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1951-1999

Morin, Gilles

Un "ch’va de d’vant" de la culture gallèse

Gilles Morin (1951-1999) est un acteur essentiel du renouveau du mouvement gallo de 1978 à 1988. Président des Amis du Parler Gallo, il est à l’origine des Assemblées Gallèses en Brocéliande.

Rebelle permanent, Gilles avait une forte personnalité. Par la force des choses ses propos ont parfois pu être mal compris, mais il a marqué très fortement le mouvement gallo de sa personnalité.

MICHON, Rolland, « Lettres à un Gallésant », 2009, Voir en ligne.

Éléments biographiques

Les parents de Gilles Morin habitent Trégomar (Côtes-d’Armor) où son père est cantonnier et sa mère ménagère. Trois filles et un fils naissent de leur union dont Gilles né en 1951 à Saint-Brieuc.

Gilles est élevé durant ses trois premières années par sa grand mère maternelle au village du Haut-Bourg en Trégomar pendant que ses parents travaillent dans une exploitation agricole à Jersey. C’est au contact de ses grands-parents, que dès son enfance, il s’imprègne du parler gallo ; Mathurin, Matao ou Mataù, le prénom de son grand-père lui servira de nom de plume.

Gilles Morin au chêne de Trébran en Concoret en 1987
Jacky Ealet

Gilles commence sa scolarité avec un instituteur de Trégomar - Gabriel Le Coq - adepte de la pédagogie Freinet. Il fréquente ensuite le collège de Pléboulle (Côtes-d’Armor) puis le Lycée de Lamballe et obtient son bac à l’âge de 15 ans. Il devient professeur agrégé d’Histoire après cinq années d’étude à l’Université de Rennes II. De 1974 à 1981, il enseigne l’Histoire, la Géographie et l’Éducation civique en région parisienne puis à Plouha, Saint-Brieuc et dans plusieurs établissements bretons.

De 1977 à 1989 il s’engage activement dans la cause gallèse et devient l’un des principaux acteurs du renouveau de cette langue et de cette culture en Bretagne.

Parallèlement, il s’engage avec fougue et ferveur dans une croisade en faveur de la renaissance et du parler de Haute-Bretagne : le gallo. Jeune militant, il déploie sans compter son talent et son énergie bouillonnante. Il comprend immédiatement que l’avenir du gallo passe par l’enseignement.

ANONYME, « Gilles Morin nous a quitté », Les infos du Pays de Ploërmel, Aout, Ploërmel, 1999, Voir en ligne.
Gilles Morin aux Assemblées Gallèses de 1982
Guy Larcher

Rattrapé par ses excès, Gilles Morin se retire progressivement de toute activité publique à partir de 1989. Il décède à Gaël en aout 1999, à l’âge de 47 ans.

Lors de ses obsèques célébrées le 23 aout 1999 à Montfort, son grand complice, Albert Poulain, lui a rendu un vibrant hommage en gallo, évoquant l’engagement et la vie de son ami : une vie tracée à 150 à l’heure : « Sur ! Tu nous n’as appris ! T’a secouë le cocotier. Le gallo est parti au trot et ben vite au galop. Jemé on n’eut tant d’monde à tirë la cherue depé St-Brieux au Pays de Retz. »

ANONYME, « Gilles Morin nous a quitté », Les infos du Pays de Ploërmel, Aout, Ploërmel, 1999, Voir en ligne.

Un hommage à Gilles Morin a été rendu en 2012 à l’occasion du colloque Défense et Promotion des Langues d’Oïl à Plaintel (Côtes-d’Armor). —  SIMON, Crisstof et DERENNES, Jacky, « Gilles Morin - rebelle pertinent. Hommage à Gilles Morin. », Plaintel, 2012, p. 24, Voir en ligne. —

Un intellectuel du parler Gallo

A partir de 1977, Gilles Morin s’engage à bras le corps dans la défense et le renouveau du parler gallo. Intellectuel atypique et hors norme, il agit pour sa cause à l’intérieur des institutions - Éducation nationale et Université - ainsi que dans le militantisme associatif.

Auteur de thèses et de nombreux articles, son action s’étend aussi à la production d’une pensée sur l’histoire et les fondations intellectuelles du militantisme gallo.

