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 ? - 1452

Olivier Guiho

Abbé de Notre-Dame de Paimpont de 1407 à 1452

Olivier Guiho, est abbé de Notre-Dame de Paimpont de 1407 à 1452. Durant les cinquante ans de son abbatiat, il entreprend d’important travaux d’embellissement de l’église et crée la légende de Judicaël fondateur de l’abbaye de Paimpont.

La famille Guiho de Pipriac

Olivier Guiho appartient à la famille Guiho, de la Pipelais, en Pipriac. Elle possède comme armoiries un chevron accompagné de trois annelets. Elle donne trois abbés à Paimpont 1.

Une famille possédant des terres à Pipriac, les Guiho, a donné plusieurs abbés à l’abbaye Notre-Dame de Paimpont : Guillaume de 1363 à 1402, Raoul de 1402 à 1407 et Olivier de 1407 à 1452. Ce dernier reconstruisit l’abbaye en partie détruite par les guerres du XIVe siècle. Pour augmenter ses revenus, l’abbaye est dotée à la fin du XIIIe siècle, de prieurés limitrophes de Pipriac à Bruc et à Saint-Seglin. [...] Cette famille semble avoir possédé un « manoir » important à Pipriac : le manoir de la Pipelais, sur la route actuelle de Saint-Seglin. Il est pour le moins troublant de voir que cette famille a en quelque sorte monopolisé la direction de l’abbaye de Paimpont. [...] Ces Guiho de Pipriac sont-ils liés au puissant Amaury Guiho, membre de la cour des comptes du duc ?

GUERIN-GUILLONNET, Madeleine, « Jean Brito de Pipriac : premier imprimeur breton », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 2001, p. 29-56.

Comme le suppose Madeleine Guérin-Guillonnet, la famille Guiho entretient des liens avec la cour des ducs de Bretagne. Amaury Guiho, seigneur de la Muce et receveur des comptes du duc est le fils de Jehan Guiho, maitre d’hôtel du duc Jean IV en 1434 et membre du conseil du duc en 1441 2. —  BLANCHARD, René, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne, Actes de 1407 à 1419, Vol. 4, Nantes, Société des bibliophiles bretons, 1890, (« Archives de Bretagne »), Voir en ligne. p. 80  — Jehan 3 et Amaury Guiho sont apparentés aux trois abbés qui se sont succédé à Paimpont ainsi qu’à Guillaume Guiho, archidiacre du Porhoët en 1412 4.

La réputation de sa famille, qui produisit un archidiacre de Porhoët et trois abbés, ne put que soutenir les ambitions d’un Amaury Guiho.

KERHERVÉ, Jean, L’État breton aux 14e et 15e siècles : les ducs, l’argent et les hommes, Vol. 2, Paris, Maloine s.a. éditeur, 1987. [page]

L’abbé de Notre-Dame de Paimpont

Trois historiens s’accordent sur la présence d’Olivier Guiho en tant qu’abbé de Notre-Dame de Paimpont de 1407 à 1452 et le placent entre Raoul Guiho et Guy de Coëtlogon.

  • Dom Taillandier, continuateur de Dom Morice, le situe comme treizième abbé de Paimpont (entre Raoul Guiho et Guy de Coëtlogon).

OLIVIER GUIHO fut élu en 1407 & rendit aveu au Duc l’an 1411. pour les biens de son Abbaye situés sous le Ressort de Ploërmel. Il fit compiler les Statuts Synodaux 5 du Diocèse de S. Malo, & rebâtir les édifices de son Abbaye, qui tomboient en ruine. Le Nécrologe met sa mort au vingt-cinquième jour de Février l’an 1452.

TAILLANDIER, Dom Charles, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 2, Paris, Imprimerie Delaguette, 1756, Voir en ligne. p. 134
  • Pour Jean-Barthélemy Hauréau, éditeur du Gallia Christiana au 19e siècle, Olivier Guiho est le treizième abbé de Paimpont (entre Raoul Guiho et Gui de Coëtlogon).

