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1215-1240

Brocéliande dans le Lancelot-Graal

Les cinq romans de la Vulgate

On trouve dans le Cycle du Lancelot-Graal, écrit entre 1215 et 1240, de nombreuses références à la forêt de Brocéliande, ou à des épisodes qui ont été localisés par la suite en forêt de Paimpont-Brocéliande : le Val aux faux amants dans le Lancelot propre, la fontaine bouillonnante dans la Quête du saint Graal, le cerf blanc de l’Histoire du saint Graal, la rencontre entre Merlin et Viviane en forêt de Briosque et l’enserrement de Merlin dans L’histoire de Merlin.

Brocéliande dans le Lancelot-Graal

Le cycle du Lancelot-Graal 1, appelé aussi Vulgate 2, est composé en prose romane 3 dans les années 1215-1230, par des auteurs inconnus. Cet ensemble de cinq romans synthétise les récits arthuriens dans une perspective romanesque et chrétienne. L’historien Martin Aurell précise :

C’est aussi en prose qu’est mis le long cycle du Lancelot-Graal, relatant les mêmes histoires, depuis la Crucifixion jusqu’à la mort d’Arthur. Trois premiers romans le composent d’abord : Lancelot (1215-1225), Quête du saint Graal (1225-1230) et Mort du roi Arthur (1230). Deux autres viendront ensuite les compléter, pour narrer les origines de l’histoire avec la première apparition du Graal en Palestine et avec l’enfance et la jeunesse d’Arthur que conseille Merlin : Histoire du saint Graal et Histoire de Merlin (1230-1235). Vers 1240, ces cinq romans, que la critique appelle la Vulgate, seront abrégés et mis ensemble par un seul écrivain dans le Roman du Graal ou cycle Post-Vulgate.

AURELL, Martin, La légende du roi Arthur, Paris, Édition Perrin, 2007. [pages 369-370]

Cette Vulgate constitue la forme la plus répandue de la légende arthurienne, comme l’atteste sa riche transmission manuscrite.

On trouve dans la Vulgate tous les hauts lieux imaginaires de la geste arthurienne, déjà présents chez Geoffroy de Monmouth, Wace, Chrétien de Troyes, Robert de Boron : Camelot, Avalon, la forêt Darnantes, le royaume de Norgales, la forêt de Brocéliande, etc.

Les auteurs du Lancelot en Prose, qui sont d’ailleurs tous des français, jouent avec une imagination romanesque sur les différents pays, et leur géographie est infiniment plus fantaisiste que celle des premiers textes pour qui l’histoire du Graal est avant tout une histoire de Grande-Bretagne.

MARX, Jean, La légende arthurienne et le Graal, Rééd. 1996, Genève, Slatkine Reprints, 1952, Voir en ligne.

Les références à la forêt de Brocéliande, ou à des épisodes qui ont été localisés par la suite en forêt de Paimpont-Brocéliande, sont nombreuses. Citons parmi celles-ci : le Val aux faux amants dans le Lancelot propre, la fontaine bouillonnante dans la Quête du saint Graal, le cerf blanc de l’Histoire du saint Graal, la rencontre entre Merlin et Viviane en forêt de Briosque et l’enserrement de Merlin dans L’histoire de Merlin.

Brocéliande dans le Lancelot propre

Le Lancelot propre dit aussi Lancelot en prose 4, écrit entre 1215 et 1225, constitue la partie la plus ancienne de la Vulgate. Ce roman reprend des éléments au Lancelot et au Chevalier de la Charrette de Chrétien de Troyes ainsi qu’à ses continuateurs. Le Lancelot propre constitue néanmoins une partie novatrice de la Vulgate. Brocéliande y est mentionnée à deux reprises sous la forme Bercheliande. —  MICHA, Alexandre, Lancelot, roman en prose du XIIIe siècle, Vol. 9, Rééd. 1996, Genève, Librairie Droz, 1983, Voir en ligne. p. 22 —

— La première mention concerne une aventure d’Agravain, chevalier qui voulut prendre du plaisir avec une femme d’une grande beauté qu’il croise en forêt de Brocéliande. L’amenant dans un fourré, il la déshabille de force et s’aperçoit qu’elle est gravement malade. Celle-ci prévient alors Agravain qu’il sera atteint du même mal avant qu’une année passe. —  PARIS, Alexis-Paulin, Les Romans de la Table Ronde mis en nouveau langage et accompagnés de recherches sur l’origine et le caractère de ces grandes compositions, Vol. 4, Paris, Leon Techener Libraire, 1868, Voir en ligne. p. 330 —

— La deuxième mention concerne un tournoi opposant les chevaliers de la Table Ronde au camp du duc de Brocéliande. La reine Guenièvre fait transmettre une lettre à Lancelot afin de l’informer de la jalousie des chevaliers de la Table Ronde à son égard. La demoiselle chargée de remettre la lettre de Guenièvre à Lancelot passe par le château du Duc de Brocéliande, nommé dans les pages précédentes château de Montiguet.