La différence entre un patois et une langue relève aussi du politique et conduit à s’interroger sur les sciences du langage. Vouloir maintenir le gallo dans le ghetto du patois ou l’impasse du vieux français, c’est contribuer à dessaisir les gens qui le parlent de leur capacité à avoir une histoire propre et les considérer comme incapables d’évoluer et de créer.

SIMON, Crisstof et DERENNES, Jacky, « Gilles Morin - rebelle pertinent. Hommage à Gilles Morin. », Plaintel, 2012, p. 24, Voir en ligne.

1978-1987 — Les Amis du Parler Gallo

Les Amis du Parler Gallo se sont constitués en 1976. Gilles Morin rejoint l’association en 1977 et en devient président en 1978. Durant sa présidence, il établit l’organisation annuelle des Assemblées Gallèses et crée la revue de l’association.—  MORIN, Gilles, « Les Amis du parler gallo : Compte-rendu de l’assemblée générale 1981 », Bulletin intérieur des Amis du parler gallo, Vol. 6, 1981. —

Manifestation des Amis du Parler Gallo
Gilles Morin (au milieu)
Roland Michon

Cette revue intitulée « Le Lian » (aujourd’hui « Le Liaun ») parait à partir de l’hiver 1978. Gilles Morin assure la direction de la publication. Il y signe de nombreux articles (voir bibliographie) dont certains en lien avec Brocéliande.

  • —  MORIN, Gilles, « Les zombies de la celto droite : réponse à Artus et à quelques autres », Le lian, 1981, p. 2-3, Voir en ligne. —
  • —  MORIN, Gilles, « Ernestine Lorand de la découverte à la fin de l’ignorance », Le lian, Vol. 24, 1984, p. 13, Voir en ligne. —
  • —  MORIN, Gilles, « Les Assemblées Gallèses : ou le 18 juin gallo », Le lian, 1986, p. 10-12, Voir en ligne. —
  • —  MORIN, Gilles, « Littérature orale et écrite ou le dépassement des patoiseries », Le lian, 1986, p. 18-20, Voir en ligne. —

En 1982, il publie deux poèmes en gallo sous le pseudonyme de Mataù Guihalon dans un numéro spécial du Lian sur la Littérature gallèse contemporaine.

  • —  GUIHALON, Mataù, « Matrichule 00 », in Anthologie de littérature gallèse contemporaine, N° 12-13-14 du Lian, Les amis du parler Gallo, 1982, p. 18, Voir en ligne. —
  • —  GUIHALON, Mataù, « Octante été », in Anthologie de littérature gallèse contemporaine, N° 12-13-14 du Lian, Les amis du parler Gallo, 1982, p. 109, Voir en ligne. —

1980 — Le Lerg

Le L. E. R. G. (Laboratoire d’Étude et Recherche Gallèses) est un centre de recherche sur le patrimoine culturel et linguistique gallo fondé en 1980 par L’Institut Armoricain de Recherches Économiques et Humaines dépendant de l’Université de Rennes II.

Dès son origine, Gilles Morin, prépare et anime les cycles de conférences sur la culture gallèse qui se déroulent au siège de l’institution, place saint Melaine à Rennes. Il en assure aussi les permanences.

C’est avec plaisir que j’ai accepté, en tant que chargé de cours de l’Université de Haute-Bretagne (Rennes II), de lancer officiellement, le 13 février 1980, et d’animer le Centre d’Étude et de Recherches sur les Parlers et la Civilisation de Haute-Bretagne, rattaché à l’Institut Armoricain de Recherches Économiques et Humaines de Rennes II, ce centre est devenu, il y a quelques mois, le Laboratoire d’Étude et de Recherches Gallèses.

Gilles Morin in FLEURIOT, Léon, HENRY-REBOURS, Jacqueline, LAGRÉE, Michel, [et al.], Etudes et de recherches Gallèses, Vol. 1, Rennes, Lerg, 1982, (« Cahiers du Laboratoire d’études et de recherches Gallèses »).