XIII. Olivarius Guiho eligitur anno 1407, transigit cum Guillelmo de Brenéan anno 1408, et duci fidem spondet anno 1411. Ejus martyrologium viii cal. Februarii meminit : anno 1452

HAURÉAU, Jean-Barthélemy, Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas, Vol. 14, Paris, Firmin Didot Frères, 1856, Voir en ligne. p. 1035
  • Guillotin de Corson le classe quatorzième abbé de Paimpont (entre Raoul Guiho et Gui de Coëtlogon).

XIV — Olivier GUIHO fut élu après la mort du précédent, en 1407, et transigea dès l’année suivante avec un certain Guillaume de Brénéan. Il rendit aveu au duc de Bretagne le 25 juillet 1411. D’après D. Morice, Olivier Guiho « fit compiler les statuts synodaux du diocèse de Saint-Malo et reconstruire les édifices de son abbaye qui tombaient en ruines » ? C’est donc à cet abbé que l’on doit une partie de l’église actuelle de Notre-Dame de Paimpont, où il est lui-même représenté deux fois, agenouillé, la crosse en main, aux pieds des statues de saint Judicaël et de saint Méen ; à côté de lui figure son écusson, orné d’une crosse posée en pal et portant : un chevron accompagné de trois annelets. Olivier Guiho mourut le 25 février 1452.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. p. 680
Roger Blot

Sur la liste des abbés du Livre noir de Painpont, Olivier Guiho est mentionné en tant que treizième abbé de Paimpont de 1408 à 1452. — Livre noir de Painpont op. cit., p. 461 —

Olivier Guiho dans des actes liés à l’abbaye de Paimpont

L’accord de 1407

Un acte de 1414 qu’aucun historien ne signale est collationné dans le Livre noir de Painpont. Il mentionne un accord daté de 1407 entre Olivier Guiho et Martin Cassi à propos d’une maison.

1414 - Grieffe faite par Olivier Guiho abbé de Paimpont à Martin Cassi d’une maison l’an 1407

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne. p. 473

L’acte de 1408

Selon Jean-Barthélemy Hauréau et Guillotin de Corson, Olivier Guiho transigea en 1408 avec Guille de Brénéan 6. Cet acte est collationné dans le Livre noir de Painpont.

1408 - Accord fait entre Olivier Guiho abbé de Paimpont et Guille seigneur de Brenean pour raison d’une redevance d’une mine de seigle blé.

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne. p. 472

L’acte de 1411

Dom Taillandier, Jean-Barthélemy Hauréau et Guillotin de Corson mentionnent l’aveu rendu au duc par Olivier Guiho en 1411. Guillotin de Corson précise la date : Il rendit aveu au duc de Bretagne le 25 juillet 1411. 7

Cet aveu est mentionné par Vincent Barleuf vers 1670. Judicaël s’y trouve pour la première fois présenté en tant que fondateur de l’abbaye au 7e siècle.

L’abbaye de Notre-Dame de Paimpont, Diocèze de Sainct-Malo en Bretaigne, a este fondée par Judicaël, que le vulgaire appelle Giquel, Roy de Bretagne, en l’an 645. [...] Cet hermitage, par succession de temps, fut érigé en paroisse, à cause que la forest qui lui est voisine commençoit a estre habitée, et, depuis, en prieuré dépendant de l’abbaye St-Méen en Gaël, en laquelle ledict Judicaël, après avoir volontairement quitté son royaume, se retira, l’ayant fondée et dotée de grand revenus, avec toutes ses dépendances, entre lesquelles étoit le prieuré de Painpont, duquel il a toujours été recognue pour fondateur ainsy que font foy les anciens actes de ceste abbaye, et, entre aultres, un de l’an 1411,

BARLEUF, abbé Vincent, « Relation de l’Abbaye de Nostre-Dame de Painpont en Bretagne, Ordre des Chanoines réguliers de la Congrégation de France », Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine 5 J 164, 1670, Voir en ligne.

L’acte de 1418

Un acte de 1418, qu’aucun de ces trois historiens ne signale, est collationné dans le Livre noir de Painpont. Il mentionne un accord entre Olivier Guiho et le chapitre 8 de Rennes à propos du prieuré Saint-Martin de Rennes.

1418 - Nomination faite par le chapitre de Rennes d’un religieux de l’abbaye de Paimpont pour desservir la chapelle st. Martin de Rennes. Le significat qui en a été fait à frère Olivier Guiho, abbé de la d. abbaye en 1418.

