ouest du bourg, elle a été rénovée pour en faire le local de la Société de chasse du camp.

Topographie de la commune

En 1873, la commune de Beignon s’étendait sur 41,27 km2. Actuellement sa superficie - hors le camp de Coëtquidan - est de 24,87 km2.

La partie la plus élevée du relief culmine au nord-ouest de l’espace communal à 212 mètres au lieudit Masure de Lanviel. Le bourg se dresse à environ trois kilomètres au sud-est de ce point, à une altitude de 119 mètres ; il est situé à deux kilomètres au nord-ouest de celui de Saint-Malo-de-Beignon. Les communes de Guer et de Porcaro sont au sud et celle de Augan au sud-ouest.

La commune de Campénéac, à l’ouest, sépare le territoire de Beignon de celui de Ploërmel. Elle achève, dans ce quart nord-est du département du Morbihan, la boucle des cinq communes entourant Beignon 3.

Beignon est adossée au nord à la commune de Paimpont et à l’est à celle de Plélan-le-Grand ; elle en est séparée par la vallée de l’Aff, au fond de laquelle coule la rivière marquant la limite entre les départements de l’Ille-et-Vilaine et du Morbihan.

Voies de communication principales

Carte de Beignon
André Crosnier

Hydrographie

La commune de Beignon s’étend vers la vallée de l’Aff qui la contourne par l’est.

L’Aff prend naissance dans le massif forestier de Paimpont, précisément dans la clairière de Beauvais à la jonction du ruisseau de la Touche Guérin avec celui de la Grève et se jette, après un cours de 66,8 km, dans l’Oust à Glénac. Ses principaux affluents sont l’Oyon, le Rahun, le Combs 4.

L’Aff est historiquement connue pour avoir des périodes de basses eaux sévères, c’est à dire un étiage avec ruptures d’écoulement. Le débit de la rivière est suivi au droit de la station hydrométrique au Pont du Secret sur la commune de Beignon. Les données hydrologiques de synthèse montrent que le débit moyen mensuel de la rivière varie de 0 à environ 600L/s.

BRGM, « Amélioration de la compréhension du fonctionnement hydrogéologique du site de l’Aff - communes de Beignon et Paimpont - pour une gestion durable des prélèvements - Rapport final », 2022.

Le territoire de Beignon est pourvu de nombreuses fontaines et sources. Sur les neuf fontaines identifiées, sept sont regroupées à l’est de la commune entre la route de Plélan à Ploërmel et la commune de Saint-Malo-de-Beignon. Six sources ont été identifiées, dont quatre sont dans le secteur du bois de Lanviel au nord-ouest du bourg et une au lieudit Montervilly au sud-ouest de la commune et une aux Nouettes à l’est du bourg. Il y a une trentaine de puits dans le bourg de Beignon.

Occupation des sols

La partie ouest de la commune est principalement couverte de landes. L’espace dénommé Lande de Beignon situé au nord du bourg, s’étend vers l’est jusqu’au Pont du secret sur l’Aff. Il est bordé au sud par l’ancienne route royale de Plélan-le-Grand à Ploërmel (Morbihan).
Le Plessis proche du bourg constitue au sud-est de celui-ci, le principal hameau avant les quatre hameaux de la Rivière de Bas, de la Rivière de Haut, du Val es Lan et de la Croix Danet, situés sur un plateau de terres arables descendant en pente douce vers l’Aff jusqu’au moulin de La Fosse Noire 5.

Les autres terres cultivables occupent principalement - à la limite de Saint-Malo-de-Beignon - l’étendue de l’espace beignonnais bordé au sud par les hameaux de Launay, de La Vigne et de La Daoutte 6.

Des landes comme terrain de manœuvres militaires

En 1843, un camp d’instruction de l’armée française s’installe à l’est des communes de Beignon et de Saint-Malo-de-Beignon sur les landes du Thélin - territoire de la commune de Plélan-le-Grand (Ille-et-Vilaine). Ce camp accueille à l’été 1843, dans la vallée de l’Aff plus de huit mille soldats 7. Cette opération ne sera jamais renouvelée.

Néanmoins, trente ans plus tard, l’idée d’utiliser la topographie des lieux de cette région à des fins d’exercices pour la troupe, attire l’attention de l’État-Major. Il est décidé - compte tenu de la médiocre qualité des terres et de « la soi-disant absence » de population - de retenir pour cela, l’étendue de landes situées dans un premier temps sur la zone est de Campénéac et ouest de Beignon ainsi que sur certaines parties des communes de Saint-Malo-de-Beignon, de Guer, de Porcaro et de Augan 8.

Dans le contexte de la défaite française de 1870, il est créé à Guer, en 1873 à titre temporaire au lieu-dit « [Lande de] Coëtquidan » un camp qui devient permanent en 1879.

CAILLARD, Jean-Charles, « Histoire du camp de Coëtquidan et des Écoles militaires de 1873 à nos jours », 2004.

Les étapes de l’installation du camp militaire

La mise en œuvre du projet de camp militaire à Coëtquidan est du ressort du ministère de la Guerre à la tête duquel se succèdent - du 25 mai 1873 au 13 juin 1914 - trente neuf généraux et dix sept civils 9. Cela représente pour chaque ministre, une moyenne inférieure à huit mois d’exercice de la fonction au ministère de la Guerre, si l’on décompte qu’un seul d’entre eux - un civil - Charles de Freycinet a, du 3 avril 1888 au 10 janvier 1893, tenu son poste pendant près de cinq ans sans interruption 10.

1873 - 1879 — De la location de terres aux premières expropriations

En juin 1873, le sous-préfet de Ploërmel envoie aux maires des communes de Guer, de Saint-Malo-de-Beignon, de Porcaro, de Augan, de Campénéac et de Beignon un projet de location de landes et de terres dans le but d’accueillir les manœuvres de la troupe. Des baux sont alors signés. Ils sont reconduits jusqu’en 1879, année des premières expropriations qui ne touchent aucune habitation existante mais amorcent un changement de statut du camp.

Toujours en juin 1873, le conseil municipal de la commune de Beignon délibère sous la présidence de son maire Mathurin Guillaume, pour répondre à une lettre du Chef d’État-Major demandant pour quels motifs la commune est la seule à refuser de livrer des landes pour créer un champ de tir et de manœuvre à Coëtquidan.

Le conseil précise que la lande vendue par la commune en janvier 1872 est depuis en grande partie close et mise en labour. [...] Le Conseil n’est pas surpris par l’attitude favorable des municipalités voisines car il estime être le principal perdant parce que la majeure partie du camp dépend de Beignon et que, si les terres sont de faible valeur ailleurs, elles sont d’excellente qualité ici 11.

Délibération du conseil municipal de Beignon du 23 juin 1873 in PETERS, Commandant, « Historique de Coëtquidan », Coëtquidan, Armée de Terre, 1989, p. 126, Voir en ligne. [page 16]

Cela n’empêche pas le ministère de la Guerre de lancer un processus d’emprise territoriale sur l’espace communal.