En 1982, il publie un article sur Les compagnons de Merlin dans les Cahiers du Laboratoire d’Étude et de Recherches Gallèses. Il s’y intéresse à l’histoire de ce groupe de défense de la culture gallèse fondé en janvier 1939 et dont les assemblées générales étaient prévues dans l’un des centre sis et autour de la forêt de Brocéliande.—  MORIN, Gilles, « Les Compagnons de Merlin », Cahiers du Laboratoire d’études et de recherches Gallèses, 1982, p. 111-155. —

Galerne n°3 : les Compagnons de Merlin
Morvan Marchal

En 1988, il préface le deuxième volume des Cahiers du Lerg —  MORIN, Gilles, « Avant-propos », in Le Gallo et les langues celtiques, Vol. 2, Ploërmel, Etudes et Recherches Gallèses, 1988, (« Etude et recherches gallèses »), p. 9-10, Voir en ligne. —

L’enseignement du gallo

Gilles Morin est avec Christian Leray à l’origine de la reconnaissance du gallo par les institutions. —  MORIN, Gilles et LERAY, Christian, « Les amis du parler Gallo », L’éducateur, 1981, p. 25-30, Voir en ligne. —

En 1976, Christian Leray - en tant qu’instituteur spécialisé - prend en compte l’expression orale et écrite d’enfants en difficulté à l’École nationale de perfectionnement de Rennes. Le but est de réconcilier ces élèves avec l’école et de développer leur expression écrite et orale. Adepte de la pédagogie Freinet, ce pédagogue fait paraître des textes libres en gallo dans le journal de coopérative.

Il joue également un rôle de premier plan - en tant que vice président du Conseil Culturel de Bretagne 1 - dans l’élaboration de la Charte culturelle de Bretagne, pièce essentielle pour l’implantation de l’enseignement du gallo, validée par l’État en 1977. Le gallo y est certes qualifié de parler mais le préambule mentionne qu’il s’agit d’assurer à la langue bretonne et au parler gallo ainsi qu’à leurs cultures spécifiques, les moyens nécessaires à leur développement y compris dans l’enseignement et à la radio-télévision.

En 1979, Les Amis du parler gallo, présidée par Gilles Morin, militent pour l’enseignement de la langue de la maternelle à l’université et pour un cursus de formation pour les enseignants. L’Association des enseignants de gallo, créée en 1983 par Gilles Morin devient l’interlocutrice privilégiée du rectorat pour la mise en place de cours de gallo dans le premier et le second cycle.

En 1982, le Rectorat de Rennes crée un poste de Conseiller Pédagogique Gallo à l’École Normale de Rennes, attribué à Christian Leray, ainsi qu’un poste de Chargé de mission pour l’enseignement secondaire et supérieur attribué à Gilles Morin.

D’abord, Monsieur le Recteur de l’Académie de Rennes a déchargé entièrement de service deux enseignants : Christian Leray et Gilles Morin. [...] Le second est chargé d’une mission de coordination des activités de formation en matière de langue, culture et civilisation gallèses et il est maintenant rattaché au collège rennais de Binquenais classé, comme de nombreux autres établissements de la Bretagne gallèse en Zone d’Éducation Prioritaire (Z.E.P.). En conjuguant leurs efforts ces deux enseignants ont proposé un Unité de Formation (U.F.) « langue, culture et civilisation gallèses » aux élèves de troisième années de l’École Normale de Rennes.

ANONYME, « Ecole Normale et Université », Le lian, 1982.
Christian Leray et Gilles Morin à Concoret dans les années 1980
Jacky Ealet

En septembre 1982, la première U.F. de Gallo (Unité de Formation pour les futurs professeurs des écoles) est créée. Les cours sont assurés par Christian Leray et Gilles Morin.

En 1982, une option facultative de gallo aux baccalauréats généraux et technologiques est mise en place, ainsi qu’un cours de gallo par correspondance au C.N.E.D. de Rennes.—  LE COQ JAHIER, André, « 1977-2007 : 30 ans d’enseignement du gallo », Cahiers de sociolinguistique, Vol. 1 / 12, 2007, p. 225-234, Voir en ligne. —

Gilles Morin est chargé de cours à l’université de Haute-Bretagne en 1982, quand le recteur lui confie une mission pédagogique pour la prise en compte de la langue et de la culture régionale dans les zones d’éducations prioritaires (ZEP) de la partie gallèse de l’académie. Il obtient au cours de cette mission que le gallo soit enseigné dans les collèges et lycées.

Gilles Morin et les élèves du LEP de Josselin
Jacky Ealet

En septembre 1989, il est le premier professeur à obtenir un poste à temps plein pour le parler gallo.