Elle chevaucha jusqu’à la croix du géant, située au bord de la prairie. Elle passa par le château du duc de Brocéliande à l’intérieur duquel elle trouva tout le monde rassemblé, car il y avait là jusqu’à six rois dont un jeune homme qui était empereur d’Allemagne. Il y avait aussi douze ducs et plus de quarante comtes qui tous s’étaient réunis pour être les adversaires de la Table Ronde et pour écraser les chevaliers du roi Arthur s’ils en avaient le pouvoir.

POIRION, Daniel, BERTHELOT, Anne et WALTER, Philippe, Le livre du Graal : Lancelot : la seconde partie de la quête de Lancelot. La quête du saint Graal. La mort du roi Arthur, Vol. 1, Gallimard, 2009. [page 362]

Selon Alexandre Micha, l’auteur du Lancelot propre ne connaît rien de la géographie du pays qu’il appelle la marche de Gaule et de la Petite-Bretagne (Maine-Anjou). Il place en Bretagne insulaire Carhaix, Quimper-Corentin ou encore la forêt de Brocéliande. —  LOT, Ferdinand et LOT-BORODINE, Myrrha, Étude sur le Lancelot en prose, Slatkine, 1954, Voir en ligne. p. 148 —

Le Val aux faux amants dans le Lancelot propre

On trouve dans le Lancelot propre la première mention de l’épisode du Val aux faux amants ou Val sans Retour. Lancelot y délivre les chevaliers infidèles retenus prisonniers sous l’emprise magique de Morgane. Le point de départ de l’épisode de la Douloureuse Tour, dans lequel s’insère l’aventure du Val, est la forêt Darnantes située près de Londres. —  MICHA, Alexandre, Lancelot, roman en prose du XIIIe siècle, Vol. 1, Genève, Librairie Droz, 1978, Voir en ligne. p. 271Paris Paulin (1868) op. cit., p. 283 —

Legrand d’Aussy reprend cet épisode dans ses Fabliaux parus en 1779 sous le titre de vallon des faux amants, sans faire la moindre référence à la forêt de Brocéliande. —  LE GRAND D’AUSSY, Pierre-Jean-Baptiste, Fabliaux ou contes, fables et romans du XIIe et du XIIIe siècle, Vol. 1, Troisième édition, 1829, Paris, Jules Renouard libraire, 1779, Voir en ligne. p. 156 —

Dans La Table Ronde, vaste réécriture parue en 1812, Creuzé de Lesser est le premier à situer l’épisode du Val sans Retour en forêt de Brocéliande.
Dans la préface, il s’appuie sur l’opinion de savants qui situent Brocéliande près de Quintin et non en forêt de Paimpont —  CREUZÉ DE LESSER, Augustin François, La Table ronde, Rééd. 1829, Paris, Amable Gobin et Cie éditeurs, 1811, Voir en ligne. p. 18 —

Comme ses modèles du 18e siècle, Creuzé de Lesser utilise la graphie « Brocéliande ». L’ouvrage, fort célèbre en son temps, s’impose comme référence à la génération romantique. Il sert de point d’appui à Blanchard de la Musse, pour localiser le Val sans Retour en forêt de Paimpont dans son article de 1824 du Lycée Armoricain —  BLANCHARD DE LA MUSSE, François-Gabriel-Ursin, « Aperçu de la ville de Montfort-sur-le-Meu, vulgairement appelée Montfort-la-Canne », Le Lycée Armoricain, Vol. 4, 1824, p. 300-313, Voir en ligne. p. 303 —

La fontaine bouillonnante dans la Quête du Saint Graal

La Quête du saint Graal ou Queste del Saint Graal 5, écrite entre 1225 et 1230, représente la quatrième et avant dernière partie de la Vulgate. Ce roman relate les aventures des chevaliers de la Table ronde, parmi lesquels Bohort, Perceval, Lancelot, Galaad, à la recherche du Graal. Pour Albert Pauphilet :

La « quête du Graal », n’est sous le voile de l’allégorie, que la recherche de Dieu, que l’effort des hommes de bonne volonté vers la connaissance de Dieu. Ce livre, sous l’apparence d’un roman de chevalerie, est un tableau de la vie chrétienne telle que pouvait l’observer ou la rêver une conscience du 13e siècle.