1879 - 1912 — L’installation du camp permanent : les démarches

L’acquisition des parcelles se fait - il s’agit de terres médiocres, sauf à Beignon - au bout de négociations menées sur un temps long. Cependant, dès 1879 la commune de Beignon est amputée de 500 hectares.

Sur cette période, les 1 063 hectares acquis par le ministère de la Guerre sur l’ensemble des communes concernées, confirment que le camp devient permanent. Un champ de tir d’artillerie est alors disponible pour toutes les unités de l’Ouest.

À partir de 1906, la commune de Beignon perd 620 hectares au nord de son territoire et 477 hectares au sud. Cette année là, elle compte 1 200 habitants. Le bourg en regroupe 304. La population éparse de 896 habitants se répartit dans 22 écarts. —  MAIRIE DE BEIGNON, « État des ressources que présente la commune de Beignon pour le logement des troupes - 3 décembre 1906 Signé le Maire », 1906. —

De 1906 jusqu’à la fin de 1912, l’armée fait l’acquisition de 4 000 hectares supplémentaires. Le champ de tir d’artillerie initial devient un camp d’instruction national.

La superficie du camp atteint 5 063 hectares. Les premiers bâtiments sont construits sur les communes de Guer et de Saint-Malo-de-Beignon sur des terrains expropriés.

1912 - 1914 — L’expulsion des habitants : la fin des expropriations

À la fin de 1913, pour la quasi totalité des communes concernées, la phase des expropriations est close.
À Beignon - juste avant la Première Guerre mondiale - 14 villages regroupant en tout 467 bâtiments composés de fermes et de moulins sont expropriés, obligeant 180 foyers, soit 520 habitants, à quitter leur lieu de vie.

Les expropriations à Beignon en 1910
Thèse de M.Peters

Lors de cette dernière étape où - à Beignon au sud du camp - les terrains sont en culture et les hameaux relativement peuplés - 61,8 hab./km2 - le prix à l’hectare est en moyenne de 7 000 francs ; alors qu’à Campénéac - 46 hab/km2 - le prix moyen de l’hectare n’est que de 5 254 francs. La densité de population dans l’évaluation des expropriations, est l’un des principaux critères pour définir la valeur des propriétés ; critère qui se combine avec une inflation du foncier agricole due - entre 1912-1914 - aux surenchères concernant les dernières terres à exproprier.

De 1879 à 1912, Beignon abandonne au camp 1 597 hectares.

Le désenclavement de Beignon

Le Pont de la Lande

Il faut attendre la fin du 19esiècle pour que la vallée de l’Aff - séparation à la fois physique et administrative - puisse être franchie par un pont permettant ainsi de relier - en partant du hameau de La Lande - Beignon à Saint-Méen-le-Grand par Paimpont.

Ancien Pont de la Lande vue des rochers - début 1900
André Crosnier

Cette photo montre l’extrémité nord-ouest de la commune de Beignon. À gauche, on peut voir le terrain exproprié par l’Armée, dont la pente atterrit sur le chemin qui s’en va en suivant la vallée de l’Aff vers l’ouest, en direction de la clairière de Beauvais.

L’arrivée du petit train : toute une histoire

En 1878, le plan Freycinet, ambitieux programme du ministre des Travaux publics (1877-1879), projette de multiplier les lignes de chemin de fer comme facteur d’aménagement du territoire 12.

L’objectif principal de ce plan pluriannuel, est de relier entre elles chaque préfecture et sous-préfecture afin que les chefs-lieux de canton ne soient plus isolés. En 1914, au terme de ce projet - seuls des « petits tortillards à voie métrique - d’une qualité assez médiocre sont en mesure de pouvoir atteindre cet objectif.

Ainsi, depuis 1898 existe une ligne de Rennes à Plélan-le-Grand desservie par la compagnie des Tramways d’Ille et Vilaine (T.I.V.). Dès 1901, l’on prévoit son prolongement vers Guer dans le Morbihan. De nombreuses contestations, relatives au tracé de la ligne et à l’implantation des gares, ralentissent la prise de décisions y compris pour ce qui concerne la proposition d’une jonction Guer-Redon.

Malgré ces tergiversations, en 1904 la situation s’améliore pour Beignon qui dépose une nouvelle demande de passage de la ligne du « tacot » dans le bas de son bourg. Ce n’est qu’en 1910 que les travaux commencent.

Le tracé de la ligne du Tacot sur Beignon
André Crosnier

De Plélan, la ligne longe l’étang des forges de Paimpont. Elle suit ensuite la nationale 24 jusqu’à Beignon, puis obliquant vers le sud-est, passe à l’est [plutôt à l’ouest du bourg] de Saint-Malo-de-Beignon. Après avoir desservi le camp de Coëtquidan, elle se dirige vers Guer. Le secteur Plélan-Guer est ouvert aux voyageurs le 6 juin 1913 et le 16 juin aux marchandises.

ROME, Yannic, Grandes et petites histoires des tramways et petits trains en Morbihan, Liv’Editions, Le Faouët, 2005, (« Mémoires du Morbihan »). [pages 146-147]

Au sud-est de la place de l’église de Beignon [...] sur des terrains acquis par expropriations, une gare est construite à laquelle l’on adjoint un quai le long de la voie ferrée. À la demande de la compagnie de chemin de fer, un pont-bascule est aménagé pour le pesage des marchandises 13.

De Beignon, partait tous les lundis un wagon de marchandises, beurre, œufs ramassés par une voiture à cheval les jours précédents à Beignon et dans les communes voisines d’Augan et de Campénéac. Également, les fermiers prenaient le tacot et y trimbalaient des volailles dans des paniers pour le marché de Rennes, place des Lices. [...] Derrière la locomotive étaient accrochés le wagon de marchandises, le fourgon du chef de train suivi de deux voitures de voyageurs qui fermaient le convoi. [...] Comme sièges, des banquettes en bois. Aux extrémités des wagons il y avait une plate-forme où les voyageurs pouvaient y prendre l’air et un bain de fumée. [...] La locomotive était poussive. Elle crachait parfois une fumée noire quand le convoi était un peu trop chargé. Quand la locomotive toussait, alors les voyageurs descendaient pour le pousser surtout dans les côtes. On pouvait le suivre à pied.

LABBÉ, Pierre, « « Le petit train s’en va dans la campagne » note sur l’histoire du T.I.V - In « Quand le train desservait Beignon » rubrique Rétro », Bulletin municipal, N° 1, Beignon, 2004.

Le premier service postal

La poste fonctionne mal dans la région au cours des dernières années du 19e siècle . Les lettres sont apportées, en voiture à cheval, de Montfort-sur-Meu à Ploërmel pour repartir sur Guer. Mais elles ne s’arrêtent pas à Beignon. Ce qui oblige le facteur à parcourir chaque jour, une vingtaine de kilomètres pour aller chercher le courrier à Guer puis le rapporter et le distribuer sur Saint-Malo-de-Beignon et Beignon.