Gilles Morin en Brocéliande

1979-1980 — Angèle Vannier, Gilles Morin et Brocéliande : une prise de conscience

Les premières références de Gilles Morin à Brocéliande datent de 1979. Dans l’éditorial d’un numéro du Lian consacré à Bazouges-la-Pérouse, il présente Angèle Vannier, dont la démarche, du terroir au miroir, n’a pas étouffé les racines gallèses.

Gilles Morin et la poétesse se sont rencontrés aux Assemblées Gallèses de 1979 à Plédéliac où Angèle Vannier, accompagnée de Maripol se sont produites.

Dans un entretien accordé à Armor Magazine - Jugé très intéressant par Gilles Morin - la poétesse insistait sur les racines celtiques des gallésants 2.

Le courant celtique est bien sûr difficile à définir. C’est une manière d’être, de relation au monde et aux êtres. Les gallos doivent comme les autres rechercher leurs racines les plus profondes. Il faut aller du gallo au celte !

VANNIER, Angèle, « Il faut aller du gallo au celte », Le lian, 1979, p. 23, Voir en ligne.

La rencontre avec la poétesse, ses théories et son recueil de poémes - Brocéliande que veux tu ? - paru en 1979, favorisent la prise de conscience chez Gilles Morin de l’importance de Brocéliande en tant que possible étendard du parler gallo.

Maintenant que l’équation vrai breton bretonnant est chaque jour davantage remise en cause, il est intéressant de montrer que la langue bretonne n’est pas l’unique condition du retour vers la Celtie. [...] On semble presque toujours oublier que les mythologies celtes se retrouvent aussi en Bretagne orientale et ... qu’on parle gallo ... à Brocéliande.

MORIN, Gilles et BRAJEUL, Rémy, « Editorial : de Bazouge à Brocéliande », Le lian, 1979, p. 4-5, Voir en ligne.

1981-1988 — Les Assemblées Gallèses en Brocéliande

Après deux années passées à Plédéliac, les Amis du Parler Gallo relocalisent les Assemblées Gallèses à Concoret en Brocéliande.—  MORIN, Gilles, « Les Assemblées Gallèses : ou le 18 juin gallo », Le lian, 1986, p. 10-12, Voir en ligne. —

L’établissement des Assemblées à Concoret tient à la conjonction d’un maire - Jean Aubert - très favorable à des animations sur la culture gallèse dans sa commune, d’un tissu associatif local sensible à la cause gallèse - Chom’te et Les Amis du Moulin du Chatenay - et à l’intérêt pour Brocéliande de Gilles Morin.

Après la première édition de Plédéliac, on vit ainsi arriver en juillet 1980 au château de la Hunaudaye, des stagiaires du pays de Ploërmel aujourd’hui bien connus, comme Catherine Aubert, Jacques Bonno, Yann Dour, Jacqueline et Jean-Charles Michel. Ce dernier était alors objecteur de conscience et il nous parla, lors du bilan des deux années passées à Plédéliac, de la commune de Concoret qu’il avait eu l’occasion de découvrir. Patrick Lebrun, notre seul adhérent du pays de Brocéliande plaida avec conviction pour ce choix et la rencontre avec Jean Aubert, le maire, emporta la décision, car les qualités de l’homme ne tenaient pas à son écharpe.

MORIN, Gilles, « Les Assemblées Gallèses : ou le 18 juin gallo », Le lian, 1986, p. 10-12, Voir en ligne.
Assemblées gallèses en Brocéliande de 1984
Rozenn Yardin

Gilles Morin a repris à son compte l’idée d’Angèle Vannier de rapprocher les gallèsants de leurs racines mythologiques. Il estime en effet que la culture gallèse à besoin de fondations puissantes pour pouvoir se faire connaitre et rayonner à nouveau. Dès lors, il inscrit l’action des Amis du Parler Gallo, association dont il est président, en forêt de Brocéliande.

Gilles Morin anime des stages lors des Assemblées Gallèses en Brocéliande.

  • Contes, légendes et poésies de la Bretagne Gallèse de 1986 à 1988
  • Langue gallèse : initiation et pratique de 1983 à 1985
Gilles Morin et Albert Poulain aux Assemblées Gallèses de Concoret
Jacky Ealet

Ses stages de langue gallèses sont coanimés par Ernestine Lorand, Jean-Luc Ramel ou Bertrand Aubrée.