PAUPHILET, Albert, La queste del saint Graal, roman du XIIIe siècle, Paris, Honoré Champion éditeur, 2003. [page 9]

La fontaine bouillonnante de la Quête du saint Graal s’inspire du Chevalier de la Charrette de Chrétien de Troyes. Dans cet épisode situé en forêt périlleuse, Galaad plonge sa main dans la fontaine et aussitôt apaise l’eau.

Au début du 20e siècle, cette aventure sera transposée à Barenton en forêt de Paimpont par le Marquis de Bellevüe :

[Galaad] traverse une immense forêt (Brocéliande) et arrive dans une lande ou se trouvait un arbre merveilleux, « le chêne des aventures ». Au bord de cette lande et aux confins de la forêt était une fontaine (Barenton).

BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, Rééd. 1980, Marseille, Lafitte Reprints, 1912. [page 33]

À sa suite, l’abbé Gillard écrit :

Il y a la fontaine qui bout, le Perron, le champ du tournoi […] Où trouver un endroit mieux caractérisé que la fontaine de Barenton ? Et donc le roman du saint Graal évoque réellement la forêt de Paimpont et la région de Tréhorenteuc.

GILLARD, abbé Henri, Curiosités et légendes de la forêt de Paimpont, Vol. 7, 1955, Ploërmel, les Éditions du Ploërmelais, 1980, 55 p., (« Œuvres complètes : le recteur de Tréhorenteuc »). [page 31]

Le cerf blanc dans l’Histoire du saint Graal

La partie de la Vulgate consacrée à l’origine du Graal s’intitule l’Histoire du saint Graal 6. Ce roman reprend la trame de l’Estoire du Graal de Robert de Boron, tout en y apportant de nombreuses modifications, parmi lesquelles l’apparition d’un Cerf Blanc à Joseph d’Arimathie en forêt de Brocéliande. Le Cerf Blanc, animal psychopompe emprunté à la tradition celtique, guide les héros de la matière de Bretagne vers l’Autre Monde. Dans Erec et Enide de Chrétien de Troyes, le « Blanc Cerf » perd son caractère sacré et devient un animal chassé à courre. L’Histoire du saint Graal en donne une version totalement christianisée.

Voir le manuscrit sur le site de la BnF

Arrivé dans la forêt de Brocéliande 7, Joseph d’Arimathie rencontre un païen, Agron, qui lui demande s’il peut guérir un de ses frères qui avait une plaie incurable à la tête. Joseph accepte et tente de le convertir en chemin. Lorsqu’ils arrivent au château de la Roche, un lion se jette sur Agron et l’égorge. Les gens du château se saisissent de Joseph, le sénéchal le frappe de son épée, lui laissant une partie de la lame dans la cuisse. Joseph demande alors qu’on lui amène tous les malades du château afin qu’il les guérisse. Il déclare à Matagrant, le frère d’Agron, qu’il sera sauvé s’il croit en Dieu. Pour lui prouver la supériorité de son Dieu, Joseph ressuscite Agron et le baptise avec tous les habitants du château. Joseph retire alors la lame de sa cuisse sans effusion de sang. Il explique qu’elle sera ressoudée par celui qui doit achever les aventures du Graal. Joseph reprend avec ses compagnons le cours de son voyage, mais la rivière Colice leur interdit l’accès à la forêt Darnantes. Ses compagnons n’osant traverser, il leur conseille de prier Dieu afin qu’il les exauce. C’est alors qu’un cerf blanc, suivi de quatre lions et portant à son col une chaîne d’argent, sort de la forêt de Brocéliande et traverse la rivière, montrant aux pèlerins le chemin à suivre. — Hucher Eugène (1878) op. cit., p. 710 —

L’auteur de l’Histoire du saint Graal ne se soucie guère de précisions géographiques. Brocéliande y est séparée de la forêt de Darnantes par la rivière Colice. Cette géographie légendaire semble donc placer la Brocéliande armoricaine non loin de la forêt de Darnantes en Bretagne insulaire. Paulin Paris, traducteur de l’œuvre au 19e siècle, s’en étonne, invitant ses lecteurs à éviter la confusion :

Nos chrétiens passent cette contrée vers les abords de Brocéliande, que nous devons craindre de confondre avec la célèbre forêt de la Petite-Bretagne, qui portait le même nom et dont il sera parlé si souvent dans les autres branches.

