1906 - 2022
Les incendies en Brocéliande - I
Depuis la fin du 20e siècle, surtout à partir de 1990, les incendies en Brocéliande bénéficient d’une importante couverture médiatique, y compris de la part de médias nationaux. Cet intérêt médiatique extrême est à mettre en relation avec le caractère légendaire qui s’attache à cette région.
En réalité, le massif de Paimpont subit des incendies plus ou moins importants depuis le début du 20e siècle, comme en témoignent les archives de la presse ancienne, notamment L’Ouest-Eclair et Le Ploërmelais 1.
Leur localisation sur le massif a évolué au cours du temps :
- Incendies en Haute et Basse Forêt
- Du début du 20e siècle jusqu’à 1938
- De 1947 jusqu’à 1974
- Incendies de landes
- Sur le camp de Coëtquidan : de 1911 à 2022
- Avant 1947 : incendies localisés et de faible ampleur
- Entre 1947 et 1975 : incendies plus importants, entre Campénéac et Beignon
- Depuis 1976 : incendies de grande ampleur, localisés sur l’ouest du massif
Les causes des incendies
Avant 1947, les incendies sont majoritairement localisés en forêt. Après 1947, ils sont principalement localisés dans les landes.
Pour expliquer ces différences, il faut faire appel :
- à la géologie,
- à la nature des paysages végétaux,
- au mode de gestion de ces espaces au cours du temps.
Le substrat géologique
Le massif de Paimpont présente trois grandes formations géologiques : Voir Paysages et Géologie en Brocéliande - II
- le Briovérien [notation b.. sur la carte géologique] (Voir « Histoire géologique de la région - Le Briovérien »)
- les Dalles pourprées de Montfort (notation O2B), (Voir « Histoire géologique de la région - les Dalles pourprées »), appelées communément « schistes rouges » ou « schistes pourprés » dans la région,
- le Grès armoricain (notation O2 et O2A). (Voir « Histoire géologique de la région - Le Grès armoricain »).
Un itinéraire empruntant la D312 (Morbihan) puis la D40 (Ille-et-Vilaine) depuis Campénéac jusqu’à Paimpont parcourt successivement, d’ouest en est, les trois formations géologiques principales du massif de Brocéliande.
Les paysages végétaux
Les paysages traversés reflètent nettement le substrat géologique.
- Paysages de grandes cultures : Briovérien
- Landes, fourrés, bocage : Dalles pourprées
- Forêt de feuillus, plantations de résineux : Grès armoricain
On distingue trois zones d’occupation du sol différentes.
- La périphérie ouest du massif forestier de Paimpont se caractérise par l’importance de la formation des Dalles pourprées. Cette formation donne naissance à des sols minces avec une faible réserve hydrique, entraînant des risques de sécheresse. La végétation dominante est constituée de landes à ajoncs : landes rases sur sol mince et affleurements, landes moyennes et landes hautes.
- Dans la clairière de Beauvais, également sur Dalles pourprées, la présence humaine a permis le maintien d’un paysage de bocage avec une dominante de haies et de prairies permanentes. Ce type d’occupation du sol contraste avec les landes à ajoncs à l’ouest et la forêt à l’est.
- Le massif forestier se développe principalement sur le Grès armoricain qui donne naissance à des sols profonds relativement hydromorphes.
Les incendies en Haute et Basse Forêt
Du début du 20e siècle jusqu’à 1938
Sauf exception, la presse rend compte de ces incendies de façon très succincte.
Les zones touchées sont principalement des taillis ou des landes boisées.
Parmi les incendies importants :
- en 1906 en Basse forêt, entre « Coganne » et Saint-Péran : 750 ha
- entre 1914 et 1918
- en 1921 entre Beauvais et « Pertuis-Néanti » : 100 ha
- en 1928 à 2,5 km au nord du village de Beauvais : 400 ha
- en 1929 en Haute forêt, des « Landes de Lambrun » jusqu’à Beauvais : 400 ha
- en 1938 près du bourg de Paimpont - près de la grotte : 100 ha
Après la Seconde Guerre mondiale
- en 1947 en Haute forêt, au niveau du « carrefour de Ponthus » : 74 ha
- en 1958 au nord de la « croix Jalu » : 275 ha
- en 1959 en Basse-Forêt à 2,5 km au sud de Saint-Malon
- en 1961 entre la Croix Jallu et Saint-Péran
- en 1968 au nord-est de la « Croix Jalu » : 190 ha
- en 1969 La Chèvre en Basse-Forêt : 4 ha
- en 1974 dans la côte de Beauvais
Cette localisation forestière sur grès armoricain contraste avec celle observée à partir de 1976, majoritairement sur dalles pourprées. Voir Paysages et Géologie en Brocéliande - II. On peut d’ailleurs constater que depuis cette date, les incendies de forêt sont peu fréquents ou de faible extension, contrairement aux incendies de landes.
Hypothèses sur les causes des incendies de forêt
Ces incendies n’ayant pas fait l’objet d’études scientifiques, leur origine et leur importance restent soumises à l’hypothèse. Trois causes majeures peuvent cependant être avancées :
- Un changement dans la gestion de la forêt
- Des actes de malveillance
- Des moyens de lutte très limités
Une modification de la gestion forestière
- En 1875, la famille Lévêque, propriétaire de la forêt, obtient la suppression des droits d’usages forestiers.
- En 1884, la fermeture des Forges entraine un changement dans la gestion de la forêt.
Ces modifications ont pu entrainer un développement des strates arbustives (prunellier, houx, etc.) et herbacées (graminées, fougères, etc.) fournissant une importante masse végétale sensible à l’incendie en période de sécheresse.
Des actes de malveillance
Des actes de malveillance consécutifs à la disparition des droits forestiers pour les habitants des communes de Paimpont et Saint-Péran en 1875 sont évoqués dans la presse.
[...] Mais dans la région on croit à la malveillance. Le propriétaire de la forêt, M. Donatien Levêque, n’est pas très populaire dans la région où il n’a jamais pu se faire élire conseiller municipal. Il a soulevé autour de lui de nombreux mécontentements, en supprimant dès le lendemain de l’achat de la dite forêt, le droit de vaine pâture et en interdisant de ramasser le bois mort, et la pêche dans l’étang. Les vieux habitants de la contrée affirment qu’ils n’ont pas oublié les libéralités du duc d’Aumale ; l’un d’eux nous disait hier : « Hélas, nous avons bien perdu à cet échange de propriétaire ; M. Levêque lui ne connait qu’une chose : faire dresser des procès-verbaux ». Mais ce ne sont là que des racontars et pour notre part nous préférons croire à un accident. [...]
Les actes de malveillance ont un impact financier sur le domaine forestier.
Notons par ailleurs que le domaine était assuré contre l’incendie à hauteur de 1 400 000 F. Les sinistres par malveillance ou imprudence étaient fréquents, au point de consommer 500 ha en 15 ans. De sorte que la compagnie des Mutuelles du Mans résiliera son contrat en 1900.
Des moyens de lutte très limités
En l’absence de corps de pompiers équipés de camions, de lances d’incendies et de moyens aériens (canadairs), la lutte contre les incendies est menée par les habitants eux-mêmes et par les gardes forestiers, armés de pelles et de branchages pour frapper les flammes. Lorsque l’incendie prend de trop grandes proportions, il est fait appel à l’armée pour ouvrir des tranchées et allumer des contre-feux, mais ces méthodes s’avèrent peu efficaces.
Du début du 20e siècle jusqu’à 1938 — Principaux incendies de forêt
1906
Un énorme incendie se propage en Basse forêt sur plusieurs jours, entre la « Croix Jalu » et Saint-Péran. L’Ouest-Eclair en rend compte de manière assez détaillée sur plusieurs éditions (du 27 au 30 septembre 1906).
La forêt de Paimpont brûle.
