1918-2007
Mauguet, Hubert
Né à Paimpont, Hubert Mauguet (1918-2007) est tour à tour charbonnier, carrier, mouleur aux forges de Paimpont. Après guerre, il est de nouveau carrier, maçon et cageotier. Accordéoniste amateur, il écrit aussi un conte intitulé Mon petit chevreuil.
Éléments biographiques
Hubert Mauguet est né le 13 octobre 1918 à Paimpont. Son père, Edmond Mauguet, ouvrier agricole, est né en 1865. Sa mère Anne Marie Guyomard est née en 1876.
Mon père a travaillé vingt-sept ans dans une carrière, à Jacob, pas seulement, après ailleurs, alors, le jeudi on avait pas d’école, j’allais aider à mon père. Je mettais un supplément sur la table, parce-que c’était la misère totale. — Interview d’Hubert Mauguet par Laurent Goolaerts en 2002 —
À 12 ans, il arrête l’école et commence à travailler à la carrière du lieudit « Jacob », à l’entrée sud du bourg de Paimpont. En 1933, âgé de 15 ans, il devient aide charbonnier pour Jean Caro 1. Il travaille par la suite en tant que bûcheron et ouvrier agricole.
Je gagnais ma croute là quand même, Parce que quand j’étais ouvrier agricole, j’avais cinq francs par jours, et nourri. — Interview d’Hubert Mauguet par Laurent Goolaerts en 2002 —
Le 17 janvier 1941, il se marie avec Esther Bossard (1922-2017), fille d’une famille de cageotiers du Cannée.
Il décède le 14 octobre 2007 à Ploërmel (Morbihan).
1936 — Mouleur à la fonderie de Paimpont
En février 1936, Hubert Mauguet est embauché comme mouleur à l’atelier de fonderie Edet des Forges de Paimpont.
Dans un premier temps, il travaille à la fabrication de cendriers, de grilles, de couvercles de marmites, de chaudières et de chaudrons en compagnie de la petite dizaine de mouleurs de l’atelier. Par la suite, Hubert Mauguet coule de l’aluminium pour répondre aux nouvelles demandes métallurgiques engendrées par la création d’une moissonneuse-batteuse par l’entreprise Guillotin de Gaël. — DANIEL, Mathieu, LE BIHAN, Jean-Pierre et S.I.V.U. FORGES ET MÉTALLURGIE EN BROCÉLIANDE, « Le Fer en Brocéliande », Psiam productions, 2007. —
En 36, j’ai travaillé aux Forges de Paimpont, comme mouleur chez Edet. Alors, à l’époque, on gagnait douze sous de l’heure. On faisait huit heures bien sur. Alors mon père à l’époque avait soixante-dix ans. Y m’dit comme ça, écoute mon gars, faut quitter les Forges. J’ai soixante-dix ans, je gagne plus cher que toi. Alors j’ai demandé au patron, monsieur Edet, après un an, de me donner une augmentation. Eh ben, y m’dit non, encore six mois. Ben le lundi, je donne ma démission, je dis à mon patron, je ne tiens pas à faire fortune chez vous, je pars. — Interview d’Hubert Mauguet par Laurent Goolaerts en 2002 —
1936 - 1940 — Retour aux carrières
En 1936, Hubert Mauguet retourne travailler en carrière. Il rejoint son père, alors âgé de soixante-dix ans à la carrière de Cannes en Saint-Thurial.
Alors on a été dans une carrière là à Cannes, travailler la pierre maçonne pour Rennes, on installait ça sur wagon. Et puis alors, j’ai quitté. Le métier de carrier, c’est très dur, très dur. Parce que dans les carrières, quand on faisait de la pierre brute, c’est à dire de la pierre qu’on pouvait soulever, on avait neuf francs du mètre cube - (silence) - neuf francs du mètre cube. Et alors, en pierre cassée à la massette, douze francs. Alors en mètre cube, il en faut hein. Là avec mon père, j’avais déjà pris de l’âge, on gagnait de l’argent un petit peu, sans plus quoi. Et puis alors, je suis parti, j’en pouvais plus. — Interview d’Hubert Mauguet par Laurent Goolaerts en 2002 —
1943-1944 — Le S.T.O.
