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1929-2008

Le Scouëzec, Gwenc’hlan

Le Grand druide de la Gorsedd de Bretagne et la forêt de Paimpont

Auteur à succès dans les années 1960-1970 du Guide de la Bretagne mystérieuse, Gwenc’hlan Le Scouëzec devient Grand Druide de la Gorsedd de Bretagne en 1980. A partir des années 1990, il publie de nombreux ouvrages sur la forêt de Brocéliande marqués par ses conceptions et croyances néo-druidiques.

Éléments biographiques

Gwenc’hlan Le Scouëzec nait le 11 novembre 1929 à Plouescat (Finistère) 1. Fils du peintre Maurice Le Scouëzec (1881-1940) et de Mathilde Marie Merle, il passe son enfance entre Paris, Madagascar, Landivisiau et Douarnenez où il établit ses premiers liens avec le légendaire arthurien.

En 1946, il s’inscrit à l’école de médecine de Tours. L’année suivante, il entre chez les scouts Bleimor auprès desquels il s’immerge dans la culture bretonne tout en poursuivant des études d’Histoire à la Sorbonne.

En 1951-1952, il effectue son service militaire et obtient le grade d’aspirant de réserve. Il termine son service à la Légion étrangère et part comme instructeur à Sidi Bel-Abbès et à Daya en Algérie.

À partir de 1954, Gwenc’hlan Le Scouëzec enseigne le français en Crète et à Athènes où il se marie avec Jacqueline Debard. En 1957, il fait une demande de réintégration dans la Légion étrangère. Il est alors nommé lieutenant au 5e régiment étranger, basé en Algérie, dans lequel il officie jusqu’en 1958. Ces deux années vont profondément le marquer 2.

Donner la mort va changer radicalement son rapport à l’autre, à la vie. Avoir l’ordre de la donner va renforcer ses convictions contre l’état français. C’est un grand tournant, d’un point de vue psychologique, spirituel, politique.

MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p. [p. 63]

Il réintègre la vie civile en janvier 1958. Il refuse la direction de l’Institut français de Janina (Grèce) et devient professeur d’histoire-géographie à Saint-Didier-en-Velay (Haute-Loire) puis à Versailles.

Gwenc’hlan Le Scouëzec reprend ses études de médecine d’octobre 1960 à 1967 à la Faculté de médecine de Paris. En parallèle, il devient précepteur des enfants de l’éditeur Claude Tchou et entame un travail de collaboration dans la maison d’édition. En 1961, il rencontre Martine Goudard avec laquelle il se marie deux ans plus tard 3.

1er janvier 1963, cueillette du gui dans la brume matinale
MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p.
[page 67]
Coll. privée M. Goudard

Contacté en 1966 par Fant Rozeg Meavenn, il contribue à la revue Ar Vro dans laquelle il publie des articles politiques prônant un communisme breton détaché de l’URSS et du Parti Communiste Français (PCF).

En 1967, il est reçu à la Gorsedd de Bretagne au cours du Gorsedd Digor célébré au bord de l’étang de Paimpont. La même année, il soutient sa thèse de doctorat en médecine à la Sorbonne sur La médecine en Gaule —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, La médecine en Gaule, Guipavas, Editions Kelenn, 1976, 204 p. —

Gwenc’hlan Le Scouëzec participe activement à Mai 1968, sur les barricades ou au volant de la Peugeot 204 de sa femme transformée en ambulance. Il s’inscrit à l’Union démocratique bretonne, en est nommé membre du comité directeur au congrès de Guidel de novembre 1968, mais démissionne deux mois plus tard en soutien aux attentats du FLB/ARB que son parti condamne. En 1969, il cofonde l’association « Skoazell Vreizh » de soutien aux prisonniers politiques bretons avec Xavier Grall et Yann Choucq.

Skoazell Vreizh
Pochette du disque de soutien aux familles des détenus politiques bretons édité par Skoazell Vreizh en 1976.

Gwenc’hlan Le Scouëzec s’installe à Quimper à partir de 1969 où il s’établit comme médecin allergologue puis médecin psychothérapeute.

Le 31 octobre 1980, il succède à Eostig Sarzhaw et devient le cinquième Grand Druide de la Gorsedd de Bretagne.

J’ai été reçu comme barde au Gorsedd de Bretagne sous le nom bardique de Gwenc’hlan, le 21 août 1967 et désigné, douze ans plus tard (le 1er avril 1979) par le Poellgor unanime, Grand-Druide Adjoint. Comme Grand-Druide Adjoint, je célébrai les Gorsedd de Pors an Breton à Quimperlé en septembre 1979 et de Tuchen Gador à Saint-Rivoal en mai 1980. C’est à Pors an Breton en Quimperlé que je fus couronné par Geraint Bowen, Archidruide de Galles.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Résistances, mémoires d’un rebelle, L’Arbre d’Or, 2006, 164 p., Voir en ligne. [page 107]

En 1985, il abandonne l’exercice de la médecine et emménage à Brasparts (Finistère). Il y fonde les éditions Beltan, s’établit en tant que libraire et galeriste afin de faire découvrir l’œuvre de son père, le peintre Maurice Le Scouëzec.

Autoportrait de Maurice Le Scouëzec
Huile sur carton marouflé sur toile, 74 x 58 cm, 1922, Collection particulière

À partir de 1990, il vit avec Maï-Sous Robert Dantec 4. Elle décède d’une rupture d’anévrisme en janvier 2001. Marqué par cette mort brutale, Gwenc’hlan Le Scouëzec accuse le coup. Il termine la publication de ses ouvrages en cours d’écriture et continue d’œuvrer en tant que Grand Druide de Bretagne.

En 2003, il se marie avec Bernadette Le Huche mais sa santé peu à peu se dégrade. Il décède le 6 février 2008 à Brasparts. —  MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p. —

Du roi Arthur à Brocéliande

Marqué par le mythe du retour d’Arthur dès son enfance, Gwenc’hlan Le Scouëzec a, sa vie durant, entretenu des liens forts avec le légendaire arthurien.

Les premières références à Brocéliande dans ses publications (1968-1979) montrent la place relative qu’il accorde initialement à la forêt légendaire. Brocéliande y est présentée avant toute chose comme le réceptacle de la tradition arthurienne, tradition permettant d’accéder à la connaissance druidique.

Se démarquant progressivement des grandes figures littéraires bretonnes du 19e siècle comme Théodore Hersart de la Villemarqué (1815-1895) et Anatole Le Braz (1859-1926), il réexamine le mythe arthurien à travers son propre prisme druidique et construit peu à peu un regard personnel sur la forêt légendaire. C’est ainsi que Brocéliande, thème secondaire de la première partie de son œuvre, devient objet d’étude à part entière dans les années 1990.

Gwenc’hlan Le Scouëzec en 1966 avec son second fils à la fontaine de Barenton
—  MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p.
[page 70] —
Collection privée M. Goudard

À cette époque, Gwenc’hlan Le Scouëzec se rend régulièrement en forêt de Paimpont. Ses immersions forestières et ses amitiés paimpontaises l’ouvrent à une autre vision de la place de Brocéliande dans la tradition druidique, particulièrement visible dans ses publications du tournant du siècle (1998-2002).

Ses dernières publications (2002-2008) témoignent de la place centrale que Brocéliande occupe - désormais à l’égal des terres finistériennes - dans sa perception de la géographie sacrée de la Bretagne.

Dans les dernières années de sa vie, répondant à un journaliste sur la localisation de Brocéliande, Gwenc’hlan Le Scouëzec avait tout simplement déclaré : “Brocéliande est en moi, je ne la cherche pas ailleurs...” —  CAPPELLI, Jean-Claude, La bête de Brocéliande, Lulu.com, 2013, 370 p., Voir en ligne. [page 65] —

1936-1951 — La découverte du roi Arthur et de Merlin l’enchanteur

En 1936-1937, Gwenc’hlan Le Scouëzec suit les cours de l’école primaire Saint-Blaise de Douarnenez (Finistère). Il y fait ses premiers pas dans l’imaginaire arthurien auprès de son institutrice Marguerite Gourlaouen.

Son père l’a confié à un instituteur bretonnant de St Blaise, à Douarnenez, qui s’en ira rapidement et sera remplacé par Marguerite Gourlaouen, disciple de Roparz Hemon 5. Ses cours le marquent, les livres qu’elle lui prête aussi. Surtout l’« Histoire de Bretagne » de Danio, et les illustrations de bois de René-Yves Creston, de Jeanne Malivel ou de Xavier Haas. Les deux illustrations qui le marquent à jamais sont celle représentant la mort de Pontcallec, et celle représentant le retour d’Arthur.

MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p. [pages 42-43]
Gravure sur bois d’Arthur dans "Histoire de notre Bretagne"
—  DANIO, C., Histoire de notre Bretagne, Dinard, À l’enseigne de l’hermite, 1922, 138 p., Voir en ligne.
[page 8] —
Jeanne Malivel

Il y avait dans le livre de Danio une illustration qui était d’un bois de Creston ou de Xavier Haas, je ne sais plus, et qui représentait la mort de Pontkallek, décapité à Nantes sur la place du Bouffay sur ordre du roi de France en 1720. Il y avait aussi, de la même main, une barque qui s’avançait, à la proue de laquelle une femme (ou un ange ?) tenait les deux fragments d’un glaive : c’était Arthur qui revenait. Ces deux reproductions m’ont enchanté.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Résistances, mémoires d’un rebelle, L’Arbre d’Or, 2006, 164 p., Voir en ligne. [page 93]

En 1946, alors étudiant à l’école de Médecine de Tours, Gwenc’hlan Le Scouëzec se passionne pour des adaptations en français de littérature arthurienne.

[...] il cherche à s’évader en lisant de la littérature celtique ou assimilée, en langue française : « La harpe d’argent » de Gaston Luce, « Le réveil de Merlin » de Savoret, « La geste de Cuchulainn », le « Barddas » de Morganwg, « Du menhir à la croix » : il y découvre ce qui est véritablement notre race celtique : « cœur tendre et tête dure ; rêveuse, chercheuse et passionnée d’idéal ». Il croit en une sorte de chevalerie moderne remettant au gout du jour des clichés tirés des récits arthuriens médiévaux : des chevaliers respectant des valeurs et des principes, chrétiens et celtiques à la fois.

MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p. [page 37]
Le réveil de Merlin
—  SAVORET, André, Le réveil de Merlin, Paris, Editions de Psyché, 1934, 80 p., Voir en ligne. —

Cette découverte marque le début de ses réflexions sur les liens entre spiritualité, politique et druidisme.

Il est fasciné par le personnage de Merlin, le plus symbolique du cycle, mais il a sur lui un regard très jésuite : pour lui, Merlin dormant dans les bras de Viviane, c’est « notre civilisation occidentale tombée dans la jouissance et le matérialisme, oublieuse des vérités premières, ayant perdu le sens de Dieu et son devoir ». Mais la dormition d’Arthur est un espoir de voir un jour revenir en Occident l’ordre chrétien et chevaleresque de la Table Ronde auquel le jeune Gwen souhaite prendre part. [...] Merlin restera pour lui un personnage de référence, un exemple dans sa démarche spirituelle future : un des archétypes du druide, qu’il aimera suivre.

Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 37

En 1947, il entre chez les Scouts Bleimor, rencontre décisive dans la construction de son identité bretonne.

Je pense que tout a commencé pour moi rue de Rennes à Paris, alors que je me trouvais dans la Librairie Celtique. J’avais à peine dix-sept ans. Il y avait au mur une affiche d’un centre scout nommé Bleimor qui invitait les jeunes gens et les jeunes filles d’origine bretonne à participer aux activités du groupe.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Résistances, mémoires d’un rebelle, L’Arbre d’Or, 2006, 164 p., Voir en ligne. [page 92]
Illustration pour une revue des Scouts Bleimor de 1957
—  J. C., « Cahiers trimestriel de l’Urz Skaouted Bleimor », Sturier Bleimor, Vol. 2, 1957, Voir en ligne. —
Institut de Documentation Bretonne et Européenne

Gwenc’hlan Le Scouëzec retrouve dans ce mouvement l’idée arthurienne de chevalerie chrétienne et celtique, pratique le Breton et découvre la culture bretonne.