En 1914, cette "première poste" sera remplacée par un commerce.
Première Poste et Télégraphe à l’entrée du bourg en venant de Plélan
Collection Privée

En 1904, le service télégraphique y est opérationnel, suivi cinq ans plus tard, le 22 août 1909 - après quelques hésitations du Conseil municipal - par la création d’un bureau téléphonique. Le bureau est ouvert deux heures par jour, le matin de 8 h à 9 h et en fin d’après-midi pas au-delà de 19 h.

Une mairie-école

Située derrière l’église, une maison bourgeoise faisant à la fois office de mairie et d’école publique de garçons est vendue pour construire une mairie-école à l’entrée du bourg. Les travaux commencent sous le mandat de Frédéric Lucas de Pesloüan (1878 à 1884) et s’achèvent au début de celui de Joseph Deshayes, maire de 1884 à 1921.

Mairie-école des garçons 1877
Collection privée

Une carte postale éditée entre 1904 et 1910 montre - à l’entrée du bourg à gauche sur la route nationale n°24 venant de Plélan - la nouvelle mairie-école publique de garçons. Elle fait face au premier bureau de poste installé depuis le 1er décembre 1895 dans des locaux qu’une boucherie-charcuterie occupera quelques années plus tard.

Au premier plan : à gauche la mairie-école à droite la poste-télégraphe
Arrivée de Plélan dans le bourg de Beignon
Collection privée

Le nouveau bureau de la Poste

Le Conseil Municipal vote le 11 mai 1913 la construction, pour un total de 16 000 francs d’un bureau de poste situé à côté du calvaire érigé en 1871 au sud de l’église. Il décide, le 10 août 1913, de la vente d’un titre de rente pour une somme équivalente destinée à couvrir les frais de construction d’un bâtiment spécifique - le Bureau de la Poste. Le 28 septembre 1913 le coût de construction a augmenté de 10%. Malgré cette augmentation, le Conseil municipal du 18 février 1914, présidé par le maire Joseph Deshayes, approuve la facture globale de cette construction de 22 867,77 francs. La Poste est achevée en novembre 1914.

ANONYME, « Pierre Labbé : le bâtiment de l’ancienne poste a fêté ses cent ans », Ouest-France, 12 avril, 2015.
La nouvelle poste - 1914

Les impacts de la présence du camp : une nouvelle situation pour Beignon

[...] L’implantation du camp d’artillerie en premier lieu, puis sa transformation en camp d’entraînement par une augmentation de sa superficie à partir de 1906, s’est faite dans de bonnes conditions. Il faut se rappeler que cette opération, terminée en janvier 1914, a duré en tout 41 ans. Cette longueur s’explique plus par les atermoiements du ministère de la Guerre, relativement à l’attribution des budgets correspondants, que par une opposition farouche des habitants 14. [...] La seule opposition notable est venue de la population de la commune de Beignon, rétive à l’expropriation de certaines terres de bonne qualité au sud de la route nationale n°24 et au captage de sources par l’Armée.

PETERS, René, « Documentations et recherches personnelles pour une mise à jour le 7 février 2012 », 2012.

1913-1920 — Des intérêts économiques bien compris

Si, historiquement à Beignon, l’esprit de contestation a toujours été vif 15, le camp devient néanmoins, dès les premières années du 20e siècle, l’employeur occasionnel d’une main d’œuvre locale composée en partie de paysans des petites exploitations vivrières. Par ailleurs l’administration militaire, pour couvrir ses besoins en approvisionnements divers, trouve auprès de son environnement plus ou moins proche ce dont elle a besoin.

Des marchés, par exemple pour l’achat de foin, d’orge, de paille et parfois de chevaux, sont mis en adjudication par l’Armée auprès des commerçants des communes avoisinantes 16.

Des terrains sur le camp - objet d’adjudication par lots - peuvent être, hors des périodes de tirs ou de manœuvres, l’objet de quelques travaux agricoles sommaires. Les Beignonnais peuvent ainsi faire paître leurs vaches sous certaines conditions, couper du bois, ramasser des pommes, de la litière etc. Ces adjudications renouvelées chaque année vont disparaitre à la mort des ayants droit.

Crosnier André - Beignonnais de souche - Interviews de juin et juillet 2023 - Extraits.

Les premiers prisonniers allemands

Dès l’automne 1914, le camp reçoit plus d’un millier de prisonniers de guerre allemands. Ils vont être rapidement utilisés comme main-d’œuvre remplaçant les ouvriers et paysans partis au front. On les utilise, sous la surveillance de soldats français, sur des chantiers d’empierrement de chemins. Pour les travaux des champs ils sont, pour la majorité d’entre eux envoyés dans les fermes des environs.

Prisonniers de guerre Allemands au Camp de Coëtquidan - 1914
Collection privée

L’Ouest-Eclair leur consacre, le 30 octobre 1914, un article dénonçant la rumeur sur des exactions commises par lesdits prisonniers.

Les auteurs de l’article amorcent leur conclusion par cette tirade :

Ce fut bien dur pour les vieux d’abandonner ces toits qui abritèrent leurs premières années à Beignon, ces biens qu’ils reçurent de leurs parents, de leurs grands-parents. De Beignon il ne reste que le bourg et quelques villages.

ANONYME, « Les Boches n’ont pas dévasté Beignon », L’Ouest-Eclair, 30 octobre, 1914, Voir en ligne.

Tirade que des lecteurs - inattentifs au titre de l’article et de surcroît souvent enclins à ne voir que le pire - vont assimiler comme des actes barbares commis par des prisonniers, ce qui n’est en fait que le résultat du processus d’expropriation au sujet duquel les Allemands n’ont rien à voir. Mais dans un tel contexte, la rumeur est prompte à se déployer.

Pour tenter d’atténuer les interprétations que suscite l’article de leurs collègues, des journalistes se rendent donc sur place le lendemain. Ils relatent alors les conditions de vie et de travail de ces détenus dans un second article où ceux-ci paraissent comme des modèles du genre.

Ils fournissent tous une somme de travail considérable et leur ouvrage est parfait.
— Les prisonniers sont payés ?
— Oui. Les soldats touchent leur solde ordinaire (1 sou par jour), les sous-officiers reçoivent aussi leur solde habituelle. Ils nous rendent donc, pour rien, de grands services.[...]
— Voyez et constatez, nous dit l’officier et démentez les bruits stupides qui courent au sujet de mes prisonniers.

ANONYME, « Une heure chez les Boches », L’Ouest-Eclair, 31 octobre, 1914, p. 3, Voir en ligne.

Les détachements américains

Du mois d’août 1917 à juin 1919, des éléments du corps expéditionnaire américain se succèdent sur le camp pour suivre leur instruction avant de rejoindre les tranchées. Ils n’ont aucun contact avec les prisonniers allemands.

Les installations de Coëtquidan, prévues pour 10 000 hommes ne peuvent satisfaire un contingent américain d’environ 17 000 soldats. L’augmentation des effectifs sur le camp impose d’augmenter les capacités d’hébergement et d’alimentation en eau. Les américains construisent des baraquements destinés à la troupe. Ils réalisent un réseau d’eau potable à partir des sources de la Fosse Noire, sises dans la commune de Beignon à deux kilomètres à l’est du bourg de Saint-Malo-de-Beignon.