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne. p. 480

Un premier acte de 1421

Un acte de 1421, collationné dans le Livre noir de Painpont, qu’aucun de ces trois historiens ne signale, mentionne un accord passé entre l’abbé de Paimpont et Anne de Laval à propos des droits concernant les trois foires annuelles tenues à Mauron.

1421 - Un accord fait entre l’abbé et religieux de l’abbaye de Painpont d’une part et Pierre Lovet et Jean Jocet comme procureurs de noble chevalier messire Raoul du Boscher au nom et comme curateur de noble et puissant le sire de Gavre et de Montfort et comme procureurs généraux approuvés de noble et puissante dame, dame Anne de Laval et de Gaël d’autre part. La dite dame de Laval, mère du dudit Sieur de Gavre, pour raison des droits de foires que la dame de Laval disait avoir de faire tenir trois foires dans l’année à Moron suivant les lettres du duc Jean de l’an 1421 qui lègue en accordant les droits, les lettres données à Rennes, signées par le commandement du duc J. Cador [?] et sur le reply par le duc en son conseil où étaient les évêques de St. Brieuc et de Léon, messire chancelier, le président messire Pierre Eder, Jean de Limellec, Raoullet Eder, Jean Chauvin, ledit accord de l’an 1421.

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne. p. 470

Un second acte de 1421

Un autre acte daté de 1421, collationné dans le Livre noir de Painpont, qu’aucun de ces trois historiens ne signale, mentionne une dette entre Olivier Guiho et un particulier.

1421 - Une dette faite par Olivier Guiho abbé de Painpont à un particulier d’une pièce de terre.

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne. p. 472

L’acte de 1424

Un acte de 1424, collationné dans le Livre noir de Painpont, qu’aucun de ces trois historiens ne signale mentionne un aveu rendu par Olivier Guiho au duc de Bretagne.

1424 Olivier abbé de Painpont rend aveu pour son temporel à la juridiction de Ploërmel pour ce qu’il tient du Duc.

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne. p. 473

1434

Olivier Guiho est cité comme conseiller d’Anne de Laval (1385-1466), la mère de Guy XIV, en 1434. —  COPY, Jean-Yves, Art, société et politique au temps des ducs de Bretagne, Aux amateurs de livres, 1986, 294 p. [page 189] —

L’acte de 1452 du nécrologe de Painpont

Selon le nécrologe de l’abbaye de Paimpont, il meurt le 25 février 1452. — Livre noir de Painpont op. cit., p. 431  —

Le rénovateur de l’abbaye de Paimpont

Tous les historiens s’accordent pour dire qu’Olivier Guiho a effectué d’importants travaux pour relever l’abbaye de Paimpont. On sait cependant peu de choses des transformations qui accompagnent cette restauration.

Dom Taillandier écrit qu’il fit rebâtir les édifices de son Abbaye, qui tomboient en ruine.

Selon Vincent Barleuf, les travaux entrepris par Olvier Guiho auraient aussi concerné la chaussée de l’étang.

[...] Oliverius Guiho, insigne personnage et 13e abbé dudict lieu, pendant l’espace de cinquante ans, qui a, de son temps, presque rebasti toute l’abbaye, et faict ceste admirable chaussée d’estang voisin du mesme lieu, proteste qu’il ne relève prochainement que du Duc de Bretaigne, son souverain seigneur, nonobstant que, pour recognoissance des biens faicts à son abbaye par les seigneurs de Lohéac et Montfort, il ait faict mettre leur armes à la principalle et maistresse pierre de ladicte chaussée, celles du Duc étant de tout temps au lieu plus éminent de la grande vittre de l’église.

BARLEUF, abbé Vincent, « Relation de l’Abbaye de Nostre-Dame de Painpont en Bretagne, Ordre des Chanoines réguliers de la Congrégation de France », Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine 5 J 164, 1670, Voir en ligne.
Roger Blot

En dehors de ces deux citations, aucun document ne permet de connaitre la réalité des travaux entrepris par Olivier Guiho. L’analyse architecturale de l’église abbatiale de Paimpont permet cependant de dater de nombreux éléments du 15e siècle faisant très certainement partie des travaux réalisés par l’abbé.