Ses idées recoupent celles qu’il va rencontrer aux Scouts Bleimor : l’idée de chevalerie celtique anime les créateurs de ce mouvement, qui n’hésitent pas à opposer culture celtique et rurale d’un côté, et culture latine et urbaine de l’autre. Les Scouts Bleimor sont donc censés retrouver un lien avec la nature, à apprendre à vivre dans les bois, et vivre des aventures tels que les mythes arthuriens en regorgent.

Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 37

1960-1967 — Les éditions Tchou

En juin 1960, l’éditeur Claude Tchou lui propose de rédiger les publicités pour son club de librairie, Le Club du Livre Précieux. Il entre au conseil d’administration de la maison d’édition et y rencontre le photographe Jean-Robert Masson avec lequel il collaborera sur de nombreuses publications.

En 1964, il publie son premier ouvrage - l’Encyclopédie de la divination - en collaboration avec René Alleau et Hubert Larcher, dans lequel il rédige la partie sur les arts divinatoires 6. —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, ALLEAU, René et LARCHER, Hubert, Encyclopédie de la divination, Tchou, éditeur, 1964, 551 p., (« Le Club du Livre Précieux »). —

1966 — Guide de la Bretagne mystérieuse

A partir de 1964, Gwenc’hlan Le Scouëzec prépare le Guide de la Bretagne Mystérieuse pour la nouvelle collection des éditions Tchou sur les mystères et légendes régionales. L’écriture du livre avance entre recherches à la Bibliothèque Nationale et prospection sur le terrain en Bretagne.— Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 65-68 —

Le Guide de la Bretagne mystérieuse, parait le 1er avril 1966. Ce premier ouvrage signé de son nom a pour ambition de redonner aux Bretons leur fierté en leur révélant les traditions et mystères dont ils sont détenteurs.

J’ai conçu mon ouvrage comme une présentation de toutes les curiosités mythiques et légendaires de notre pays, mais aussi l’historique de certains événe-
ments cruciaux de notre histoire. L’esprit surtout était renouvelé par rapport à la multitude de récits régionalistes, provincialistes, bécassinistes, bien gentils, bien
nuls, mais qui n’avaient oublié qu’une chose, la grandeur de la Bretagne. Il allait s’agir de s’adresser d’abord aux Bretons, de leur enseigner qu’ils n’étaient pas des
ploucs, de pauvres chouans perdus, mais les détenteurs d’une grande civilisation, les descendants des Celtes et les frères des Celtes d’outre-mer.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Résistances, mémoires d’un rebelle, L’Arbre d’Or, 2006, 164 p., Voir en ligne.

Pour la première fois, Gwenc’hlan Le Scouëzec évoque Brocéliande, reprenant à son compte le mythe du 19e siècle de la grande forêt centrale dont Paimpont ne serait qu’un lambeau.

Les 8000 hectares de bois qui entourent Paimpont sont en effet, les restes d’une futaie plus dense et beaucoup plus étendue, sous les ombrages de laquelle se déroulèrent maints épisodes des Romans de la Table ronde. On l’appelait Brécilien au XIIe siècle ; on la désigne sous le nom de Brec’helean 7. C’est par excellence le royaume des fées.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Guide de la Bretagne mystérieuse, 1966, Paris, Tchou, éditeur, 1980, 669 p., (« Les guides noirs »). [page 436]
Guide la Bretagne mystérieuse
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Guide de la Bretagne mystérieuse, 1966, Paris, Tchou, éditeur, 1980, 669 p., (« Les guides noirs »). —

Gwenc’hlan Le Scouëzec envisage avant tout la forêt de Paimpont dans ses aspects arthuriens. Onze des quatorze paragraphes du chapitre consacré à Paimpont y font référence 8.

Il est vrai que ces bois possèdent un grand caractère d’étrangeté. L’abondance des eaux vives et dormantes y fait souvent flotter un brouillard léger, qu’on voit courir sur les crêtes rocheuses ou se faufiler entre les grands pins. Si vous avez de la chance de vous promener alors dans les sentiers, sachez que vous tenez l’une des clefs du mystère. Peut-être saurez-vous découvrir les autres. Dans ce cas, un monde enchanté s’animera soudain devant vos yeux et les choses mues par l’antique magie des Celtes, connaitront mille métamorphoses. Car telle était la croyance fondamentale des druides et de leurs disciples : rien n’est stable ici bas, mais tout change, tout se transforme et tout prend l’aspect de tout.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Guide de la Bretagne mystérieuse, 1966, Paris, Tchou, éditeur, 1980, 669 p., (« Les guides noirs »). [page 439]

Les trois autres paragraphes sont consacrés à la légende de la mariée de Trécesson, au moine hérétique Éon de l’étoile ainsi qu’aux Buttes aux Tombes.

La fontaine de Jouvence en 1966
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Guide de la Bretagne mystérieuse, 1966, Paris, Tchou, éditeur, 1980, 669 p., (« Les guides noirs »).
[page 441] —

La première édition est épuisée deux mois après sa parution. Elle est suivie de nombreuses rééditions qui en font l’un des plus grands succès littéraires bretons, avec « Le cheval d’orgueil » de Per-Jakez Helias 9.

De nombreux bretons ont eu un déclic à la lecture de cet ouvrage : un apport de connaissance qui venait combler un vide culturel et identitaire, une vision de leur pays autre que celle diffusée par les médias de l’époque, une histoire de culture encore vivante, loin des clichés et des « biniouseries » ; une réalité, en somme, qui manquait à la Bretagne.

Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 69

1967 — Initiation en forêt de Paimpont

Le 21 août 1967, Gwenc’hlan Le Scouëzec est reçu dans la Tradition Druidique de la Gorsedd de Bretagne au cours du Gorsedd Digor célébré au bord de l’étang de Paimpont. —  MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p. [page 72] —

Gwenc’hlan Le Scouëzec revêt pour la première fois la tenue de barde en juillet 1967
—  MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p.
[ page 73] —
Col. privée M. Goudard

En 1977, il revient, dans Bretagne, terre sacrée, sur cette cérémonie initiatique dont il détaille le rituel.

Au bord du lac de Paimpont et à peine à l’écart du bourg qui porte ce nom, entre une petite route et la rive, l’on pouvait voir, il y a quelques années, un cercle de pierres modestes dressées à la manière des anciens cromlec’hs. Le site jouit du charme particulier que donnent à leur rivage les étangs de Brocéliande, mélange de douceur et d’inexplicable nostalgie, présence presque palpable d’une autre dimension, celle de l’esprit. Au mois d’août 1967, un cortège un peu surprenant d’hommes vêtus de longues robes, en rang par deux, se dirigeait de l’ancienne abbaye de Paimpont vers ce lieu de rassemblement.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Bretagne, terre sacrée : Un ésotérisme celtique, 1977, Brasparts, Beltan, 1992, 219 p. [page 187]

Mettant à profit son séjour en forêt de Brocéliande, Gwenc’hlan Le Scouëzec se rend à Tréhorenteuc où il collecte un témoignage sur la persistance du culte de sainte Onenne.

C’est ainsi qu’à Tréhorenteuc, en 1967, un paysan me raconta la légende de sainte Onenn, qui vivait, me dit-il, « du temps où il y avait des rois en Bretagne ». Parce que cette princesse, sœur d’un monarque breton, avait gardé des oies dans sa jeunesse, la procession qui s’en allait naguère de l’église à la fontaine était souvent précédée, selon la tradition qu’on me rapportait, par trois de ces volatiles. Spontanément, ils se mettaient en tête du cortège et, parvenus près de la source, se rangeaient aux côtés du prêtre, écoutaient le sermon, puis reprenaient leur place devant la croix et, derechef, la précédaient cérémonieusement jusqu’au village. Mon informateur m’affirma l’exactitude de son récit : « Je n’ai pas vu la chose, ajouta-t-il ; quand cela s’est passé, vers 1950, je n’étais pas à Tréhorenteuc, mais tous les gens l’ont vue... » Cet homme, qui n’avait guère plus d’une quarantaine d’années, tenait à ce que je crusse à la vérité de l’histoire, mais il se récusait comme témoin.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, « Les Bretons, un peuple de poètes », in Histoires et légendes de la Bretagne mystérieuse, Paris, Tchou, éditeur, 1968, (« Histoires et légendes noires »), p. 7-21. [pages 11-12]

Fort du succès éditorial du Guide de la Bretagne mystérieuse, il est sollicité par les éditions Sun pour écrire un guide sur la Bretagne. L’ouvrage qui parait en 1967 comprend un chapitre consacré à la forêt de Paimpont. —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, La Bretagne, Paris, Sun, 1967, (« Arc-en-Ciel »). —

La Bretagne
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, La Bretagne, Paris, Sun, 1967, (« Arc-en-Ciel »). —

1968 — Histoires et légendes de la Bretagne mystérieuse

En 1968, Gwenc’hlan Le Scouëzec publie un recueil de contes et légendes empruntés à de grands noms de la littérature bretonne, Anatole Le Braz (1859-1926), Émile Souvestre (1806-1854) ou Paul Sébillot (1843-1918). —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Histoires et légendes de la Bretagne mystérieuse, Paris, Tchou, éditeur, 1968, 305 p., (« Histoires et légendes noires »). —

Histoires et légendes de la Bretagne mystérieuse
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Histoires et légendes de la Bretagne mystérieuse, Paris, Tchou, éditeur, 1968, 305 p., (« Histoires et légendes noires »). —

Gwenc’hlan Le Scouëzec a pour ambition de montrer la surprenante fécondité d’imagination que les hommes de notre pays ont de tout temps manifestée. Sous sa plume, le druide d’époque celtique, le barde armoricain et le conteur du 19e siècle sont unis par le même élan de pensée.

Selon les époques, ils ont revêtu des masques différents. Jadis ils formaient l’une des trois grandes classes dont se composait l’ordre des druides. Plus tard, jouant un rôle mal connu auprès des rois d’Armorique, ils contribuèrent à perpétuer ce groupe de traditions qui donnera naissance aux romans de la Table Ronde.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1968) op. cit.

Deux chapitres de cet ouvrage - la préface et un conte - font référence à la forêt de Brocéliande ou à celle de Paimpont.

Les Bretons, un peuple de poètes

Dans sa préface intitulée Les Bretons, un peuple de poètes, Gwenc’hlan Le Scouëzec évoque tout d’abord le culte de sainte Onenne de Tréhorenteuc comme exemple de persistance du tissu légendaire breton dans sa population. — Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1968) op. cit. p. 11-12 —

La préface se conclut par une célébration de Brocéliande, cœur de la Bretagne, jardin aux portes closes dans lequel se cache le trésor des traditions arthuriennes.

Et cependant, le cœur de la Bretagne reste un jardin caché, aux portes closes. N’y entre pas qui veut : pour y pénétrer, il faut connaitre les chemins secrets qui y mènent, les clefs qui ouvrent les serrures magiques. Où se trouve-t-il donc ? Mais quelque part en Brocéliande : car c’est là le haut lieu de nos traditions. C’est le domaine de Viviane la fée. Dans le palais qu’elle hante, sous les eaux de l’étang de Comper, fut élevé Lancelot du Lac, et c’est tout près de là, à la fontaine de Barenton, qu’elle rencontra Merlin et qu’ils s’éprirent l’un de l’autre.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1968) op. cit. p. 20

C’est enfin et surtout la fontaine de Barenton - symbole [de notre] puissance créatrice que Gwenc’hlan Le Scouëzec célèbre comme le saint des saints de Brocéliande.