Mardi [25/09], vers midi, le feu qu’on croit avoir été allumé par des gens malfaisants a éclaté du côté du village de Coganne, situé près de la commune de Saint-Péran. Les habitants, les gardes ont prêté leur concours pour éteindre l’incendie, qui brûlait comme des fétus de paille les arbres de toute essence. Des tranchées furent faites pour arrêter les flammes, mais rien n’y fit. Le feu continuait ses ravages hier encore à l’heure où la nouvelle nous était télégraphiée de Plélan. On estime à 400 hectares la quantité de terrains boisés qui ont été dévastés par les flammes.
L’incendie se propage les jours suivants.
Le feu dans la forêt
Nous avons annoncé que la forêt de Paimpont était en flammes ; l’incendie a été arrêté dans la nuit de jeudi à vendredi grâce au concours des soldats venus de Rennes, sur la demande de M. Bertrand, sous-préfet de Montfort. Jeudi matin, vers 11 heures, M. le sous-préfet recevait un télégramme l’informant que, malgré tout le dévouement des gendarmes de Plélan et des habitants des communes limitrophes, on ne pouvait parvenir à se rendre maître du feu. La dépêche ajoutait qu’environ 25 coupes de chacune 20 hectares étaient détruites et que la partie de la forêt située au sud du chemin vicinal de St-Péran à St-Malon, commençait à flamber.
[...] plusieurs soldats du 41e de ligne, se rendaient par le tramway à Plélan, et ils arrivaient dans la forêt vers 7 h. du soir. Ils continuèrent les travaux de secours qui avaient été entrepris par les premiers sauveteurs, sous la direction des gendarmes.
[...] Pendant ce temps plus de 500 personnes frappaient le terrain avec des bâtons et cherchaient à éteindre par tous les moyens possibles, le feu qui courait dans les herbes sèches. [...]
Quant aux causes du sinistre, les autorités l’attribuent à l’imprudence d’un fumeur. [...]
Reprise de l’incendie
Nous apprenons que l’incendie a repris dans la matinée de vendredi, avec une grande violence, et le feu menace de détruire la partie de la forêt située auprès du poste de la Croix Jalu. A trois heures de l’après-midi, le bois de la Dube était complètement détruit et malgré le dévouement des soldats du 41e de ligne et des habitants de la région, l’incendie se propageait avec une rapidité effrayante. A l’heure actuelle, environ 750 hectares de bois sont détruits.
Les incendies de forêt pendant la guerre de 14
Armand Gernigon (1893-1981), ancien garde en forêt de Paimpont, rappelle que de nombreux incendies se déclarent pendant la guerre 14-18.
Pendant cette guerre [14-18], des incendies d’envergure se déclarent, faisant des dégâts importants. Vengeance, dégâts aux cultures causés par les sangliers devenus nombreux. Sangliers fuyant les zones de combat. Bref, personne n’a pu dire au juste, qui étaient les incendiaires. Quoi qu’il en fût, voyant leur forêt en feu, tous les jeunes gardes sur le front, ne restant que quelques anciens, les propriétaires impuissants prirent la décision de vendre plus de la moitié de la forêt, soit 3500 ha 2.
1929
Le 9 avril, un incendie déclaré en Haute forêt dans les Landes de Lambrun parcourt plusieurs kilomètres avant d’être arrêté près du « Gaubu » (clairière de Beauvais). Entre 300 et 400 ha de taillis auraient été détruits.
L’incendie est rapporté dans deux courts articles.
LE FEU EN FORÊT
Mardi, vers 12 h. 30. un incendie s’est déclaré dans les landes de Lambrun à la pointe N.-O. de la forêt de Paimpont.
Le feu activé par un vent violent a pris une très rapide extension sur une largeur variant de 1.200 à 1.800 mètres.
Grâce à la promptitude des secours apportés par la population, les gendarmes et les gardes du domaine, le feu a été arrêté en bordure du chemin de grande communication n°40 près des villages de Huchelou et Le Gobu.
Environ 400 hectares de forêt où il n’y avait que des taillis sans aucun arbre de haute futaie ont été la proie des flammes.
[...] Malgré les nombreux contre-feux qui avaient été mis, le feu traversa les lignes de forêt. Vers quatre heures du soir il arrivait aux champs, il allait s’arrêter quand un vent d’ouest se leva et le fit dévier vers les étangs de Beauvais [...] Le sinistre s’étendait sur un front de 4 à 5 kilomètres. 320 ha avaient été brûlés.
1938
Plusieurs incendies se déclarent au printemps 1938.
Une période de forte sécheresse est rapportée dans la presse : 0,6 mm de précipitations en avril 1938
- Mars 1938 - Un incendie proche de la grotte de Notre-Dame de Paimpont
PAIMPONT - 100 hectares de forêt sont détruits par le feu
Jeudi dernier, la brigade de gendarmerie de Plélan-le-Grand était avisée par téléphone que le feu venait de se déclarer en forêt de Paimpont, aux abords du bourg de cette commune. Aussitôt les gendarmes Besret et Le-Mouëllic se rendirent sur les lieux et aidés des personnes du bourg et du voisinage qui étaient déjà accourues, réussirent après plusieurs heures et quelques contre-feux à arrêter les dégâts qui se bornèrent surtout à préserver la grotte de Notre-Dame de Paimpont qui, a un certain moment, était en danger, le fléau se propageant avec une grande rapidité. De l’enquête de gendarmerie qui se continue, il résulte qu’environ 100 hectares de forêt appartenant à M. de la Monnerais, ont été détruits, seuls les arbres de futaie calcinés sont encore debout. Il est à supposer que cet incendie est dû à une imprudence de fumeur.
- Avril 1938 - Un incendie entre le bourg de Paimpont et Telhouët
30 hectares brûlés
EN FORET DE PAIMPONT - Plélan, 14 avril (de notre correspondant).
Mercredi dernier, vers 9 heures du matin, le feu s’est déclaré dans la forêt de Paimpont, entre le bourg et le village de Thélouet, au lieudit les Fosses-du-Pont. Dès que les premières personnes s’aperçurent du feu, l’alarme fut donnée et bientôt les habitants du bourg et des villages de Thélouet et du Pas-du-Houx, auxquels s’étaient joints les personnalités locales, ainsi que les gendarmes de Plélan-le-Grand, accoururent sur les lieux, et après environ deux heures d’efforts le sinistre fut localisé et s’arrêta à la route qui conduit au Pas-du-Houx. Fort heureusement qu’il en fut ainsi, car avec le vent violent qui soufflait, le feu, vu la sécheresse qui sévit en ce moment, aurait pu prendre de graves proportions et s’étendre sur le poste de la Gelée et vers le bourg de Paimpont. Nous devons féliciter les personnes, au nombre de cent cinquante environ, qui sont accourues sur les lieux du sinistre, ainsi que les gendarmes de Plélan-le-Grand et les gardes forestiers, dont les efforts conjugués permirent d’écarter le danger. Environ 30 hectares de forêt de sapins et de taillis, appartenant à M. Veillet-Dufréche, propriétaire, demeurant au château de Brocéliande en Paimpont, ont été détruits, ainsi que quelques landiers de bruyère appartenant à des riverains. La gendarmerie de Plélan-le-Grand a ouvert une enquête, et il semble probable que cet incendie serait dû à l’imprudence d’un fumeur.
- Un incendie près des Forges de Paimpont
5 hectares brûlés
Le feu en forêt de Paimpont
Dimanche dernier, dans l’après-midi, le feu s’est à nouveau déclaré dans la forêt de Paimpont, aux abords des étangs des Forges et du Perray, près les Forges de Paimpont. Dès que les promeneurs, toujours nombreux le dimanche dans ces parages, s’aperçurent du feu, l’alarme fut donnée et ceux-ci, aidés des gardes-forestiers, des habitants des forges de la Fenderie et des villages voisins qui étaient accourus et auxquels bientôt vinrent se joindre les gendarmes de Plélan, s’empressèrent de combattre le fléau qui au bout de plusieurs heures fut circonscrit. Malgré cela, les souches continuèrent à fumer et on dut assurer une surveillance pendant toute la nuit de dimanche à lundi.