  • L’église à vaisseau unique est transformée en croix latine avec carré de transept. Un voûtement en ogive, prévu sur l’ensemble de l’église, se limite finalement au chœur et au transept.

Quoique la réalisation soit exceptionnelle chez nous (seules les cathédrales furent totalement voûtées), on voit bien que ce n’est pas un travail très maîtrisé. On est vraiment très au ras des ouvertures, notamment de la rosace, et les chapiteaux par exemple, n’ont pas été achevés. Le voûtement de la nef, prévu lui aussi, tourna court. Des départs d’ogives, forcements postérieurs au carré de transept, furent mis en place.

BLOT, Roger et GOOLAERTS, Laurent, « Église Notre-Dame de Paimpont (3) », Église en Ille-et-Vilaine, 2012, p. 16-17, Voir en ligne.
  • Des fresques décoratives et narratives, encore en partie visibles aujourd’hui, ornent murs et voûtes du chœur et du transept.
Roger Blot
  • L’abbé fait aussi construire une nouvelle chapelle à l’appui du transept sud, qui servira d’ossuaire au 18e siècle. Elle fait aujourd’hui office de chapelle baptismale.

Les représentations d’Olivier Guiho

Les statues de saint Judicaël et de saint Méen

Olivier Guiho est représenté dans la statuaire de l’église abbatiale de Paimpont, agenouillé en prière au pied des statues de saint Judicaël et de saint Méen. Sur le socle de ces deux statues figurent ses initiales et ses armoiries. Leur analyse stylistique permet de penser que la statue de Judicaël est plus récente que celle de saint Méen.

Malgré la similitude de l’iconographie et des orfrois de la mitre et des gants avec la statue de Saint Judicaël, le traitement du drapé plus lourd et plus anguleux et le type de crosse à édicule du donateur plaident pour une datation plus avancée dans le 15e siècle.

RIOULT, Jean-Jacques, « Statue de saint Méen », 1994, Voir en ligne.
Roger Blot

Cette iconographie inscrit saint Méen et saint Judicaël comme fondateurs de l’abbaye de Paimpont et Olivier Guiho comme le continuateur de leur œuvre.

Le bras reliquaire de saint Judicaël

Selon une « tradition » mentionnée pour la première fois en 1907 9, le duc de Bretagne François II et Marguerite de Foix - sa seconde épouse - offrent le bras reliquaire de saint Judicaël à l’abbaye de Paimpont.

Nous remettons cette « tradition » en cause et pensons - comme l’attestent les initiales « OG » gravées sur la manche du bras reliquaire - que cette pièce d’orfèvrerie a été offerte par le duc de Bretagne Jean V à l’abbaye de Paimpont, alors sous l’autorité de l’abbé Olivier Guiho, dans la première moitié du 15e siècle.

Bras-reliquaire de saint Judicaël : initiales à la liaison de la manche et de la main
(c) Inventaire général, ADAGP
Norbert Lambart

Les vitraux disparus

Pendant près de cinquante ans, Olivier Guiho est l’abbé de Paimpont. Son action est tellement marquante que ses successeurs représentent ses funérailles sur un vitrail du chœur de l’église abbatiale. Ce vitrail aujourd’hui disparu est mentionné par Vincent Barleuf au milieu du 17e siècle.

[...] on voit encore dans une viltre de cette abbaye de Painpont, qui est proche du maistre autel au costé de l’évangile, un panneau où sont dépeints quelques religieux, vestus de l’ancien habit de Sct-Victor qui font des funérailles d’un bon abbé, nommé Oliverius Guiho, qui avoict, ainsi que avons dict cy-dessus, réparé presque toute la maison.

BARLEUF, abbé Vincent, « Relation de l’Abbaye de Nostre-Dame de Painpont en Bretagne, Ordre des Chanoines réguliers de la Congrégation de France », Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine 5 J 164, 1670, Voir en ligne.