Le chemin de la source merveilleuse n’est pas si aisé à trouver que bien des gens ne se soient égarés en le cherchant. Peut-être est-ce mieux ainsi, et Barenton, à l’écart des grandes routes, accessible seulement à qui s’acharne à le découvrir, préserve mieux de cette manière le charme très particulier que contribuent à lui donner l’agrément de son site et la grandeur de son passé. Un bouleau, un chêne, un sapin ombragent la surface de ses eaux fraiches où viennent éclore de grosses bulles d’azote. A côté, la grande pierre plate est le célèbre perron de Merlin, dont l’aspersion avec l’eau du lieu déclenchait jadis tempêtes et merveilles. Dans le vallon, tout près, on distingue encore les ruines d’une chapelle et du couvent du Moinet qui succéda, dit-on, à un établissement druidique. Pour nous Bretons, ce lieu est un symbole, celui de cette puissance créatrice qui est la nôtre et qui à plusieurs reprises, a infusé son souffle à la littérature européenne. Cette source cachée, connue et fréquentée seulement par les initiés, est notre chêne de Guernica, l’emblème de notre personnalité et de notre originalité.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1968) op. cit. p. 20

Merlin l’enchanteur

Un seul des trente contes publiés dans cet ouvrage, la légende de Merlin l’enchanteur - emprunté à Hersart de la Villemarquée (1815-1895) - fait référence à la forêt de Brocéliande 10. —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, « Merlin l’enchanteur », in Histoires et légendes de la Bretagne mystérieuse, Paris, Tchou, éditeur, 1968, (« Histoires et légendes noires »). —

1976-1977 — Sophrologie en forêt de Paimpont

Entre décembre 1976 et avril-mai 1977, Gwenc’hlan Le Scouëzec organise des expériences de communion au monde au sein de L’Association Le Corps à vivre, les premières à la baie des Trépassés, les secondes à Brocéliande et à Brasparts.

Les conclusions qu’il a personnellement tirées de ces journées ont été publiées dans un recueil de ses communications, réalisées entre 1978 et 1988, aux congrès de la Société Française de Sophrologie. —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les états modifiés de conscience : Sophrologie clinique et historique, Arbre d’Or eBooks, 2005, 90 p., Voir en ligne. —

Les états modifiés de conscience

La tentative — qui passait par les techniques de relaxation dynamique et de bio-énergie visait précisément à retrouver un monde ouvert à la communion, à restaurer l’unité de soi par la découverte d’un authentique corps extérieur, libéré de l’emprisonnement des tours de quarante étages.
Il s’agissait par le corps propre de prolonger notre âme jusqu’aux limites d’un horizon fait de vent, d’écume, de forêt, de nous réintégrer au sein d’une conscience plus vaste que le moi. En chemin, nous rencontrons les points forts de ce voyage, les articulations internes de ce corps extérieur, les hauts lieux et les bas lieux, sites éminemment religieux, ou précisément s’opèrent la communication, les passages, les retrouvailles avec nous-mêmes.
Les lieux avaient été choisis et la situation même en Bretagne en fonction de leur pouvoir modificateur. Car de même que certains états physiques induisent certains mouvements de l’âme, de même les formes du monde modifient notre conscience. [...]
Nous avions donc choisi, dans un premier temps, le site grandiose et sauvage de la Baie des Trépassés et de la Pointe du Raz, et de la Pointe du Van et de l’oppidum de Castel-Meur : dans un deuxième temps, l’envoûtement plus discret, mais non moins fort de Brocéliande, du Val sans retour, de la Fontaine de Barenton et du lac de Comper, puis le monde bouleversant et bouleversé du Marais Yeun Elez et des sommets de la montagne d’Arrez. Dans l’un et l’autre cas, il s’agissait de lieux naturels, peu modifiés par l’homme, du moins par sa main, mais imprégnés par lui d’une valeur mystique et mythologique. Plus exactement, cette valeur même résultait d’un accord traditionnel entre la nature et l’homme, d’un lieu millénaire entre ce corps extérieur et l’âme humaine. De telle sorte que s’y placer, c’est déjà pénétrer dans l’inconscient collectif.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, « La communion au monde », in Les états modifiés de conscience : Sophrologie clinique et historique, Arbre d’Or eBooks, 2005, p. 29-32, Voir en ligne. [page 31]

1977 — Bretagne, terre sacrée

En 1977, Gwenc’hlan Le Scouëzec publie Bretagne, terre sacrée : Un ésotérisme celtique, ouvrage sur lequel il travaille depuis 1976.—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Bretagne, terre sacrée : Un ésotérisme celtique, 1977, Brasparts, Beltan, 1992, 219 p. —

C’est un ouvrage résumant sa vision de la Bretagne, de l’aspect sacré de la culture bretonne, de la présence du religieux, de l’ésotérisme et du symbolique partout en Bretagne. C’est une étape décisive dans le développement de ses réflexions sur la Bretagne : il y présente des légendes, des croyances, la médecine par les plantes, des endroits magiques comme le Yeun Elez... Il pose les bases de réflexions qui vont guider sa vie spirituelle dans les années 1980/90, notamment la question de la très haute antiquité des croyances bretonnes d’Armorique.

Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 86
Bretagne terre sacrée
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Bretagne, terre sacrée : Un ésotérisme celtique, 1977, Brasparts, Beltan, 1992, 219 p. —

Bretagne, terre sacrée comprend plusieurs mentions de la forêt de Brocéliande. Gwenc’hlan Le Scouëzec choisit de retenir trois éléments forts de son rapport à la forêt légendaire.

  • La fontaine de Barenton et le légendaire arthurien
  • Le moine hérétique Éon de l’Étoile
  • Le Gorsedd Digor de 1967 au bord de l’étang de Paimpont

La fontaine de Barenton et le légendaire arthurien

La première évocation de la fontaine de Barenton apparait dans le premier chapitre consacré aux Cultes populaires et cultes secrets. Gwenc’hlan Le Scouëzec la mentionne comme exemple de source sacrée ayant fait l’objet d’une christianisation.

Toutes les sources sacrées, ou presque, avaient reçu une justification chrétienne, soit qu’elle fussent mises sous le patronage d’un saint ou de la Vierge, soit que le clergé y plongeât une relique, comme la phalange de saint Jean à Saint-Jean-du-Doigt, ou le pied de la croix processionnelle, à Barenton en Brocéliande.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1977) op. cit. p. 15

La seconde référence à Barenton est insérée dans le sixième chapitre, dédié aux Contes et légendes initiatiques. Comme dans ses précédents ouvrages, Gwenc’hlan Le Scouëzec, s’intéresse à la dimension arthurienne de la forêt de Paimpont, cœur du légendaire armoricain.

La forêt de Brocéliande, en breton Bresilien ou Brekilien, forme le cœur même du légendaire armoricain. Elle est située à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Rennes, à proximité du bourg de Paimpont. Bois et landes y voisinent, coupés d’étangs, qui lui donne son visage romantique et romanesque. Le brouillard s’y promène fréquemment dans les allées herbues, qui grimpent et descendent, et y noie volontiers les apparences du réel pour en faire surgir d’autres, plus impalpables. C’est la forêt des merveilles et des enchantements, où règne la fée Viviane.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1977) op. cit. p. 102-103
Paimpont : la fontaine de Barenton
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Bretagne, terre sacrée : Un ésotérisme celtique, 1977, Brasparts, Beltan, 1992, 219 p. —
Jean-Robert Masson

Lieu de la rencontre entre Merlin et Viviane, la fontaine de Barenton est l’endroit le plus sacré de la forêt. Reprenant les thèses romantiques non étayées, Gwenc’hlan Le Scouëzec évoque aussi la fontaine comme un établissement druidique.

Merlin l’enchanteur, rencontra la fée de Brocéliande, à peu de distance de son domaine de Comper, à l’endroit le plus sacré de la forêt. Là coule une source intarissable, fraiche, dont le nom est devenu synonyme de poésie et d’enchantement, aux dires de Brizeux.

« Ô bois d’enchantement, vallon, source féconde
où se sont abreuvés tous les bardes du monde. »

C’est Barenton : son véritable et ancien nom de Belanton conserve le souvenir du dieu Belen. Elle connut, installé tout près d’elle et sous son patronage, un établissement druidique, puis un couvent, qui donna asile au XIIe siècle aux hérétiques d’Éon de l’étoile.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1977) op. cit. p. 102-103

Le moine hérétique Éon de l’Étoile

Le neuvième chapitre, consacré aux Templiers, Alchimistes, Hérétiques comprend un long développement sur Éon de l’Étoile et la curieuse hérésie [qui] se développait à cinquante kilomètres de Rennes dans la forêt de Brocéliande. Interrogeant son histoire, Gwenc’hlan Le Scouëzec cherche en Éon un potentiel descendant des druides.

On a voulu voir en lui un restaurateur du druidisme. Il aurait eu pour centre principal de son culte le couvent de Moinet, au voisinage de Barenton,et des bâtiments de ce monastère auraient été détruits après 1148, sur ordre de l’évêque de Saint-Malo 11. [...] Qu’Éon fut un continuateur des druides antiques demeure impossible à affirmer dans l’état si limité de nos connaissances sur lui. Son affection pour Brocéliande n’est évidemment qu’un indice. Plus surprenant, le rôle qu’il se donnait face au dieu chrétien, le rapproche, on l’a vu des « sorciers ». Une autre mention dans Otto Freisingen, évoque le dieu cornu. Cet évêque nous dit en effet qu’Éon briguait l’honneur d’être un hérétique vaccis populorum : l’historien La Borderie a traduit ces mots « parmi ce peuple de vaches », interprétation libre d’un passage pour le moins obscur qu’on rendrait mot à mot en disant « parmi les vaches des peuples ». De toute façon, l’Étoile apparait ici comme le dieu des vaches : ceci peut donner à réfléchir de retrouver ici les bêtes à cornes et leur symbolisme.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1977) op. cit. p. 163

Le Gorsedd Digor de Paimpont de 1967

Dans le onzième chapitre, intitulé Les druides et la Bretagne, Gwenc’hlan Le Scouëzec choisit le Gorsedd Digor de Paimpont de 1967 - au cours duquel il est reçu dans la Tradition Druidique de la Gorsedd de Bretagne - pour décrire le déroulement de cette cérémonie dans ses moindres détails.— Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1977) op. cit. p. 187-189 —

1983-1987 — Croix, calvaires et mégalithes de Bretagne

1983 — Pierres sacrées de Bretagne

À partir de la fin des années 1970, Gwenc’hlan Le Scouëzec entreprend un travail de recherche et de rédaction sur les croix et calvaires de Bretagne en compagnie du photographe Jean-Robert Masson. Leurs recherches aboutissent à la publication de deux ouvrages réunis sous le titre Pierres sacrées de Bretagne.

  • Le premier tome, consacré aux calvaires et enclos du Finistère ne comprend pas de références à Brocéliande. —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Pierres sacrées de Bretagne : Calvaires et enclos paroissiaux, Vol. 1, Seuil, 1982, 256 p. —
  • Le second tome, consacré aux Croix et sanctuaires, mentionne une sélection de croix de la sylve sacrée de Brocéliande.—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Pierres sacrées de Bretagne : Croix et sanctuaires, Vol. 2, Seuil, 1983, 276 p. —
Pierres sacrées de Bretagne
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Pierres sacrées de Bretagne : Croix et sanctuaires, Vol. 2, Seuil, 1983, 276 p. —

Cette futaie, ces taillis, ces landiers, c’est ici Brocéliande, la plus mystérieuse forêt du monde.

Le Scouëzec Gwenc’hlan (1983) op. cit. p. 67

Gwenc’hlan Le Scouëzec s’intéresse à nouveau dans cet ouvrage à la figure du moine hérétique Éon de l’Étoile, cette fois, à travers le prisme des Croix Richeux et de l’église de Saint-Léry.

Ce n’est pas l’effet du hasard si le cimetière possède autant de croix. Selon la tradition en effet, la paroisse de Saint-Léry et celle de Concoret se partagèrent les dépouilles du couvent du Moinet. De ce monastère, situé à la lisière nord de Brocéliande, aux environs de Comper, du Rox et du Haligan, au lieu dit La Croix-Richeux, il ne reste aujourd’hui plus de trace. Il appartenait au début du siècle à l’ordre des ermites de Saint Augustin et le prieur, vers 1140 en était un certain Éon de l’Étoile. [...] Le couvent du Moinet fut rasé. Ses pierres servirent, dit-on, à construire le village de Folle-Pensée en Concoret et une partie de l’église de Saint-Léry. C’est du Moinet que viendraient les quatre croix que nous voyons ici.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Pierres sacrées de Bretagne : Croix et sanctuaires, Vol. 2, Seuil, 1983, 276 p. [pages 64-65]

Poursuivant ses pérégrinations, Gwenc’hlan Le Scouëzec évoque l’église du Bran et sa croix de cimetière, le village peu banal de Concoret, les croix de la Loriette et du Perthuis du Faux ainsi que l’ancien prieuré Saint-Samson de Telhouët.