Nous devons féliciter les personnes qui étaient accourues sur les lieux du sinistre, ainsi que les militaires qui s’y trouvaient nombreux, dont les efforts conjugués permirent d’écarter le danger. Environ cinq hectares de forêt de sapins et de taillis, appartenant à M. de Clerville, propriétaire au Chalet des Forges de Paimpont, ont été brûlés. La gendarmerie de Plélan a ouvert une enquête et il semble probable que cet incendie serait encore dû à une imprudence de fumeur.
De 1947 jusqu’à 1974 — Principaux incendies de forêt
1947
L’incendie est centré sur le carrefour de Ponthus, en Haute forêt (251 m).
Commune concernée : Paimpont
Surface touchée : 70 ha
- Futaie mixte : 3,3 ha
- Plantations : 51,6 ha
- Taillis haut : 15,6 ha
Ces surfaces sont déduites des cartes d’occupation du sol réalisées par — BUSNOUF, Sylvie, L’apport de nouvelles techniques en télédétection dans l’étude de l’évolution d’une zone incendiée en milieu forestier ; Paimpont., Rapport de DEA - UER de géographie et d’aménagement du paysage, Rennes II, 1985, 21 p., Voir en ligne. —
1958
Commune concernée : Paimpont
Cet incendie important couvre 267 ha
- Futaie de conifères : 6,1 ha
- Futaie mixte : 0,6 ha
- Lande + lande parsemée de conifères : 6,1 ha
- Taillis : 23,8 ha
- Coupes : 230,5 ha 3
Ces surfaces sont déduites des cartes d’occupation du sol réalisées par — BUSNOUF, Sylvie, L’apport de nouvelles techniques en télédétection dans l’étude de l’évolution d’une zone incendiée en milieu forestier ; Paimpont., Rapport de DEA - UER de géographie et d’aménagement du paysage, Rennes II, 1985, 21 p., Voir en ligne. —
1959
Un incendie se déclare dans une partie de la forêt de Paimpont située à 2,5 km au sud de Saint-Malon et appartenant à M. Ferron, maire de St-Péran.
L’incendie, situé dans le bois de Ranlou, est proche de celui de 1958.
150 hectares sont détruits par le feu.
A Paimpont, l’importance des secours mis en œuvre a permis de maitriser rapidement le sinistre.
L’alarme fut aussitôt donnée au centre de secours de Plélan- le-Grand et la lutte contre l’incendie s’organisa immédiatement sous la direction du lieutenant Méaul.
Alertés, les centres de secours de Guer, Tinténiac, Iffendic, Saint-Méen-le-Grand et Montfort-sur-Meu vinrent apporter leur concours. L’importance des moyens mis ainsi en œuvre s’avéra efficace. Circulant sur des chemins forestiers difficiles, les camions-citernes remplirent parfaitement leur office. Ils purent se ravitailler à 5 kilomètres de là, à l’étang du Pas-du-Houx.
Arrêté à l’ouest et au nord, l’incendie, qui avait poussé au sud et à l’est, paraissait maîtrisé dans la soirée. Il avait menacé 200 hectares pour en atteindre effectivement environ 150.
On eut un moment des craintes pour les fermes de Ranloup et des Trois-Chênes, les plus proches du foyer. Fort heureusement, tout danger fut bientôt écarté pour elles.
Une recrudescence du sinistre étant toujours à craindre dans un incendie de forêt, les sapeurs-pompiers durent évidemment rester sur place toute la nuit. [...]
Notons que la population apporta un concours dévoué et que l’armée vint proposer son aide, si besoin était, alors qu’elle avait cependant à faire face, de son côté, à trois sinistres au camp de Coëtquidan.
1961
Un incendie se déclare entre la Croix Jalu et Saint-Péran.
RENNES. — L’incendie qui s’était déclaré au cours de la nuit de mercredi à jeudi en forêt de Paimpont a été circonscrit au cours de la nuit dernière, grâce aux efforts conjugués des sapeurs-pompiers de Plélan-le-Grand, Montfort, Saint-Méen-le-Grand et Montauban. Toute la journée de vendredi, des équipes de surveillance sont demeurées sur les lieux de l’incendie, situé entre la Croix-Jallu et Saint-Péran, afin de parer à une nouvelle reprise de l’incendie.
1968
La surface concernée couvre une partie de celle touchée en 1958. Elle est partiellement incluse dans l’extension de l’incendie de 1906.
Commune concernée : Paimpont
190 hectares sont détruits par le feu.
- Futaie de conifères : 3,1 ha
- Lande : 73,2 ha
- Taillis : 11,3 ha
- Coupes : 102,5 ha
Ces surfaces sont déduites des cartes d’occupation du sol réalisées par — BUSNOUF, Sylvie, L’apport de nouvelles techniques en télédétection dans l’étude de l’évolution d’une zone incendiée en milieu forestier ; Paimpont., Rapport de DEA - UER de géographie et d’aménagement du paysage, Rennes II, 1985, 21 p., Voir en ligne. —
1958-1959-1961-1968 : des incendies tous localisés dans le même secteur de Basse-Forêt
Ce secteur, situé dans la partie nord-est de la forêt, est compris entre la Croix Jalu et Saint-Péran, propriété de Mr Ferron.
Rappelons que ce secteur est frappé dès 1906 par un énorme incendie couvrant 750 hectares.
Les incendies de landes
Sensibilité de la végétation aux risques d’incendie
L’intensité des incendies varie selon la période de l’année
L’état du sol et de la végétation diffèrent entre les feux de printemps (de mars à mai) et les feux d’été (de juillet à août).
- Au printemps le sol conserve une certaine humidité et la végétation n’est pas très sèche (à l’exception des fougères). En conséquence le feu n’est pas très intense et parcourt rapidement la végétation.
- En été, sol et végétation étant très secs, le feu est beaucoup plus intense et peut détruire la couche organique en profondeur et les graines qui s’y trouvent. La recolonisation est alors beaucoup plus lente, notamment pour les ajoncs.
Les « saisons météorologiques »
- printemps : mars avril mai
- été : juin juillet août
- automne : septembre octobre novembre
- hiver : décembre janvier février
Les feux de printemps sont les plus fréquents : 44%
Les feux de landes (incluant les résineux) sont aussi fréquents au printemps qu’en été.
Les ajoncs (Ulex europaeus) sont des plantes pyrophiles 4
Elles sont favorisées par les incendies. Si le sol le permet, les ajoncs peuvent atteindre plus de 3 m de hauteur et former des étendues monospécifiques occupant la totalité de l’espace.
La croissance des individus s’effectue par le sommet et laisse dans la partie intermédiaire une « litière suspendue » très inflammable. En période de sécheresse prolongée, le risque d’incendie est donc très élevé dans ces formations. Les feux de lande sont extrêmement violents 5 et les moyens de les combattre sont rendus difficiles par la nature accidentée du terrain.
Utilisation et abandon des landes
Une utilisation ancienne
C’est à la périphérie ouest de cette Haute Forêt, caractérisée par une mosaïque paysagère de bois, landes et friches, que les incendies ont été les plus nombreux et les plus importants, détruisant de vastes secteurs de landes mais causant également de lourds dégâts aux peuplements forestiers.
Par le passé, les landes étaient surtout utilisées pour l’élevage : pâturage, récolte de litière ou de fourrage mais elles étaient aussi mises en culture (seigle, avoine, sarrasin) après écobuage selon des assolements variables et retournaient ensuite à la friche pendant une période indéterminée.