Olivier Guiho — Hypothétique abbé de Notre-Dame de Paimpont en 1336

Deux personnages nommés Olivier Guiho sont cités comme abbés de Notre-Dame-de-Paimpont, le premier dans la première moitié du 14e siècle, le second dans la première moitié du 15e siècle. Si l’existence du second Olivier Guiho (1407-1452) est absolument certaine, celle de son homonyme du 14e siècle nous parait, quant à elle, infondée.

Olivier Guiho, abbé de Paimpont, dans un acte de 1336

Un dénommé Olivier Guiho est mentionné sur un acte du livre noir de Painpont, daté de 1336.

Grieffe faite par Olivier Guiho abbé de Painpont à la veuve de Macé Gayet d’un héritage de l’an 1336

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne. p. 473

L’auteur de la transcription du livre noir de Painpont dans le manuscrit BNF 22322 a dans un premier temps écrit : Olivier Guiho abbé de Painpont. Puis, lui-même ou un autre auteur ont, dans une deuxième temps, rayé cette mention. Cette correction du texte est à mettre en corrélation avec un autre extrait du manuscrit BNF 22322 reprenant la liste chronologique des abbés de Paimpont, liste qui n’apparait pas comme la transcription d’un document d’archive mais comme un essai d’inventaire des abbés de Paimpont réalisé par le ou les auteurs du manuscrit au 17e siècle. Le seul Olivier Guiho mentionné dans cette liste est l’abbé du 15e siècle. Aucun homonyme n’y est signalé entre les abbés Matthieu (1314, 1316) et Guillaume du Plessis (1342). — Livre noir de Painpont op. cit., p. 461 —

Livre noir Painpont - 1316-1342
Pas trace de Guiho entre Matthieu et du Plessis

L’avis des historiens

De fait, les avis des historiens divergent sur l’existence d’un dénommé Olivier Guiho, abbé de Paimpont du 14e siècle.

  • Dom Taillandier, continuateur de Dom Morice, sur la foi du seul acte de 1336, le place huitième abbé de Paimpont (entre Matthieu et Geoffroy du Plessis).

OLIVIER GUIHO afféagea quelques terres l’an 1336.

TAILLANDIER, Dom Charles, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 2, Paris, Imprimerie Delaguette, 1756, Voir en ligne. p. 134
  • Guillotin de Corson, reprenant Dom Morice, le classe neuvième abbé de Paimpont (entre Matthieu et Geoffroy du Plessis).

XIV — Olivier GUIHO afféagea quelques terres l’an 1336 dit D. Morice. Cet abbé devait appartenir à la famille Guiho, de la Pipelais en Pipriac : un chevron accompagné de trois annelets.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne. p. 680
  • Jean-Barthélemy Hauréau, éditeur du Gallia Christiana au 19e siècle, ne mentionne pas d’Olivier Guiho au 14e siècle. Matthieu, huitième abbé en 1316 est suivi de Guillaume du Plessis, neuvième abbé en 1342. —  HAURÉAU, Jean-Barthélemy, Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas, Vol. 14, Paris, Firmin Didot Frères, 1856, Voir en ligne. p. 1035 —

Une existence non fondée

L’analyse de la transcription de l’acte de 1336 nous fait aboutir aux mêmes conclusions que celles des auteurs du manuscrit BNF 22322 et de Jean-Barthélemy Hauréau. L’existence d’un abbé de Paimpont du 14e siècle nommé Olivier Guiho ne nous paraît pas fondée. Le seul Olivier Guiho a avoir été abbé de Paimpont a exercé sa charge entre 1407 et 1452 10.


Bibliographie

BARLEUF, abbé Vincent, « Relation de l’Abbaye de Nostre-Dame de Painpont en Bretagne, Ordre des Chanoines réguliers de la Congrégation de France », Archives Départementales d’Ille-et-Vilaine 5 J 164, 1670, Voir en ligne.

BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DE FRANCE, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS, FRANÇAIS 22322, Recueil d’extraits pour servir à l’histoire de Bretagne. (IXe-XVIIe siècle), Manuscrit, 1601-1700, sans date, Voir en ligne.

BLOT, Roger et GOOLAERTS, Laurent, « Église Notre-Dame de Paimpont (3) », Église en Ille-et-Vilaine, 2012, p. 16-17, Voir en ligne.