Croix du Perthuis-du-Faux en Concoret
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Pierres sacrées de Bretagne : Croix et sanctuaires, Vol. 2, Seuil, 1983, 276 p.
[page 64] —
Jean-Robert Masson

Une dernière croix - qu’il dénomme croix de Brocéliande et qui est en réalité la croix Saint-Judicaël - retient particulièrement son attention.

Il faut nous arrêter, avant d’entrer dans Paimpont, juste en face du hameau du Château-du-Bois. Là, sur la route, à vingt mètres, cachée dans les frondaisons, une large et haute croix de schiste rouge est plantée au cœur de Brocéliande. Mais, est-ce bien une croix ? Cette plaque mince, au chant taillé en biseau, sans aucune figuration, s’incline sur ses deux marches basses vers le nord-nord-est. Elle ressemblerait plus à un trèfle qu’à une croix.

Le Scouëzec Gwenc’hlan (1983) op. cit. p. 67
Croix Saint-Judicael en Paimpont
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Pierres sacrées de Bretagne : Croix et sanctuaires, Vol. 2, Seuil, 1983, 276 p.
[page 67] —
Jean-Robert Masson

1987 — Bretagne mégalithique

Poursuivant son étude des pierres sacrées de Bretagne en compagnie du photographe Jean-Robert Masson, Gwenc’hlan Le Scouëzec fait paraitre Bretagne mégalithique en 1987, ouvrage mentionnant plus de deux cents mégalithes. Il est à noter qu’aucun site de la forêt de Paimpont ne retient l’attention de l’auteur.—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Bretagne mégalithique, Seuil, 1987, 270 p. —

Nous avons répertorié plus d’un demi-millier de mégalithes, nous en avons vu des centaines, nous avons choisi d’en regrouper quelque deux cents au sein de notre présentation générale et soixante-dix-huit études que nous leur avons réservées. Notre choix ne saurait évidemment se justifier à partir de critères absolus : rien ne permet dans notre connaissance actuelle des mégalithes, de procéder de la sorte. Mais nous espérons avoir mentionné tous les monuments qui présentent quelque intérêt pour l’amateur éclairé.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Bretagne mégalithique, Seuil, 1987, 270 p. [page 13]

1983-2002 — Druidisme en forêt de Paimpont

À la mort du quatrième Grand Druide Eostig Sarzhaw le 31 octobre 1980, Gwenc’hlan Le Scouëzec, alors Grand Druide Adjoint de la Gorsedd de Bretagne, lui succède.

En 1983, il fonde « Ar re eus an Avalen / Ceux du Pommier » - clairière druidique fortement liée à Brocéliande - conçue comme indépendante de la Gorsedd, notamment sur les plans politiques et linguistiques.

Alain Bocher (1935-2014) intègre cette clairière à sa création, mais entre rapidement en conflit avec Gwenc’hlan Le Scouëzec, notamment lors d’une altercation vive [...] après une cérémonie, au Manoir du Tertre. Exclu suite à des désaccords sur les relations entre druidisme et franc-maçonnerie, il retrouve Gwenc’hlan le Scouëzec à Braspart , et réintègre Ceux du Pommier. — Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 104 —

En 1984 12, le Gorsedd Digor se tient sur les berges de l’étang de Paimpont. Gwenc’hlan Le Scouëzec y officie sur le « Maen-Log » en tant que Grand Druide, en compagnie de l’Archidruide de Galles Jams Niclas et la grande Bardesse de Cornwalls.— Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 92 —

Gorsedd digor de 1984 à l’étang de Paimpont
Le Gui est avancé devant le Grand Druide, qui rappelle la tradition antique de sa cueillette et ses vertus thérapeutiques.
De gauche à droite : l’archidruide de Galles Jams Niclas, le Grand Druide Gwenc’hlan Le Scouëzec, la grande Bardesse de Cornwalls et Alan Morvan Chesneau en saie bleue de barde.
Guy Larcher

À partir de la fin des années 1980, il prend ses distances avec le mouvement new-age et exclut des éléments d’extrème droite de la Gorsedd.

En 1988, nous avons exclu du Gorsedd des membres qui tentaient d’y introduire des thèses xénophobes [...]. Et j’ai récemment dénoncé à nouveau le grenouillage de gens de toute sortes qui, en forêt de Brocéliande, sous couvert de druidisme, véhiculaient des idées néo-nazies. Des élèves du camp d’officier de Saint-Cyr Coëtquidan auraient même participé à quelques uns de ces rassemblements. Quant au new-age, je reste méfiant, même si on se rapproche sur certains points.

ALAIN, Pierre Henri, « Les druides entonnent le Broz goz ma zadou », Libération, 19 juillet, Paris, 1993, Voir en ligne.

En 2002, Gwenc’hlan Le Scouëzec choisit de laisser la responsabilité collégiale du Pommier à deux amis druides, Guy Le Nair et Claude Amice, rapidement rejoints par Charles Labasse, habitant de Paimpont et druide du Pommier de Brocéliande. — Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 106 —

1980-2002 — Maï-Sous Robert Dantec, Brocéliande et l’abbé Gillard

Dès les années 1980, Gwenc’hlan Le Scouëzec s’intéresse à l’œuvre de l’abbé Gillard et à ses significations ésotériques.

Faisant sienne l’inscription de l’entrée de l’église de Trehorenteuc - La porte est en dedans - il l’intégre à une conférence sur l’état chamanique.

Nul de ceux qui ont été placés dans de semblables états ne peut contester que l’état chamanique, l’état poétique ou tout simplement l’état de certains rêves sont des vécus profondément transformants. Ceux qui en ont quelque habitude sont profondément persuadés de cette réalité de cet autre monde auquel on accède le plus simplement du monde, d’abord et avant tout par la fermeture des yeux. Bien sûr, d’autres techniques existent : nous avons parlé de quelques-unes en citant le jeûne, le mélange appelé kykeon par Clément d’Alexandrie, l’isolement sensoriel plus ou moins complet, l’incantation, le choc rythmé du bronze et ses vibrations. Mais la clef première, nécessaire et parfois suffisante pour ouvrir la porte, n’est-elle pas la fermeture des yeux et n’est-ce pas là le sens premier de l’inscription au-dessus de l’entrée de l’église de Trehorenteuc en Brocéliande : La porte est en dedans ?

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, « De l’état chamanique », in Les états modifiés de conscience : Sophrologie clinique et historique, Arbre d’Or eBooks, 2005, p. 24-28, Voir en ligne.

À la fin des années 1990, Gwenc’hlan Le Scouëzec se rend régulièrement à Paimpont pour y donner des conférences au Manoir du Tertre. Il approfondit sa connaissance de la forêt au cours de longues promenades avec sa compagne et forge de nouvelles amitiés.

En 1997, Maï-Sous Robert-Dantec reprend la formule inscrite au dessus de la porte de l’église de Tréhorenteuc comme titre d’un de ses livres de sophrologie.

La porte est en dedans
—  ROBERT DANTEC, Mai-sous, La porte est en dedans : le Rêve, le Conte, l’Image, Beltan, 1997, 195 p. —

En 2002, Gwenc’hlan Le Scouëzec revient sur la signification de l’oeuvre de l’abbé Gillard, lui prêtant des intentions de syncrétisme avec le druidisme 13.

Il s’attacha [...] pendant vingt ans à restaurer son église. Il le fit dans l’esprit même des lieux, dans la présence vivante de la Table ronde et du Graal. Son symbolisme est certes imprégné de christianisme, mais il n’en conserve pas moins une saveur d’archaïsme. L’homme n’hésitait pas à mêler aux principes de la religion nouvelle certains éléments du druidisme ou de ce qu’il considérait comme tel.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Brocéliande, Beltan, 2002, 255 p. [page 127]

1998 — Arthur roi des Bretons d’Armorique

En 1998, Gwenc’hlan Le Scouëzec publie Arthur roi des Bretons d’Armorique à l’éphémère maison d’éditions Le Manoir du Tertre, domiciliée à Paimpont. —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Arthur roi des Bretons d’Armorique, Paimpont, Le Manoir du Tertre, 1998, 670 p. —

Arthur roi des Bretons d Armorique
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Arthur roi des Bretons d’Armorique, Paimpont, Le Manoir du Tertre, 1998, 670 p. —

Dans cette ambitieuse publication, Gwenc’hlan Le Scouëzec se propose d’interroger l’origine d’Arthur afin d’en révéler son origine armoricaine.

Le sens et les implications profondes du mythe ont échappé à la plupart des commentateurs jusqu’à présent. L’origine des récits tels qu’ils nous sont parvenus, reste inconnue ou peut-être mal orientée. Les toponymes n’ont vraiment pas été identifiés et la géographie qui apparait dans les textes, demeure totalement incompréhensible. Les anthroponymes ne sont pas expliqués et le nom même d’Arthur n’a pas donné lieu à la discussion nécessaire à son usage.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Arthur roi des Bretons d’Armorique, Paimpont, Le Manoir du Tertre, 1998, 670 p. [page 9]

Pour la première fois dans ses publications, Gwenc’hlan Le Scouëzec s’émancipe de ses références habituelles sur Brocéliande et propose ses propres théories et développements sur son étymologie ou sur sa localisation.

Mariant références érudites, hypothèses linguistiques osées et militantisme armoricain, Arthur roi des Bretons d’Armorique est un livre intriguant.

Il avait une méthode bien à lui d’étudier un sujet : il était très intuitif, instinctif, et se préoccupait peu de la recherche universitaire, ou en tout cas, il y faisait peu référence. Cela l’a amené à élaborer de façon empirique tout un tas de théories, prenant des raccourcis scientifiques pour parvenir à prouver ce que son intuition lui dictait. [...] L’ensemble est rempli d’intuitions, de théories qu’il sent, qu’il ne lâche pas. Il cherche des preuves, des arguments, et parfois est amené à déformer des données historiques ou linguistiques, pour alimenter ses propres thèses. Néanmoins, il a posé des questions, et même s’il n’y a répondu que partiellement, il les a posées. Et c’est toute la démarche première d’un chercheur. Aux générations suivantes d’apporter les réponses.

MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p. [page 88]

Arthur dans les archives de la Bretagne armoricaine

Le premier chapitre, consacré aux origines d’Arthur, propose d’examiner un corpus de textes ignorés des universitaires et des érudits de la question arthurienne, selon Le Scouëzec.

Il est étrange à vrai dire, qu’aucun spécialiste des légendes arthuriennes, si ce n’est le celtisant Joseph Loth, n’ait jamais eu la curiosité de compulser les archives de la Bretagne armoricaine.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 14

Citant Dom Morice, Gwenc’hlan Le Scouëzec mentionne l’existence du patronyme Arthur dans six documents datés entre 851 et 1086 - soit deux cents à trois cents ans avant son apparition dans la littérature arthurienne - comme preuve de son ancrage armoricain. Les deux plus anciennes mentions proposées dans l’ouvrage sont liées à des toponymes supposés du massif forestier de Paimpont.

Dans la donation faite par Ratuili aux moines de Redon, par laquelle il leur accordait en propriété la totalité de Beignon, le 12 juillet de la vingt-et-unième année du règne de l’Empereur Louis Le Pieux, soit en 838, un certains Arthueu appose son sceau. Toutefois, on ne saurait affirmer qu’Arthueu soit le même nom qu’Arthur.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 15

En réalité, la mention de Binnon (Binon) par Dom Morice fait référence à un toponyme de Bains-sur-Oust, et non de Beignon 14.