Les conséquences de l’abandon des landes
L’abandon de ces usages agricoles, lié au développement de la production fourragère et à l’utilisation d’engrais ou d’amendements calcaires en complément ou en substitution des fumiers, devient effectif après la seconde guerre mondiale.
Il provoque une augmentation progressive des risques d’incendie dont l’effet se fait sentir à partir de 1950 et qui se trouve accentué par l’extension des peuplements de pins, formations très pyrophiles.
Le feu intervient dans la formation du paysage
C’est dans ce contexte qu’ont notamment eu lieu les incendies de 1955, 1976 (1350 ha), 1984 (500 ha) et 1987 (160 ha).
La répétition de ces incendies montre qu’en l’absence d’usages productifs et dans certaines conditions de climat et de végétation, le feu devient un élément constitutif de la formation du paysage.
Si la végétation des landes, très inflammable, se reconstitue dans la plupart des cas rapidement, les feux de forêt, au contraire, provoquent une multitude de dégradations qui s’étalent sur plusieurs années (destruction du couvert, développement des insectes ravageurs, érosion des sols). La répétition des incendies de forêt peut induire le remplacement d’un espace boisé par une lande secondaire.
A partir de 1947, les incendies sont surtout localisés dans la partie ouest du massif. Ces incendies touchent des surfaces beaucoup plus importantes et concernent principalement les landes :
- à l’ouest de la route Châtenay - Fontaine Léron - Folle Pensée (tireté vert)
- au nord-ouest de la RD 312 (tireté violet)
- La clairière de Beauvais est préservée des incendies.
Les incendies sur le camp de Coëtquidan
Les landes à ajoncs constituent la végétation dominante, couvrant des centaines d’hectares d’un seul tenant. Ces zones sont soumises à de fréquents exercices de tir susceptibles de déclencher des incendies.
Les secteurs concernés recelant de nombreux obus non explosés dispersés dans la végétation, la lutte contre le feu s’avère très dangereuse. — ANONYME, « Un obus éclate - Un mort, 4 blessés », Le Ploërmelais, 5 août, Campénéac, 1928, p. 3, Voir en ligne. ANONYME, « Un obus de 75 éclate au camp de Coëtquidan - Deux cultivateurs sont gravement blessés », Le Ploërmelais, 22 mai, Campénéac, 1932, Voir en ligne. —
En l’absence de danger pour les habitations, les autorités préfèrent souvent laisser l’incendie se propager. Cela explique que les surfaces touchées peuvent être importantes comme en 1926.
Les feux de printemps sont majoritaires.
1921
Les premiers incendies de landes mentionnés par la presse sur le camp de Coëtquidan datent de 1921.
Le feu dans les landes
Le mardi 10 mai, le feu s’est déclaré aux environs du moulin Raulo, sur le point 71 des terrains militaires affermés au camp de Coëtquidan et s’est rapidement étendu à environ 5 hectares de bruyères, ajoncs et sapins. Les habitants du hameau de la Motte s’employèrent activement à circonscrire le sinistre et parvinrent à éteindre l’incendie après de laborieux efforts. Le préjudice causé à l’État n’est pas important, les sapins dont est couvert le terrain n’ayant que légèrement souffert du feu, attribué à l’imprudence. Il y a lieu de féliciter les habitants de la Motte de leur courageuse intervention.
Le 31 août, un incendie est déclenché par des exercices militaires.
Le feu dans les landes
Un incendie causé par la déflagration de fusées employées comme signaux par les corps en manœuvre a éclaté le mercredi 31 août sur la lande de Coetquidan, plateau supérieur de l’immense camp militaire. [...] Les dégâts matériels consistant en quelques hectares de landes brûlées, sont peu importants.
1926
Le principal incendie sur le camp de Coëtquidan relayé par la presse date de 1926.
300 hectares de landes sont incendiés le 26 août par les tirs d’artillerie. Le feu est favorisé par la sécheresse.
Notre camp régional est actuellement occupé par plusieurs régiments d’artillerie qui effectuent journellement des tirs dans l’immense terrain militaire où la végétation, jamais contrariée s’étend et se développe rapidement ; certaines régions du bled de Coëtquidan sont devenues presque impénétrables. C’est donc un élément facile pour l’incendie par ces temps de sécheresse. La journée du 26 août ayant été marquée par des tirs intensifs, le feu s’est déclaré en plusieurs endroits de la lande et notamment du côté de la Grande-Bosse. Le feu se propagea jusqu’à environ 400 mètres du château du Bois-du-Loup, devenu cantonnement militaire. Le feu a continué toute la journée du 27 pendant laquelle 200 hommes de la Compagnie de garde du Camp se sont activement employés. Dans la nuit du 27 au 28, un train spécial a amené 500 hommes de la garnison de Rennes. […] À un certain moment le feu a gagné les abords des agglomérations du Breuil d’en Haut et de Moussenan en Campénéac. Alertés par les gardes du champ de tir, les habitants se sont employés à combattre le fléau. Bien que la lutte fût rendue dangereuse par l’inévitable présence, dans la brousse du champ de tir, d’obus non explosés, aucun accident n’a été à déplorer, et le 28, dans la matinée, la progression de l’incendie était complètement arrêtée. […] La surface couverte par le feu peut être évaluée à environ 300 hectares.
1928
Un incendie s’est déclaré dans les landes et taillis de Rolon et de la Roche en Campénéac. Une quantité importante d’hectares, appartenant à 18 propriétaires de la commune ont été la proie des flammes. Le préjudice causé à l’ensemble de ces propriétaires est évalué à 31 250 francs. Ces causes paraissent accidentelles, elle peuvent être dues à l’éclatement d’un obus, à la suite des tirs faits au Camp de Coëtquidan.
1932
LE FEU DANS LES LANDES.
Un nouvel incendie s’est déclaré dans la soirée du vendredi 4 mars sur le lot d’affermage N-56, au sud des moulins de Lisan.
Ce sinistre a pris fin le même soir à 22 heures.
Deux hectares de landes sans grande valeur ont été détruits.
LA LANDE DE COETQUIDAN EN FLAMMES
Hier, tard dans la nuit. nous apprenions que des incendies très importants venaient de se déclarer dans les landes et les bois du Camp de Coëtquidan.
Nous nous sommes immédiatement rendus sur les lieux et après de longues minutes de marche au milieu des bois et landes, nous avons découvert à deux kilomètres environ de la route, entre Saint-Malo de Beignon et Campénéac, un vaste terrain embrasé. Plusieurs hectares de landes avaient été ravagés par le feu. A 1 heure du matin il y avait encore trois ou quatre foyers importants. [...] A l’heure où nous mettons sous presse, le feu, attisé par une brise très légère, continue à faire des ravages dans l’herbe grillée et les petits sapins. Au moment où nous quittions les lieux du sinistre, une brume froide et très épaisse tombait sur le plateau de Coëtquidan. Il est probable qu’à l’heure où paraîtront ces lignes, la bruine matinale aura achevé d’éteindre cet incendie, qui a dû être allumé par les projectiles employés par les militaires du camp.
1975
Le 8 septembre, lors de manœuvres au mortier, le feu s’est déclaré dans la lande. Le feu prenait rapidement de l’ampleur à cause de la sécheresse qui sévit actuellement et le village de Tréfrain était menacé si le brasier continuait de se propager aussi rapidement.
Plusieurs hectares de lande ont été détruits.