En 1943, réquisitionné pour le S.T.O. 2, Hubert Mauguet est placé dans une blanchisserie utilisée par l’armée allemande près de « la Paillette » à Rennes. Sa fonction l’amenant à travailler en compagnie de femmes, un ami lui propose d’échanger les postes pour une journée. Hubert Mauguet accepte. Le jour venu, une explosion a lieu à la blanchisserie, tuant son ami sur le coup. Considérant qu’il s’agit là d’un signe, il déserte le S.T.O. en compagnie d’un tirailleur sénégalais et d’un boxeur. Leur projet est de se rendre en forêt de Paimpont afin de se cacher et d’y trouver l’aide de la famille d’Hubert. Alors qu’ils arrivent à Paimpont et s’engagent dans la ligne droite entre le Pavillon des Forges et l’entrée du bourg, ils rencontrent un jeune officier SS qui leur demande leurs papiers et attaque Hubert Mauguet avec son sabre. Hubert pare le coup avec son avant bras, qui en gardera la cicatrice. Le boxeur se jette sur l’officier allemand, le frappe et le laisse inconscient dans le fossé. Les trois hommes s’enfuient et se cachent en forêt, dans la vallée de la Moutte, durant les derniers mois de la guerre. — Interview d’Hubert Mauguet par Laurent Goolaerts en 2002 —
1941-1949 — Le cageotier
Hubert Mauguet apprend à faire des cages 3 durant la seconde guerre mondiale.
C’est mon beau-père qui m’a appris à faire les cages, en 1941. J’ai pas mis longtemps à m’y mettre. Il m’a appris de la main droite, mais la deuxième cage que j’ai faite, je l’ai faite avec la main gauche. Ça a bien marché, j’ai continué pendant sept ans, huit ans. Le métier de cageotier c’est un art.
Comme les autres cageotiers, il ramasse les matériaux nécessaires à la confection de ses paniers en forêt. Les montants sont faits en chêne ou châtaignier, le bouleau sert à faire les anses et la bourdaine le fond et le tressage. Le ramassage s’effectue sous la surveillance du garde forestier qui lui délivre une attestation.
En forêt de Paimpont on était tellement à courir la bourdaine. Un gars pouvait toujours être passé avant. On pouvait perdre sa journée à serrer [ramasser] la bourdaine.
Hubert Mauguet vend ses productions aux marchés locaux, notamment ceux de Plélan, Guer, Mauron et Ploërmel auxquels il se rend sur un petit attelage à deux roues tracté par un chien.
Fallait des cages bien fortes parce qu’y avait de la concurrence. Quand on allait sur les foires, y avait 60 ou 70 cages.
Comme les autres cageotiers de la forêt de Paimpont, il vend aussi ses cages à des magasins rennais comme « Gruel-Faillard », rue de la Monnaie, ou « Chez Dubois », rue Vasselot.
On dit que le métier de cageotier nourrissait son homme. C’est tout. Y a pas de bénéfices. On a eu quatre enfants, c’était la misère.
1951- 195 ? — Le carrier
En 1951, Jean Chevrel ferme la carrière de Jacob et commence l’exploitation d’une nouvelle carrière de grès armoricain destiné à l’empierrement des routes dans la vallée de la Moutte 4. Hubert Mauguet y est embauché en compagnie de deux autres ouvriers.
À cette époque, il continue à fabriquer des cages le soir et travaille comme journalier dans les fermes le samedi.
Un jour que la machine à concasser la pierre est en panne, et alors qu’Hubert Mauguet et deux autres employés tentent de la remettre en marche, la machine explose. Les deux compagnons d’Hubert sont tués sur le coup, laissant Hubert Mauguet indemne. Cet accident le détermine à quitter la carrière. — Interview d’Hubert Mauguet par Laurent Goolaerts en 2002 —
195 ?- 19 ? — Le tailleur de pierre
Hubert Mauguet commence alors à exercer la profession de maçon-tailleur de pierre. En 1986, il est interviewé à ce propos par Gaby Marcon de l’Écomusée de Montfort.
Quand je me suis fait embaucher la première fois, j’ai dit au patron, « Je suis tailleur de pierre », il m’a répondu « C’est bien », et comme on dit, « C’est au pied du mur qu’on voit le maçon ». On m’a mis alors à faire de la maçonnerie à l’écossaise.