Paris Paulin (1868) op. cit., p. 306

Les éléments caractérisant la forêt décrite par Chrétien de Troyes dans le Chevalier au Lion en sont absents : ni fontaine féérique, ni chapelle ne sont ici associées à Breceliande. La forêt apparaît donc plus comme un motif littéraire indiquant le début d’aventures merveilleuses.

L’Histoire du saint Graal en forêt de Bresselian-Paimpont à partir du 16e siècle

Le premier auteur à rattacher la légende du Graal à la forêt de Paimpont, alors forêt de Bresselian, est Noël du Fail. L’écrivain breton, qui a possédé et annoté un manuscrit anonyme du 13e siècle contenant le cycle en prose du Lancelot-Graal 8, décrit les principales curiosités de la Bretagne Armorique dans la préface du Demostérion de Roch le Baillif, paru à Rennes en 1578 :

Comme aussi les beautés de la forêt de Bresselian appartenante au seigneur comte de Laval, où se void encore le Perron de Merlin, l’ancien Plaisir des chevaliers errans (que quelques ignorans ont voulu dire estre fables en tout, et histoire faictes à plaisir) et la fontaine de Balanton, en laquelle se baignoit la beste glatissant qui estoit la proye, comme une autre bouteille de S. Greal, que par figures philosophiques, les dits chevaliers si ardemment poursuyuoient.

ROCH LE BAILLIF, Le Demosterion, edelphe medecin spagiric, auquel sont contenuz trois cens Aphorismes latins et français. Sommaire véritable de la médecine Paracelsique, extraicte de luy en la plus part par ledict Baillif, Rennes, P. Le Bret, 1578, Voir en ligne. p. 13

Deux auteurs du 20e siècle ont cherché à localiser cet épisode de l’Histoire du saint Graal en forêt de Paimpont. Le premier fut le marquis de Bellevüe qui, prenant le roman pour vérité historique, identifie le château de la Roche à celui du Bois de la Roche en Néant-sur-Yvel (Morbihan).

Traversant l’immense forêt de Brocéliande, il rencontra un seigneur de cette contrée nommé Matagron, qui le pria de venir voir son frère Agron, qui avait à la tête une plaie réputée incurable. Le saint apôtre accompagna Matagron, qui le conduisit jusqu’à son château de la Roche, place forte élevée au sommet d’une colline (Peut-être faut-il voir là le château du Bois-de-la-Roche, en Néant ?) ; il guérit le malade, qui se convertit ainsi que Matagron et une partie de leurs vassaux et donna à Broon, beau-frère de Joseph, un territoire qui est devenu la paroisse de Broons.

Bellevüe, Marquis de (1912) op. cit., p. 31

Mais c’est surtout l’abbé Gillard qui inscrit le roman du Graal en forêt de Paimpont à partir des années cinquante. Il reprend, en les amplifiant, les divagations du marquis de Bellevüe. L’abbé, qui écrit maints commentaires sur le Graal, nous explique sa présence en forêt de Paimpont de la façon suivante.

On sait que la légende du Saint-Graal a été inspirée par Marie de Champagne et lancée dans les Flandres. On peut donc s’étonner qu’il puisse s’agir de notre forêt de Brocéliande, de notre fontaine de Barenton et surtout de Tréhorenteuc et du Château de la Roche. Cependant, c’est tout simple. Marie de Champagne était la belle fille d’Henri II, roi d’Angleterre, qui assiégea Fougères en 1166 et Josselin en 1168. En ce temps où il n’y avait pas d’hôtellerie, comment aurait-il pu se transporter d’un endroit à l’autre, sans passer par Brocéliande ? [...] Marie de Champagne avait entendu plus de cent fois parler de la forêt de Paimpont. Elle pouvait en répéter les coutumes, en imaginer les merveilles, en décrire maints endroits avec la plus grande précision. Sans doute l’a-t-elle fait et c’est ce qui explique, croit-on, l’analogie qui existe entre les choses de chez nous et ce que racontent en tous cas les écrivains à sa solde.