1980
Surface touchée : 54,3 ha
Commune concernée : Campénéac
- Lande sèche (53,2 ha / 98 %)
- Indéterminé (1,1 ha / 2 %)
— BARLIER, Coralie, DECIGAUD, Lucie, LE MAUX, Caroline, [et al.], Historique spatialisé des feux sur le massif de Brocéliande depuis les années 1950 et intensité des feux de 2022, Master 2 GHBV, Université de Rennes, 2023, Voir en ligne. —
1982
Surface touchée : 55,6 ha
Communes concernées : Porcaro (27,8 ha) et Guer (27,8 ha)
- Forêt mixte (3,7 ha / 7 %)
- Forêt de pins (7,2 ha / 13 %
- Lande sèche (44,2 ha / 79 %)
- Indéterminé (0,5 ha / 1 %)
— BARLIER, Coralie, DECIGAUD, Lucie, LE MAUX, Caroline, [et al.], Historique spatialisé des feux sur le massif de Brocéliande depuis les années 1950 et intensité des feux de 2022, Master 2 GHBV, Université de Rennes, 2023, Voir en ligne. —
1989
Une centaine d’hectares en feu au camp militaire de Coëtquidan
Un incendie (d’origine indéterminée) est déclaré jeudi peu avant 18 h. au Bois du Loup cinq kilomètres au nord-est d’Augan sur la commune de Campénéac dans l’enceinte du camp militaire de Saint-Cyr Coëtquidan.
Alerté par les cinq vigies de la région de Ploërmel, le centre opérationnel départemental d’incendie et de secours (CODIS) de Vannes dépêchait immédiatement sur place les corps de sapeurs-pompiers les plus proches (Guer, Campénéac, Malestroit, Ploërmel, La Gacilly).
Sur le massif de résineux, le vent se levait en soirée. Alors que le feu se propageait rapidement les corps de Josselin, Mauron, Plumelec, La Trinité-Porhoët, Ménéac, Elven, Molac, Rochefort-en-Terre, Plescop, Pipriac, Maure, Locminé, Grandchamp, Questembert étaient appelés en renfort.
Avec les militaires du camp de Coëtquidan ce sont cent cinquante hommes du feu, une trentaine de véhicules qui étaient encore sur le terrain vers 21 h, alors que le sinistre n’était pas encore maîtrisé mais le front des flammes (environ 500 mètres) contenu.
Sur place on évaluait à une centaine d’hectares la surface de landiers et de résineux détruits. Aucune habitation n’a été menacée directement par les flammes.
2003
8 avril - 25 et 26 avril - 300 ha
Témoignage d’André Eon, ancien chef du centre de secours de Campénéac.
Pas d’informations dans la presse.
2008
2009
Deux incendies ont lieu au printemps 2009 sur la commune de Campénéac.
Ces deux incendies se déclarent à l’origine sur le camp de Coëtquidan.
Le 18 mars dernier, le tir d’une grenade fumigène lors d’un exercice franco-britannique provoqua un incendie qui avait détruit plusieurs dizaines d’hectares de landes sur le terrain de manœuvre des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan.
Et ce matin du 1er avril, à 11 heures, et selon le porte-parole des écoles, un autre feu s’est déclaré après qu’une unité du 11e Régiment d’Artillerie de Marine (RAMa), alors en manœuvre sur le même terrain, ait tiré à la mitrailleuse.
Cette fois, ce sont 130 hectares qui sont partis en fumée avant que l’incendie ne soit maîtrisé en fin d’après-midi grâce à l’intervention de 223 pompiers civils venus du Morbihan, des Côtes d’Armor, de Loire-Atlantique et de l’Ille-et-Vilaine.
Cet incendie a semble-t-il été favorisé par une herbe trop sèche et un vent fort. « Ce sont les conditions les plus restrictives d’utilisation du camp » a expliqué le lieutenant-colonel Franck Chevallier, directeur de la communication des Ecoles de Saint-Cyr Coëtquidan, à Ouest-France.Du coup, le camp militaire est en « vigilance rouge » et l’utilisation de munitions réelles au cours des exercices n’est plus autorisée jusqu’à nouvel ordre.
La zone touchée est situé à 600 m environ à l’est du village de « Mouzenant ».
La surface totale incendiée en 2009 couvre 130 ha.
2013
Dans la nuit du 19 avril, un incendie est provoqué par une fusée éclairante.
Coëtquidan. Un incendie détruit 200 ha dans le camp
C’est dans le cadre d’un exercice de tir de fusil nocturne qu’a été utilisée cette fusée éclairante. L’incendie s’est déclaré mercredi vers 23 h 40. Le camp militaire disposant de son propre service d’incendie, ce sont ses pompiers qui sont intervenus dans un premier temps. Vue l’importance du brasier, ils ont vite fait appel à des renforts. À 2 h, ce sont 40 ha de végétation basse, des fougères et herbes sèches, qui étaient partis en fumée. Huit heures plus tard, la superficie avait doublé et n’a cessé de progresser dans le courant de la journée d’hier.Une zone interdite aux militaires et aux secours
Cette propagation s’explique par la localisation de l’incendie. Il s’est produit dans une zone qui sert de réceptacle de tirs, notamment de mortiers, où il peut y avoir des munitions qui n’ont pas explosé. De ce fait, elle est interdite d’accès, aux militaires comme aux secours. Les pompiers ont donc mis en place un périmètre sur le pourtour de la zone concernée, d’une superficie de 400 ha, et se sont contentés de contenir l’incendie. Cette zone est uniquement composée d’espaces naturels, aucun bâtiment ni aucune habitation n’étaient menacés. Les soldats du feu se déplaçaient en fonction de l’orientation du vent. Ils avaient uniquement pour objectif d’empêcher les flammes de se propager hors du réceptacle de tir, bordé par des axes de circulation utilisés par les personnels militaires. Une soixantaine de pompiers étaient en permanence sur le site, à compter du moment où l’alerte a été donnée. Ce dispositif a été allégé hier soir, alors que 200 ha avaient été détruits. Ainsi cerné, le feu devrait s’éteindre de lui-même.
Le lendemain l’extension de l’incendie est réévaluée à 300 ha.
L’incendie sur la zone militaire de Coëtquidan est terminé. 300 hectares de landes ont été ravagés par le feu. Le site reste encore sous la surveillance des sapeurs-pompiers de la section incendie de Saint-Cyr. Le feu s’était déclaré lors d’un entraînement des militaires du 3e Rima de la 9e brigade d’infanterie marine de Vannes mercredi soir. C’est une fusée éclairante, lancée pour éclairer un exercice de tir, qui a déclenché l’embrasement du terrain militaire, qui se situe à environ 6 km de la départementale 724 entre Campénéac et Beignon.
2017
- 26 janvier - 100 hectares détruits
- 29 mars - « La Vilain » en Campénéac (Coëtquidan).
Témoignage d’André Eon, ancien chef du centre de secours de Campénéac.
Pas d’informations dans la presse.
- 31 mars - 20 hectares détruits
2021
- 23 novembre - 7 hectares détruits
Une trentaine de pompiers sont intervenus au camp de Saint-Cyr Coëtquidan (Morbihan) dans la soirée du 23 novembre 2021. Un incendie a ravagé sept hectares de broussailles.
2022
- 18 juin
Les incendies de landes avant 1947
Avant 1947, ces incendies sont assez localisés et ne touchent pas de grandes superficies. Ils ne sont pas systématiquement relatés dans la presse.
Ces incendies sont assez localisés et ne touchent pas de grandes superficies. Ils ne sont pas systématiquement relatés dans la presse.
1899
Campénéac
Le 6 Avril dernier, vers 8 heures 1/2 du soir un incendie dont la cause est inconnue s’est déclaré dans un bois de jeunes sapins, situé près du village de Saint-Jean en la commune de Campénéac, 8 ou 10 hectares de ce bois ont été brûlés. Ce bois appartient à Madame la Baronne de Sivry demeurant à Bohal.