1935-2007 — L’accordéoniste
Hubert Mauguet a huit ans, en 1926, lorsque son frère lui offre un harmonica. Il commence à jouer de l’accordéon diatonique à dix-sept ans et débute selon ses propres dires par « La Madelon ». Pendant quatre ans, il mène les bals de conscrits et les noces à Paimpont. Il interrompt sa pratique de l’accordéon pendant la Seconde Guerre mondiale. À la sortie de la guerre, il ne joue plus en public mais seulement sur son lieu de travail, à la carrière de la Moutte, lors de ses pauses méridiennes.
À sa retraite, il anime les fêtes locales et le club du troisième âge de Paimpont. Il s’associe alors avec Roger Manigault (1930- ?) de Maxent qui possède un vaste répertoire de chants de marche.
Présent dès les premières éditions des fêtes gallèses de Monterfil, il transmet un répertoire traditionnel ignoré jusque-là.
Fidèle des veillées des Amis du Moulin du Châtenay, il participe aux animations musicales qui ont lieu au moulin.
En juillet 1987, le journaliste Yves Quentel enregistre une émission pour Radio Armorique en direct de Paimpont. Il y interview Camille Jehanin, patronne du café, épicerie, mercerie de Concoret, Gilles Morin, ainsi qu’Hubert Mauguet qui lui fait entendre le son de son accordéon. — QUENTEL, Yves, « Émission Radio-Armorique », Concoret, 1987. —
Un morceau interprété par Hubert Mauguet et chanté par Roger Manigault - Sur les bords de la Vilaine - est disponible sur Dastumedia, base de données en ligne de Dastum. — MAUGUET, Hubert et MANIGAULT, Roger, « Sur les bords de la Vilaine », sans date, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne. — Cette version de la chanson a été intégrée à une compilation de musiques traditionnelles bretonnes interprétées à l’accordéon. — DIVERS ARTISTES, « Sonneurs d’accordéon en Bretagne », Vol. 7, La Bouéze - Chasse-Marée, 1994, (« Anthologie des chants et musiques de Bretagne »). —
1998 — Le collectage de Christophe Simon
Hubert Mauguet est enregistré le 2 mars 1998 par Christophe Simon, linguiste et enseignant de gallo. — SIMON, Christophe, « Enquête auprès de Hubert Mauguet - Paimpont », 1998, Voir en ligne. — Ce collectage a porté sur :
Des mimologismes
- — MAUGUET, Hubert, « Imitations d’oiseaux et mimologismes », 1998, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne. —
Des appels pour les bêtes
- — MAUGUET, Hubert, « Les appels pour les bêtes », 1998, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne. —
Des devinettes
- — MAUGUET, Hubert, « Devinettes », 1998, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne. —
Des bahoteries
- — MAUGUET, Hubert, « Les bahoteries », 1998, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne. —
- — MAUGUET, Hubert, « Crapóyaud n’est pas corr mort, », 1998, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne. —
Crapóyaud n’est pas corr mort, il est sur son lit malade, Crapóyaud n’est pas corr mort, il est sur son lit qui dort
- — MAUGUET, Hubert, « Y’a un nid d’ geai dans l’pomier », 1998, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne. —
Y’a un nid d’ geai dans l’pomier, j’entend les petits qui chantent, y’a un nid d’ geai dans le pomier j’entend les petits chanter
2007 - Un conte écrit par Hubert Mauguet
En juin 2007, interviewé par un étudiant roumain en master de sociologie, Hubert lui révèle l’existence d’un conte qu’il a écrit en 1989. — MANTESCU, Liviu, Une nouvelle forêt : réorganisation sociale de la forêt de Paimpont. Étude sociologique des représentations et de la néo-ruralité, Mémoire présenté en vue de l’obtention du Master 2 Recherche, mention Sociologie, Rennes II, 2007, 52 p., Voir en ligne. pp. 88-89 —
Ce conte, Mon petit chevreuil
, est publié en 2007 dans un ouvrage consacré aux charbonniers de la forêt de Paimpont. — GLAIS, Pascal, GOOLAERTS, Laurent et CHENU, Frédéric, Charbonniers de Brocéliande : L’art de la fouée, Amis de la Bibliothèque de Paimpont, 2007, 86 p., Voir en ligne.
[pages 82-83] —
En 2016, il fait l’objet d’une adaptation par la conteuse Marie Tanneux lors des Rendez-vous avec la Lune.