1853-1930
Le Claire abbé Jacques Marie
Prêtre, érudit et archéologue
L’abbé Le Claire, aumônier du couvent de l’Action de Grâces de Mauron, est un érudit qui a publié des ouvrages de référence sur des localités du Morbihan. C’est également un précurseur de l’archéologie dans la région de Mauron dans les années 1920.
Éléments biographiques
Jacques Marie Le Claire est né le 2 décembre 1853 à Noyal-Muzillac (Morbihan) 1. Son père Guillaume-Marie Le Claire, maçon, est originaire de ce bourg où il est né le 6 juillet 1809 2. Sa mère, Perrine Monnier, ménagère, est originaire de Saint-Jean-des-Marais en Rieux, actuel Saint-Jean-de-la-Poterie, où elle est née le 8 avril 1818 3. Guillaume-Marie Le Claire et Perrine Monnier se marient le 23 juin 1845 à Saint-Jean-des-Marais 4.
Jacques Marie est leur cinquième enfant 5. Les sept enfants de la famille Le Claire ont tous un prénom composé avec Marie, ce qui témoigne d’une dévotion particulière de leurs parents pour la Vierge Marie 6. — BLÉCON, Jean, « Histoire et Patrimoine de l’ancienne paroisse de Guer », sans date. —
Très jeune, des ennuis de santé lui font perdre un œil. Remarqué par le clergé de sa paroisse, il est envoyé au petit séminaire puis au grand séminaire de Sainte-Anne d’Auray. Sitôt ordonné prêtre le 22 décembre 1877, il y revient en qualité de surveillant.
Le 4 février 1878, il est nommé vicaire à Carentoir, qu’il doit quitter en 1896 en raison d’ennuis de santé. Il est alors nommé aumônier des Dames Carmélites de Vannes le 17 février 1897, mais ne peut rester dans ce poste car il ne supporte pas les fréquentes périodes de jeûne qui lui sont imposées. À la Toussaint 1900, il devient aumônier du couvent de l’Action de Grâces de Mauron et y restera jusqu’à sa mort en 1930. — F.R., « Nécrologie de l’abbé Le Claire », Semaine religieuse du Diocèse de Vannes, Vol. 30 / 12 juillet 1930, 1930, p. 487. —
1894-1920 — Premiers écrits, premières publications
L’abbé Le Claire emploie une partie de son temps à étudier l’histoire locale. Entre 1894 et 1924, cinq de ses études sur des paroisses Morbihannaises sont publiées.
1894 — La châtellenie de La Gacilly
Sa première publication est un opuscule sur La Gacilly paru en 1894.
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « La châtellenie de La Gacilly », Revue Morbihannaise, Vol. 3-4, 1893, p. 275-287, 293-311. —
1895 — L’Ancienne Paroisse de Carentoir
L’année suivante, il publie son premier véritable ouvrage, une histoire de Carentoir.
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, L’Ancienne Paroisse de Carentoir, Librairie Lafolye, 1895. —
Il partait toujours à pied, la canne à la main, son sac sur le dos, légèrement penché déjà, vers les fermes et les villages souvent très éloignés de cette grande paroisse : il profitait de ces courses fréquentes tantôt pour suivre le tracé d’une voie romaine, tantôt pour interroger les vieilles croix des chemins creux, tantôt pour inspecter de la cave au grenier les gentilhommières délabrées, tantôt pour visiter les châteaux dont les propriétaires qui furent toujours ses amis, lui ouvraient leurs archives et lui confiaient leurs papiers de famille... Et l’abbé Le Claire heureux de passer ses après-midis et ses soirées à déchiffrer ces vieux grimoires dans une chambre, où, par esprit de mortification, il ne faisait jamais de feu. C’est de ce travail acharné que sortit son premier ouvrage, l’histoire de Carentoir.
1914 — L’ancien château de Mauron
Sa nouvelle charge d’aumônier du Couvent de l’Action de Grâces de Mauron - à partir de 1900 - lui offre des périodes de loisirs qu’il utilise notamment à la poursuite d’études et de publications sur l’histoire locale.
En 1914, il publie le résultats de ses recherches sur l’ancien château de Mauron.
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « L’ancien château de Mauron : son emplacement, son histoire, le lieu de la bataille Première partie », Revue de Bretagne, Vol. 51, 1914, p. 281-299, Voir en ligne. pp. 281-299 —
1915 — L’Ancienne Paroisse de Guer
En 1915, il édite une volumineuse histoire de la paroisse de Guer.