1937
- Un incendie au sud de Campénéac
Une quinzaine d’hectares détruits
LE FEU DANS LES LANDES
Vendredi, dernier, dans l’après-midi, le feu s’est déclaré dans les landes entre les villages de la Rivière et Quelneuc, en Campénéac. L’incendie menaçait de gagner les maisons du village de Quelneuc, et les pompiers de Campénéac alertés se rendirent sur les lieux. Au bout de plus de trois heures d’effort, aidés des gens des environs et sous le service d’ordre des gendarmes de la brigade du camp de Coëtquidan, ils parvinrent à se rendre maitres du feu. Une quinzaine d’hectares d’ajoncs et de bois ont été détruits. Les causes du sinistre sont inconnues, les gendarmes enquêtent.
- Un incendie à la Ville Aubert (Campénéac)
38 hectares de landes détruits
PLUS DE TRENTE HECTARES DE LANDES SONT LA PROIE DES FLAMMES
Le 30 juillet, les gendarmes de Coëtquidan étaient avisés par M. de Boyne, propriétaire a la Ville-Aubert, que la veille un incendie avait détruit une grande quantité de landes lui appartenant. Dès l’après-midi, vers 14 heures, les gendarmes s’apprêtaient à faire leur enquête quand en cours de route ils rencontrèrent un employé de M. de Boyne qui leur déclara qu’au cours de la nuit l’incendie s’était rallumé et prenait de grandes proportions. Les fermiers de M. de Boyne se trouvaient occupés aux battages à la « Métairie ». Ils se rendirent alors combattre le fléau et après quelques heures d’efforts réussirent à circonscrire le feu. Trente hectares de terres couvertes de landes, jeunes arbres, etc., appartenant à M. de Boyne ont été brûlés, ainsi que cinq hectares appartenant à M. Arthur de la Ville-Laurier, deux hectares appartenant à Mme Le Bois, née Davalo, de la Tauponnière, un hectare appartenant à M. Pierre Perret, 20 ares appartenant à M. Juno, etc. On recherche les causes de l’incendie.
1938
- Un incendie de landes proche de Beignon
3,5 hectares de landes sont détruits.
Un incendie de landages
Le 29 avril au matin, un incendie se déclarait dans des landes, genêts, ajoncs et sapins, sis au nord-est de Beignon, entre le Poteau en Beignon et les Brûlais en Paimpont. L’incendie prit rapidement de grandes proportions et plusieurs hectares furent sinistrés. Les habitants de Beignon combattirent l’incendie à l’aide de branchages.
Les incendies de landes entre 1947 et 1975
Après la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture subit de profonds changements.
Dans les zones situées sur dalles pourprées, de faible production agricole, l’utilisation des landes pour l’élevage : pâturage, récolte de litière ou de fourrage, cultures (seigle, avoine, sarrasin) est progressivement abandonnée et laisse la place à de grandes surfaces homogènes de landes hautes à ajonc, présentant un grand risque d’incendie.
1947
Un incendie important s’est déclaré sur le nord du massif de Paimpont.
Plus de 150 hectares de landes et forêt sont détruits par les flammes
Le 5 septembre, à 10 heures, les gendarmes de Mauron étaient prévenus qu’un incendie s’était déclaré en forêt de Paimpont et sur le territoire de Tréhorenteuc. L’incendie avait pris naissance sur le flanc ouest du coteau du Val-sans-Retour, bien connu des touristes, à 1 kilomètre 500 environ au nord-est du bourg. S’étant rendus sur les lieux , ils constatèrent que malgré les efforts des sauveteurs l’incendie, activé par un vent sud-ouest se propageait dans la vallée puis remonta le plateau du Bois de Roco, d’un superficie de cent hectares qu’il a ravagé. Malgré les efforts des troupes de l’École Militaire Inter-armes, accourues avec leurs pompes le feu continuait de s’étendre en direction de Trébotu, en Tréhorenteuc et du Vieux Quily, en Campénéac. De l’autre côté il s’étendait également en direction de Beauvais, commune de Paimpont. Plus de 150 hectares de taillis et landes ont été la proie des flammes et de nombreux cultivateurs ont eu à souffrir de cet incendie, dont le préjudice causé n’est pas encore évalué. Fort heureusement, aucun village n’a été atteint. Aucun indice n’a pu être relevé. La gendarmerie de Plélan-le-Grand procède de son côté à une enquête.
1955
L’été 1955 connait une très forte sécheresse, favorisant de nombreux incendies dans l’ouest.
Incendie en lisière de la forêt de Paimpont
[...] La partie détruite se trouve située sur la lande dite « Roco » près du célèbre « Val sans retour ». D’après les premières estimations, il y aurait environ 125 ha de brûlés sur la commune de Paimpont, 80 ha sur la commune de Campénéac et une plus faible partie sur la commune de Tréhorenteuc.
Des habitants témoignent de l’importance de cet incendie sur la partie sud-ouest de Beauvais : secteur entre St-Jean - Tombeau du Géant - Croix Lucas - Butte de Tiot.
Ma mère Émilienne m’a raconté que lors de l’incendie des landes de la Touche Guérin en 1955, les hommes (mon oncle et mon grand-père Mathurin Morand, mon père Gilbert Moinerais et autres voisins) gardaient le feu jour et nuit avec des pelles ou branchages pour taper sur le feu ; ils étaient tellement épuisés qu’ils se reposaient parfois sur place dans le tombeau du géant.
Voilà le souvenir des récits familiaux.
1959
1er octobre - 100 hectares de landes et de bois
1975
9 septembre - 4 ha détruits
Paimpont : 4 ha de landes brûlées au lieu-dit « l’Orgeril »
Les incendies de landes depuis 1976
À partir de 1976, des incendies de grande ampleur se déclenchent de façon récurrente sur la partie ouest du massif de Paimpont, essentiellement sur dalles pourprées.
Les conditions météo (température et pluie) jouent un rôle important pour les risques d’incendie (propagation et intensité).
Les principaux incendies
- 1976 - printemps- 686 ha
- 1976 - été - 766 ha
- 1984 - printemps - 510 ha
- 1987 - printemps - 162 ha
- 1990 - été - 424 ha
- 2005 - été - 93 ha
- 2009 - printemps - 103 ha
- 2022 - été - 485 ha
Les incendies se répartissent de manière égale entre printemps et été.
1976
Plusieurs incendies importants se déclarent en avril, juillet et août.
- 27 avril : 604 ha
- 29 avril : 82 ha
- juillet : 403 ha
- août : 259 ha (nord) et 104 ha (sud)
soit un total de 1452 ha
1976 est « l’année de la sécheresse »
Il s’agit d’une année exceptionnelle du fait de températures très élevées et d’un déficit hydrique très sévère (voir tableau précédent), notamment pour la pluie utile 6.
Par exemple en juin 1976 : 1,6 mm de pluie (54,8 mm en moyenne) et 20,4°C (15,3° en moyenne).
- Le 27 avril - Le feu se déclenche à l’est, du côté du « Chêne Dom Guillaume », se dirige vers l’ouest, franchit le « Val sans Retour », la « vallée du Gros Chêne » et poursuit sa route vers les « Landes Rennaises ». Il passe tout près de « Sainte-Anne » et franchit la D134. La lande autour de la « Croix de Sainte-Anne » est partiellement touchée. La zone incendiée couvre 604 ha.
- Le 29 avril - Départ de feu entre « Folle Pensée » et « Le Pertuis Néanti », dans une zone de bois et de landes. 82 ha touchés.
- Juillet - Le feu démarre près de « Roc Fermu » 7, au sud du « Pertuis Néanti », à la suite d’une imprudence. Il se dirige vers l’ouest, touche la vallée de « Sainte-Onenne », franchit la D141. Il descend sur la « Lande des Vignes », il est alors à environ 500 m au nord de Tréhorenteuc. Sa progression vers l’ouest est stoppée par les zones cultivées.