Les arrivées continues de soldats américains en provenance des ports de l’Atlantique puis, les départs vers les zones de combat à la fin de leur instruction, font de la gare ferroviaire de Guer une véritable plaque tournante. Les installations - insuffisantes - doivent être modifiées pour accueillir ce trafic considérable. La gare est aménagée. Une section de munitions y est établie. Des baraques, des voies ferrées, un quai militaire et des voies internes de communication sont construits pour compléter les infrastructures existantes 17.

PETERS, René, « Documentations et recherches personnelles pour une mise à jour le 7 février 2012 », 2012.

La question de la déviation de la route nationale n°24

Non seulement, l’emprise spatiale du camp militaire de Coëtquidan sur le territoire de Beignon limite le développement de la commune vers l’ouest, mais la circulation des biens et des personnes - déjà difficile pour cause de vétusté des routes - devient problématique. Malgré les tirs possibles à longueur d’année - sauf dimanches et jours fériés - les militaires n’obtiennent pas la fermeture définitive de la route nationale n°24 dont l’utilité - sur huit kilomètres dans le nord du camp - est de relier les bourgs de Beignon et de Campénéac. Il s’ensuit un ensemble de complications administratives. Cela oblige, selon le rythme des tirs sur le camp 18, à établir et diffuser des calendriers placardés en mairie. Des instructions rappellent les interdictions - mais aussi les autorisations pour les jours de marché à Campénéac - de circuler sur la nationale n°24. Cette organisation impose la mise en place de déviations à certaines heures de la semaine.

Déviation de la route nationale n°24 en périodes de tirs sur le Camp
Collection privée

En période de tirs, la route en venant de Plélan-le-Grand était déviée avant le bourg de Beignon, à la hauteur du lieudit le Poteau, vers Ploërmel par Guer, Porcaro et Augan. Elle était fermée, à la sortie du bourg en direction de Campénéac, à la hauteur de la maison du garde du camp - détruite aujourd’hui - située face à l’entrée des anciennes écoles. Pour le retour, la déviation prenait à la sortie du bourg de Campénéac, la direction de Paimpont par Beauvais ; le trajet rejoignait ensuite Plélan par la forêt.

Crosnier, André (2023) - op. cit.
Maison du garde entrée du camp à l’ouest du bourg de Beignon - 1990
Collection privée
Les statues seront transférées à la nouvelle entrée du camp à Bellevue
Ancienne entrée du camp vue de l’axe Beignon-Campénéac . 2010
André Crosnier

Malgré ces lourdes contraintes, la seule voie carrossable donnant accès depuis Rennes au sud de la Bretagne, garde son statut de route nationale 19.

Le début d’une longue négociation

Le problème de la route nationale n°24 est une question déjà mise au jour dans une lettre du 14 mars 1911, adressée au Ministre de la Guerre par le député Duc de Rohan ; lequel souhaitant avoir des précisions sur les horaires des tirs, se fait en même temps porte-parole des riverains en exposant les préjudices que cela leur cause.

Trois années plus tard - le 22 février 1914 - a lieu à l’Hôtel de Ville de Ploërmel, une conférence regroupant des représentants du ministère de la Guerre, des Ponts et Chaussées ainsi que les communes concernées pour débattre au sujet du détournement.

Tout le monde sait que depuis l’agrandissement du camp de Coëtquidan, la route nationale de Campénéac à Beignon se trouve englobée dans le nouveau camp. Or, l’autorité militaire entend en interdire l’accès dans la limite de son domaine ; et c’est son droit. Le droit du voyageur est aussi de circuler et, dès lors qu’on lui supprime un chemin, on doit lui permettre d’atteindre son but par une autre voie.

ANONYME, « Déviation de la route nationale », Le Ploërmelais, 22 février, 1914, Voir en ligne.

À l’issue de cette conférence, l’unanimité se fait sur la nécessité de laisser ouverte la route nationale jusqu’à la création d’une nouvelle voie. Partant de Campénéac, elle devrait contourner le Camp de Coëtquidan par le nord et aboutir entre Beignon et Plélan-le-Grand.

L’entrée en guerre de la France, le 3 août 1914, interrompt tout débat sur le sujet.

1920 -1945 - Les temps difficiles

La démographie beignonnaise

Au sortir de la Guerre en 1921, l’on dénombre 657 habitants à Beignon - densité 26,9 hab/km2. Cette densité classe Beignon parmi les douze collectivités du massif forestier de Paimpont, au 10e rang devant Saint-Péran et Tréhorenteuc. La population de Beignon après avoir atteint en 1831, son maximum démographique avec 1 569 habitants - densité de 40,9 hab/km2 - s’engage à compter de 1921, dans un déclin démographique continu pendant quarante et un ans.

La relocalisation hors de Beignon d’une partie des 520 expulsés entre 1906 et 1914 n’est pas la cause principale de ce déclin 20.

La décroissance a pour origine - comme dans toutes les communes du massif forestier de Paimpont - un solde naturel (naissances/décès) négatif provoqué de 1912 à 1918 par la chute du nombre des naissances et une augmentation de celui des décès.

RISSEL, Alain et LAGMIRI, Souad, La métamorphose des communes du massif forestier de Paimpont, Yellow Concept, 2022. [p. 82]

Dans les années vingt, une agriculture vivrière est pratiquée sur les communes de Beignon et de Saint-Malo-de-Beignon.

Le 10 février 1924 à Beignon, malgré un ensemble de circonstances défavorables, près de cinquante cultivateurs vinrent assister à la réunion constitutive d’un syndicat. Un représentant développa devant eux les multiples avantages que retirera leur syndicat de son affiliation à l’Union. Un bureau est élu : MM Crosnier Président ; Messé et Guillaume vice-présidents ; Déron secrétaire-trésorier.
Déjà, ce tout jeune syndicat compte plus de cinquante membres ; toutes nos félicitations aux membres de son bureau et spécialement à son jeune secrétaire.

ANONYME, « Création d’une section syndicale agricole à Beignon », Bulletin trimestriel de l’Union des syndicats agricoles du département du Morbihan, 1924.

Les conséquences de la guerre civile espagnole

En mai 1939, un mois avant la fin de la Guerre d’Espagne, environ trois mille républicains espagnols en exil débarquent à Guer. Ils sont conduits sur le camp de Coëtquidan au Bois-du-Loup (Augan) où ils construisent leurs baraquements jusqu’au jour de leur départ, le 3 septembre 1939, date de la déclaration de guerre.

Au cours des cinq mois passés sur le camp, les Espagnols exilés ont peu de contacts avec la population beignonnaise. Ils sont cantonnés dans ce qui - à l’époque selon la doctrine française en matière d’immigration - ressemble à un Camp de Rassemblement des Étrangers (C.R.E.). Conçus dès 1936 par les pouvoirs publics français, ces camps ont pour but une gestion pragmatique consistant à isoler les étrangers - mais aussi des Français - considérés comme pouvant être une menace pour l’ordre public 21.