Un acte d’Erispoë, roi de Bretagne, du 19 mai de l’an 851 environ, faisant élection du monastère de Vadel (Aujourd’hui Gaël), laisse apparaitre comme témoins un Arthur et un Arthuiu. L’un et l’autre assistent en compagnie de quinze autres nobles, de quatre évèques et d’un diacre, à la confirmation solennelle par Erispoë de la donation faite par son père le roi Nominoë à saint Conwoïon et aux moines de Redon. Il en est d’Arhtuiu comme d’Arthueu, mais Arthur est incontestable.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 15

Ici apparait Brocéliande

Dans le chapitre intitulé Un Normand nommé Robert Wace, Gwenc’hlan Le Scouëzec, revient sur les premières mentions de la forêt de Brocéliande dans la littérature.

Citant Wace, Bertrand de Born, le Jauffré, la charte des Usements de 1467 ainsi que le Parzival de Wolfram von Eschenbach, Gwenc’hlan Le Scouëzec identifie la forêt légendaire à celle de Brécilien.

[...] il est impossible de nier l’évidence que la forêt de Brocéliande, Brecheliant ou Bresilien ne se trouve par ailleurs qu’entre Gaël et Guer, c’est à dire dans le domaine privilégié des princes bretons du IXe siècle, là même où le roi Salomon se fit bâtir le château dont il reste encore la motte, au Gué de Plélan.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 270

L’ancien sanctuaire ou nemeton de Brecheliant est dès sa première mention intimement lié à la présence de la fontaine de Berenton que Gwenc’hlan Le Scouëzec définie comme la Source de Bel 16.

Le sens de ce mot est bien en relation avec la nature des lieux : andon encore en breton contemporain signifie source, au propre comme au figuré. Quant à Bar, Ber ou Bel, ce pourrait être le vieux mot celtique Barr désignant un sommet comme les crêtes de Bar-le-Duc ou de Bar-sur-Aube, mais outre le fait que la fontaine de Barenton n’est pas située sur une cime, mais sur une pente qui ne manque pas de s’élever encore passablement, notre préférence se dirige plutôt vers le dieu Belenos, l’Apollon gaulois [...]. Barenton serait donc [...] la Source de Bel.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 271

S’interrogeant sur l’origine du nom de la forêt, Gwenc’hlan Le Scouëzec remet en cause les étymologies fantaisistes qu’il a citées dans ses précédents ouvrages comme les bois de la puissance druidique, emprunté à Hersart de la Villemarqué. S’appuyant sur la signification du suffixe silien en Breton, il propose une nouvelle interprétation du vocable Brocéliande.

Le mot Bre signifiant colline en toponymie bretonne [...], on a tout lieu de penser que Cilien ou Silien ou Cheliant est un déterminatif de ces mentions géographiques.[...] Or il existe en breton un mot Silien ou, lorsqu’on le chuinte, Chilien, qui signifie très précisemment une anguille. Mais alors ? La forêt de Brocéliande, ne s’est elle pas prononcée, à toutes les époques, dans ses lieux et ses environs même, Bresilien ou, à peine différent Breselien ? C’est bien là la seule manière d’exprimer le vocable francisé du XIIe siècle en Brocéliande, parfois chuinté en Brecheliant, mais toujours écrit Brecilien dans les archives de la commune de Paimpont. [...] On a tenté par tous les moyens, en torturant les termes et la langue bretonne avec eux, d’expliquer le nom de Brocéliande. Mais comment n’a-t-on pas vu que la traduction s’imposait dans sa simplicité. Bresilien, c’est la Butte-à-l’Anguille [...].

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 271-272

Fort de cette nouvelle signification de l’étymologie de Brocéliande, Gwenc’hlan Le Scouëzec remet en cause l’existence de la grande forêt centrale couvrant l’Armorique aux temps anciens, préférant voir dans chaque toponyme « Brécilien » d’antiques lieux de cultes consacrés à l’Anguille ou à la Serpente.

Les commentaires historiques de naguère voyaient dans ces deux sites la trace d’une expansion de l’antique Brocéliande, censée avoir recouvert tout le centre de la Bretagne. Aujourd’hui cependant, l’on tend à penser qu’aux époques gauloise et romaine, les établissements humains étaient plus nombreux dans cette région qu’on ne le croit d’ordinaire, et la part forestière, de ce fait, moins étendue. De fait, nous penserions plutôt que les Bresilien sont des lieux disctincts, des buttes, comme le nom l’indique, avant d’être des forêts, mais toutes vouées au culte de l’anguille ou Serpente, qui s’y manifeste avec insistance.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 273

Poussant plus avant les conséquences de sa nouvelle interprétation de Brécilien, Gwenc’hlan Le Scouëzec redéfinit - dans le chapitre intitulé Niniane aussi appelée Viviane - les liens unissant Brécilien et Viviane.

Bresilien. Et Tre Silien, c’est le canton de l’anguille. La Butte à l’anguille, c’est donc le nom français de Bresilien, c’est à dire de Brocéliande. Voila donc, de nouveau, en ce haut-lieu désertique de la Bretagne, la signature de la serpente. Le Ninian, qui porte le nom de celle que nous avons à tort pris l’habitude de nommer Viviane et qui est l’une des formes visibles en ce monde de la fée, prend donc sa source en un lieu qui est appelé, lui, le sommet de l’anguille 17. Cette étymologie a le mérite d’intégrer au nom de la forêt de Brocéliande les « fables » concernant les fées des eaux vives, donc les croyances aux divinités des sources comme Barenton, et aux serpentes qui se rient du péché sur les murs mêmes des églises chrétiennes. Et voici notre Niniane bien à l’aise en Brocéliande et sur les sommets du Méné, qui la définissent comme l’anguille ou la serpente.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 328-329

Localisations arthuriennes en Brocéliande

Poursuivant sa quête des preuves d’une origine armoricaine du mythe arthurien, Gwenc’hlan Le Scouëzec propose plusieurs localisations de personnages ou de toponymes du corpus légendaire en forêt de Brocéliande.

  • Gornemant de Goor, chevalier de Brocéliande 18 ?
  • La Forêt aventureuse 19
  • Le Val Périlleux 20
  • Barenton, La fontaine qui bout 21

2001 — La tradition des druides

En 2001 Gwenc’hlan Le Scouëzec publie les trois tomes de « La tradition des druides ».

  • —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. Des origines et de l’Empire romain, Vol. 1, Beltan, 2001, 214 p., (« La tradition des druides »). —
  • —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. Le Moyen Âge, Vol. 2, Beltan, 2001, 308 p., (« La tradition des druides »). —
  • —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. L’époque moderne et contemporaine, Vol. 3, Beltan, 2001, 191 p., (« La tradition des druides »). —

Cette somme consacrée aux druides a pour ambition de poser les bases solides d’une histoire du druidisme à partir d’éléments souvent oubliés ou parfois négligés.

Toute la tradition druidique est là, parmi nous. Ce livre, ou plutôt cette suite d’ouvrages, n’a d’autre ambition que de mettre en relief la continuité du processus.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. Des origines et de l’Empire romain, Vol. 1, Beltan, 2001, 214 p., (« La tradition des druides »). [page 7]

Les références à Brocéliande - sans réelles nouveautés par rapport à ses publications antérieures - s’appuient sur les intuitions et la méthode de travail développée dans Arthur roi des Bretons d’Armorique.

1 — Les druides. Des origines et de l’Empire romain

Le premier tome, consacré à l’Antiquité, comprend deux références à la forêt de Brocéliande.

Les druides. Des origines et de l’Empire romain
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. Des origines et de l’Empire romain, Vol. 1, Beltan, 2001, 214 p., (« La tradition des druides »). —

Chapitre IX — L’anguille

Reprenant le thème de l’anguille développé dans son précédent ouvrage, Gwenc’hlan Le Scouëzec propose d’établir des liens entre les mythologies grecques et armoricaines.

Nous aurons l’occasion, au cours de notre voyage à travers le temps de l’Armorique, de rencontrer, à maintes reprises, la figure de cette jeune personne qu’on nomme généralement la sirène, mais qu’on appellerait mieux la serpente, ou certainement l’anguille. Morgane, « la jeune fille de la mer » en est le type le plus achevé. [...] Comme on peut s’en douter, l’image de l’anguille remonte au plus lointain de la tradition. Si elle est présente au porche de Lampaul-Guimiliau en Léon ou dans le choeur de Clonfert en Irlande, à la source du Ninian près de Brocéliande ou à Lannedern en Cornouaille, près du cerf de St Edern, on la retrouve en remontant très haut dans le temps, au moins jusqu’au temps d’Hésiode.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 1, op. cit. p. 45

Dans sa Théogonie, Hésiode mentionne Echidna, fille de Phorkys et de Kéto dont les enfants sont tous en relation avec l’Océan et l’au-delà de l’Océan. Selon Gwenc’hlan Le Scouëzec ce personnage mythologique serait lié au culte armoricain de l’anguille.

Echidna en grec, c’est la vipère. C’est donc la traduction exacte de la Vouivre, de la Woëvre, de la Vive et de Viviane. Nous croyons volontiers que tout un pan de la mythologie grecque, celle qui concerne la famille de l’Océan et qui habite dans les contrées sans ciel et sans lumière de l’extrême occident, sont une adaptation au monde grec de la mythologie des Armoricains, le peuple de la mer.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 1, op. cit. p. 46

Chapitre LVII — Les villes d’eaux

Gwenc’hlan Le Scouëzec place la fontaine de Barenton dans la liste des nombreuses sources sacrées à pouvoirs thérapeutiques de l’ancienne Armorique.

L’une d’entre ellles est restée païenne, non moins que thérapeutique : c’est la fontaine de Barenton, dans la forêt de Brocéliande. Elle est signalée déjà par Wace et Chrétien de Troyes au XIIIe siècle, comme un lieu de merveilles. De nos jours, elle reçoit des milliers de visiteurs. Elle est caractérisée par un dégagement de bulles assez exceptionnel, qui apparait aux fidèles comme le sourire de la fée.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 1, op. cit. p. 188

2 — Les druides. Le Moyen Âge

Le second tome, consacré au Moyen Âge, comprend quatre mentions de Brocéliande.

Les druides. Le Moyen Âge
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. Le Moyen Âge, Vol. 2, Beltan, 2001, 308 p., (« La tradition des druides »). —

Chapitre XXIII — Éon de l’Étoile (1145)

Gwenc’hlan Le Scouëzec consacre un chapitre de cet ouvrage à Éon de l’Étoile, moine hérétique du 12e siècle qu’il a déjà mentionné dans ses publications précédentes.

Il aurait été ermite en Brocéliande, mais assez rapidement il se fit brigand et se mit à dévaster les châteaux, les églises, les monastères et les villages.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 2, op. cit. p.97

S’appuyant sur la narration par Bertrand d’Argentré (1519-1590) des pouvoirs magiques d’Éon de l’Étoile, Gwenc’hlan Le Scouëzec - comme des auteurs du 19e siècle avant lui - fait de l’hérétique de Brécilien un descendant des druides.

On ne saurait nier l’aspect magique de l’oeuvre d’Éon. La magie est affirmée très haut et comme au premier chef. La magie parait bien être l’héritage majeur des druides anciens en Occident. Nous la retrouvons chez les fées, nous la retrouvons chez Merlin, et Éon ne semble pas vraiment différent de l’Enchanteur.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 2, op. cit. p.97

Chapitre XXIV — Le Roi Arthur

Dans ce chapitre Gwenc’hlan Le Scouëzec évoque la première mention de Barenton en Brocéliande par Robert Wace (1112-1183).

La forêt de Brocéliande, bois merveilleux, qui évoque irrésistiblement le nemeton, le temple extérieur des druides, ainsi que la fontaine de Barenton, se trouvent en Bretagne armoricaine, sur le territoire du Comte Geffroy. Nous ne sommes plus là dans l’histoire monmouthienne mais dans le légendaire.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 2, op. cit. p. 97

Il revient sur l’idée, chez lui fondamentale, d’une connaissance druidique dans le corpus arthurien transmis à partir de Chrétien de Troyes.