Gillard, Abbé (1955) op. cit., p. 33

L’abbé Gillard s’intéresse plus particulièrement à l’épisode du Cerf Blanc qu’il fait inscrire sur la mosaïque de l’église de Tréhorenteuc : En forêt de Paimpont, auprès de la fontaine de Barenton et du perron de Merlin, se dresse dans sa dignité, le Cerf Blanc au collier d’or […] — Bellevüe, Marquis de (1912) op. cit., p. 31 —

Brocéliande dans l’Histoire de Merlin

L’Histoire de Merlin, appelée aussi Suite-Vulgate 9, est le dernier roman à intégrer la Vulgate (1230-1235). Il reprend la trame du Merlin en prose de Robert de Boron 10, tout en s’inspirant de l’Histoire des Rois de Bretagne 11 et de la Vita Merlini 12 de Geoffroy de Monmouth. Ce roman nous intéresse car il associe pour la première fois Merlin à deux forêts armoricaines, « Briosque » et « Brocéliande ».

La forêt de Brocéliande est évoquée une première fois lors de l’épisode intitulé Merlin et Grisandole, où Merlin explique à l’Empereur de Rome comment il a été engendré. Cette version de la naissance de Merlin apparaît après celles de Geoffroy de Monmouth, de Wace et de Robert de Boron. La Vulgate est la seule à faire du père de Merlin un homme sauvage et à placer l’épisode en forêt de Brocéliande :

Je vais vous le dire. Ma mère revenait un jour du marché de la ville. Il était tard. Elle entra dans la forêt de Brocéliande, où elle s’égara et elle dut y passer la nuit. Se voyant seule, perdue, elle se coucha sous un arbre et s’endormit. Un homme sauvage s’approcha d’elle, s’assit à son côté et la voyant seule coucha avec elle sans qu’elle puisse s’en défendre : c’est cette nuit là que j’ai été engendré. De retour chez elle, elle fut longtemps inquiète et quand elle s’aperçut qu’elle était enceinte, elle me garda ; à ma naissance j’ai été baptisé sur les fonts baptismaux. Elle m’a élevé, j’ai grandi, et dès que j’ai pu me passer d’elle, je suis allé vivre dans les forêts profondes : la nature de mon père m’y contraignait et je suis sauvage comme lui. Voilà comment je suis devenu chrétien.

ROBERT DE BORON, et MICHA, Alexandre (éd.), Merlin, 1994, Paris, Flammarion, 1200. [page 199]

La rencontre de Merlin et Viviane dans l’Histoire de Merlin

Le dernier chapitre de l’Histoire de Merlin, consacré aux amours de Merlin et Viviane, commence par la rencontre entre l’enchanteur et la fée en forêt de Briosque :

Après avoir quitté Léonce, Merlin parvint à la forêt de Briosque sous les traits d’un beau jeune homme. Il s’approcha d’une source au vivier magnifique, l’eau en étant claire, le gravier aussi brillant que de pur argent. Viviane venait souvent jouer et s’ébattre à cette source ; elle s’y trouvait quand Merlin y arriva.

Micha Alexandre (1994) op. cit., p. 206

Il est encore dit que la jeune Viviane, fort belle, âgée de 12 ans habitait un magnifique et puissant château au pied d’une montagne, près de la forêt de Briosque favorable à la chasse et pleine de biches, de cerfs et de daims. — (Micha, Alexandre (1994) op. cit., p. 205) —

La forêt de Briosque a souvent été assimilée à Brocéliande :

Bréchéliant est aussi désignée sous le nom de forêt de Briosque et forêt de Briogne.

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne.

Pourtant, rien dans la description de celle-ci ne laisse penser qu’il s’agisse de la même forêt. L’auteur anonyme de l’Histoire de Merlin utilise d’ailleurs deux appellations différentes.