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, L’Ancienne Paroisse de Guer, Hennebont, Imprimerie Charles Normand, 1915, Voir en ligne. —

Cet ouvrage comprend l’évocation de huit légendes du pays de Guer.— LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, L’Ancienne Paroisse de Guer, Hennebont, Imprimerie Charles Normand, 1915, Voir en ligne. —
- La vallée lumineuse du Thélin — Le Claire, Abbé (1915) op. cit., p. 29 —
- La vierge de Saint-Étienne de Guer— Le Claire, Abbé (1915) op. cit., p. 102 —
- La légende de Saint-Nicolas et des trois petits anges— Le Claire, Abbé (1915) op. cit., p. 119 —
- La belle Jeannette ou la bête de la Lohière— Le Claire, Abbé (1915) op. cit., p. 157 —
- Les lutins du moulin de la Hâtaie— Le Claire, Abbé (1915) op. cit., p. 233 —
- La légende des Touches 7 — Le Claire, Abbé (1915) op. cit., p. 297 —
- Le chasseur fantôme de Porcaro— Le Claire, Abbé (1915) op. cit., p. 325 —
- Le couteau des landes de Coëtquidan— Le Claire, Abbé (1915) op. cit., p. 326 —
1920 — Saint-Léry
En 1920, il entame une histoire manuscrite de la paroisse de Saint-Léry qui sera publiée en 1924.
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Saint Léry », Mauron, 1920, 90 p., Voir en ligne. —
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, Saint-Léry, monastère et paroisse, vie du saint.., Rennes, Imprimerie du Nouvelliste, 1924, 112 ; XXIII p. —
1923-1927 — Un membre de l’Association Bretonne
Membre actif de l’Association Bretonne à partir de 1923, l’abbé fait part de ses recherches sur l’histoire de la région lors des congrès annuels dans lesquels il intervient jusqu’en 1927.
Sa première conférence porte sur l’origine de l’abbaye de Saint-Méen 8.
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Recherches sur l’emplacement du premier monastère de Saint-Méen », Bulletin Archéologique de l’Association Bretonne, Vol. 34, 1923, p. 63. —

L’abbé se penche alors sur deux figures médiévales de la région, Éon de l’Étoile en 1923, puis saint Judicaël en 1924.
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Éon de l’Étoile en Brocéliande », Bulletin Archéologique de l’Association Bretonne, Vol. 34, 1924, p. 178. —
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Saint Judicaël au pays de Gaël », Bulletin Archéologique de l’Association Bretonne, Vol. 35, 1925, p. 1. —
Il intervient à nouveau sur l’abbaye de Saint-Méen au cours du congrès de Rennes de 1925.
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Les transformations de l’abbaye de Saint-Méen », Bulletin Archéologique de l’Association Bretonne, Vol. 37, 1926, p. 67. —
Il laisse de nombreux manuscrits inédits dont quelques travaux historiques sur les villages mauronnais, réalisés à partir des fonds notariés et des archives du château du Boyer.
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Vieilles maisons au bourg de Mauron », Mauron, 1929, 110 p., Voir en ligne. —
- — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Manoirs disparus ; Maisons et familles nobles », Mauron, 1929, 122 p., Voir en ligne. —

Sa vue baissant, il ne peut plus se consacrer à la recherche érudite et se tourne vers l’archéologie.
1925-1929 — Les fouilles archéologiques
L’abbé entreprend des fouilles archéologiques dans la région de Tréhorenteuc, Néant-sur-Yvel et Mauron entre 1925 et 1929.
Les taquineries de ses confrères, certaines désillusions, certaines trouvailles très modernes ne l’arrêtèrent jamais et les habitants de Mauron le voyaient partir, presque chaque matin, la canne à la main, vers les collines du Lescu, de Folle-Pensée ou de Tréhorenteuc, et revenir le soir, plus penché que le matin, sous le poids des fatigues du chemin, et aussi sous le poids qu’il trouvait léger, des débris de poteries et de briques anciennes qu’il avait pu découvrir.
L’abbé Le Claire dirige des fouilles dans des sites prometteurs situés dans les environs de Mauron, au hameau du Lescu et au Bois Delé, à la Ville aux Feuves en Néant ou aux Mazeries, près du bourg de Tréhorenteuc. Il y met au jour des structures gallo-romaines. Ses travaux seront publiés en partie dans le journal de l’Association Bretonne et ses fouilles suivies par la Société Polymathique du Morbihan.
Le Bois Delé en Mauron
Intrigué par la tradition qui fait du « Bois Delé » l’origine du premier bourg de Mauron, l’abbé Le Claire entreprend des fouilles en octobre 1925. Accompagné de quelques ouvriers, il met au jour les fondations d’un habitat de 8,40 m sur 8,70 m avec des murs de 0,40 mètre d’épaisseur. Il y trouve des fragments de poteries sigillées et un graffite.
Les fouilles interrompues par le mauvais temps et l’impatience du propriétaire reprennent en mars 1926. Sur une parcelle proche, l’abbé exhume un mur formant un cercle d’environ 32 mètres de circonférence, à l’intérieur duquel se trouvent deux bases de colonnes creuses se faisant face. Guidé par une femme du hameau de Bourien, il découvre près de cette enceinte une pièce régulière d’environ 2,50 mètres de côté, puis une autre de 3 à 4 mètres en maçonnerie soignée, dans laquelle ont été retrouvés des débris de briques, de poteries diverses et de tuiles courbes. Sur une autre parcelle, un mur aboutit à un bâtiment d’environ 3 x 3 mètres, avec un dallage en ciment romain. Ce mur, composé de briques intactes reliées avec du ciment et de l’ardoise, mesure 0,40 mètre de haut. Deux autres murs, dans un parfait état de conservation, prolongent cette construction.