Stage de gallo aux Assemblées Gallèses
De gauche à droite : Ernestine Lorand, Yvonne Presse, Marie Dequé et Gilles Morin
Guy Larcher

Le point commun de toutes vos activités c’est le gallo. Comment vous y êtes-vous intéressé ?
Bertan Ôbrée — J’ai commencé à m’y intéresser à l’âge de 16 ans, en 1983. Je suis tombé sur un article qui parlait des assemblées gallèses qui avaient lieu à Concoret. En juillet, j’y ai suivi un stage de gallo avec Gilles Morin. Quand je suis revenu chez moi j’ai commencé à collecter. Et à la rentrée, j’ai pris l’option au bac au lycée La Poterie à Rennes.

PLACE PUBLIQUE, et OBRÉE, Bertran, « Bertran Ôbrée, le chantre du gallo », 2015, Voir en ligne.
Ernestine Lorand à la godinette en compagnie de Gilles Morin - Assemblées Gallèses
Guy Larcher

Eve de Guérande

Gilles Morin a exercé ses talents de conteur et de chanteur à l’occasion de festivals gallèsants comme lors de La Truite du Ridor à Plémet (Côte-d’Armor). —  MORIN, Gilles, « La roche choumée de Guihalon + le renard et le corbeau + poème de Bernard Le Borgne », Plémet (Côtes-d’Armor), 1987, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne. —

En 1986, il fonde Ève de Guérande groupe à géométrie variable mêlant chants, musiques, danses, poésies, contes et légendes de Bretagne gallèse.

Affiche « Eve de Guérande »
Groupe de Gilles Morin, Yann Dour, Christophe Guillemot (1986)
Rozenn Yardin
  • Gilles Morin — poésies, contes et légendes en gallo
  • Christophe Guillemot — harpe celtique
  • Yann Dour — accordéon
  • Michel Ourhemanov — violon

Le premier concert d’Ève de Guérande a lieu le 29 novembre 1986 au Moulin du Chatenay en Paimpont. Le groupe s’est par la suite produit à la Morgane Taverne de Tréhorenteuc, aux Assemblées Gallèses de Brocéliande à Concoret ou à la Bogue d’or de Redon.

Un habitant de Concoret et Gaël

En mars 1987, Gilles Morin achète la propriété Chomaud, située place de l’église (Actuellement place du Pâtis-Vert) au cœur du bourg de Concoret (Morbihan).

Maison de Gilles Morin à Concoret
Tableau commandé par Gilles Morin à l’occasion de la création de l’œil vert de Brocéliande en 1987.
Daniel Yardin

Gilles Morin décide d’habiter à Concoret. Il y réside depuis quelques mois lorsqu’il apprend que l’ancienne ferme-manoir du Pont-Gérard en Gaël est en vente (bâtiment + 6500 m2). Sans le moindre bout de terrain dans le bourg de Concoret... le petit fils de paysan emprunte pour retrouver le plaisir de marcher en sabot de bois sur la terre nourricière.

Profession de foi in MORIN, Gilles, « Dossier de candidature aux élections municipales de Concoret de 1989 », 1989, Voir en ligne.

La ferme-manoir du Pont-Gérard en Gaël (Ille-et-Vilaine) est rapidement achetée et les travaux de rénovation commencent à l’automne 1987. Gilles Morin y réside jusqu’à sa mort.

Rénovation du manoir du Pont Gérard par Gilles Morin en octobre 1987
Daniel Yardin

L’œil vert de Brocéliande

L’œil vert de Brocéliande est une association créée par Gilles Morin en 1987 dans sa maison du bourg de Concoret. Une bibliothèque, deux pièces de consultation et d’audition ont notamment pour vocation d’accueillir des stages à partir de l’automne 1987.—  ANONYME, « Départ des Compagnons batisseurs et présentation de l’Oeil vert de Brocéliande », 28 aout au 4 septembre 1987, 206, sans date, p. 6, Voir en ligne. —

Vernissage à l’oeil vert de Brocéliande en 1987

Camille Jehanin de Concoret

En juillet 1987, le journaliste Yves Quentel enregistre une émission pour Radio Armorique en direct de Concoret. Il y interview Camille Jehanin, patronne du café, épicerie, mercerie de Concoret, ainsi qu’Hubert Mauguet. Il se rend à la Feuvraie en compagnie de Gilles Morin chez les Hervé afin d’y parler production de lait ribot à l’ancienne. —  QUENTEL, Yves, « Émission Radio-Armorique », Concoret, 1987. —