Dans ce roman, Briosque a d’abord été possédée en partie par le duc de Bourgogne et par le roi Ban de Benoïc de petite Bretagne. Mais le duc ayant marié une de ses nièces au jeune et beau chevalier Dionas, il lui donne ses possessions de Briosque. De son côté, Ban de Benoïc l’ayant pris en amitié, lui cède sa part de la dite forêt. Dionas la choisit alors pour sa résidence ordinaire. Plus d’une fois il y reçoit la visite de Diane, déesse des bois dont il est le filleul. Celle-ci lui annonce que Viviane, la première fille conçue par son épouse sera aimée du plus savant des hommes. —  PARIS, Alexis-Paulin, Les Romans de la Table Ronde mis en nouveau langage et accompagnés de recherches sur l’origine et le caractère de ces grandes compositions, Vol. 2, Paris, Leon Techener Libraire, 1868, Voir en ligne. pp. 174-177 —

La forêt de Briosque, comme Brocéliande, est située en petite Bretagne. D’ailleurs, pour Philippe Walter :

Bien que l’imaginaire arthurien ne se caractérise pas par des localisations géographiques précises, les textes du XIIIe siècle s’accordent toujours pour situer l’histoire de Merlin et Viviane en Bretagne armoricaine [...] Une part de la Suite de Merlin et du Lancelot en prose avec le récit des aventures de Merlin et Viviane se déroule non pas dans le royaume de Logres (en Grande Bretagne) mais en Gaule. Ce pays imaginaire est bordé à l’Ouest par la Bretagne et c’est à la frontière, dans la « Marche de Gaule » que se situe le pays de Ban de Benoïc, père de Lancelot. C’est aussi en Petite Bretagne que Viviane habite.

WALTER, Philippe, Merlin ou le savoir du monde, Imago, 2000. [page 173]

Selon Paulain Paris, traducteur en français moderne du roman de Merlin au 19e siècle :

Le nom de Brocéliande pourrait bien avoir le sens de terre de Brioc ; les légendes pieuses disent en effet que la ville de Saint-Brieuc dut son origine à un certain abbé Brioc, auquel le premier duc de la Domnonée aurait, vers le cinquième siècle, cédé son palais. On a souvent désigné la forêt de Quintin sous le nom de Saint-Brieux, et son premier nom semble avoir été Brioc ou Briosque. En tout cas, elle devait se réunir vers le nord à la forêt de Brocéliande, si même ces deux noms, Brioc et Brocéliande, ne répondent pas au même circuit.

Cette hypothèse, basée sur le mythe de la forêt centrale couvrant la Bretagne, envisage que les forêts de Quintin et Paimpont-Brocéliande étaient autrefois réunies. Cette approche qui avait cours au 19e siècle n’est aujourd’hui plus recevable.

La rencontre de Merlin et Viviane localisée en forêt de Brocéliande

Dans l’Histoire de Merlin, la rencontre de Merlin et Viviane est située en forêt de Briosque. En 1780, le Marquis de Paulmy assimile cette forêt à celle de Brocéliande dans un chapitre intitulé Les amours de Merlin et Viviane ou La dame du Lac. Viviane y devient la dame de la forêt de Brocéliande. —  PAULMY, Marc Antoine-René marquis de, Mélanges tirés d’une grande bibliothèque. De la lecture des livres françois, Paris, Moutard, 1780, Voir en ligne. p. 145 —

À la fin du 19e siècle, Félix Bellamy est le premier à localiser la fontaine de la rencontre en forêt de Paimpont.

A la vérité, le livre ne dit point que cette fontaine soit celle de Barenton ; mais en tenant compte de la tradition qui donne au Perron de Barenton le nom de Perron de Merlin, en tenant compte aussi du nom de Viviane, Niniane, Ninienne importé jadis je ne sais comment et non tout à fait oublié encore dans la contrée, il est bien permis de supposer que la « Moult belle et clerc fontaine dont le gravier luisait comme fin argent » n’est autre que Barenton, car tout ceci se passe dans la Petite-Bretagne.

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 2, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne. pp. 477-478

À sa suite, le marquis de Bellevüe 13 et l’abbé Gillard 14 assimilent la fontaine de la rencontre à celle de Barenton.

L’enserrement de Merlin en forêt de Brocéliande

La plus ancienne version mentionnant l’emprisonnement de Merlin par Viviane se trouve dans le Lancelot en Prose (1215-1225) : Elle fut si bien instruite par Merlin qu’à la fin elle se joua de lui et l’emprisonna dans une caverne de la périlleuse forêt Darnantes qui touche à la mer de Cornouaille et au Royaume de Sorelois. — Micha, Alexandre (1994) op. cit., p. 225 —

L’auteur du Lancelot en prose situe donc l’enserrement de Merlin en Bretagne insulaire. Cet épisode est développé et modifié dans le chapitre final de l’Histoire de Merlin (1230-1235). Dans cette version, Merlin, victime consentante de la magie de Viviane, est enserré en forêt de Brocéliande.