La chasse au cerf, comme le gué de l’épée, ou la fontaine merveilleuse, ou, à plus forte raison le Graal, sont des éléments fondamentaux de la tradition bretonne. Il semble bien qu’il s’agisse dans tout cela d’une mythologie qui ne peut-être que druidique. Le corpus arthurien ne serait autre que l’ensemble des récits fondamentaux conservés par les Bardes.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 2, op. cit. p. 107

Chapitre XXV — La chasse au cerf

Dans ce chapitre consacré à la signification ésotérique de la chasse au cerf, Gwenc’hlan Le Scouëzec mentionne l’existence d’un lieu-dit de la commune de Paimpont qui porterait la trace du culte celtique de Cernunnos,

D’autres lieux sont en relations avec les cornes de cerf : un lieu-dit en Brocéliande, entre le manoir du Tertre et les Forges de Paimpont [...]

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 2, op. cit. p. 114

Chapitre XXVI — La Fontaine de Barenton

Gwenc’hlan Le Scouëzec fait référence à la fontaine de Barenton dans sa préface, en la citant comme exemple de fontaine permettant d’interroger l’avenir en lui donnant des présents.

Millon constatait que ce dernier usage était plus rare que les précédents. Il nous semble qu’aujourd’hui il est plus fréquent et nous nous n’en tiendrons pour preuve que la fontaine de Barenton, où l’on jette des épingles pour la faire « parler ».

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 2, op. cit. p.24

Dans ce chapitre, il reprend les principales dates de sa mention - 1160 par Wace, 1467 dans les Usements, 1795 par l’abbé Guillotin - avant de la redéfinir en tant que fontaine druidique.

L’on remarquera que les trois éléments du rituel : la fontaine, la pierre et l’arbre sont ici réunis. [...] Mais il y a beaucoup plus, parce qu’il y a langage et même une conversation. On ne traite pas la fontaine comme un objet, mais comme une personne. En particulier, on parle avec elle. [...] Il s’agit bien d’un être animé. On ne lui commande pas, elle fait comme elle veut et ce qu’elle veut, mais l’ayant toujours fort bien traitée, je n’ai jamais rencontrée que gentillesse de sa part.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 2, op. cit. p. 117-118

3 — Les druides. L’époque moderne et contemporaine

Le troisième et dernier tome est consacré à l’époque moderne et contemporaine. Il comprend des mentions de Brocéliande, liées aux cérémonies de la Gorsedd de Bretagne en forêt de Paimpont.

Les druides. L’époque moderne et contemporaine
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. L’époque moderne et contemporaine, Vol. 3, Beltan, 2001, 191 p., (« La tradition des druides »). —

Chapitre XLV — Histoire du Gorsedd

Dans ce chapitre consacré à l’histoire de la Gorsedd de Bretagne, Gwenc’hlan Le Scouëzec mentionne les gorseddau qui ont eu lieu en forêt de Paimpont 22.

2002 — Brocéliande

Gwenc’hlan Le Scouëzec publie Brocéliande en 2002. Cet ouvrage réalisé en collaboration avec le photographe Jean-Robert Masson est écrit en grande partie à Paimpont. —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Brocéliande, Beltan, 2002, 255 p. —

Brocéliande
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Brocéliande, Beltan, 2002, 255 p. —

Un hommage à Maï-Sous Robert Dantec

L’intérêt de Gwenc’hlan Le Scouëzec pour Brocéliande est intimement lié à sa passion pour Maï-Sous Robert-Dantec, décédée en janvier 2001.

Se remémorant sa dernière visite à Barenton avant la mort de sa compagne, il s’émerveille des liens secrets qu’elle entretenait avec Brocéliande et sa fontaine sacrée.

J’y suis allé , sans doute le premier, le 1er janvier 2001, à l’aube même du Troisième millénaire : elle produisit alors des bulles en quantité prodigieuse, comme je ne l’avais jamais vu faire. Je n’ai pas rêvé : j’étais accompagné de deux personnes qui ont vu comme moi le spectacle. Peut-être s’agissait-il d’un phénomène divinatoire. Trois jours plus tard, à Djerba, en Tunisie, décédait la femme qui avait certainement le plus aimé et le plus vénéré la fontaine de Barenton, et toute la forêt de Brocéliande. Les témoins sont toujours vivants.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, La science des druides, Arbre d’Or eBooks, 2005, 312 p., Voir en ligne. [page 99]

La mort brutale de sa compagne marque un tournant dans son rapport à Brocéliande. Habité par le souvenir de Maï-Sous, il consacre les deux années suivantes à terminer l’écriture de son ouvrage sur la forêt légendaire.

Par delà la tradition arthurienne

Pour la première fois dans l’oeuvre de Gwenc’hlan Le Scouëzec, l’intérêt pour Brocéliande n’est pas spécifiquement centré sur le corpus arthurien. En véritable connaisseur de la forêt de Paimpont - qu’il a appris à découvrir en compagnie de sa compagne - il s’intéresse aux chapelles, aux mégalithes, aux étangs, aux fontaines, aux arbres remarquables du massif forestier...

Manuscrit inédit - première page d’un projet d’ouvrage sur Brocéliande - 2000
—  MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p.
[ page 156] —
Gwenc’hlan Le Scouëzec

Bien que cet ouvrage s’inscrive dans la continuité de ses travaux de recherches sur les empreintes laissées par les druides de l’antiquité et du Moyen Âge, Brocéliande rompt avec le style de ses précédentes publications. Abandonnant définitivement toute velléité d’érudition, Gwenc’hlan Le Scouëzec s’adonne à une projection de ses croyances basée sur sa seule intuition.

Au fil des chapitres, Gwenc’hlan Le Scouëzec nous invite à une visite initiatique de Brocéliande dans laquelle chaque lieu est sacralisé par ses révélations ésotériques.

Le massif forestier de Paimpont lui apparait circonscrit en trois cercles menant vers la connaissance, le cercle des châteaux, le cercle intérieur et le cercle du sanctuaire ou temple de Salomon.

Nous avons franchi l’eau, nous avons pénétré dans la forêt sacrée, dans le temple de Salomon. Il nous reste à aller plus avant, à dépasser l’étang de Paimpont et les mirages de la fée Viviane. [...] La crête de Tholomer ; la magie de Merlin, nous verrons tout cela comme il se doit dans le temple de Salomon. La vérité du temple c’est qu’il n’y a pas de temple. Il n’y a rien d’autre que des allées dans lesquelles on se promène sous l’ombrage tutélaire des hêtres, rien d’autre que des fontaines claires ou bourbeuses près desquelles on passe parfois sans les voir. Mais si vous n’avez-vu que cela, vous n’avez pas vu Brocéliande. Il vous reste à découvrir le temple.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) op. cit. p. 177

Sous sa plume, la forêt toute entière revêt une dimension ésotérique cachée répondant à une numérologie mystique. La fontaine de Barenton, constituée de trois ruisseaux qu’il a découverts, devient une fontaine triple.

Triple, elle l’est, quoique non à l’évidence, mais si bien disposée, si conforme à la structure anatomique. Il y a trois ruisseaux pour constituer le Barenton. A nous de trouver.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) op. cit. p. 177

Ainsi, Paimpont, dont l’étymologie dérive de façon attestée du Breton Penpont, devient Pemp Bonn ou les Cinq Bornes.

La forêt de Brocéliande est toute entière contenue par les limites de la commune de Paimpont, au point qu’on l’a nommée souvent forêt de Paimpont. Paimpont en effet, ce sont les Cinq Bornes ou les Cinq Limites dont parle Chrétien de Troyes, puisque tel est le sens de Pemp Bonn. La cité et ses bois sont donc conformes au vieux schéma celtique des quatre piliers du monde et de leur centre. En Irlande, c’était Tara, en Bretagne armoricaine, c’est Paimpont.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) op. cit. p. 9

Au delà des projections fantasmatiques de leur auteur, cette perception mystique de Brocéliande a conséquement participé à nourrir un courant new age en plein essor en forêt de Paimpont au tournant des années 2000.

Du druidisme au tourisme

L’influence de cet ouvrage de Gwenc’hlan Le Scouëzec sur le massif forestier de Paimpont ne se limite pas à son rayonnement sur le courant new-age. Un arbre mentionné pour la première fois dans Brocéliande fait désormais partie des incoutournables de la visite de la forêt de Paimpont.

Le Hêtre-Voyageur

Lorsqu’il venait au Manoir du Tertre en Paimpont, Gwenc’hlan Le Scouëzec aimait se rendre à pied au hêtre de Haute-Forêt, seul ou en compagnie de ses amis. Il mentionne pour la première fois cet arbre sous le nom de Hêtre-Voyageur dans cet ouvrage.

Il est parmi les plus anciens de la forêt. Il surprend, parce qu’avec cette stature, il se tient cependant caché. Il étend largement ses branches et pourtant il est enveloppé dans les buissons qui en cachent le tronc. Sans doute veut-il rester secret malgré sa magnificence. C’est certainement le plus bel arbre de Brocéliande. En lui se résume la beauté des bois sacrés. Peut-être a-t-il cinq cents ans, peut-être plus. [...] Lorsqu’il a commencé de pousser, la Bretagne était indépendante. Il a vu le déclin du pays, les souffrances endurées. Il voit aussi son développement, la grandeur de son destin renouvelé. Le Hêtre-Voyageur a tout vu depuis six cents ans. La forêt de Brocéliande est ainsi comme le conservatoire de la nationalité. Nos rois l’ont ainsi faite, et avant eux les druides. L’âme de la Bretagne est ici, sous l’écorce d’un arbre, comme il convient au rituel druidique.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) op. cit. p. 203-205
Le hêtre-voyageur
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Brocéliande, Beltan, 2002, 255 p.
[page 203] —
Jean-Robert Masson

Cette mention dans Brocéliande a fait entrer le « hêtre-voyageur » ou « hêtre des voyageurs » dans la catégorie des arbres remarquables ainsi que dans celle des incontournables de la visite touristique en forêt de Paimpont.

2005 — La science des druides

En 2005, Gwenc’hlan Le Scouëzec publie La science des druides aux éditions Arbre d’Or.—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, La science des druides, Arbre d’Or eBooks, 2005, 312 p., Voir en ligne. —

La science des druides
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, La science des druides, Arbre d’Or eBooks, 2005, 312 p., Voir en ligne. —

Gwenc’hlan Le Scouëzec mobilise dans cet ouvrage les connaisances accumulées au cours de l’écriture de Brocéliande. Son immersion en forêt de Paimpont a modifié ses conceptions de la géographie sacrée de la Bretagne. Peu présent dans ses ouvrages antérieurs, les arbres, fontaines et lieux de cultes de Brocéliande sont désormais mentionnés au même titre que les sites finistériens.

Poussant toujours plus loin la mise à distance de l’érudition et des méthodes universitaires, il produit un discours émancipé des références à l’Histoire, ne trouvant sa justification que dans la croyance en son existence.

Le rôle de l’historien ici s’arrête, quand il a montré à travers les siècles la pérennité d’un culte, totalement marginal pour les religions en place et cependant vivant d’une vie intense qui échappe à l’histoire.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 212

Chapitre VI — La philosophie de la nature

Dans le chapitre consacré à la philosophie de la nature, Gwenc’hlan Le Scouëzec évoque plusieurs arbres et fontaines de la forêt de Paimpont ayant fait ou faisant encore l’objet d’un culte.

Ce qui est remarquable, c’est la perpétuation des décisions des Conciles au cours des siècles. L’abbé Milon, dans un ouvrage paru chez Prud’homme à Saint-Brieuc au tout début du XXe siècle, mentionnait non seulement l’existence au XVe et au XVIe siècles de six Conciles condamnant les pratiques magiques, mais encore la permanence de ces usages à son époque. Les offrandes, les présents, les interrogations n’avaient pas cessé. Nous avons nous-même bien souvent constaté la présence de pièces de monnaie dans les fontaines, à Barenton par exemple, la présence de pains, de branches d’arbres ou de végétaux, de lettres d’invocation ou de demande. On peut en voir sans compter au Tombeau de Merlin en Brocéliande, à proximité de la Fontaine de Jouvence. La conclusion est très claire : en 2005 comme en 452, les pratiques sont strictement les mêmes. Tous les efforts de l’Église romaine ont échoué contre la pérennité de la magie.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 91-92

Les arbres de la forêt de Paimpont

Gwenc’hlan Le Scouëzec mentionne plusieurs arbres remarquables de la forêt de Paimpont parmi lesquels, le Hêtre Voyageur 23, le Hêtre de Ponthus 24 ou le Chêne à Guillotin 25.