Gilles Morin - Radio-Armorique
—  QUENTEL, Yves, « Émission Radio-Armorique », Concoret, 1987. —

Camille Jehanin décède en décembre 1987. Gilles Morin a laissé un poème manuscrit en son hommage, intitulé Un poète qui n’oublie pas—  MORIN, Gilles, « Un poète qui n’oublie pas », Concoret, 1987, 5 p., Voir en ligne. —

Un candidat aux élections municipales de 1989

Inspiré par la candidature de Coluche aux élections présidentielles de 1981, Gilles Morin se présente aux élections municipales de Concoret de 1989. Autoproclamé papillon vert, il se présente seul face à la liste de son ami et maire sortant Jean Aubert.

Bulletin de vote de Gilles Morin aux élections municipales de Concoret en 1989

Sa candidature révèle un programme ambitieux et original dont les deux motivations principales sont la lutte contre le remembrement - qu’il renomme démembrement - , ainsi que la remise en cause des actions menées par la municipalité sortante. Au soir du premier tour, il comptabilise 46 voix soit près de 10 % des votes.—  MORIN, Gilles, « Dossier de candidature aux élections municipales de Concoret de 1989 », 1989, Voir en ligne. —

Qu’est ce qu’il aime ?
—  MORIN, Gilles, « Dossier de candidature aux élections municipales de Concoret de 1989 », 1989, Voir en ligne. —
Gilles Morin

Il ne sera finalement pas élu - au grand soulagement des concorétois - lors du second tour.

Les Fêtes Gallèses de Monterfil

Gilles Morin est l’auteur d’un article consacré à l’organisation du Concours de Monterfil dans lequel il recadre son organisateur, André Ronceray, pour ses propos sur la langue gallèse.

« La démarche d’identité gallèse » et donc bretonne, ne peut se nourrir uniquement de cochon grillé (certes savoureux et bien plus traditionnel chez nous que le méchoui ou couscous) et de Graal (non négligeable cependant, puisque comme nous y invitait Angèle Vannier dans le n°2-3 du Lian, « il faut aller du gallo au celte »).

MORIN, Gilles, « Musique bretonne, le concours de Monterfil, Les Amis du Parler Gallo et le Lian », Musique Bretonne, 1988, p. 16-17, Voir en ligne.

Rencontres et témoignages

Évoquer Gilles Morin à travers ses seules actions militantes dans le mouvement gallo ne permet pas de saisir l’ampleur du personnage. Ses capacités intellectuelles hors-normes, son charisme, sa volonté ont eu pour pendant une originalité débridée, des excès mémorables, de prodigieuses bourlingues, qui ont marqué ceux qui l’ont rencontré. Suscitant tour à tour respect, rejet, attachement ou sidération, Gilles Morin a laissé un souvenir puissant et différent à tous ceux qui l’ont approché.

1984 — Roland Michon

Rolland Michon est l’auteur d’un film documentaire en hommage à Gilles Morin.

La première fois que j’ai rencontré Gilles Morin, en 1984, c’était tout à fait par hasard, dans un coin de forêt, en Brocéliande, à la fin des ces Assemblées Gallèses que je ne connaissais pas. Dès mes premiers échanges avec lui, il m’a parlé du gallo, de « sa langue », de sa culture. Et ceci a pris pour moi rapidement des allures de manifeste pour une culture qui m’était étrangère : manifeste électrifié, de brume et de braises, manifeste quotidien, de bouche, d’œillade, de creux, de survie, manifeste insurrectionnel, manifeste d’une autre réalité. Un véritable manifeste artistique. Parce qu’il était comme cela, Gilles, proche et bien loin des « contous », des « disous », des « empogneries d’goules », des « fricots » et autres « gallésades », qui formaient « le renouveau » de la culture gallèse, mais aussi conscient que cette langue romane – héritée du latin populaire que les populations de Bretagne orientale avaient conservé et transmis de siècle en siècle – était un trésor.

MICHON, Rolland, « Lettres à un Gallésant », 2009, Voir en ligne.

1988-1995 — Albert Poulain

Albert Poulain et Gilles Morin ont entretenu de solides liens d’amitié et de respect concernant leur engagement dans la cause gallèse.