Un jour qu’ils cheminaient dans la forêt de Brocéliande, la main dans la main, et devisant pour le plaisir, ils trouvèrent un beau buisson d’aubépine, très vert et très haut, chargé de fleurs, et s’assirent sur son ombre.

Micha, Alexandre (1994) op. cit., p. 213

On retrouve Brocéliande une dernière fois à la fin du chapitre.

Faisant route vers la cour, Gauvain passa par la forêt de Brocéliande, comptant de là gagner la mer.

Micha, Alexandre (1994) op. cit., p. 214

Le chevalier entend une dernière fois le brait de Merlin enserré dans sa prison invisible.

La localisation de l’enserrement de Merlin en petite Bretagne

Les localisations de la tombe de Merlin sont nombreuses. Nous délaisserons ici les tombes situées en Bretagne insulaire, nous limitant à celles de Petite Bretagne, en forêt de Lorge et en forêt de Paimpont.

En 1779, dans une note consacrée au Lai de Lanval, Legrand d’Aussy localise l’enserrement de Merlin près de Quintin : La forêt où Merlin fut enchanté par Viviane et qu’habitoient les fées, est Brocéliande auprès de Quintin. — Le Grand d’Aussy Pierre-Jean-Baptiste (1829) op. cit., p. 176 —

Cette localisation sera reprise par de nombreux auteurs du 19e siècle, dont l’abbé de La Rue en 1812 ou François Habasque en 1836. Celui-ci se met en scène lors d’une rencontre imaginaire dans la caverne de Merlin en forêt de Lorge. —  HABASQUE, François, Notions historiques, géographiques, statistiques et agronomiques sur le littoral du Département des Côtes-du-Nord, Guingamp, Chez B. Jollivet, 1836, Voir en ligne. pp. 57-66 —

Cette rencontre, née de l’imagination de son auteur, est restée sans suite : l’hypothétique caverne, qu’il situe près des Rochers-au-Crignard et de la fontaine au Porcher n’est jamais devenue un site touristique associé à la figure de Merlin.

On doit la plus ancienne localisation de la tombe de Merlin en forêt de Brécilien à J.C.D. Poignand en 1820. Cet érudit local ignore la littérature arthurienne médiévale et en particulier la Vulgate. Voyant en Merlin un archidruide, un personnage historique, il « invente » sa tombe et celle de son épouse Viviane.

Le premier auteur à transposer l’épisode littéraire de l’enserrement en forêt de Brécilien/Paimpont est Théodore Hersart de la Villemarqué en 1837. Il s’appuie sur une version du 15e siècle, inspirée de l’Histoire de Merlin, pour désigner la Fontaine de Barenton comme lieu authentique de l’enserrement de Merlin.

Le romancier de Merlin range Vivihan au nombre des fées de Brécilien, et raconte ainsi la mort du barde breton : [...] « Lors commença Merlin à deviser, et la damoiselle moult grande joie en eut, et lui montra plus grand semblant de l’aimer qu’elle n’avait fait auparavant, et tant qu’un jour advint qu’ils s’en allaient main a main par la forêt de Brocélian, et ils trouvèrent un buisson d’aubépine qui était tout chargé de fleurs, et ils s’assirent à l’ombre des aubépines, sur l’herbe verte, et jouèrent ; et Merlin mit son chef au giron de la damoiselle, et elle le commença à tâtonner, tant qu’il s’endormit ; puis se leva, et fit un cercle de sa guimpe autour du buisson et autour de Merlin, et commença ses enchantements tels que lui-même lui avait appris, et fit neuf fois le cercle, et par neuf fois l’enchantement, et puis s’alla seoir auprès de lui, et lui mit la tête en son giron, et quand il se réveilla, il regarda autour de lui, et lui fut avis qu’il était enclos dans la plus forte tour du monde, et lors dit à la dame : Madame, déçu m’avez, si vous ne demeurez avec moi ; car nul n’a pouvoir de défaire cette tour, fors vous. — Bel ami, dit-elle, j’y serai souvent, et de ce lui tint-elle parole ; car depuis ne faillit guère nuit et jour qu’elle n’y fût. Oncques depuis, Merlin ne sortit de cette tour où sa mie Viviane l’avait enclos, et Viviane regrettait souvent, car elle ne croyait mie que la chose qu’il lui avait apprise pût être vraie, et volontiers l’eût-elle mis dehors, si elle l’eût pu.