La Seconde Guerre mondiale

Les Polonais

Un décret du 21 septembre 1939 met en application un accord signé le 9 septembre 1939, entre l’ambassadeur de Pologne Juliusz Lukasiewicz et Georges Bonnet ministre des Affaires étrangères français pour former, en France, une division polonaise.

Le 1er septembre 1939, l’armée allemande envahit la Pologne. Le gouvernement polonais se réfugie en France et appelle les Polonais à s’enrôler comme alliés des armées française et britannique, en guerre depuis le 3 septembre.

Soldats Polonais devant le monuments aux morts de Beignon -1940
Collection privée

L’appel est entendu ; 103 000 Polonais sont ainsi recrutés, dont 50 000 immigrés déjà résidents en France. Le 12 septembre 1939, le camp de Coëtquidan est remis aux autorités polonaises pour former cette première division. Les premiers groupes de volontaires arrivent le 20 septembre 1939. Prévu pour la formation d’une division, le camp se révèle rapidement trop petit pour accueillir toutes les unités, obligeant fin novembre, à les répartir sur les communes environnantes ; celle de l’artillerie légère est alors basée à Beignon jusqu’au départ des Polonais en mai 1940.

1940-1944 — L’Occupation allemande à Beignon

De juin 1940 à juin 1944, le camp est sous occupation allemande.

La Wehrmacht réquisitionne une demeure bourgeoise située derrière l’église 22. Des officiers allemands en font, en même temps que leur résidence, un poste de commandement pour communiquer avec la Kommandantur de Coëtquidan.

Le meurtre de deux soldats belges

Quelques cabanons en bois établis aux beaux jours en bordure du camp de Coëtquidan, font office de buvettes pour une clientèle majoritairement militaire.

Buvette au bord du Camp 1930-39
Collection privée

Suite à la débâcle des troupes alliées en France et en Belgique, la France signe le 22 juin 1940 l’armistice avec l’Allemagne. Talonnés par l’armée allemande, deux soldats belges affamés et manifestement perdus, entrent par effraction dans l’une de ces cabanes pour se restaurer.

Ces deux pauvres jeunes de 20 ans l’ont payé de leur vie. Ils ont été abattus au fusil de chasse par le propriétaire sur les injonctions de sa mère. Cette affaire a fait grand bruit à l’époque. Les assassins ont été traduits en justice. Les Beignonnais, accompagnés d’écoliers ont enterré les deux jeunes dans le cimetière du village, puis les corps ont été rapatriés en Belgique quelques mois après.

ANONYME, « À Beignon, Pierre Labbé, historien du village », Ouest-France, 10 mars, 2022.
Deux soldats Belges sauvagement abattus à Coëtquidan
Ouest-Eclair - 18 décembre 1940 - Cour d’Assises : deux soldats belges abattus

Les otages de Beignon

Le 31 octobre 1941 vers 21 h, on découvre sur le terrain militaire de Coëtquidan, au pied d’un mirador de chasse, le corps d’un officier allemand abattu par un braconnier. Il s’agit du capitaine Marquardt parti à la chasse au sanglier en compagnie du général commandant le camp et d’un sous-officier. Ces derniers constatent que le capitaine a été tué par un tir de chevrotine. Dès le lendemain, l’armée allemande procède à des rafles dans tous les villages environnants pour retrouver l’auteur du meurtre. Beignon est sur la liste. —  BOISSON, Michel, Hôtel Nazareth ou Les otages de Coëtquidan : 50 ans après, Libévasion, 1998. —

Je me souviens avoir vu les Allemands arriver en camion. Ils prenaient des hommes au hasard à la sortie de la messe de la Toussaint et procédaient à des fouilles dans les habitations. Mon père a eu chaud ce jour-là. Nous avions un vieux pistolet à la maison. Alerté par la rumeur, il a tout juste eu le temps de le cacher dans une gouttière avant la perquisition. Douze habitants de Beignon sont envoyés en détention à Vannes dont le maire Louis Déron, qui sera le dernier à être relâché. Au total, 85 otages sont raflés dans tout le pays. Parmi eux, André Meunier, un Guérois, est fusillé le 14 mars 1942 alors qu’il est innocent. Les habitants sont sous le choc.

ANONYME, « À Beignon, Pierre Labbé, historien du village », Ouest-France, 10 mars, 2022.

La fin des hostilités

En juin 1944, les Allemands font sauter les installations du camp de Coëtquidan et mettent le feu au dépôt de vivres.

En juillet, au lieudit « La Croix Payen » entre Guer et Carentoir, dans le hameau de « Paingrain », est établi - dirigé par le commandant Le Tallec - le quartier général d’un réseau F.F.I. ayant, dès 1943 investi les localités proches.

[...] les résistants du réseau occupent les bourgs de la Telhaie, puis de Guer, de Augan, de Saint-Raoul, de Saint-Malo-de-Beignon et de Beignon. Ils se rendent maitres du camp de Coëtquidan [...] Le quartier général du réseau Paingrain est transféré au cercle des officiers du camp. Les résistants participent à la remise en état des réseaux téléphoniques et électriques ainsi que de l’hôpital militaire. Ils construisent un camp de prisonniers 23. [...] puis il nous a fallu ensuite nous organiser et nettoyer tout le secteur des postes de combat que les allemands en fuite, avaient créés dans des fermes environnantes. Ces opérations ont duré jusqu’au 15 août 1944.

in BOULOT, Céline, « Le canton de Guer, libéré par la Résistance de Paingrain », Journal de la résistance Bretonne, N°131, 28 décembre, 2004.

La Résistance occupe le camp de Coëtquidan jusqu’en décembre. L’armée américaine la remplace en janvier 1945.

Les prisonniers de guerre allemands

Prisonniers de Guerre Allemands à Beignon en 1945
André Crosnier

Après la capitulation de l’armée allemande, les prisonniers de guerre sont employés, comme dans beaucoup de communes du massif forestier de Paimpont, dans les familles en manque de main-d’œuvre. Ils sont affectés - comme le P.G.A. Heinz B. dans une ferme de Beignon - aux travaux des champs ou à diverses tâches domestiques. Logés chez l’habitant, beaucoup s’intègrent à la vie familiale. Certains de ces prisonniers restent plus de deux ans avant de retourner en Allemagne.

1946-1975 -Les Trente Glorieuses

L’expression les Trente Glorieuses est reprise du titre d’un livre de Jean Fourastier consacré à l’expansion économique sans précédent, que la France a connue du lendemain de la Seconde Guerre mondiale jusqu’au choc pétrolier de 1973 24. —  FOURASTIER, Jean, Les Trente Glorieuses, ou la révolution invisible de 1946 à 1975, Fayard, Paris, 1979, 300 p. —

De la Libération au début des années soixante

À la Libération, Beignon est une bourgade dans laquelle de nombreux commerces couvrent les besoins d’une population en constante diminution. Installés parfois depuis le début du 20esiècle, ils périclitent au cours des années cinquante à soixante. Jusque là, les commerces arrivaient à vivre parce que les propriétaires tenaient leur établissement jusqu’à leur propre disparition. Désormais les enfants ne sont plus là pour reprendre le commerce parce que dans les années cinquante, les jeunes adultes ont déjà connu l’exode.