Dans sa progression vers le nord, bordée par la D141, il atteint le « Jardin aux Moines », « le tombeau du Dr Guérin ». Comme à l’ouest, sa progression est interrompue par les cultures - Surface touchée : 403 ha
- Août - On peut distinguer trois secteurs parcourus par le feu :
- Le secteur nord : de la « Croix Lucas » à l’« Hotié de Viviane » et à la « vallée des Portes » (partie amont du Val sans Retour) - Surface touchée : 54 ha
- Le secteur central : entre le GR 37 (ancienne route vers Trécesson) et l’actuelle ligne de la « Croix Lucas ». Ce secteur inclut la vallée de Saint-Amant, la Butte de Tiot, le Tombeau du Géant, le moulin de Rohan - Surface touchée : 205 ha
- Le secteur sud : sur le camp de Coëtquidan, à l’est des villages de Tréfrain et Mouzenant - Surface touchée : 104 ha
On remarque que l’équipement des pompiers s’est beaucoup amélioré depuis cette époque.
1984
L’incendie se déclare le 30 avril, à la suite d’un déficit hydrique très important en février (31 mm) et avril (14 mm) (voir tableau précédent).
Les feux de printemps sont favorisés par une masse de fougères sèches en sous-bois. Ils sont en général moins violents et ne détruisent pas la matière organique en surface ni le stock de graines. Ils permettent aux ajoncs de « repartir sur souche ».
L’incendie - sans doute d’origine criminelle - débute vers 9h du matin dans la vallée de Saint-Amant, au niveau de la source de « Sainte-Apolline ».
Poussé par un fort vent de sud, il gagne rapidement la « Butte de Tiot ».
— vers le nord, il touche le « Tombeau du Géant » et franchit la ligne de « la Croix Lucas » à la mi-journée, sans que les pompiers puissent le contenir.
« L’Hôtié de Viviane » est également touché.
Dans son trajet vers le nord, l’incendie passe à 200 m à l’ouest de la dernière habitation de la « Touche Guérin ».
— L’incendie se propage jusqu’au Val sans Retour, où il est maitrisé en fin de journée grâce à l’intervention des canadairs.
— vers l’ouest, il progresse vers « le Bréhelo » et « les Landes Rennaises », menaçant « la Tauponnière » et « Sainte-Anne ». Le « moulin de Rohan » est touché.
Au total la surface incendiée couvre 510 ha.
1987
L’incendie a lieu le 27 avril.
La pluviométrie est nettement déficitaire avec une pluie utile de 381 mm contre une normale de 510 mm (voir tableau précédent).
La zone touchée est située au nord de Tréhorenteuc :
- la « Lande des Vignes »
- la D 141 de Tréhorenteuc à Paimpont
- la vallée de « Sainte-Onenne »
- la « Butte Ronde » et la « Butte aux Tombes » : zones d’intérêt archéologique
L’hypothèse d’un acte criminel est envisagée.
La surface incendiée couvre 170 ha. — ANONYME, « Cent soixante-dix hectares ravagés par les flammes », Ouest-France, 28 avril, Campénéac, 1987, p. 9, Voir en ligne. —
La surface est réévaluée à 220 ha. — ANONYME, « Deux cent vingt hectares brûlés en forêt de Brocéliande. Probablement un acte criminel », Ouest-France, 29 avril, Trehorenteuc, 1987, p. 9, Voir en ligne. —
1990
Cet incendie fait l’objet d’un très fort intérêt médiatique au niveau national. Les journalistes font référence aux légendes arthuriennes de Brocéliande, sans préciser que ce sont essentiellement des landes qui ont été incendiées.
En quatre jours d’incendie sacrilège, le feu a détruit, aux confins du Morbihan et de l’Ille-et-Vilaine, 440 ha de cette forêt de Paimpont que les poètes et les amoureux de la Bretagne millénaire appellent toujours Brocéliande. Un lieu magique qui fut jadis l’univers du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde. On y venait à la rencontre du sacré et du mystère. Les flammes l’ont dévoré. Les formes noires des arbres torturés dominent maintenant le Miroir aux fées.
Comme pour les incendies précédents, on note un fort déficit hydrique (voir tableau) dans les mois précédents : printemps (mars) et été (juillet à septembre).
En août, un premier incendie concerne une partie de la zone touchée en 1987, au nord de Tréhorenteuc :
- la « Lande des Vignes »
- l’ouest de la D 141 de Tréhorenteuc à Paimpont
- la « Butte Ronde » et la « Butte aux Tombes » : zones d’intérêt archéologique
67 ha sont concernés.
Le 10 août 1990, Le Ploërmelais titre à sa Une : Brocéliande s’enflamme, pyromane recherché.
Quelques jours plus tôt, plusieurs incendies détruisent une quinzaine d’hectares de la forêt légendaire du Morbihan. Au regard du nombre de départs de feu, la piste criminelle est privilégiée par les gendarmes.
Sur cette photo, on voit la « Lande des Vignes » en feu surplombant le bourg de Tréhorenteuc.
Entre le 7 et le 11 septembre, un incendie très important se déclare pendant cinq jours. Les pompiers combattent un front de feu de 2 km.
- le 7 septembre - Un premier départ de feu est observé sur les « landes de Gautro ». Il gagne le fond du « Val sans Retour », passe ensuite sur « Rauco » et arrive tout près de la « Croix Lucas ». Il touche 101 ha.
Ce vendredi 7 septembre 1990, les flammes ont pris naissance du côté de Tréhorenteuc (Morbihan) où de la fumée a été aperçue du côté du Val sans retour, avant de gagner aussi le territoire de Paimpont et de Campénéac.
- 10-11 septembre - La zone la plus touchée (256 ha) s’étend du « Val sans Retour » et du « Bréhelo » à l’est jusqu’aux « Landes Rennaises » et à la « Croix de Sainte-Anne » à l’ouest, suivant son trajet habituel.
Au total la zone incendiée couvre 357 ha.
Elle se superpose largement avec la zone incendiée le 27 avril 1976.
Cinq pompiers de Vannes sont grièvement brûlés dont deux évacués par hélicoptère à l’hôpital des grands brûlés de Percy. — ANONYME, « Pays de Ploërmel. Témoignage : 7 septembre 1990, la mythique forêt de Brocéliande s’embrase », Les Infos du Pays Gallo, 24 juillet, 2022, Voir en ligne. —
Plus de 400 hectares sont détruits par les flammes avant que les canadairs de Marignane ne viennent en renfort aux moyens engagés au sol. — GOURIN, Didier, « RÉCIT. En 1990, la forêt de Brocéliande était déjà ravagée par le feu », Ouest-France, 20 août, 2022, Voir en ligne. —
— LE LAY, Dominique, « EN IMAGES. Dans le Morbihan, ces deux jours où 440 ha de forêt de Brocéliande sont partis en fumée », Ouest-France, 11 septembre, 2020, Voir en ligne. —
Des moyens exceptionnels mis en œuvre
Des grands moyens ont été nécessaires pour venir à bout de l’incendie :
- 11 échelons de pompiers issus du Morbihan et de l’Ille-et-Vilaine, soit 55 engins d’attaque, 5 camions citerne de grande capacité, divers véhicules de reconnaissance tous terrains, 2 véhicules de sortie de feu de forêt, 1 hélicoptère, 250 hommes sur le terrain.
- A cela se sont ajoutés des renforts : 1 élément de l’unité de la Sécurité civile du Sud- ouest, 3 avions bombardiers d’eau de Marignane, 1 Faulker 27, 2 canadairs, 1 hélicoptère de la Sécurité civile de Lorient, 1 colonne de sapeurs-pompiers de la région Centre (40 hommes et 10 engins).
- D’importantes forces de la Gendarmerie ont également été mobilisées.
Les incendies de lande permettent de (re)découvrir des mégalithes enfouis au milieu des ajoncs.
La Création d’un Comité Technique pour la gestion des zones à risques
La répétition des incendies de grande ampleur depuis 1976 amène les autorités à investir dans des aménagements pour limiter les incendies : débroussaillements, plantations, pâturages, etc.
