1806-1875
Fouquet, Alfred
Un pionnier de l’archéologie
Alfred Fouquet est un pionnier morbihannais de l’archéologie et du collectage de contes et traditions populaires. Entre 1853 et 1857, il répertorie cinq sites mégalithiques en Brocéliande et collecte la légende de la Bête de la Lohière.
Éléments biographiques
Alfred Pierre Julien Fouquet est né le 2 octobre 1806 à Redon. Il est le fils de Pierre-Joseph Fouquet (1772-1807) et de Marie-Françoise-Angèle Gayet (1785-1835).
Il passe son enfance dans la maison familiale de Redon puis entre en pension au collège de Vannes. Lors de ses vacances, il découvre des contes et légendes.
Quand j’étais jeune, je parcourais régulièrement quatre fois l’an, et d’un pied leste, les 58 kilomètres de la route départementale de Vannes à Redon, car je cultivais alors les thèmes, les versions et les pensums dans la première de ces villes, loin de ma famille, qui habitait la seconde. [...] ainsi, deux fois chaque année je dînais, à l’aller, dans l’auberge de Saint-Louis, et deux fois, au retour, j’y soupais et j’y couchais [...] Après le souper [...] j’allais, près de l’hôtelier, vieillard à manies et conteur verbeux, m’asseoir au banc d’honneur, sous le manteau de la cheminée, et là, tout en faisant une douce digestion, le feu entre les jambes, je sollicitais du père Jérôme des contes d’autrefois, que le bonhomme me donnait sérieusement pour des histoires.
Alfred Fouquet se marie avec Marie-Hyacinthe Legal (1818-1896) 1 le 25 février 1835 à Josselin. Trois enfants naissent de leur union.
- Auguste Fouquet né à Vannes en 1844
- Émile Fouquet
- Apolline Fouquet (1838-1911) 2.
Alfred Fouquet décède à Vannes le 25 juin 1875 à l’âge de soixante-huit ans. — BURGAULT, M., « Mort du docteur Fouquet », Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1875, p. 140-142, Voir en ligne. — 3
La médecine
Élève externe à partir de 1825, Alfred Fouquet devient au terme de sa scolarité médecin de marine, élève chirurgien au port de Brest dès 1828, puis chirurgien de troisième classe. Il embarque ensuite pour Alger et Lisbonne, puis démissionne de la Marine en 1833. — KERVILER, René et CHAUFFIER, Louis, Répertoire général de bio-bibliographie bretonne. Livre premier. Les bretons. FER-FRET, Vol. 14, Rennes, J. Plihon et L. Hervé, 1888, Voir en ligne. p. 301 —
Il est reçu docteur en médecine le 6 juillet 1833 à Montpellier. — FOUQUET, Alfred, De la rougeole et de la scarlatine, considérées dans leurs rapports et dans leurs différences, Montpellier1833, 20 p. —
Il revient en Bretagne et occupe le poste de médecin à l’hospice de Josselin (Morbihan) puis celui de médecin adjoint des épidémies de l’arrondissement de Ploërmel en 1837. En 1839, il est médecin à Vannes. Il publie deux rapports médicaux liés à ses fonctions de médecin des épidémies. — FOUQUET, Alfred, « Rapport sur une épidémie de grippe en avril 1837 ; et sur une seconde épidémie en octobre 1838 », in Études historiques sur les épidémies dans le Morbihan, Vannes, Impr. de Galles, 1888, p. 142-144 ; 153-158. —
En 1852, il fait paraitre un ouvrage consacré à la dysenterie. — FOUQUET, Alfred, De la dysenterie, Vannes, Imprimerie Galles, 1852, Voir en ligne. — En 1870, il publie un livre sur la variole. — FOUQUET, Alfred, Instruction populaire au sujet de l’épidémie de la variole, Vannes, Imprimerie Galles, 1870, Voir en ligne. —
De 1861 à 1875, il publie, en tant que secrétaire du Conseil central d’hygiène et de salubrité du Morbihan, et médecin des épidémies de l’arrondissement de Vannes, des compte-rendus annuels des épidémies, des épizooties et des travaux des conseils d’hygiène du Morbihan — FOUQUET, Alfred, Compte-rendu des épidémies, des épizooties et des travaux des conseils d’hygiène du Morbihan, en 1860, Vannes, Imprimerie Galles, 1861, Voir en ligne. —
L’écrivain
Trois ouvrages sur le Morbihan classent Alfred Fouquet parmi les pionniers de l’archéologie et du collectage de contes et traditions populaires.