1910 Boulangerie café François Robin
Collection privée

La fin du commerce traditionnel des campagnes

À la Libération, il y a dans la commune - essentiellement dans le bourg - 14 entreprises artisanales, 14 commerces de bouche et 4 travailleurs indépendants. En 1960, sur cet ensemble de 32 acteurs de l’économie locale, 18 ont disparu. Dix ans plus tard, ils ne sont plus que 10 dont la grande majorité n’atteindra pas les années quatre-vingt.

Devant la maison Bouchet
Collection privée

Depuis le milieu des années soixante, le commerce de proximité totalement dégradé fait progressivement place à un commerce ambulant.

L’omniprésence des soldats

A partir des années cinquante, les exercices de tirs se font du sud vers le nord par-dessus la route nationale n°24, impliquant la fermeture de cette voie. Ils se font maintenant d’est en ouest depuis l’ouverture de la quatre-voies en 1995 - la route n’est plus barrée pendant les tirs ; contrairement à ce que l’on croyait. — CROSNIER, André (2023) op. cit. —.

Quand il y avait des tirs, nous on vivait ça assez bien, on était tranquille on pouvait ouvrir portes et fenêtres. C’était calme parce qu’il n’y avait pas de circulation, c’était vachement important ; par contre chez les commerçants ça gueulait un peu. Le Relais des routiers, comme les autres commerçants ne voyait plus de circulation. On avait des panneaux d’affichage à la mairie qui annonçaient les périodes et heures de tirs, ce qui faisait que l’on pouvait savoir quand les tirs cessaient en soirée. Alors les bistrots rouvraient.[...] Les militaires étaient omniprésents. Même étant en manœuvre, les convois et les troupes à pied passaient dans le bourg. C’était l’attraction quand on était gosses dans les douze/treize ans, c’était de l’animation.

CROSNIER, André (2023) op. cit.

Certaines manœuvres se font en forêt de Paimpont ou sur la partie nord du camp. Bien souvent, la troupe vient à pied à la lisière de la forêt ou sur les terrains civils de la commune, entraînant parfois des dégâts dans les cultures, suivis de nombreuses protestations.

Des détachements de régiments coloniaux établissent un campement sous tentes à l’ouest du bourg 25. À la fin des années cinquante, s’y succèdent, venus souvent de Nantes, près de six cents soldats à chaque rotation.

Camps établis en bas du bourg le long de la route nationale n°24
Campement militaire en manœuvre à Beignon — 1950-1955
Collection Privée

Ils viennent en manœuvres pendant cinq à six semaines puis sont en permission avant de partir en Algérie. Le soir, cette présence amène de l’animation dans le bourg.

Après la soupe, les heures étaient libres offrant à la troupe la possibilité de monter au bourg où les attendaient cinq, six bistrots qui ouvraient des comptoirs sur le bord des rues devant leur établissement. Tout ce monde consommait beaucoup. Les bagarres des fin de soirées n’étaient pas rares malgré la surveillance de la police militaire.

CROSNIER, André (2023) op. cit.

Les détachements en manœuvre étaient accompagnés de leur musique militaire. Le dimanche matin, elle montait à pied du campement au bourg et donnait une aubade en arrivant sur la place de l’église. Plusieurs morceaux étaient joués et entretemps les bonnes des bistrots du bourg allaient avec un plateau présenter un petit verre de blanc à tous les musiciens.

C’était la récompense des bistrots. Cela a duré plusieurs années ; plus de cinq ans sûrement. À la fin des manœuvres quand les détachements partaient, tout ce qu’il y avait comme déchets de paille, les eaux grasses aussi, tout ce qui avait servi en cuisine, était récupéré par les cultivateurs à tour de rôle. La paille servait de litière pour leurs bêtes et les eaux grasses servaient pour l’alimentation des cochons. Tout était vu et distribué selon un ordre préparé par le garde du camp qui répartissait cette richesse certaine pour les gens du coin. Tout cela se faisait sans adjudication, à faire tout de suite parce qu’après le démontage des tentes, il fallait que le terrain soit propre ; il pouvait y avoir une autre troupe à venir.

CROSNIER, André (2023) op. cit.

L’aménagement du territoire et l’accès à l’eau

On sait dès la fin du 19esiècle, que pour l’installation d’un camp de manœuvres militaires du type Coëtquidan, la condition sine qua non est de disposer d’une ressource en eau suffisamment abondante pour entretenir la troupe, chevaux compris 26. Le territoire de Beignon répondant dès 1873 à cette exigence, cela a eu pour conséquences de conduire l’Armée à réquisitionner en 1906 certaines sources et quelques plans d’eau à son profit.

Quand la décision d’agrandir le camp est prise en 1906, le capitaine Lefèvre propose d’exproprier en priorité les terres de Guer et de Saint-Malo-de-Beignon parce qu’elles possèdent des sources.
Quand celles-ci s’avèrent insuffisantes, sa préoccupation première est d’en trouver d’autres et il demande au gouvernement d’exproprier 15 nouveaux hectares à Beignon qui n’appartiennent pas à l’emprise initiale.

PETERS, Commandant, « Historique de Coëtquidan », Coëtquidan, Armée de Terre, 1989, p. 126, Voir en ligne. [Page 102]

Les Beignonnais n’apprécient pas la confiscation de la meilleure source de la région dite « Bonne fontaine » dans le secteur de Montervily. Le développement d’un accès à l’eau dans le bourg et dans les villages beignonnais, imaginé en 1938-1939 27, est fortement hypothéqué par cette mainmise de l’Armée.

En juillet 1957, l’Autorité militaire accorde à la commune l’établissement d’une prise d’eau sur la canalisation de pompage de Montervily.

Station de Montervily à Beignon
Collection privée

[...] Le 11 avril 1960 une convention est signée entre les deux parties pour une durée de 18 années renouvelables. [...] Quelques années plus tard il apparait que la desserte normale du secteur peut être assurée à partir de l’Aff [pompage de la Fosse Noire].
Cela conduit à la constitution, entre Guer et Beignon du premier Syndicat Intercommunal pour l’Alimentation en Eau Potable (SIAEP) du bassin de l’Aff dont le siège est à Guer. Il est formé pour une durée illimitée et est administré par un comité composé de six délégués par commune.

LABBÉ, Pierre, « Rubrique Le saviez-vous ? », Bulletin communal de Beignon, N° 9 décembre, 1980.

La question de la route nationale n°24

Le projet de déviation de la route nationale, objet d’une conférence - restée sans suite - avec les pouvoirs publics le 22 février 1914, réapparait en 1963. Les représentants des communes de Campénéac et de Beignon - son maire Eugène Lamballe en tête - accompagnés du député, des conseillers généraux de Guer et de Ploërmel, viennent en délégation exposer au sous-préfet à l’Hôtel de Ville de Ploërmel, la grande inquiétude que ces deux communes ont, quant à leur proche avenir 28.