En 1985-1986, les deux militants montent un Projet d’Action Éducative sur l’artisanat du bois et du mobilier traditionnel en Bretagne au L.E.P. de Josselin —  EALET, Jacky, « Josselin : passé du bois, présent d’un style », Les Informations - Le pays, 28 05, Ploërmel, 1986, p. 27, Voir en ligne. —

En 1999, Albert Poulain prend la parole lors de son enterrement afin de rendre hommage à son action en faveur du gallo.

Lors de ses obsèques célébrées le 23 aout 1999 à Montfort, son grand complice, Albert Poulain, lui a rendu un vibrant hommage en gallo, évoquant l’engagement et la vie de son ami : une vie tracée à 150 à l’heure : « Sûr ! Tu nous n’as appris ! T’a secouë le cocotier. Le gallo est parti au trot et ben vite au galop. Jemé on n’eut tant d’monde à tirë la cherue depé St-Brieux au Pays de Retz. »

ANONYME, « Gilles Morin nous a quitté », Les infos du Pays de Ploërmel, Aout, Ploërmel, 1999, Voir en ligne.

Bibliographie

FLEURIOT, Léon, HENRY-REBOURS, Jacqueline, LAGRÉE, Michel, [et al.], Etudes et de recherches Gallèses, Vol. 1, Rennes, Lerg, 1982, (« Cahiers du Laboratoire d’études et de recherches Gallèses »).

LEBRUN, Patrick, « Dix ans de défense de la culture gallèse », Ouest-France, 1986, Voir en ligne.

ANONYME, « Gilles Morin nous a quitté », Les infos du Pays de Ploërmel, Aout, Ploërmel, 1999, Voir en ligne.

MICHON, Rolland, « Lettres à un Gallésant », 2009, Voir en ligne.

PLACE PUBLIQUE, et OBRÉE, Bertran, « Bertran Ôbrée, le chantre du gallo », 2015, Voir en ligne.

SIMON, Crisstof et DERENNES, Jacky, « Gilles Morin - rebelle pertinent. Hommage à Gilles Morin. », Plaintel, 2012, p. 24, Voir en ligne.

Œuvres de Gilles Morin

MORIN, Gilles, « La diglossie en Bretagne gallèse », Actes du Colloque international de socio-linguistique de Montpellier, Montpellier, 1981.

MORIN, Gilles, LE COQ, Gabriel et LE COQ DE BANVILLE, Annick, « Préface : Chome tei Gabriel », in Harpe celtique en Bretagne Gallèse, Plérin, Les Amis du Parler Gallo, 1981, p. 2-5, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Les Compagnons de Merlin », Cahiers du Laboratoire d’études et de recherches Gallèses, 1982, p. 111-155.

MORIN, Gilles et GALLO, Jacques, « La Bretagne Réelle : point de vue gallo », Les Cahiers de la Bretagne Réelle, 1985, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Langue, culture et littérature gallèse au XXe siècle », in Histoire littéraire et culturelle de la Bretagne, Vol. 3, Champion, 1987, p. 253-264.

MORIN, Gilles, « Avant-propos », in Le Gallo et les langues celtiques, Vol. 2, Ploërmel, Etudes et Recherches Gallèses, 1988, (« Etude et recherches gallèses »), p. 9-10, Voir en ligne.

Articles de Gilles Morin

MORIN, Gilles, « Quoi de neuf pour le gallo ? », in Monterfil 80 : samedi 28 et dimanche 29 juin, Monterfil, Carrefour de la Gallésie, 1980, p. 7, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Défense et promotion des langues d’oil : l’exemple du gallo », Médias et langages, 1983, p. 54.

MORIN, Gilles, « Le retour des langues d’oil », L’éducation, 1983, p. 30-33.

MORIN, Gilles, « La Bretagne d’aujourd’hui ne se conjugue toujours pas au pluriel », Pluriel, 1983, p. 46.

Bulletin intérieur des Amis du parler gallo

MORIN, Gilles, « Les Amis du parler gallo : Compte-rendu de l’assemblée générale 1981 », Bulletin intérieur des Amis du parler gallo, Vol. 6, 1981.

MORIN, Gilles et LERAY, Christian, « Les amis du parler Gallo », L’éducateur, 1981, p. 25-30, Voir en ligne.

Le Lian

MORIN, Gilles et BRAJEUL, Rémy, « Editorial : de Bazouge à Brocéliande », Le lian, 1979, p. 4-5, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Un café - animation en pays gallo : la Kérouézé à Jugon-les-Lacs », Le lian, 1979, p. 46-49, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Mai Breton 79 et parler gallo », Le lian, 1979, p. 133-134, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Joseph Morin est mort », Le lian, 1979, p. 34-41.