- En 1853, parait un inventaire des mégalithes du Morbihan. — FOUQUET, Alfred, Des monuments celtiques et des ruines romaines dans le Morbihan, Vannes, A. Caudéran, libraire éditeur, 1853, Voir en ligne. —
- L’année suivante, il publie un guide archéologique qui reprend en grande partie son inventaire. — FOUQUET, Alfred, Guide des touristes et des archéologues dans le Morbihan, Vannes, Libraire-Editeur A. Cauderan, 1854, Voir en ligne. —
- En 1857, il est l’auteur d’un recueil de contes, chansons et traditions populaires 4. — FOUQUET, Alfred, Légendes, contes et chansons populaires du Morbihan, Vannes, Caudéran, 1857, Voir en ligne. —
Sociétés savantes
Alfred Fouquet est membre de plusieurs sociétés savantes parmi lesquelles
- L’Association Bretonne 5 ;
- La Société Polymathique du Morbihan ;
- La Société d’Agriculture de Vannes ;
- La Société des sciences et des lettres de Redon ;
- La Société Académique de la Loire-Inférieure ;
- La Société Archéologique du Morbihan 6.
La Société Polymathique du Morbihan
Alfred Fouquet est membre actif de la Société Polymathique du Morbihan depuis 1833. Il y exerce diverses fonctions en tant que membre du bureau, de 1840 à 1875 :
- Secrétaire-adjoint de 1840 à 1842 ;
- Conservateur-adjoint du musée de la Polymathique de 1842 à 1865 ;
- Secrétaire de 1844 à 1859 ;
- Vice-président en 1853-1854, 1863, 1866 et 1873 ;
- Président en 1861, 1867 et 1874 7.
— SAGERET, Emile, Centenaire de la Société Polymathique du Morbihan : 1826-1926, Vannes, Lafolye frères et Cie, 1927. [pages 12-17] —
De 1859 à 1872, il publie un vingtaine d’articles dans le Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan. À partir de 1861, ses publications dans la revue de la Polymathique sont exclusivement consacrées à l’archéologie morbihannaise 8.
Alfred Fouquet en Brocéliande
Les mégalithes
L’ouvrage d’Alfred Fouquet paru en 1853 a pour but de commencer un inventaire des antiquités celtiques et romaines du Morbihan.
Je suis bien loin de penser que ce Catalogue soit complet, je n’ai eu d’autre prétention, en le dressant, que de commencer un édifice auquel tous les Archéologues morbihannais sont invités à ajouter quelques matériaux. Maintenant que nous avons à Vannes une Société dont le but est d’étudier nos antiquités, il est facile à tous ceux qui les aiment, de signaler ceux que dont nous n’avons pas parlé. On arrivera ainsi au recensement complet des monuments qui existent encore dans notre département.
Cet inventaire publié trente ans après l’ouvrage de Jean Côme Damien Poignand est encore basé sur les mêmes présupposés historiques faisant des Celtes le peuple des origines. L’érudit distingue quatre catégories de peuplades celtiques. Il classe les mégalithes de Brocéliande dans la catégorie des peuplades celtes des forêts. Les descriptions sont sommaires et laissent penser qu’Alfred Fouquet ne s’est pas rendu sur les lieux. Il avoue d’ailleurs avoir ajouté peu de chose à la nomenclature que Cayot Delandre a donnée des monuments druidiques, qui sont clair-semés dans cette peuplade.
:
Je ne vous entretiendrai pas longuement, Messieurs, des autres peuplades celtes que je vous ai signalées, et même je vous dirai peu de chose de celle-ci, pour trois raisons : la première, c’est que les monuments druidiques y sont bien moins nombreux que dans celles dont j’ai parlé ; la seconde, c’est que ces monuments diffèrent peu de ceux dont j’ai étudié devant vous les formes et les destinations ; la troisième, c’est que ces peuplades n’appartenant pas en totalité au Morbihan, je les connais peu ou mal, surtout dans les autres départements. La peuplade des forêts s’étend, je crois, dans l’arrondissement de Redon, jusqu’à Messac, au bord de la Vilaine ; et dans l’arrondissement de Montfort, jusqu’à cette ville elle-même. J’ignore entièrement quelles sont ses limites dans les Côtes-du-Nord. Dans cette peuplade, on trouve des alignements en Langon et en Saint-Just ; des grottes aux fées presque partout, mais entre autres lieux, en Augan, en Ploërmel, en La Chapelle et en Cournon ; des tumulus en Médréac et en Saint-Léry ; des cromlec’hs en Tréhorenteuc ; et enfin un peu de tous ces genres de monuments dans l’antique forêt de Brocéliande, aujourd’hui forêt de Paimpont.