Se faisant l’écho de cette rencontre, Ouest-France sous-titre son article : Beignon et Campénéac, deux communes menacées par le projet, luttent pour leur vie —  ANONYME, « La déviation de la route nationale dans la traversée du camp de Coëtquidan pose d’épineux problèmes », Ouest-France, Édition de Ploërmel du 22-23 mai, 1963. —

Une nouvelle fois, le projet de déviation est reporté. C’est seulement en 1990 - dans le cadre du « Plan routier Breton » décidé par l’État en 1968 - que le Conseil d’État publie un décret d’utilité publique relatif au contournement par le sud du camp, de la future RN 24 aménagée en 2x2 voies. Le nouveau tracé, inauguré le 26 juillet 1994, ne passe plus dans les bourgs de Beignon et de Campénéac 29. —  EALET, Jacky et LARCHER, Guy, Paimpont en Brocéliande, Beignon, Les oiseaux de papier, 2015. [Pages 374-375] —
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Projets de tracés de la RN 24 (1976)
Voici les deux projets qui ont la même origine. L’entrée de la RN 24 à l’est de Plélan et la même fin de projet CD n°8 au sud-est de Ploërmel, c’est-à-dire à la hauteur de Camagnon. On remarque que le camp de Coëtquidan est enveloppé par les deux déviations et que celle proposée par le nord dessert plus directement la zone industrielle de Gourhel. —  ANONYME, « Projets de tracés de la RN 24 », Ouest-France, 16 août, 1976, Voir en ligne. —

L’exode rural

De 1946 à 1962, l’ensemble des douze communes du massif forestier de Paimpont perd 11% de sa population, alors que Beignon perd 2,5% de ses habitants.

Depuis 1921, cette commune décline régulièrement, pour atteindre en 1962 son niveau le plus bas avec 580 habitants.

L’exode rural aux confins du Morbihan, n’est pas un phénomène nouveau. Dans ce département, il a débuté dès les premières années du 20e siècle. Il faut néanmoins souligner qu’à Beignon, l’installation du camp de Coëtquidan a permis de fixer provisoirement - malgré les expropriations - une population résiduelle après la Grande Guerre. Cependant, dans l’entre-deux guerres la population beignonnaise ne se renouvelle pas suffisamment pour éviter la baisse de la population. Entre les années cinquante et le début des années soixante, le départ des jeunes adultes accentue la baisse démographique.

Entre le recensement de 1962 et celui de 1975, la population beignonnaise augmente de 131 habitants et atteint 711 habitants. L’augmentation est uniquement due au solde positif entre les entrées et les sorties de résidents sur la commune durant la période de 1968 à 1975. —  LAGMIRI, Souad, « Insee Statistiques locales RGP 1968-75 », in Rissel, Alain et Lagmiri, Souad. La métamorphose des communes du massif forestier de Paimpont, Yellow Concept, 2022, p. 246.  —

Ce solde positif résulte vraisemblablement d’une immigration de ménages dont un - ou plusieurs de leurs membres - sont des personnels civils employés sur le camp sans y résider.

Ceux de la génération précédente - habitants plus âgés, nombreux dans cette petite commune - vont indirectement bénéficier des effets de la politique des Métropoles d’équilibre mise en place sous la Cinquième République ; à savoir l’arrivée au tout début des années soixante, d’industries diverses à Rennes, Vannes et Saint-Brieuc.

Les Beignonnais sont nombreux - toute proportion gardée - à devenir salariés chez Citroën à Rennes, conservant ainsi quelque temps encore les bénéfices de leur petite exploitation vivrière.


Bibliographie

BRGM, « Amélioration de la compréhension du fonctionnement hydrogéologique du site de l’Aff - communes de Beignon et Paimpont - pour une gestion durable des prélèvements - Rapport final », 2022.

DERRIEN, Dominique, « L’œil sur la lunette : L’industrie du cuir en Bretagne à la fin de l’Ancien Régime d’après l’enquête Necker de 1778 », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, Vol. 114 / 1, 2007, p. 131-153, Voir en ligne.


↑ 1 • La première attestation du toponyme Beignon date du 9 février 1062. Dans un acte de Quiriac, évêque de Nantes, Renaud est qualifié « d’évêque de Saint-Malo de Beignon » (episcopus de Sancto Masloo de Bidainono). Les évêques d’Alet se font parfois appeler évêques de Saint-Malo pour s’attribuer le patronage du saint, hormis de 1108 à 1143 lorsque l’église de Saint-Malo sur l’île d’Aaron devient dépendante de Marmoutier. —  HENRY, Cyprien, Les actes des évêques bretons (début du XIe siècle-milieu du XIIe siècle). Etude diplomatique et édition critique, Ecole des Chartes2010. [pages 338 ; 547] in HAUTBOIS-GARAULT, Claire, Ecriture, histoire et identité. La production écrite monastique et épiscopale à Saint-Sauveur de Redon, Saint-Magloire de Léhon, Dol et Alet/Saint-Malo (milieu du IXe siècle-milieu du XIIe siècle), Thèse de doctorat d’Histoire, Rennes 2, 2011. [page 604] —

Au milieu du 12e siècle, l’évêque d’Alet Jean de Châtillon reprend l’église de Saint-Malo aux moines de Marmoutier. Le diocèse s’installe définitivement à Saint-Malo en 1154, et jusqu’en 1163, Jean dote son chapitre de 31 églises confiées à ses chanoines, dont celle de Beignon pour laquelle il ne prélève que la moitié des dîmes de la paroisse (l’une des plus pauvres), — d’après la charte de fondation du chapitre AD Ille-et-Vilaine, 1 G261/1. —

↑ 2 • La juridiction de l’évêque de Saint-Malo, avec ses deux sièges d’officialités à Saint-Malo et Saint-Malo-de- Beignon, est à même de rendre la justice spirituelle de l’Église sur la plus grande partie du diocèse ; en outre, le seigneur-évêque, comte de Saint-Malo et baron de Beignon, possède également une juridiction temporelle personnelle, un privilège maintenu jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.—  BERBOUCHE, Alain, « La seigneurie ecclésiastique de Saint-Malo à la fin de l’Ancien Régime », in Le pouvoir et la foi au Moyen Âge : En Bretagne et dans l’Europe de l’Ouest, Presse Universitaire de Rennes, 2010, p. 573-577, Voir en ligne. —

↑ 3 • Les limites de ces communes, exceptées celles de Saint-Malo-de-Beignon, se rejoignent sur le camp militaire dans la lande en un point proche du lieu nommé Vieil Étang à cinq kilomètres environ, au sud-ouest du bourg de Beignon.

↑ 4 • Les ruisseaux de la Croix Hamon, de Terrouet et de la Moutte alimentent l’Aff rive gauche sur son parcours le long de la limite communale qui au nord et à l’est, sépare le Morbihan de l’Ille-et-Vilaine.