- — ANSELIN, Paul (Dir. Publ.), « Pâturages dans les landes : une démarche de coeur pour Philippe Geffroy », Bulletin de l’Association de Sauvegarde du Val sans Retour et de Brocéliande, 2012, p. 4-5, Voir en ligne. —
- — ANSELIN, Paul (Dir. Publ.), « Des travaux de prévention contre les incendies », Bulletin de l’Association de Sauvegarde du Val sans Retour et de Brocéliande, Vol. 8, 2016, p. 5, Voir en ligne. —
La Station biologique de Paimpont est sollicitée pour émettre des propositions à ce sujet.
En 1993, la Station biologique obtient des crédits pour s’équiper en matériel informatique, en Système d’Information Géographique (SIG) et pour employer Jean-Louis Belloncle 8, spécialisé dans ce domaine. — CLUZEAU, Daniel, BELLONCLE, Jean-Louis, DUTOUR, M., [et al.], « La déprise agricole, incendie et biologie de la conservation dans le Massif de Brocéliande : Programme de Recherche - Action, 1ère partie, 1991-1992 », Les Cahiers du Bioger, Vol. 1, 1995. —
En septembre 1990, un incendie, dont l’ampleur reste dans les mémoires, se déclare sur la lande de Gautro, au-dessus du Val sans retour. Il anéantit une partie des efforts déployés depuis dix ans. Plus de 420 hectares de landes et de bois sont détruits par le feu. Une réunion exceptionnelle se tient le 20 septembre à la Station biologique de Paimpont avec de grands chefs d’entreprises.
François Pinault 9 et Yves Rocher 10 contribuent financièrement aux actions de reboisement et interviennent beaucoup dans les médias.
J’ai décidé de piocher dans ma cassette personnelle pour proposer aux élus régionaux, locaux, de payer le reboisement de cette forêt, de l’ensemble de cette forêt.[…] C’est un investissement de quelques millions, que je chiffrerai un peu plus tard, mais je souhaite que ça puisse se faire dans les meilleurs délais pour que les générations futures puissent comme je l’ai fait dans ma jeunesse profiter de cet endroit mythique, extraordinaire, cher au cœur de tous les français et venir se promener parmi les arbres qui auront grandi.
Par son ampleur (420 ha), les dégâts importants aux plantations et son fort impact médiatique (« Brocéliande en feu »), l’incendie de 1990 apparait comme un déclencheur pour la mise en place de mesures de gestion de ces espaces qui ont déjà subi trois incendies importants.
À la suite de l’incendie de 1990 sur le massif de Brocéliande, un comité technique a été mis en place à la demande du Préfet de région Edouard Lacroix. Ce comité regroupe des membres des différents organismes forestiers régionaux et de l’Université de Rennes 1 (Station biologique de Paimpont). Il a pour objectif de limiter les risques d’incendies en développant un programme d’actions qui comprend, à court terme, des actions de débroussaillement des zones à haut risque potentiel, et à moyen terme, un aménagement intégré du site. [...] La démarche adoptée associe la connaissance de l’existant et des potentialités de la zone, avec les besoins et volontés des principaux acteurs engagés concrètement dans son développement. Le Système d’Information Géographique utilisé nous permet aujourd’hui de disposer d’une banque de données qui peuvent être restituées de manière synthétique, sous forme de cartes thématiques. La gestion et la spatialisation de nombreuses variables relevant de l’écologie, de la pédologie, mais aussi de données historiques, archéologiques, administratives ou socio-économiques, est la première étape d’une approche intégrée d’aménagement.
Pourtant les risques d’incendies ne sont pas totalement écartés, comme en témoignent 2005, 2009 et surtout 2022.
2005
L’incendie de 2005 a été précédé par un très fort déficit hydrique les mois précédents (voir tableau précédent).
Le 9 août 2005, un important incendie se déclare dans les « Landes Rennaises ».
Il est 13h30, mardi quand l’alerte est donnée. Un feu vient de se déclarer aux abords de la D141, reliant Tréhorenteuc et Ploërmel. Un autre foyer s’est concomitamment déclaré à Néant-sur-Yvel. La tâche est rude pour les sapeurs-pompiers. Le vent est assez fort. « Il souffle depuis le début du sinistre entre 40 et 50 km/h. Venant de l’Est, il s’est propagé à très grande vitesse en direction du hameau du vieux Quily. Nous avons donc engagé plusieurs équipes dans cette direction afin de circonscrire son extension ». explique le commandant Serge Delaunay, responsable de la lutte contre l’incendie.
Après avoir frôlé les installations de Gene Diffusion à « Sainte-Anne », il franchit la D134 malgré les efforts des pompiers, contraints d’abandonner leur matériel.
Il poursuit sa route dans la lande vers la « Croix de Sainte-Anne ».
Il s’arrête en bordure des cultures, au-dessus du « Vieux Quily ».
La surface touchée, constituée de landes et de plantations, couvre 93 ha.
Une rapide recolonisation par les ajoncs
Deux mois et demi après l’incendie, les germinations d’ajoncs apparaissent.
2009
Deux incendies ont lieu au printemps 2009 sur la commune de Campénéac.
Ces deux incendies se déclarent à l’origine sur le camp de Coëtquidan.
Le 18 mars de part et d’autre de la vallée Saint-Amant
Le 18 mars dernier, le tir d’une grenade fumigène lors d’un exercice franco-britannique provoqua un incendie qui avait détruit plusieurs dizaines d’hectares de landes sur le terrain de manœuvre des écoles militaires de Saint-Cyr Coëtquidan.
Cet incendie franchit la limite du camp et s’étend à la Butte de Tiot.
Surface touchée : 38 ha (estimée à partir des photos aériennes)
Photos prises un mois après (18 avril)
2022
Le 18 juin sur le camp de Coëtquidan
Onze hectares sont touchés.
Les pompiers sont intervenus dans le camp de Coëtquidan (Morbihan) samedi 18 juin 2022. Un feu, dont l’origine reste inconnue, s’est déclaré en milieu d’après-midi.
Le 18 juillet : la Station biologique menacée
La matinée s’annonce très chaude lorsqu’un incendie d’origine accidentelle se propage rapidement dans les ajoncs et les buissons, franchit la D 40 et touche le pied du bâtiment d’hébergement de la Station biologique de Paimpont. L’intervention rapide des pompiers permet d’éviter une catastrophe. Environ 1,5 ha sont touchés.
Le 12 et le 13 août 2022
Treize ans après le dernier incendie ayant touché l’ouest du massif de Brocéliande, l’été 2022 est très chaud (on atteint 40° à la mi-juillet) et très sec (il n’est tombé que 18 mm en mai et 2 mm en juillet.). La végétation souffre - ajoncs et arbustes sont secs - les conditions sont donc très favorables et le 12 août, vers 1h du matin, un incendie (sans doute d’origine criminelle) se déclare du côté de la vallée Saint-Amant. Poussé par un vent d’est soutenu, il se propage très rapidement vers la Butte de Tiot. Il passe au sud du Tombeau du Géant, frôle la Croix Lucas et poursuit sa route vers le Bréhelo. Il ne franchit pas au nord le chemin du GR37, sans doute combattu par les pompiers pour l’empêcher de gagner le Val sans Retour. Il gagne les Landes Rennaises, Sainte-Anne, la Croix de Sainte-Anne, suit le parcours de 2005. Il s’arrête à l’ouest au niveau des cultures, au-dessus du « Vieux-Quily ».
Plusieurs villages sont évacués par précaution (de l’est vers l’ouest) :
- Tréfrain
- Mouzenant
- Le Lidrio
- La Tauponnière
- Trécesson
- Leslan
- L’abbaye La Joie Notre-Dame
Le feu parcourt successivement toutes les « zones à risques » déjà touchées plusieurs fois par les incendies précédents : « Butte de Tiot », « Bréhelo », « les Landes Rennaises ».