Depuis les fouilles inachevées de l’abbé Le Claire, aucune campagne archéologique n’a été entreprise. — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Fouilles récentes à Mauron », Bulletin Archéologique de l’Association Bretonne, Vol. 38, 1926, p. 33-35, Voir en ligne. —
Louis Marsille, président de la Société Polymathique du Morbihan, se rend sur les lieux le 5 septembre 1926 et extrait lui-même une hache polie fichée dans la base d’un mur maçonné. — MARSILLE, Louis, « Découverte d’une villa gallo-romaines à Mauron », Procès verbaux de la Société Polymathique du Morbihan, 1926, p. 42-43, Voir en ligne. —
Le 8 mai 1930, le musée Archéologique de Vannes reçoit un don de l’abbé Le Claire provenant des fouilles du « Bois Delé », comprenant une hache en diorite ainsi qu’une pierre cubique à faces polies, arêtes arrondies et rainures profondes en U sur une face, utilisée comme lissoir et aiguisoir. — LE GRAND, Roger, « Dons », Procès verbaux de la Société Polymathique du Morbihan, 1930, p. 14, Voir en ligne. —
La villa gallo-romaine des Mazeries en Tréhorenteuc
Intrigué par des traces d’occupation antique dans le champ des Mazeries près du bourg de Tréhorenteuc, l’abbé Le Claire effectue des fouilles par intervalles, du 8 février au 18 avril 1927. L’archéologue entreprend deux sondages qui révèlent une importante villa gallo-romaine à hypocauste. — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Au pays de Tréhorenteuc : découverte de ruines gallo-romaines et chrétiennes », Bulletin Archéologique de l’Association Bretonne, Vol. 39, 1927, p. 61-73, Voir en ligne. —
Ces fouilles sont publiées par la Société Polymathique du Morbihan. Son président Louis Marsille se rend sur les lieux et rédige un compte-rendu. — MARSILLE, Louis, « La villa romaine de Tréhorenteuc », Procès verbaux de la Société Polymathique du Morbihan, 1927, p. 78, Voir en ligne. —.
L’abbé évoque une version de la légende de sainte Onenne dans son compte rendu de fouilles archéologiques. — Abbé Le Claire (1927) op. cit. pp. 72-73 —
La Ville aux Feuves en Néant
En 1928, dans un champ nommé « La Grée Devinet », au nord du village de « La Ville-aux-Feuves », sur la commune de Néant-sur-Yvel, l’abbé et son équipe exhument les fondations d’une structure avec chambre à hypocauste.
Ils découvrent une pièce de 3 x 20 mètres avec un dallage d’ardoises épaisses posées sur du béton romain. Les murs qui l’entourent sont doubles ; les briques sont posées sur chant. Au nord, des murs contigus forment un réservoir. Il y a été trouvé du verre fin et du gros verre, des débris d’os, des écailles d’huîtres et des bigorneaux, des débris de vases très fins et de nombreux autres de formes variées. Des tessons de céramique sigillée permettent de dater ces constructions d’avant la fin du 2e siècle ap. J.-C. — LE GRAND, Roger, « Découverte de vestiges gallo-romains », Procès verbaux de la Société Polymathique du Morbihan, 1929, p. 19, Voir en ligne. —
Les ruines de Ponthus
Au mois de juin 1927, l’’abbé entreprend des fouilles archéologiques pour découvrir l’origine des ruines de Ponthus. L’abbé trouve des débris de tuiles, briques et poteries qui sont analysés par la Société Polymatique du Morbihan, comme étant d’époque gallo-romaine.
L’abbé entreprend de nouvelles fouilles en juin 1930, qui l’amènent à déceler la présence d’une tour. — LE CLAIRE, abbé Jacques-Marie, « Étude sur les "camps retranchés" gallo-romains dans la région de Mauron », Bulletin Archéologique de l’Association Bretonne, Vol. 42, 1931, p. 77-101. —
1930 — La mort de l’abbé
L’abbé entreprend de faire des fouilles en 1929 au lieu dit « le Clio » en Mauron, où il a trouvé des vestiges gallo-romains. Sa mort le 5 juillet 1930 met fin à ses projets d’investigations archéologiques au « Clio » et à « Ponthus ».
Il mourut le samedi 5 juillet 1930, presque subitement, quelque temps après sa messe qu’il avait dite avec peine. Très fatigué depuis quelques jours il remplit sa tâche quand même : ce samedi matin il voulait encore se rendre à son confessionnal et ce fut sous les injonctions pressantes des religieuses qu’il consentit à aller se reposer. Une heure après il s’éteignait doucement sans une plainte et sans agonie.