HERSART DE LA VILLEMARQUÉ, Théodore, « Visite au Tombeau de Merlin », Revue de Paris, Vol. 40, 1837, p. 45-62, Voir en ligne. p. 52

Les travaux de recherche de Félix Bellamy, parus en 1896, font autorité et entérinent la localisation de Brocéliande en forêt de Paimpont. Dans son chapitre consacré à Merlin, Bellamy remonte aux sources littéraires du 13e siècle. Pour la première fois, l’Histoire de Merlin est utilisée comme argument pour situer l’enserrement en forêt de Paimpont. — Bellamy Félix (1896) op. cit., tome second, pp. 424-673 —


Bibliographie

AURELL, Martin, La légende du roi Arthur, Paris, Édition Perrin, 2007.

BELLAMY, Félix, La forêt de Bréchéliant, la fontaine de Berenton, quelques lieux d’alentour, les principaux personnages qui s’y rapportent, Vol. 1, Rennes, J. Plihon & L. Hervé, 1896, Voir en ligne.

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↑ 2 • La Vulgate (du latin vulgata, qui signifie « rendue accessible, rendue publique », lui-même de vulgus, qui signifie « la foule ») désigne initialement la version latine de la Bible, traduite par saint Jérôme entre la fin du 4e et le début du 5e siècle. C’est en référence à la Bible qu’on a donné plus tard le nom de « Vulgate » à cet immense cycle du Graal qui compile toutes les légendes arthuriennes dans une perspective chrétienne.

↑ 3 • Ce terme de roman sert originellement à désigner une langue utilisée au Moyen Âge, la langue romane, née de l’évolution progressive du latin.

↑ 4 • La dénomination Lancelot en prose s’applique différemment selon les classifications et les auteurs : soit à la trilogie Lancelot-Quête du Saint-Graal-Mort d’Arthur, soit uniquement au Lancelot. C’est cette dernière dénomination que nous utilisons.

↑ 6 • Bibliographie de l’Estoire del saint Graal par Arlima - Archives de littérature du Moyen Âge

↑ 7 • La forêt y est nommée sous la forme Breceliande :

Après, Joseph et li cristien, s’entornèrent vers Breceliande et passèrent ce dist li conte à .IIII. liues, près d’un chastial qui avait non li chastialz de la roche […]

d’après une transcription de l’histoire du saint graal tirée du Ms. de la Bibliothèque du Mans, avec toutes les variantes du Ms 2455 de la Bibliothèque Nationale : HUCHER EUGÈNE, Le Saint-Graal ou le Joseph d’Arimathie, Vol. 3, Le Mans, Ed. Monnoyer, 1878, Voir en ligne. p. 703

↑ 8 • Le BM Rennes ms. 255, sans doute l’un des plus anciens manuscrits arthuriens enluminés connus, a probablement été réalisé dans un atelier parisien (l’atelier des Bibles Moralisées) vers 1220-1230. Ce manuscrit, magnifiquement orné de 57 initiales historiées et de nombreuses lettrines, est certainement aussi l’un des plus anciens représentants du cycle en prose du Lancelot-Graal, dont il ne contient d’ailleurs qu’une partie, à savoir L’Estoire del Saint Graal, L’Estoire de Merlin (dépourvue de Suite) et un Lancelot incomplet —  CASSAGNE-BROUQUET, Sophie, Les Romans de la Table Ronde. Premières images de l’univers arthurien, Presses universitaires de Rennes, 2005. [page 150] —

↑ 10 •  ROBERT DE BORON, et MICHA, Alexandre (éd.), Merlin, 1994, Paris, Flammarion, 1200.

↑ 11 •  MONMOUTH, Geoffroy de et MATHEY-MAILLE, Laurence, Histoire des rois de Bretagne, 1992, rééd. 2008, Paris, Les Belles Lettres, 1135.

↑ 12 •  MONMOUTH, Geoffroy de, Vie de Merlin suivie des prophéties de ce barde, Rééd. 1837, Paris, F. Michel et T. Wright, 1149, Voir en ligne.

↑ 13 • Ce fut auprès de la fontaine de Barenton [...] que Merlin rencontra Viviane pour la première fois. — Bellevüe, Marquis de (1912) op. cit., p. 38 —

↑ 14 • Un jour, il se promène près de la fontaine de Barenton. Il fait la rencontre de Viviane. — Gillard, Abbé (1955) op. cit., p. 17 —