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, Pouillé Historique de l’archevêché de Rennes, Vol. 2, Rennes, Fougeray éditeur, 1891, Voir en ligne.

GERVY, abbé Louis, « Un grand pèlerinage et un charmant pays (2) », Revue de Bretagne, Vol. 38, 1907, p. 276-293, Voir en ligne.

GUERIN-GUILLONNET, Madeleine, « Jean Brito de Pipriac : premier imprimeur breton », Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 2001, p. 29-56.

HAURÉAU, Jean-Barthélemy, Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas, Vol. 14, Paris, Firmin Didot Frères, 1856, Voir en ligne.

RIOULT, Jean-Jacques, « Statue de saint Méen », 1994, Voir en ligne.

TAILLANDIER, Dom Charles, Histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 2, Paris, Imprimerie Delaguette, 1756, Voir en ligne.


↑ 1 • Guillaume Guiho de 1363 à 1402, Raoul Guiho de 1402 à 1407 et Olivier de 1407 à 1452. Deux historiens mentionnent un premier Olivier Guiho, abbé de Paimpont en 1336, dont l’existence ne nous parait pas fondée.

↑ 2 • 

Jehan Guiho estoit du conseil du Duc, l’an l44l . — Tiltre de Redon. 1470, Acte entre noble et puissant Jehan, sire de la Chapelle et de Molac, et noble escuier Amaury Guiho, seigneur de la Muce, fils de Jehan Guiho et de Jehanne des Brieuc [...]

DU BREIL DE PONTBRIAND, Toussaint, « Encore un ancien armorial breton (suite) », Revue historique de l’Ouest, 1893, p. 543-554, Voir en ligne. p. 553

↑ 3 • Jehan Guiho est-il Jean Guiho mentionné seigneur de la Pipelais en Pipriac en 1441 ?

GUILLOTIN DE CORSON, abbé Amédée, « Statistique historique et monumentale du canton de Pipriac (Arrondissement de Redon, Ille-et-Vilaine), », Bulletin et Mémoires de la Société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, Vol. 7, 1870, p. 159, Voir en ligne. p. 171

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↑ 4 • Guillaume Guiho, archidiacre de Porhoët, à ne pas confondre avec Guillaume Guiho, abbé de Paimpont de 1363 à 1402 puis abbé de Montfort jusqu’à à sa mort en 1410.

Guillaume Guiho, archidiacre de Porhoët en 1412, fonda en 1435 quelques obits dans la cathédrale, après avoir résigné depuis plusieurs années en faveur du suivant.

↑ 5 • Les statuts synodaux sont l’ensemble des prescriptions juridiques, théologiques et pastorales destinées à servir de guide au prêtre dans l’exercice de son ministère quotidien. Ils sont établis dans la première moitié du 13e siècle et connaissent des nuances d’une région à l’autre.

↑ 6 • Brénéan est vraisemblablement un des noms anciens de Bernéant, seigneurie située sur l’actuel camp de Coëtquidan. Guille est peut-être le diminutif de Guillaume, deuxième fils de Pierre II de Brénéan qui parait comme écuyer à la montre de 1380 à Ploërmel.

BELLEVÜE, Xavier de, Le camp de Coëtquidan, Rééd. 1994, Rennes, La Découvrance, 1913. [page 327]

↑ 7 • Il n’existe aucune mention de cet aveu dans le Livre noir de Painpont, où sont pourtant collationnés les documents d’archives les plus importants de l’abbaye.

↑ 8 • Chapitre : assemblée tenue par des religieux d’un ordre ou d’un monastère.

↑ 9 • L’abbé Gervy évoque une tradition selon laquelle le reliquaire aurait été offert par la première épouse du duc François II à l’abbaye de Paimpont, au 15e siècle.

La tradition en fait un don de la duchesse Marguerite de Bretagne [(1443-1469)], épouse de François II.

GERVY, abbé Louis, « Un grand pèlerinage et un charmant pays (2) », Revue de Bretagne, Vol. 38, 1907, p. 276-293, Voir en ligne. page 284

↑ 10 • On peut envisager une erreur de transcription dans le livre noir : 1336 à la place de 1436, ce qui correspondrait à l’époque où l’abbé du 15e siècle officiait.