↑ 5 • Le moulin de La Fosse Noire, ancienne tannerie, est édifié en Beignon sur un bras de l’Aff, au nord-est du hameau éponyme situé lui, sur Saint-Malo-de-Beignon

↑ 6 • Deux exploitations agricoles subsistent à Beignon en 2020. L’une est au Val es Lan, l’autre se trouve au sud-est du bourg, le long de l’ancienne voie dite du Tacot

↑ 7 • Les camps d’entraînement militaires - dénommés aussi camps de manœuvres - font leur apparition dans la moitié du 19e siècle. Ils s’installent principalement en été sur des terrains répartis en France.

↑ 8 • Ces landes avaient été repérées par le Comte de la Monneraye, sénateur du Morbihan (ancien officier d’artillerie) et M. de la Foye, alors capitaine d’artillerie.

↑ 9 • À partir du 2 mars 1911 jusqu’au 29 octobre 1915 le ministère de la Guerre - sauf du 27 mai au 23 juin 1911 - est tenu par des ministres qui ne sont pas des militaires.

↑ 10 • Charles Louis de Saulces de Freycinet (1828-1923). Homme d’État, écrivain et polytechnicien français, ex-ministre des Travaux publics, est nommé ministre de la Guerre en 1888. Il est remplacé par le général Julien Loizillon le 11 janvier1893. Il est à nouveau ministre de la Guerre du 1er novembre 1898 au 6 mai1899. Son implication supposée dans le scandale de Panama met fin à sa carrière ministérielle. Sa vie politique s’oriente alors vers le Sénat

↑ 11 • Trois maires sont concernés par les premières phases d’implantation du camp de Coëtquidan. Mathurin Guillaume de 1869 à 1878, Frédéric Lucas de Pesloüan de 1878 à 1884 et Joseph Deshayes de 1884 à 1921.

↑ 12 • En 1870, deux principales lignes de chemin de fer existent déjà en Bretagne reliant entre-elles les villes de la péninsule. L’une au nord, est concédée en 1855 à la Compagnie de l’Ouest. Elle dessert principalement de Paris à Brest : Rennes, Saint-Brieuc, Guingamp, Morlaix et Brest. L’autre - au sud, gérée par la Compagnie Paris-Orléans - commence à partir de Savenay (Loire Atlantique), puis Redon (Ille-et-Vilaine), Vannes, Lorient (Morbihan), Quimper (Finistère) pour remonter en direction du nord-Finistère vers Châteaulin et Landerneau.

↑ 13 • Le chemin sur lequel la voie ferrée est nouvellement créée porte le nom de « rue des T.I.V. » ; nommé, « rue de la Gare » depuis la disparition du « tacot »

↑ 14 • Du 25 mai 1873 au 11 janvier 1912, les rapides successions de cinquante ministres de la Guerre expliquent entre autres, les trente neuf années de négociations

↑ 15 • En témoigne en 1884, la réaction du préfet de Vannes suite à la décentralisation, à Beignon, du comice agricole du canton de Guer. Le préfet - considérant que le président du comice a prononcé un discours qui n’est qu’une vive critique des actes du gouvernement [...] que des paroles inconvenantes vis-à-vis du Ministre de l’Agriculture ont provoqué des cris séditieux - prend le 23 novembre 1884, un arrêté de dissolution du comice agricole de Guer ; lequel ne renaîtra qu’en 1897. —  Archives Départementales du Morbihan  —

↑ 16 • Certains aujourd’hui [en 2015], autonomistes ou écologistes, affirment que l’Armée s’est installée contre l’avis de la population, et que l’État s’est emparé de terres appartenant à des paysans qu’il a chassés et ruinés. Ceci est faux et les délibérations des conseils municipaux de l’époque apportent un démenti formel à ces propos.—  LABBÉ, Pierre, « Quand Beignon fut amputée des deux tiers de sa superficie », Ouest-France, 18 janvier, 2015. —

↑ 17 • À l’emplacement de ces installations, existe aujourd’hui, une zone d’activités dite de « New-York » qui, au nord-est du centre-bourg de Guer, rappelle l’extension de la gare par les soldats américains

↑ 18 • Les tirs sont orientés du sud vers le nord et par conséquent passent au dessus de la route nationale.

↑ 19 • Dans la première moitié du 18e siècle, les grands chemins bretons sont encore peu nombreux. Un plan de 1749 mentionne la voie royale de Rennes à Lorient par Ploërmel. Au 19e siècle, le réseau des grandes routes de France est dégradé. La route reliant Rennes à Lorient ne fait pas exception. Elle nécessite une remise en état afin d’assurer les déplacements de la troupe et le commerce. Entre 1830 et 1848 - sous le règne de Louis-Philippe - un crédit de douze millions de francs or permet l’amélioration de l’état de cette voie de communication essentielle.

↑ 20 • Le nombre des expulsés beignonnais relogés ailleurs qu’à Beignon est inconnu.

↑ 21 • 

Dans un premier temps, ces camps recueillent en France d’octobre 1938 à mars 1939, des Allemands et Autrichiens fuyant le nazisme, des Italiens qui fuient le fascisme auxquels s’ajoutent Tchécoslovaques et Polonais chassés par l’occupant allemand. Cet afflux de réfugiés aurait pu être globalement maîtrisé dans les C.R.E. existants s’il n’avait pas fallu ajouter le déferlement en France de réfugiés Espagnols dès janvier et février 1939.

CLOCHARD, Olivier, GASTAUT, Yvan et SCHOR, Ralph, « Les camps d’étrangers depuis 1938 : continuité et adaptations », in L’asile politique en Europe depuis l’entre-deux-guerres,, Vol. 20 n°2, 2004.

↑ 22 • Cette demeure fait fonction de mairie jusqu’à ce que l’on construise, en 1890 une mairie-école à l’entrée du bourg. Elle devient l’habitation d’Eugénie Berhault. Cette maison est achetée vers la fin des années trente par Jean Déron géomètre.

↑ 23 • Le 18 mai 1945 environ 2000 prisonniers de guerre Allemands sont transférés à Coëtquidan, devenu de fait, jusqu’en 1947, une annexe du camp n°1102 de Rennes Saint-Jacques.

↑ 24 • Pour l’auteur c’est l’équivalent, au plan économique de ce que fut la révolution de 1830 qualifiée d’être les Trois Glorieuses. —  FOURASTIER, Jean, Les Trente Glorieuses, ou la révolution invisible de 1946 à 1975, Fayard, Paris, 1979, 300 p. —

↑ 25 • Des statues monumentales marquaient l’entrée officielle de la nouvelle école vers la fin des années soixante. Ces statues sont transférées en 2022 à Bellevüe-Coëtquidan, devenue, en 1995 l’entrée officielle du camp.

↑ 26 • Un cheval de 300 à 400 kg a besoin de 15 à 25 litres d’eau par jour et dans les troupes non motorisées à cette époque, les chevaux se comptent par milliers.

↑ 27 • Le projet d’un accès à l’eau dans le bourg est abandonné en raison des hostilités de 39-45.

↑ 28 • Pierre Labbé assiste à cette rencontre en tant que commerçant du bourg de Beignon.

↑ 29 • L’ancienne RN 24 - devient la D724