La fontaine de Barenton

Comme dans ses précédents ouvrages, Gwenc’hlan Le Scouëzec, fait de la fontaine de Barenton le coeur sacré de Brocéliande. Son attachement à la fontaine y est cependant amplifié par le décès de sa compagne Maï-Sous Robert-Dantec en 2002.

La fontaine de Barenton, en forêt de Brocéliande, qui fut visitée par Robert Wace en 1160, au temps du duc Conan II, est aujourd’hui le but d’un pèlerinage touristique ininterrompu au cours de l’année. Elle est située au bas de la colline de Ponthus, en relation immédiate avec deux autres fontaines, ce qui fait qu’il s’agit là d’une triple fontaine, de façon analogue à Briec ou à Saint-Nicodème.

Elle est avoisinée par une lourde pierre, qui se trouvait là déjà au XIIe siècle, puisqu’elle est mentionnée par Robert Wace. Elle est située dans le bois, l’ancien nemeton de Bresilien, et son nom signifie : la Colline de l’anguille. Elle forme donc avec le « perron » dit de Merlin et les trois arbres qui s’en approchent, la trinité druidique de l’arbre, de la fontaine et de la pierre. Elle a la propriété remarquable de dégager des bulles, surtout quand on lui parle, à proximité de sa surface. Parfois, il n’y en a que peu, parfois plus. J’y suis allé, sans doute le premier, le 1er janvier 2001, à l’aube même du Troisième millénaire : elle produisit alors des bulles en quantité prodigieuse, comme je ne l’avais jamais vu faire. Je n’ai pas rêvé : j’étais accompagné de deux personnes qui ont vu comme moi le spectacle. Peut-être s’agissait-il d’un phénomène divinatoire. Trois jours plus tard, à Djerba, en Tunisie, décédait la femme qui avait certainement le plus aimé et le plus vénéré la fontaine de Barenton, et toute la forêt de Brocéliande. Les témoins sont toujours vivants.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 99

Chapitre X — Les déesses et les dieux

Dans le chapitre consacré aux déesses et aux dieux, Gwenc’hlan Le Scouëzec évoque plusieurs divinités de Brocéliande.

  • L’anguille 26
  • Le Roi Arthur 27
  • Le Gawr ou géant 28

Le Temple au Gué de Plélan

Dans la dernière partie de l’ouvrage, consacrée aux relations entre druidisme et franc-maçonnerie, Gwenc’hlan Le Scouëzec cherche à établir des liens entre la Motte Salomon du Gué et la franc-maçonnerie.

Le Temple de Salomon, qui devait entrer bien plus tard, au XVIIIe siècle, dans le légendaire maçonnique, n’existait-il pas dès le IXe siècle au Gué de Plélan, domaine de Salomon III. Là se trouve en effet la Motte Salomon, restes du château de ce roi, à l’orée de la forêt sacrée de Brocéliande qui est à proprement parler le Temple de Salomon.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 299

2008 — Mythes et territoires

Mythes et territoires est publié en 2008 aux éditions numériques de l’Arbre d’Or. Cet ouvrage, initialement prévu en deux volumes, ne comprend finalement qu’un seul tome en raison de la mort de Gwenc’hlan Le Scouëzec. —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Mythes et territoires, Arbre d’Or eBooks, 2008, 243 p., Voir en ligne. —

Mythes et territoires
—  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Mythes et territoires, Arbre d’Or eBooks, 2008, 243 p., Voir en ligne. —

Gwenc’hlan Le Scouëzec y reprend de nombreuses références à Brocéliande empruntées à ses publications antérieures. Un grand nombre d’entre elles sont des reprises pures et simples, les autres des paraphrases qui synthétisent les excès de ses derniers écrits.

Le Temple de Salomon est la forêt de Brocéliande, qui se trouve au voisinage du monastère de Plélan, « le peuple du Sanctuaire ». C’est là un ancien nemeton où coule la fontaine de Barenton.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2008) op. cit. p. 55

Les hypothèses de ses précédents ouvrages - comme celle sur les liens entre Eon de l’Étoile et le druidisme - sont désormais affirmées comme des certitudes.

La forêt de Brocéliande, au XIIe siècle, donna asile à un étrange personnage, Éon de l’Étoile, hérétique avéré qui y dirigeait une secte héritière du druidisme. Elle était encore à cette époque, un nemeton, une nimida.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2008) op. cit. p. 185

Deux nouvelles interprétations liant des toponymes arthuriens à la géographie de la forêt de Paimpont sont proposées 29. La seconde propose d’établir un lien entre un château du roi Arthur et la fontaine de Barenton.

Les résidences du roi Arthur sont nombreuses : Caerleon, Caradigan, Quarraduel, Quarrois, Penvoiseuse, Caridol. Tous ces noms correspondent à des toponymes armoricains. [...] Penvoiseuse est plus obscure, parce que plus répandue. Penn ar wazh, c’est le début du ruisseau. On n’en compte plus en Bretagne armoricaine. Les sources et notamment les sources sacrées abondent. Ne sera-ce pas le lieu de Barenton en forêt de Brocéliande ? Il s’y trouve une fontaine illustre et un château, qu’on dit de Ponthus, mais qui a pu, bien auparavant appartenir au roi Arthur.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2008) op. cit. p. 88

Bibliographie

Publications de Gwenc’hlan Le Scouëzec

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, La médecine en Gaule, Guipavas, Editions Kelenn, 1976, 204 p.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Histoires et légendes de la Bretagne mystérieuse, Paris, Tchou, éditeur, 1968, 305 p., (« Histoires et légendes noires »).

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Bretagne, terre sacrée : Un ésotérisme celtique, 1977, Brasparts, Beltan, 1992, 219 p.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Guide de la Bretagne mystérieuse, 1966, Paris, Tchou, éditeur, 1980, 669 p., (« Les guides noirs »).

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Pierres sacrées de Bretagne : Calvaires et enclos paroissiaux, Vol. 1, Seuil, 1982, 256 p.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Pierres sacrées de Bretagne : Croix et sanctuaires, Vol. 2, Seuil, 1983, 276 p.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Bretagne mégalithique, Seuil, 1987, 270 p.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Arthur roi des Bretons d’Armorique, Paimpont, Le Manoir du Tertre, 1998, 670 p.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Itinéraire spirituel en Bretagne, La Table Ronde, 2000, 172 p.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. Des origines et de l’Empire romain, Vol. 1, Beltan, 2001, 214 p., (« La tradition des druides »).

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. Le Moyen Âge, Vol. 2, Beltan, 2001, 308 p., (« La tradition des druides »).

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les druides. L’époque moderne et contemporaine, Vol. 3, Beltan, 2001, 191 p., (« La tradition des druides »).

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Brocéliande, Beltan, 2002, 255 p.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Les états modifiés de conscience : Sophrologie clinique et historique, Arbre d’Or eBooks, 2005, 90 p., Voir en ligne.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, La science des druides, Arbre d’Or eBooks, 2005, 312 p., Voir en ligne.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Résistances, mémoires d’un rebelle, L’Arbre d’Or, 2006, 164 p., Voir en ligne.

Ouvrages sur Gwenc’hlan Le Scouëzec

CAPPELLI, Jean-Claude, La bête de Brocéliande, Lulu.com, 2013, 370 p., Voir en ligne.

CAPPELLI, Jean-Claude, Brocéliande au delà des apparences, Vol. 2, Lulu.com, 2017, 432 p.

MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p.


↑ 1 • Les prénoms de Gwenc’hlan Le Scouëzec enregistrés à sa naissance à Plouescat sont Heol, Loïc et Gwennglan. Ces prénoms ont pu être inscrits grâce à l’intervention du receveur des finances à Plouescat Léon Toulemont qui est intervenu auprès du secrétaire de Mairie. Pour son père, ces prénoms signifiaient : Heol comme le soleil des bretons, Loïc pour le relier à la tradition familiale, Gwennglan à l’imitation du druide armoricain.

↑ 2 • Au cours de son séjour en Algérie, le train blindé commandé par le lieutenant le Scouëzec est attaqué par les fellagas à Sidi-Medjahed.

Une fois aussi, j’ai voulu jouer au petit chemin de fer et j’ai eu bien du mal avec mes wagons. Le train blindé que je commandais en Algérie sauta une nuit sur une mine et je perdis mes compagnons de combat qui se trouvaient dans le wagon devant la locomotive. Ma mère, la veille, avait senti le danger et avait offert pour moi un cierge à sainte Radegonde de Poitiers.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Résistances, mémoires d’un rebelle, L’Arbre d’Or, 2006, 164 p., Voir en ligne.

Cette attaque est aussi relatée dans : —  VALLIÈRES, Jean des, Et voici la Légion étrangère, Editions André Bonne, 1963, (« Les grands documentaires Illustrés »). —

↑ 3 • Gwenc’hlan Le Scouëzec et Martine Goudard ont quatre enfants. Leurs deux premiers fils - Ronan et Goulven - n’ont de référence bretonne que dans leur premier prénom. Leur fille Nolwenn a pour seconds prénoms Viviana et Yseult. Leur quatrième enfant, né le 17 novembre 1971 est prénommé Tristan Tudwal Arthur.

Ainsi donc, les prénoms de sa fille et de son troisième fils découlent directement de son engagement politique et culturel, tout autant que de ses recherches : Viviane, Yseult, Tudwal, Arthur ; autant de références au Cycle arthurien que de symboles ésotériques et alchimiques. — Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 82 —

↑ 4 • Maï-Sous Robert-Dantec (1939-2001) Kinésithérapeute de formation, elle s’intéresse à la sophrologie et à la psychologie. Elle obtient une maîtrise de psychologie à la Faculté de Rennes et des diplômes de sophrologie à Leysin en Suisse, et à Barcelone. Druidesse du Gorsedd de Bretagne, elle unit dans ses ouvrages, technique d’interprétation des rêves et du conte, sagesse ancienne bretonne et conceptions modernes.

↑ 5 • Roparz Hemon, à l’état-civil Louis Paul Némo, né le 18 novembre 1900 à Brest et mort le 29 juin 1978 à Dublin, est un linguiste, romancier, journaliste et poète de langue bretonne. Actif dans le mouvement breton, il est impliqué dans la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale.

↑ 6 • Il participe aussi à la rédaction de plusieurs ouvrages - On compte notamment parmi ces publications un ouvrage sur les saints de Bretagne - sur lesquels, insatisfait du résultat, il refuse d’apposer son nom. — Moigne, Grégory (2016) op. cit. p. 65-68 —

↑ 7 • Gwenc’hlan Le Scouëzec emprunte l’étymologie Brec’helean à Hersart de la Villemarqué.

La plaine qu’on appelle en breton Concoret, et dans les romans du moyen-âge le Val-des-Fées, est un immense amphithéâtre couronné de bois sombres, jadis nommés la Forêt de la puissance druidique (2), et aujourd’hui par corruption, Brécilien. — (2) KOAT brec’hal-léan —

HERSART DE LA VILLEMARQUÉ, Théodore, « Visite au Tombeau de Merlin », Revue de Paris, Vol. 40, 1837, p. 45-62, Voir en ligne. p. 46

↑ 8 • Arborescence du chapitre Paimpont dans le Guide de la Bretagne mystérieuse. —  LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan et MASSON, Jean Robert, Brocéliande, Beltan, 2002, 255 p. —

  • Les chevaliers de la Table ronde
  • Pour libérer Londres des Saxons
  • Un meurtre inexpliqué
  • D’un étang à l’autre
  • Un breuvage d’éternelle jeunesse sur la fontaine de Jouvence
  • L’étang de Lancelot sur le château de Comper
  • Dans la haute Forêt
  • La fontaine de Barenton
  • Les eaux enchanteresses
  • Une épouse bien méritée sur Le roman de Ponthus
  • Un envoyé de Dieu en Brocéliande
  • Le Val sans Retour
  • L’église du saint Graal
  • Un cimetière préhistorique.