MORIN, Gilles, « François Duine (1870-1924) : maillon important de la chaine des études gallèses », Le lian, 1979, p. 60-62.

MORIN, Gilles, « Les zombies de la celto droite : réponse à Artus et à quelques autres », Le lian, 1981, p. 2-3, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, BAUGE, Jean-Yves et CORBEL, Pierre, Anthologie de littérature gallèse contemporaine, N° 12-13-14 du Lian, Les amis du parler Gallo, 1982, 119 p.

MORIN, Gilles, « Ernestine Lorand de la découverte à la fin de l’ignorance », Le lian, Vol. 24, 1984, p. 13, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Le 31 janvier 1976.. ou la véritable naissance des Amis du Parler Gallo », Le lian, 1986, p. 4-6, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Les Assemblées Gallèses : ou le 18 juin gallo », Le lian, 1986, p. 10-12, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Littérature orale et écrite ou le dépassement des patoiseries », Le lian, 1986, p. 18-20, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Eugène Cogrel », Le lian, Vol. 41-42-43, 1987, p. 10, Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Avant-propos », in Le Gallo et les langues celtiques, Vol. 2, Ploërmel, Etudes et Recherches Gallèses, 1988, (« Etude et recherches gallèses »), p. 9-10, Voir en ligne.

Articles et poèmes publiés dans le Lian sous le nom de Mataù Guihalon

GUIHALON, Mataù, « La truite du Ridor », Le lian, Vol. 6, 1980, p. 5, Voir en ligne.

GUIHALON, Mataù, « Matrichule 00 », in Anthologie de littérature gallèse contemporaine, N° 12-13-14 du Lian, Les amis du parler Gallo, 1982, p. 18, Voir en ligne.

GUIHALON, Mataù, « Octante été », in Anthologie de littérature gallèse contemporaine, N° 12-13-14 du Lian, Les amis du parler Gallo, 1982, p. 109, Voir en ligne.

GUIHALON, Mataù, « Malik Horn », Le lian, 1986, p. 34-35, Voir en ligne.

Musique Bretonne

MORIN, Gilles, « Musique bretonne, le concours de Monterfil, Les Amis du Parler Gallo et le Lian », Musique Bretonne, 1988, p. 16-17, Voir en ligne.

Documents manuscrits

MORIN, Gilles, « Un poète qui n’oublie pas », Concoret, 1987, 5 p., Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « Dossier de candidature aux élections municipales de Concoret de 1989 », 1989, Voir en ligne.

Archives sonores

MORIN, Gilles, « Mon père m’a donné-t-un mari », Plémet (Côtes-d’Armor), 1978, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne.

MORIN, Gilles et FERNAND, David, « Projet de journal parlé sur cassette / Bibliothèque parlée », Vol. 1, Dolo (Jugon-les-Lacs ; Côtes-d’Armor), 1981, (« Le lian qui cause - Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne.

MORIN, Gilles, « La roche choumée de Guihalon + le renard et le corbeau + poème de Bernard Le Borgne », Plémet (Côtes-d’Armor), 1987, (« Archive sonore disponible sur Dastumedia »), Voir en ligne.


↑ 1 • Le Conseil culturel de Bretagne ou C.C.B. a été créé par la charte culturelle bretonne signée en 1977 entre l’État, l’établissement public régional de Bretagne et les conseils généraux des Côtes-d’Armor, du Finistère, d’Ille-et-Vilaine, de la Loire-Atlantique et du Morbihan. Créé pour cinq ans afin de donner un avis sur la répartition des crédits de la Charte culturelle et sur la politique culturelle régionale, le Conseil culturel, maintenu par la volonté du Conseil régional de Bretagne, a évolué progressivement pour devenir un organisme consultatif de coordination et de représentation des associations culturelles bretonnes.

↑ 2 • Dans un hommage à Angèle Vannier paru en 1980, il revient sur le lien de la poétesse avec le gallo et Brocéliande, insistant sur le fait qu’elle ait utilisée un mot de gallo - kerkols - pour son poème, dénommant la période symbolique allant des derniers jours d’avril aux premiers jours de mai.—  MORIN, Gilles, « Angèle Vannier », Le lian, 1980, p. 8, Voir en ligne. —