Alfred Fouquet note quelques spécificités des mégalithes de la peuplade des forêts. Il reproche au passage à l’abbé Mahé de n’être point archéologue, et de voir des sites religieux là où il faut voir des cimetières celtiques.
[...] on trouve, à Carentoir et à Tréhorenteuc, des groupes de menhirs affectant des dispositions toutes particulières, et dont on cherche en vain d’autres exemples dans le Morbihan. Au village du Gage, en Carentoir, des menhirs formés de blocs de quartz sont disposés en pattes d’oie, sur quatre rangées ; et dans Tréhorenteuc on remarque plusieurs plates-formes, dont une a jusqu’à quarante mètres de longueur sur huit de largeur, qui, toutes élevées au-dessus du sol, sont bordées de menhirs. Mais, pour être disposées ici autrement qu’ailleurs, les menhirs ne changent pas pour cela de caractère, et encore moins de destination ; toujours et partout ils marquent des tombes. Le nom de Jardin-des-Tombes donné, à Tréhorenteuc, aux plates-formes bordées de menhirs dont je parle, vient ajouter un argument de plus aux nombreux arguments que j’ai déjà fait valoir pour étayer mon opinion.Fouquet, Alfred (1853) op. cit., p. 31
Dans son ouvrage, Alfred Fouquet mentionne cinq sites mégalithiques en Brocéliande. La plupart sont aujourd’hui détruits.
- Allée couverte de Brambelay sur le camp de Coëtquidan
- Allée couverte de La Villemarqué sur le camp de Coëtquidan
- Allée couverte de Roherman sur le camp de Coëtquidan
- Le Lémo en Augan
- Le Jardin des Tombes en Néant-sur-Yvel
La forêt de Brocéliande
En 1854, Alfred Fouquet publie un guide du Morbihan qui reprend, à l’usage des touristes, une grande partie des informations contenues dans l’édition de 1853.— FOUQUET, Alfred, Guide des touristes et des archéologues dans le Morbihan, Vannes, Libraire-Editeur A. Cauderan, 1854, Voir en ligne. —
La Deuxième promenade
du chapitre consacré à l’arrondissement de Ploërmel invite le lecteur à visiter les sites mégalithiques d’Augan, et le vallon Saint Couturier. La Quatrième promenade
passe par le château de Trécesson, les vitraux de l’église de Beignon et l’église de Saint-Malo de Beignon.
La deuxième excursion, de Ploërmel à Mauron
, évoque les splendeurs ruinées du château du Bois de la Roche, l’église de Mauron, les monuments mégalithiques de Tréhorenteuc et la forêt de Brocéliande. — Fouquet, Alfred (1854) op. cit. pp. 82-84 —
La poésie du moyen-âge a célébré les hauts faits d’armes des chevaliers de la Table-Ronde, le luth des bardes a vibré pour les amours et les enchantements du vieux Merlin et de la fée Viviane ; et si le touriste tient à visiter le théâtre de ces hauts faits et de ces enchantements, qu’il pénètre dans l’antique forêt de Brocéliande qui, sous le nom prosaïque de forêt de Paimpont, s’étend jusqu’au territoire de Tréhorenteuc qu’elle couvrait autrefois ; il pourra goûter encore l’eau si pure, mais sans vertu, de Barenton ; il pourra voir, sous les roseaux et les vases d’une pièce d’eau qu’enceint un cromlec’h, le lieu où repose Merlin ; mais en place de tours enchantées, de châteaux merveilleux, de prieurés et d’abbayes de religieux et de dames, il trouvera une usine métallurgique dans laquelle le minerai se transforme non plus sous la baguette d’une fée, mais sous le souffle de puissantes machines, sous le poids d’énormes marteaux, que l’industrie, fée de nos jours, fait marcher à son gré.
Contes populaires
Alfred Fouquet a collecté trois contes et légendes populaires de la région de Guer. — FOUQUET, Alfred, « Le Pays de Guer », in Légendes, contes et chansons populaires du Morbihan, Vannes, Caudéran, 1857, p. 82-90, Voir en ligne. —
Le chapitre intitulé Le Pays de Guer commence par la légende de saint Gurval, fondateur de la paroisse. Il se poursuit avec la légende des lutins du château de Coëtbo et se termine par la celle de La Piphardière ou Bête de la Lohière, collectée au Loutehel (Ille-et-Vilaine).
Un recueil de contes et légendes, tirés de l’édition de 1857, est paru en 2020. Il comprend cinq légendes dont celle de La Piphardière du Loutehel 9.— FOUQUET, Alfred, Le sorcier de Loyat : et autres légendes morbihannaises, Stéphane Batigne éditeur, 2020, (« Croyances et traditions populaires en Bretagne »). —