↑ 9 • Symbole de ce succès, le 5 décembre 1990, Les éditions Sand et Jean Markale sont condamnés pour plagiat par la Cour d’appel de Paris pour la parution du Guide de la Bretagne mystérieuse. —  MARKALE, Jean, Guide de la Bretagne mystérieuse, Tchou / Sand, 1989, (« Les guides noirs »). —

↑ 10 • Cette légende est agrémentée de deux photographies noir et blanc prises par Jos Le Doaré en forêt de Paimpont.

  • Les mystères de la Table Ronde (peinture dans l’église de Tréhorenteuc), réalisée par Karl Rezabeck entre 1945 et 1947. (p. 256-257)
  • Le val sans Retour et la forêt de Brocéliande (p. 276-277)

↑ 11 • Dans ce passage, Gwenc’hlan Le Scouëzec fait référence à l’ouvrage du Marquis de Bellevue. —  BELLEVÜE, Xavier de, Paimpont, la forêt druidique, la forêt enchantée et les romans de la table ronde, Rennes, Simon, 1903. [page 51] —

↑ 12 • Le Gorsedd Digor de 1981 se tient le dimanche 7 juin au Plomarc’h en Douarnenez, dernière cérémonie au cours de laquelle est célébrée une messe. Le 31 mai 1982 elle a lieu à Combourg. En 1983, il n’y a pas de Gorsedd, car l’assemblée doit se repositionner suite aux exclusions de l’année précédente.—  MOIGNE, Gregory H., Gwenc’hlan Le Scouëzec : L’homme et le druide, Y.I.L., 2016, 166 p. [page 92] —

↑ 13 • En 2017, Jean-Claude Cappelli critique le manque de rigueur du discours de Gwenc’hlan Le Scouëzec sur l’abbé Gillard.

Gwenc’hlan Le Scouëzec, en son temps Grand Druide de la Gorsedd de Bretagne, tout en étant, certes, un peu plus sur la réserve, véhicula les mêmes erreurs, les mêmes approximations, pour ne pas dire les mêmes mensonges. Il écrivait en effet, à propos de l’abbé Gillard.

« Son symbolisme est certes imprégné de christianisme, mais il n’en conserve pas moins une saveur d’archaïsme. L’homme n’hésitait pas à mêler aux principes de la religion nouvelle certains éléments du druidisme ou de ce qu’il considérait comme tel. »

CAPPELLI, Jean-Claude, Brocéliande au delà des apparences, Vol. 2, Lulu.com, 2017, 432 p.

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↑ 14 • La mention de Beignon en 838 provient de —  MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 1, Paris, Charles Osmont, 1742, Voir en ligne. p. 269  —

Le paragraphe cité par dom Morice reprend le f° 1v-2r du Cartulaire de Redon (n°3 chez de Courson). Pour fonder l’abbaye, Ratuili offre aux moines le territoire de Binnon (Binon) situé à Bains-sur-Oust (Ille-et-Vilaine), que Gwenc’hlan Le Scouëzec confond avec Beignon. La bonne datation est le 20 juin 834. —  RATUILI POUR REDON (ABBAYE SAINT-SAUVEUR), « Acte n°214125 », in Chartae Galliae - Edition électronique : Institut de Recherche et d’Histoire des Textes, 2014, Voir en ligne. —

↑ 15 • La mention de Gaël en 851 provient de —  MORICE, Dom Pierre-Hyacinthe, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, Vol. 1, Paris, Charles Osmont, 1742, Voir en ligne.p. 293-294 —

On retrouve la même mention dans —  LOBINEAU, Dom Guy-Alexis, Histoire de Bretagne : composée sur les titres & les auteurs originaux, Vol. 2, Paris, Chez la veuve François Muguet, 1707, Voir en ligne.p. 58 —

L’acte appartient à la partie perdue du Cartulaire de Redon (du f° 9 à 50), dont il ne reste que quelques copies. Dans cette charte, l’abbé Conwoion demande à Erispoë de confirmer le droit accordé par Nominoë aux moines de Redon d’élire en leur sein l’abbé du monastère de Gaël (Vadel = Guael). La date (851 chez Morice, 854 chez Lobineau) est incertaine : un 19 mai entre 854 et 857, d’après Hubert Guillotel.

↑ 16 • En 1998, Gwenc’hlan Le Scouëzec critique l’étymologie de Barenton proposée par Jean Markale.

Barenton, pour employer sa forme actuelle, serait donc, non pas, comme l’a écrit Jean Markale qui ignore si parfaitement les langues celtiques, un Bel nemeton, un temple de Bel, mais ce qui est beaucoup plus simple et logique, la Source de Bel.

LE SCOUËZEC, Gwenc’hlan, Arthur roi des Bretons d’Armorique, Paimpont, Le Manoir du Tertre, 1998, 670 p. [page 271]

↑ 17 • Le Ninian (60 km) prend sa source dans les landes du Mené en Côtes-d’Armor. Un hameau nommé « La Hutte à l’Anguille » est situé à environ 500 m au nord de la source.

↑ 18 • Dans un chapitre consacré à l’origine armoricaine des chevaliers de la Table Ronde, Gwenc’hlan Le Scouëzec propose d’associer Gornemant de Goor au toponyme Neved, dont le plus célèbre est la forêt de neved, aujourd’hui partagée entre les communes de Kerlaz et Locronan (Finistère) mais qui ferait aussi référence à la localité de Néant-sur-Yvel en bordure occidentale de Brocéliande.

Il existe cependant un autre lieu qui puisse rivaliser avec le Neved de Basse-Cornouaille, et c’est, à l’orée de la forêt de Brocéliande, la petite commune de Néant-sur-Yvel. Néant est de même formation que les deux dernières syllabes de Gornemant. L’extrémité occidentale de la forêt se trouve située sur la commune, dont la limite nord-est approche la fontaine de Barenton qui dépend, elle, de Paimpont. Il existe non loin, un village appelé la Ville-aux-Feuvres, c’est à dire aux Fées... Le nom de Néant se retrouve dans le village de Kernéant, village et chapelle au nord-ouest et dans le Pertuis Néanti, hameau en Paimpont, à la lisière de Néant.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 289

↑ 19 • La Forêt aventureuse, est mentionnée à diverses reprises dans le corpus arthurien sans qu’aucune indication géographique ne permette d’y voir un toponyme. Gwenc’hlan Le Scouëzec propose d’y voir une autre dénomination de Brocéliande ou Brécilien.

Il est donc hautement vraisemblable que dans l’environnement armoricain qui est, nous semble-t’il, la scène primitive de la légende, la forêt des aventures ne soit autre que Brocéliande.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 407

↑ 20 • Le Val Périlleux est dans Erec et Enide de Chrétien de Troyes, le lieu où Morgane enferme les amants infidèles.

S’agit-il ou non de la vallée appelée aujourd’hui le Val sans Retour en forêt de Brocéliande ? C’est ce que notre absence de connaissances précises en matière de toponymie ancienne de ce massif forestier ne nous permet pas d’affirmer.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 410

↑ 21 • Dans le chapitre consacré à la fontaine de Chrétien de Troyes, Gwenc’hlan Le Scouëzec identifie La fontaine qui bout d’Yvain et le Chevalier au Lion à la fontaine de Barenton en Brécilien.

Bien que le nom ne nous en soit pas donné, il est évident qu’elle ressemble étrangement à celle qu’en ce même Bréchéliant, Wace appelait Barenton. [...] Le phénomène ainsi bien avéré, est à lui seul la preuve que la fontaine qui bout, décrite par Chrétien de Troyes, et sise en Brocéliande, est bien la Barenton de Wace et la nôtre.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (1998) op. cit. p. 420

↑ 22 • -* 32 - Tréhorenteuc : 29 juillet 1951.— Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 3, op. cit. p. 179 —

  • 44 - Paimpont : 22 août 1964
  • 45 - Paimpont : 2 août 1965
  • 46 - Paimpont : du 19 au 23 août 1966
  • 47 - Paimpont : du 18 au 21 août 1967
  • 48 - Paimpont : 18 & 19 août 1968
  • 49 - Paimpont : 23 & 24 août 1969— Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 3, op. cit. p. 180 —
  • 62 - En 1984, le Gorsedd digor se déroula à Porzh an Breton en Qimperlé, sous la pluie. [...] La même année, un deuxième Gorsedd eut lieu à Rennes et à Paimpont, au bord du lac, avec un nombre important de Gallois et l’Archidruide Jams Niclas— Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2001) Tome 3, op. cit. p. 184 —

↑ 23 • 

On fait de même avec les arbres, que ce soit le Hêtre Voyageur ou le Hêtre de Ponthus et le Chêne à Guillotin en forêt de Brocéliande, le grand Houx, l’arbre de l’enseignement, qui couvre de son ombre le menhir de Saint-Nicodème, les beaux hêtres du placître de Feunteun Wenn en Plougastel, les Vieux Ifs de l’ancien cimetière de Kergrist-Moelou ou de la chapelle Saint-Jean en Brocéliande.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 92

↑ 24 • 

Le hêtre est également vénéré. Sans parler de ceux qui ont donné leur nom au grand pagus du Faou en Bretagne occidentale, mentionnons les deux hêtres de Brocéliande, le Hêtre Voyageur et le Hêtre de Ponthus, situés en des points-clés du lieu.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 94

↑ 25 • 

À l’orée de Brocéliande, au village des Rues Éon, le chêne à Guillotin. Les Rues Eon gardent le nom d’un « hérésiarque » du XIIe siècle qui fit grand bruit dans le voisinage de Brocéliande. Il n’avait d’hérésiarque que le nom qu’on lui avait donné, car en réalité, c’était bien plutôt un infidèle. Il avait rejeté la croyance au Christ, et vivait dans un univers de magie qui rappelle tout à fait celui des druides. Le Chêne à Guillotin fut sans doute planté à l’époque d’Éon ou peu après. Il donna asile, sous la Révolution à un prêtre catholique, l’abbé Guillotin, qui se réfugia en ce lieu, poursuivi par les fureurs de la Convention.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 93

↑ 26 • 

La vaste matrice de mer que constitue la rade de Brest s’ouvre sur l’Océan par un pertuis étroit et resserré que les gens de Plougastel appellent Toul ar Chilien, « le Vagin de l’Anguille ». On la retrouve ailleurs, en Brocéliande, dont le nom, Bresilien en breton, signifie « la Colline de l’anguille ».

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 199

↑ 27 • 

Brecheliant, Brocéliande, Breselianda, Bresilien, c’est tout un. Tout au long du moyen âge et des temps modernes, s’égrènent les noms. Le plus authentique est certainement Bresilien, la colline de l’anguille. L’identification avec l’actuelle forêt, longtemps dite de Paimpont, est certaine.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 211

↑ 28 • 

Il existe d’autres géants. En forêt de Brocéliande, un très large caveau, vide, au voisinage de la Croix Lucas, s’appelle le Tombeau du Géant. Il mesure 4 m de long
sur 1,10 m de large. On le nommait autrefois la Roche à la Vieille. La Vieille, d’ailleurs, en Bretagne de l’est comme de l’ouest, c’est la Gwrac’h, la reine Ahès.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2005) op. cit. p. 234

↑ 29 • La première interprétation cherche à établir un lien entre Dinan et la citadelle de Gannes dont Bohort était le roi.

Gaunes ou Ganne est centré sur la Rance où se trouve Dinan ou Din-Gan, la citadelle de Gannes. Le château de Dinan s’appelait autrefois Din Gan, la citadelle de Gannes. Il y a, il est vrai, d’autres Dinan en Bretagne. Bohort en était le roi. Son frère Ban, de qui dépendait la forêt de Brocéliande, possédait un territoire, le Benoïc, en pendant du Ganne.

Le Scouëzec, Gwenc’hlan (2008) op. cit. p. 87